Une rencontre entre
hommes de bonne volonté ou comment un anthropologue très à gauche devient l’ami
proche d’un pope venu d’une famille de légionnaires
Parmi les images et les mots jetés en vrac comme une partie des
souvenirs de ma vie d’anthropologue en Roumanie, je ne saurais omettre celles
qui me rappellent les traits du père Antal sur lequel j’avais déjà longuement disserté
dans un paragraphe de mon opus magnum, Inventarea popurului-natiune (Idea, Cluj, 2011). Mais à présent, je
ne vise plus comme naguère à élaborer le plan quelque peu académique d’un ouvrage
que j’avais voulu anti-académique. Aussi, ai-je donc toute liberté d’esquisser quelques
traits plus quotidiens de nos rapports amicaux dans le cadre d’une affinité qui,
au fil du temps, s’est avérée profondément élective et qui, malheureusement aujourd’hui
ne se nourrit plus que de mes souvenirs : relativement jeune, le père
Antal est mort voici plus d’une quinzaine d’années. Outres son sacerdoce qu’il
accomplissait avec une grande ponctualité et une réelle dévotion sans aucune
trace de bigoterie (il haïssait tous les prêtres qui donnaient dans une sorte
de sorcellerie para-chrétienne), son activité sociale était l’incarnation même du
prêtre de l’Aufklärung si
caractéristique de la Transylvanie que le ministre du culte soit pope orthodoxe
ou grec-catholique chez les Roumains, curé catholique romain ou pasteur
luthérien ou ministre réformé calviniste ou unitarien chez les Saxons, les
Souabes, les Hongrois.
Le père Antal était aussi un botaniste en renom, reconnu par
les autorités académiques de Cluj. Il avait été l’élève d’abord, l’héritier ensuite
du professeur Borza, lequel lui avait fait don de son célèbre et immense
herbier que le père conservait dans un studio conçu à cet effet et placé dans
l’enclos de la grande maison paroissiale, à droite en entrant. Mais il n’était
pas en reste et possédait bien d’autres talents. Parmi ses activités profanes
il y avait tout d’abord celle de l’apiculteur très réputé parmi ses confrères
de Sighet et qui avait enseigné cette passion et le savoir technique qui l’accompagne
à de nombreux paysans de Breb auxquels il avait, de ce fait, permis de notables
revenus supplémentaires. Il avait de surcroît les talents d’un chef de chantier
de constructions, ainsi, il était capable de dresser les plans en projection
d’une maison, d’une église (il le fit en partie pour les deux églises, celle
d’Ocna-Șugatag en bois, et la seconde de Breb, en béton qu’il réalisa), le
dessin et la projection d’un pont, le relevé topographique d’une route. Sa
curiosité insatiable l’avait entraîné au fil du temps de son ministère à
relever systématiquement bien des habitudes et des expressions, des mots et des
locutions du dialecte populaire lié à la botanique, si bien que jamais je ne me
privais de l’offre qu’il me rééditait fréquemment de lire et de recopier ses
notes d’ethnobotanique et d’ethnomédecine populaires qu’il avait mis
généreusement à ma disposition. Un jour que je lui apportai une prêle (Equisetum
arvense) cueillie sur les
bords marécageux d’un petit étang sis assez haut dans la montagne, il me
rappela qu’il s’agissait là d’une plante survivante de l’ère primaire, ce que
je savais, mais moi j’en voulais connaître le nom populaire, ce que les paysans
rencontrés sur mon chemin ainsi que mes hôtes avaient refusé poliment de
décliner en esquissant un sourire entendu. « Normal dit-il en riant, ici ils
l’appellent ‘pula popii’[1] » !
Il m’arrivait souvent les longs soirs d’hiver de demeurer à
dîner dans la grande maison paroissiale toujours très animée, surtout en fin
d’après-midi et en début de soirée quand l’épouse du père Antal (doamna preoteasă Lidia) recevait les
paysannes ou les paysans qui venaient demander un conseil pratique, médical,
vétérinaire, matrimonial, ou lui offrir du lait, des œufs, du beurre, un bout
de lard gras, un morceau de saucisse fumée ou de porc frais l’hiver, du fromage
de brebis du début du printemps au début de l’automne, un morceau veau ou de
bufflon quand par malheur une pauvre bête « venait à se casser une patte »…
car à cette époque du ceaușisme
triomphant entre 1973 et 1982, il y avait beaucoup de veaux et de petits
buffles qui se cassaient une patte dans les étables ! C’était là le seul moyen
de ne pas déclarer aux autorités tout le bétail possédé et d’éviter de ce fait les
tracasseries administratives qui n’auraient pas manquées de survenir si l’on
avait su au chef-lieu du département qu’une bête avait été égorgée sans
autorisation. Dans la commune les règles du jeu étaient quelque peu
différentes, les autorités
locales, celles d’Ocna-Șugatag, le savaient et en profitaient, c’est pourquoi
l’omerta fonctionnait au bénéfice de
tous.
En
général nous mangions tous les deux seuls. Madame Antal ou l’une des filles aînées
nous servait le souper dans le grand bureau du Père simplement éclairé par une
énorme lampe à pétrole, sur la grande table recouverte d’un beau tapis coloré où
il rédigeait rapports, mémoires et suppliques adressés à diverses autorités,
ecclésiastiques et administratives, mais aussi scolaires, universitaires, culturelles,
politiques. Pour l’occasion, chacune de nos places était recouverte de deux
napperons de lin blancs dont un coin était brodé du monogramme de ses parents, des
couverts en argent avec aussi un monogramme, signe évident d’une vie bourgeoise
antérieure. En général, le souper, tradition oblige, commençait par une prière,
le Notre Père commun à toutes les religions chrétiennes, puis il versait un ou
deux petits verres de horincă[2],
suivit immédiatement d’un consommé de poulet ou de veau grossi de nouilles ou
d’une sorte de beignets de semoule (galușcă) confectionnés
à la maison ; ensuite arrivait soit une viande bouillie agrémentée d’une sauce,
une sorte de ragout (tocaniță) soit une
escalope milanaise (snițel)
accompagnée l’hiver de cornichons confits dans la saumure, castraveți[3]
et, l’été, d’une salade verte baignant dans une sauce vinaigrée et sucrée comme
c’est la coutume sur les tables urbaines transylvaines. Souvent nous avions
droit aussi à un dessert, un gâteau au chocolat surmonté d’une montagne de
crème Chantilly, ou un gros beignet, pancove[4],
ou une sorte de pâtes levée, fourrée de pommes hachées avec des noix ou du
fromage blanc sucré et parsemé de raisins de Corinthe et parfumée à la cannelle
ayant la forme d’un placenta (pălăcintă)
ou enfin, plus classique, d’un vrai apfel strudel. Enfin, pour achever le repas, un ou deux verres d’un vin
blanc doux, fort en alcool, un Mulfatlar
presque liquoreux nous était servis dans de grands verres en cristal de Bohême entaillés
de facettes rouges ou bleues. C’était une bonne table, comme je les aime, avec
ce petit rien de solennité qui fait du souper une sorte de cérémonial convivial
clôturant une journée occupée souvent à bien des tâches banales ou triviales.
Ensuite, selon l’humeur du père ou la mienne, soit nous entamions
l’une de nos longues discussions sans fin sur l’histoire, le rôle de la
Roumanie et de ses voisins, amis, ennemis, et celui des grandes nations ;
soit il m’enseignait des rudiments de théologie orthodoxe, car, comment peut-on
demeurer ignorant de cela dans un pays où les paysans appartiennent à l’église orthodoxes
roumaine (BOR) ou à l’église grecque-catholique, dès lors qu’on aborde les
rapports entre religion savante et religion populaire, pour ensuite les
comparer à ce même thème dans l’Occident latin ou germain, catholique ou
réformé. Ici ce n’était ni le lieu ni le moment de débattre de mon agnosticisme
ou de l’agnosticisme en général… je laissais cela à la schizophrénie du Ketman des petits apparatchiks locaux ou
au moralisme à trois sous des anthropologues, sociologues ou politologues
occidentaux toujours prêts à donner des leçons d’athéisme quand on ne le leur
demande pas : moi je n’étais pas venu en Roumanie en tant que missionnaire
laïque, au contraire, j’étais curieux de ces hommes en leurs voies et manières avec
lesquelles ces paysans construisaient, avec une intense foi chrétienne
populaire et syncrétique, une intellection du monde qui leur était propre. Le
père Antal connaissait mon incrédulité tolérante, les origines juives de mes
parents, la conversion de ma mère à la Réforme calviniste et mon éducation
réformée, mais jamais il ne tenta de me convertir, et jamais cet agnosticisme
personnel, respectueux de la foi des autres, n’altéra notre confiance réciproque.
C’est pourquoi, parfois, il ne s’interdisait pas de me dire qu’il avait prié
pour moi et ma famille : « Cela ne fait jamais de mal, disait-il en
souriant ». Il dit même une messe spéciale pour le repos de l’âme de ma grand-mère
maternelle (fille de rabbin), lorsqu’à la veille du jour de l’An 1979 j’appris
par un télégramme qu’elle était morte subitement. Je l’en remerciai
chaleureusement. Il avait fait de même lorsque je lui avais appris de France, en
septembre 1975, la mort tragique de ma jeune sœur Evelyne dans un accident de
voiture aux États-Unis.
Dans ses relations avec les autorités communistes qui
passaient par le village ou les divers touristes roumains qui venaient rendre
une visite sa vieille église aux icônes très anciennes, il manifestait parfois
un humour redoutable. Un jour, vers la fin du mois de juin 1979, sous la
chaleur moite d’un puissant soleil estival, un artiste peintre de Baia Mare fort
en vogue à l’époque, Mihai Olos (lequel appartenait à l’école
néo-traditionnaliste de Baia-Mare) vint à Breb afin de montrer la belle petite église
de bois et ses icônes anciennes à deux jeunes étudiantes en architecture
suédoises, beautés blondes aux formes régulières, harmonieuses et généreuses, à
la peau légèrement halée, habillées chacune d’un débardeur au décolleté fort avantageux
qui laissait entrevoir sans effort des seins fermes et bien droits, et d’un
short s’arrêtant à la pliure d’une fesse rebondie et fort captivante. Je me
trouvai là, dans la cour de la maison paroissiale, devisant avec le père, quand
l’artiste, le visage orné d’une lourde barbe noire arriva avec ses deux égéries
hyperboréennes. Saluant le père respectueusement, il lui demanda sur un ton un
peu trop vif l’autorisation de faire visiter l’église à ses jeunes compagnes.
Le père, tranquillement, lui répondit : « Vous ne pouvez entrer en ce
lieu consacré avec des jeunes personnes ainsi dévêtues » ;
« Qu’à cela ne tienne répondit le peintre, demander à vos filles de leur
prêter une jupe et un corsage » ; « Mais croyez-vous que je sois
payé pour habiller les visiteuses trop décolletées ? répondit Mircea avec
un beau sourire » Le pauvre Olos resta bouche bée, et ne sachant quoi
répondre repartit dépité de n’avoir pas pu jouer le rôle de maître des
cérémonies touristiques !
Mieux encore, en 2009, j’ai pu encore constater, trente-six
ans plus tard et douze ans après sa mort, son humour redoutable comme le signe même
de sa liberté de pensée en lisant mon dossier de Securitate conservé à Bucarest au CNSAS. Durant mes séjours et
pendant mes absences il était fréquemment harcelé par le colonel Bob, le chef
de la Securitate de Sighet. Ce
dernier exigeait qu’il lui rapportât le fond de mes pensées les plus secrètes à
l’égard de la Roumanie, du Maramureș, du village, du régime, voire des gens. Ces
exigences ennuyaient le père au plus haut point. Il était tout, sauf un prêtre
délateur comme il s’en rencontrait beaucoup dans l’Eglise orthodoxe selon ses
dires[5]. Ainsi donc, dans une
lettre trouvée dans mon dossier établi par la Securitate, et rédigée de sa splendide écriture régulière et parfaitement
formée, le père Antal signalait courtoisement à ce flic stupide et borné qu’en
dépit de son ministère auprès des paysans qu’il confessait, il était bien
incapable de connaître mes opinions et mes pensées les plus secrètes, car,
écrivait-il (sic !), « […] étant
de religion réformé dans la confession calviniste genevoise, Monsieur le
professeur Karnoouh ne se confesse qu’à Dieu, directement et sans
intermédiaire. » J’avoue avoir franchement ri en lisant avec grand retard certes,
cette phrase qui, rédigée par un ancien étudiant en biologie, emprisonné pendant
un an pour avoir manifesté contre le régime communiste en 1948 à Cluj, ne
manquait certes pas d’humour, et qui, plus encore, manifestait le panache d’un
courage certain. C’est encore grâce à lui que je pouvais accéder, à la
sollicitation des paysans, au rôle de parrain de baptême ou de mariage. C’est
lui qui donnait son imprimatur, en leur
rappelant que les calvinistes étant baptisés au nom « Père, du Fils et du
Saint Esprit », sous-entendu qu’ils ne sont ni monothélites, ni
monophysites, il n’y avait donc aucune contre-indication théologique de la part
de l’Eglise orthodoxe à ce que je sois parrain. Cela me permettait donc d’être
simultanément acteur et observateur de rituel, ce qui, si j’en crois les dénonciations
auprès de la Securitate de certains de
mes « bons » collègues de l’Institut d’ethnographie et de folklore de
Bucarest (lesquels après décembre 1989, ont fait de brillantes carrières
académiques)[6],
était la preuve tangible, évidente, voire spectaculaire de ma totale incompétence
professionnelle. Venant de misérables jean-foutres aux connaissances
folkloriques étriquées, la lecture de ces dénonciations « spontanées »
m’a beaucoup amusé, réjouit oserais-je dire, tant le mépris des veules et des
lâches est souvent la preuve de sa dignité, d’une certaine grandeur d’âme et
d’un sens aigu de la liberté.
Parmi les distractions qui parfois agrémentaient nos longues
soirées hivernales en tête à tête, il y avait le poker que le Père aimait bien.
Nous jouions un peu d’argent, cinq centimes (bani) la mise. J’ai été tout de suite frappé par la chance du père,
à la fin des fins je n’ai jamais passé une soirée sans qu’il gagnât la majorité
des parties. C’était identique aux parties de scoppa que je faisais l’été à Moresco (en Italie dans les Marches)
avec le père de mon ami Remo, un ancien combattant de la résistance communiste
italienne contre les nazis et le régime de Salo… avec lui aussi je perdais
toujours…Preuve qu’il y a des hommes aimés des dieux et d’autres non !
Demeure un trait important dans le portrait du père Antal que
je tente rétrospectivement de brosser, c’était la manière dont il était vu et
compris par ses ouailles. En dépit du respect dû au prêtre es magister, il était à la fois admiré et moqué. Admiré pour le
sérieux avec lequel il accomplissait son ministère, déroulait les rites, et la
fermeté avec laquelle il refusait tout débordement incongru dans son église, en
particulier lors des mariages. Les paysans l’appréciaient aussi pour la
tolérance qu’il manifestait à l’égard de quelques expressions issues de la tradition
ecclésiale grec-catholique qu’il énonçait, par exemple il disait lors de la
messe Spiritus Sanctus au lieu de Sfântului Duh. C’était là une petite consolation
pour ces hommes et ces femmes que l’Eglise orthodoxe roumaine (BOR), dans un
concubinage malsain avec le Parti communiste, avait forcé à abjurer leur foi.
Un tel geste lui avait acquis la sympathie de nombreux villageois, et avait empêché
soit la fuite des croyants vers l’église catholique hongroise, quoique quelques
irréductibles la préférassent envers et contre tout, soit vers les sectes
néo-protestantes. Breb était précisément réputé pour le très petit nombre de
néo-protestants parmi ses habitants, alors que d’autres villages,
spirituellement administrés par des sortes de missionnaires conquistadors orthodoxes
en général venus de Moldavie ou de Monténie, les églises orthodoxes s’étaient
vidées au profit des maisons de Baptistes, Adventistes, Pentecôtistes et autres
Témoins de Jéhova. Cependant, et malgré toutes ses qualités, cela n’empêchait
pas les paysans de rire sous cape du Père. Ils s’amusaient de sa manière de
toujours donner son avis sur tout, et parfois même sur des problèmes agricoles
qu’il connaissait peu en dépit d’un véritable savoir encyclopédique de base
puisé dans les encyclopédies de vulgarisation rurales. Bon parleur, la pensée et
la rhétorique très articulées, il les ennuyait avec ses souvenirs d’une enfance
choyée et luxueuse dans les appartements de la Patriarchie où son père avait
été le secrétaire particulier de son grand-oncle, le patriarche Miron Cristea,
puis à la mort de ce dernier, le détenteur d’une des meilleures paroisses de
Bucarest. Les paysans admiraient son épouse (doamna preoteasă) pour son courage sans limite. Mère de huit
enfants, administratrice de la vie domestique, professeur de sciences
naturelles à l’école du village, conseillant les paysannes qui ne manquaient
jamais de venir la voir pour la maladie d’un enfant ou d’un vieux, les états
d’âme d’une jeune-fille, les déboires d’un adolescent. Tous avaient bien
évidemment remarqué que le Père ne faisait pas grand-chose pour aider aux tâches
domestiques. De fait « pupii »,
comme il appelait son épouse, faisait tourner la maisonnée. Moi je l’ai
toujours vu comme une grande dame, habitée d’un grand courage et d’une très
grande sagesse. Sans elle à ses côtés, le Père n’eût pu gérer sa paroisse avec autant
de succès et de respect.
Jamais auparavant dans le cours de ma formation affective et
intellectuelle, de ma Paideia, j’eusse
pu imaginer pouvoir devenir l’ami, voire l’ami intime, d’un prêtre orthodoxe
perdu aux tréfonds d’une vallée des Carpates roumaines. C’est là que l’on peut
mesurer combien les hasards de la vie vous enrichissent l’âme et l’esprit à
condition d’être disposé non seulement à les voir avec tolérance, mais, plus
encore, à les accueillir, ou mieux, comme le disait avec plus de force les
mystiques allemands de Maître Eckart à Angelus Silesius, en laissant Gelassenheit zu den Digen.
[1] En
français, la « bite du pope ».
[2] Nom
local et générique des alcools de fruits, en général fait par la fermentation
de prunes d’Ente.
[3] Gros
cornichons conservés dans de la saumure et parfumés de diverses épices dont des
feuilles de fenouil.
[4] Sorte
de gros beignet rustique.
[5] Cela
s’est vérifié à une grande échelle après décembre 1989.
[6] Par
charité chrétienne je ne citerai aucun nom plus ou moins connus… mais au moins
cela m’a permis de me renforcer dans l’opinion que les maîtres du coup d’État
du mois de décembre 1989 avaient récompensés ceux des intellectuels qu’ils
avaient employés auparavant pour leur basse besogne de délation.