tag:blogger.com,1999:blog-24858842980880156422024-03-06T22:02:20.475+02:00Le blog de Claude KClaude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.comBlogger102125tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-2124483105770481172021-08-27T16:12:00.000+03:002021-08-27T16:12:06.983+03:00Un crime écologique sans précédent en Europe : les forêts roumaines<p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><b>Un crime écologique sans précédent en Europe : les forêts roumaines<o:p></o:p></b></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Tous les jours, à toutes heures apparaissent sur les réseaux sociaux les images des ravages causés par les massives coupes de bois effectuées dans toutes les forêts de Roumanie y compris dans les forêts primaires, les dernières d’Europe. Défrichage sans précédent dans l’histoire du pays, même les soviétiques occupant la Roumanie entre 1945 et 1962 n’avaient pas agi de manière aussi systématiquement brutale.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Lorsque j’arrivai pour la première fois en Roumanie en 1971 je fus impressionné par l’immensité des forêts de toutes les régions de la Transylvanie, de la Bucovine et du nord de la Moldavie. Lorsqu’un peu plus tard sur le chemin menant du Maramures à la Bucovine je suivais la route empierrée passant par le col de Prislop, j’avais perçu la puissance de cette forêt de mélèzes et de sapins si densément plantés qu’il semblait quasi impossible de la pénétrer à pied. C’était un lieu encore protégé où les ours et les loups vivaient en paix, et plus avant, en altitude, dans les clairières d’alpages les cerfs et les biches, les chèvres noires et les chevreuils gambadaient comme dans une sorte de Paradis terrestre oublié. Ayant vécu au Maramures entre 1973 et 1981, j’ai vu et constaté combien, en dépit des bakchichs, la politique de gestion du patrimoine forestier par les autorités communistes était sérieuse. On pouvait observer l’organisation des coupes et du replantage qui se déployaient d’années en années et que d’aucuns pouvaient témoigner à loisir. A cette époque le souci écologique était peu développé, il s’agissait essentiellement d’une conception économique et technique rationnelle de l’usage des forêts sur le long terme.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Ayant beaucoup travaillé sur l’analyse phénoménologique de la poésie populaire (de fait un discours rituel rythmé beaucoup plus qu’une dessein poétique) j’avais entendu souvent cette phrase : « <i>Românul e frate cu codru</i> ».<a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a> Voilà une phrase qui <i>a prior</i>i semblait énoncer une symbiose harmonieuse entre l’homme et la nature-forêt. Toutefois s’il en eût été ainsi on eût pu conclure à une exceptionnalité roumaine du monde paysan ! Déjà en 1915, le journaliste étasunien John Reed de passage en Roumanie avait noté que dans le vieux royaume les propriétaires de forêts sises sur le flanc méridional de l’arc carpatique y faisaient tailler à qui mieux-mieux les essences les plus rares pour les brader aux compagnies forestières étrangères. « <i>Românul e frate cu codru</i> » dans l’imaginaire des rituels certes, mais dans la pratique, <i>Românul</i> est aussi avide que les autres. De très nombreuses études historiques qui portent sur le Moyen-âge en Europe occidentale ont montré dès logtemps combien la paysannerie s’est acharnée à détruire, contre la volonté seigneuriale ou royale les grandes forêts de chênes et de hêtres de France, d’Angleterre et d’Italie, voire aussi d’Allemagne de l’Ouest. Déjà au XIIIe siècle la « <i>Gallia comata</i> » n’était plus en France qu’un très ancien souvenir rapporté par le <i>De bello gallico</i>. Et il fallut des politiques étatiques drastiques pour régulariser le défrisage des forêts, en particulier pour éviter qu’elles ne soient totalement détruites comme le fut la forêt de Valachie par les Ottomans. Aussi la construction des bateaux, des maisons et la fabrication du charbon de bois pour la fonte du minerai de fer étaient-elles sévèrement réglementées. Ainsi sont nées en France et en Angleterre les célèbres forêts domaniales gérées par une administration centrale et des antennes régionales tatillonnes. Il en allait ainsi en Roumanie sous le régime communiste qui malgré un certain coulage bien balkanique avait su conserver des forêts exploitables grâce à une politique de restauration et simultanément à garder des forêts primaires intouchées depuis des temps immémoriaux. Cette gestion était organisée par des agronomes et des ingénieurs des eaux et forêts ayant autorité de police, avec un système d’amendes, voire plus, de condamnation à des peines de prison selon l’importance du vol.<a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">La situation catastrophique dans laquelle se trouve actuellement les forêts roumaines tient à la synergie de deux dynamiques. La première concerne la perte totale d’autorité de l’agence des eaux et forêts (Romsilva) minée par la corruption galopante de sa direction nationale et régionale<a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a>, et celle des ministres successifs de l’environnement ; la seconde doit être cherchée dans la privatisation et les énormes rétrocessions de propriétés aussi inconséquentes que profondément démagogiques des espaces forestiers au profit d’anciens et nouveaux propriétaires, sans qu’aucune limite législative ne leur soit imposée. En bref, la mise à l’encan par le libéralisme sauvage dans un contexte néocolonial de ces joyaux de la nature (écosystème) dont les propriétaires, même petits tirent sans aucun contrôle des revenus substantiels. En l’état actuel de la situation le problème semble insoluble à moins d’y appliquer les méthodes drastiques que pratiquent les Rangers contre le braconnage dans les parcs nationaux d’Afrique australe – une balle dans la tête à toute personne surprise braconnant. Ainsi, chaque jour apporte son lot d’informations désolantes sur les défrichages massifs commis dans toutes les parties de la Transylvanie, voire encore dans des forêts proches de Bucarest comme celle de Baneasà. Négociants en bois autrichiens ou fabricants de meubles bon marché tel IKEA s’en donnent à cœur joie et réalisent des profits sans précédent.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Cet évément qui dure depuis plus de dix ans possède au moins une vertu, celle de nous montrer quelques traits constitutifs de la Roumanie postmoderne, en l’espèce celle du post communisme. Le premier trait qui me paraît évident c’est la totale absence de société civile lorsqu’il s’agit d’un authentique bien commun concernant tous les citoyens et le devenir de la nation. Les nouveaux petits-bourgeois urbains qui veulent jouer aux occidentaux se mobilisent pour des friandises gadgétiques parfois sinistres, LGBTQ, woke et cancel culture, écriture inclusive, mais jamais pour des actes qui aideraient au bien général, la <i>common decensy </i>; la couche petite-bourgeoise issue directement des cadres intellectuels ou technique du PCR, mobilise les masses rurales et semi-rurales avec la BOR pour mettre en scène un nationalisme désuet sans jamais remettre en cause le fait que c’est le capitalisme néolibéral sans frein qui démolit systématiquement l’État-nation et sa culture, on a donc affaire à des clowns qui brandissent un simulacre comme effet de réel ; enfin et selon les moments telle ou telle minorité revendique des avantages qui pourraient être tout aussi valables pour une autre minorité. On a donc un pays éclaté qui semble tenir en place grâce à sa police et ses services d’information et, <i>last but not least</i>, grâce à une grande apathie, à une grande lassitude du peuple et… ce n’est guère nouveau, grâce à sa grande lâcheté collective.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Le second trait c’est la quasi inexistance de l’État en tant que sphère politique ayant une certaine autonomie selon le schéma hégélien. L’État roumain est même la caricature de l’État de classe, il est en-deçà. L’État roumain se réduit à un instrument politico-administratif permettant à des groupes politiques se succédant à divers postes ministériels de trouver des sources de revenus conséquents en siphonnant par diverses combines l’argent publique. En d’autres mots, l’État est copartagé par des groupes mafieux qui alternativement permettent aux dirigeants des partis politiques et à leurs commensaux de faire fortune sous le regard complice de l’Occident qui ferme les yeux pourvu qu’on laisse à ses entreprises toutes les possibilités de commerce et d’appropriations des biens locaux. Ces richesses s’obtiennent par la vente frauduleuse du bien communs, par la corruption massive lors de l’attribution des marchés publics, par le détournement à des fins privées des subventions européennes, par les faveurs hors-la-loi accordées à des entreprises privées <i>ad hoc</i> qui, et c’est le moins que l’on puisse dire, ne travaillent pas du tout au bien commun.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Après plus de trente ans de postcommunisme, tout cet ensemble de dynamiques a conduit le pays à se trouver dans la situation d’une colonie postmoderne de l’Occident et des États-Unis, semblable à la plupart des pays africains ou à certains États d’Amérique latine. Les grandes entreprises stratégiques, la distribution de l’eau, du gaz, de l’électricité, la fabrication des armes, les industries mécaniques, les banques, et <i>last but not least</i>, les vastes forêts sont désormais aux mains du capital privé étranger.<a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a> La grande politique est ainsi déterminée par les parrains US et UE, aussi les directives économiques, industrielles, scolaires ou les lois sociales du travail sont-elles dictées par Bruxelles et Washington.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Dans ce contexte institutionnel avec l’apathie générale qui domine la société on ne voit pas comment cet auto-pillage forestier pourrait s’arrêter. En effet il s’agit d’une catastrophe car la déforestation n’a pas pour seul effet de laver les sols lors de grandes pluies ies et donc d’engendrer des inondations, mais elle a un effet destructeur sur la faune. Aujourd’hui l’habitat des ours est tellement réduit qu’ils descendent dans les villes pour vider les poubelles ou se tiennent au bord des routes pour mendier quelques nourritures aux touristes, ce qui les condamne à mort dès lors qu’ils montrent quelque agressivité, en particulier lorsque les mères sont accompagnées de leurs oursons. Il en va de même pour les grands prédateurs comme les loups et les lynx qui n’ont plus de retraite secrète dans une forêts qui ressemble à une peau de chagrin. Or cela ne semble pas affecté les populations rurales ou semi-rurale, encore plongées dans des mentalités du Moyen-Âge et renforcées dans leur vision stupide du bénéfice immédiat par des politiciens démagogues et surtout intéressés par les prébendes, et une administration qui touche encore des dividendes illégaux sur toutes ces opérations.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Ici il ne s’agit pas de spéculer dans le champ de la haute philosophie, de faire une gymnastique complexe de déconstruction afin de saisir l’espace-temps où se tient l’être de l’étant « <i>Seinde</i> » de la déforestation. Il est éclatant de visibilité, il est là, devant nous, dans la <i>Lichtung</i> défrichée du capitalisme sauvage où les bénéfices immédiats sont énormes au détriment d’un bénéfice humain et animal à plus long terme. Un sociologue étasunien que j’apprécie hautement, Mike Davis, avait écrit il n’y a guère un excellent petit livre roboratif intitulé, <i>Le stade Dubai du capitalisme</i>, aujourd’hui si la gauche roumaine avait un peu plus de courage que de s’occuper de gadgets intellectuels, elle devrait écrire un ouvrage intitulé : Le State forestier du capitalisme roumain.<br />Claude Karnoouh,<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Moresco (Le Marche) le 23 août 2021<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><div><br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a> Le Roumain est le frère de la forêt.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></a> Il arrivait que les paysans pris sur le fait soient battus au poste de la Milice.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn3"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></a> Voir la lutte qu’essaie de mener Agent green pour sauver le parc national de Retezat à l’Ouest de la Transylvanie.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn4"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://CB20D215-3CB0-4E90-BB37-3C256B06AD63#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></a> Récemment on avait appris que l’Université de Harvard, haut lieu des voix écologiques aux USA, était propriétaire d’un vaste domaine forestier en Transylvanie qu’elle mettait en coupe réglée !!!!<o:p></o:p></p></div></div>Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-52905651117537291662021-06-07T12:45:00.001+03:002021-06-07T12:45:15.621+03:00UE, une impasse politique et sociale<p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><b>UE, une impasse politique et sociale<o:p></o:p></b></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Telle qu’elle fut conçue par ses pères fondateurs, et en particulier par celui qui en posa les prémisses et en fut le premier dirigeant, Robert Schuman, l’UE devait servir d’instrument essentiellement économique afin de permettre une coopération harmonieuse entre des nations naguère concurrentes tant dans l’espace européen proprement dit que dans les espaces coloniaux qu’elles dominaient. Robert Schuman, de fait un agent étasunien dès avant la Seconde Guerre mondiale (cf., les mémoires du Général de Gaulle), visait simultanément à ne pas faire de l’UE une menace économique réelle pour les États-Unis. Il fallait à tout prix désamorcer tout danger potentiel de conflits, c’est-à-dire trouver les instruments juridiques qui, votées par chacun des parlements nationaux, limiteraient leur propre souveraineté et par là-même la souveraineté des nations. Le but implicite et non-dit visait à éliminer l’État-nation européen, cette création du XIXème siècle d’après le modèle issu de la Révolution française, de manière à confier le pouvoir à une instance de type fédérale dont le modèle était représenté par les États-Unis d’Amérique. Ainsi, commission européenne et députés européens auraient des prérogatives législatives et exécutives supérieures à tous les États membres. C’est pourquoi on constate, depuis quarante ans et peu à peu et inexorablement, que les États perdent de leur souveraineté régalienne en matière de finance, d’enseignement, voire de diplomatie, certains pays d’Europe de l’est ayant atteint le statut de semi-colonie ce qui n’était arrivé que sous la férule du régime communiste pendant la seule période stalinienne.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Lorsque bon an mal an l’économie allait bon train, il semblait plausible aux citoyens de l’UE que l’institution apportait le bien-être à une majorité de citoyens, même si son fonctionnement réel avait déjà tendance à accentuer les écarts de revenus et à augmenter le chômage. Mais dès la crise des <i>subprimes</i> de 2008 suivit par celle de 2017 intensifiée par la pandémie du Covid 19, alors non seulement les écarts économiques se sont creusés, mais la pauvreté augmenter de manière drastique. La prétendue solidarité entre les États membres a volé en éclats. Il faut dire que pendant la crise des surprimes, l’Allemagne grand trésorier de l’UE et attachée à une rigueur monétaire quasi dictatoriale, n’avait pas manifesté beaucoup d’inclination pour aider le peuple grec à sortir de l’impasse où se trouvait son économie trahie par les banques étasuniennes, sauf à continuer à la piller. Dans le discours teuton tous les clichés allemands sur les gens du Sud refaisaient surface : des fainéants qui ne pensent qu’à se dorer au soleil et à siroter du café</span><a href="applewebdata://9BCC6AF6-044D-4953-9E18-CCF403988FEA#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">. Avec le Covid c’était limpide : chacun pour soi… et Dieu pour tous !<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Un autre aspect rend le projet de l’UE bien improbable, c’est la disparité des développements en ce que cette institution politico-économique a montré bien des fois qu’elle avait été conçue pour les classes dominantes et leurs laquais, et non pour le mieux-être réel des peuples. Entre les pays de l’Ouest l’Allemagne en tête, puis la France, la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Suède, la Finlande, etc., et les pays de l’Est dont la Roumanie, la Bulgarie, les pays Baltes, la Pologne, etc… là où les thérapies de choc post-1989 doublées du coût bon-marché du travail et des avantages fiscaux éhontés accordés aux investisseurs occidentaux, se sont soldées par une désindustrialisation massive réduisant l’activité industrielle à la sous-traitance pour les usines de l’Ouest, faisant voler en éclats les lois du travail et mettant ainsi les employés à la merci des patrons qui menacent sans cesse de délocaliser l’outil de travail lorsqu’ils leur semblent que d’autres pays du tiers-monde offrent des possibilités de plus-values plus avantageuses (Nokkia qui voilà une dizaine d’années avait employé jusqu’à trois cents ouvriers, a, du jour au lendemain, quitté Cluj sans coup férir, sans amende, pour le Vietnam !). Par ailleurs il ne faut pas se bercer d’un angélisme naïf. Les sommes énormes déversées en Europe de l’Est pour refaire les infrastructures ferroviaires, routières, touristiques, sont en partie déroutées vers les poches de politiciens et de patrons locaux, et pour l’autre part majoritairement retournées vers l’Occident au travers des contrats qui obligent les État à acheter sans licitation des matériaux en Europe occidentale ou à employer des firmes occidentales qui viennent faire le travail à l’Est en le sous-traitant à vils prix à des firmes locales. Bref, la bonne corruption qui fixe les intérêts des élites politiques et techniques dans la bonne direction, opposée à la mauvaise corruption dénoncée par Bruxelles, celle qui favorise le capital local.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Ainsi dans les quelques années qui précédèrent l’adhésion de l’Est à l’UE (il y avait aussi l’OTAN dans le <i>package deal</i> !), après les chants des sirènes distillés aux peuples occidentaux, on entendit <i>ad infinitum</i> politiciens, experts et intellectuels nous vanter les avantages qui nous guettaient d’une réussite économique assurée : le bonheur consumériste était à portée de main, nous allions tous devenir riches, ne gaspillant plus nos ressources à nous faire des guerre épuisantes. Le bonheur étant dans l’urne, il suffisait de voter oui à l’adhésion. Certes il fallait bien aménager cet horizon irénique et hédoniste, organiser une propagande drastique qui vilipendait les trouble-fêtes, ceux ayant la sensibilité souverainiste et fier de l’être avaient voté contre l’adhésion.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Dans un esprit « hautement démocratique » l’Occident au premier rang duquel les Germains, puis les États-Unis brisèrent la Yougoslavie en avivant les ressentiments et les haines entre les divers peuples que les communistes avaient cru avoir cassés.</span><a href="applewebdata://9BCC6AF6-044D-4953-9E18-CCF403988FEA#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> Toujours dans un souci démocratique, l’OTAN, légitimé par l’UE, bombarda un pays européen comme cela n’avait plus été le cas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il fallait que les gens de peu (au Moyen-âge on eût dit les gueux) se soumettent au nouvel ordre europeo-mondial, renoncent à leur souveraineté nationale et continuent à fournir à l’Europe de l’Ouest un marché sans concurrence et des travailleurs à bas-prix. Ce flux s’étendit ensuite toute l’Europe de l’Est et l’on constata que des professeurs de lycée travaillaient comme maçons ou femmes de ménages, que des infirmières hautement qualifiées se faisaient gardes-malade à domicile ou dans des hospices passant leur temps à torcher le cul des vieillards, que des ingénieurs s’employaient comme simples ouvriers sur les chantiers de construction, et que des employés ou des paysans ne manquant pas de compétence étaient employés comme des esclaves modernes dans le maraîchage industriel de France, d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne. « Le bonheur est donc dans le pré » comme le proclame une célèbre émission populaire de la télévision française pour faire oublier aux téléspectateurs combien la politique rurale de l’UE a ruiné la petite paysannerie et a promu une agriculture industrielle qui détruit en Europe (et ailleurs) tous les écosystèmes, la qualité des eaux et de l’air. En bref, ayant inventé une monnaie unique et en y adjoignant le prétexte de l’humanisme libéral de la libre circulation des peuples, le capitalisme européen et mondial s’attachait essentiellement à fluidifier simultanément la circulations des marchandises et celle des travailleurs (ceux-ci par leur travail ne sont qu’un équivalent monnaie de la marchandise). Le capital avait ainsi trouvé un nouveau remède à la baisse tendancielle du taux de profit. De plus, dans le même processus, en organisant la compétition du travail entre les travailleurs de l’Ouest mieux rémunérés et ceux de l’Est sous-payés le capital brisait la solidarité syndicale, fer de lance au siècle précédent de toutes les conquêtes sociales ayant amélioré la santé et le confort des ouvriers et des salariés en général. Cette dynamique de la libre circulation des hommes et des marchandises n’avait largement profité qu’aux grandes entreprises européennes, mais aussi étatsuniennes, indiennes et chinoises à travers leurs filiales installées en Europe. Enfin de compte, un peu plus tard, en ouvrant toutes grandes les portes des émigrations extra-européennes dues aux diverses guerres néocoloniales menées au Moyen-Orient au nom de la démocratie, le capital, sur le sol européen, avait déclenché la guerre de tous contre tous. Par exemple, dès que des ouvriers venus du Maghreb refusaient de travailler pour des salaires scandaleusement bas dans l’agriculture andalouse, immédiatement se présentaient des Roumains, des Pakistanais, des Sri-Lankais, des Vietnamiens, des Philippins, des Indiens, etc… Bingo ! Sous prétexte d’un grand humanisme du déplacement, relayé par des ONG-s émanant des pouvoirs économiques dominants, les multinationales ont finalement gagné la guerre de classe comme l’a proclamé naguère et sans vergogne le milliardaire étasunien Warren Buffet.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><b><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Le discours idéologique</span></b><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Mais les lois économiques européennes ne suffisent pas à l’ensemble du dispositif. Pour imposer une telle construction politique nouvelle, il faut, comme toujours, un discours proposant une idéologie, laquelle offre des référents et présuppose créer les sentiment d’appartenances. Ici, le discours consiste à affirmer tout de go qu’il existe un peuple européen. Voilà qui me semble mériter un commentaire. Même une observation rapide de l’espace européen de l’UE montre qu’une telle affirmation tient du <i>wishful thinking</i> propre aux bureaucrates politiques, aux journalistes et aux universitaires de la même eau. Certes, la notion de peuple européen peut être valable pour quelques millionnaires hors-sol, pour quelques milliers de footballeurs et de sportifs professionnels, de mannequins, d’artistes du rien postmoderne qui sont vendus comme une simple marchandise ; cela peut aussi renvoyer à ces nombreux journalistes stipendiés, à ces universitaires et chercheurs spécialistes des salles d’attente d’aéroport et de colloques où se récitent (sous la couverture de « spécialistes scientifiques ») les mantras produits par Bruxelles. Mais quand j’observe ici et là dans les pays dont je connais les populations dans leurs diversités sociales, l’espace européen de l’UE cela se résume à l’Euro et à la présence de nombreux touristes étrangers pendant quelques semaines de l’année puis, les vacances finies, on se retrouve entre soi. Voilà la réalité, banale, quotidienne vécue par des dizaines de millions de personnes. Il suffit de se promener en Italie, en France, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce pour voir et entendre que l’incarnation d’un peuple européen est une pure fiction, un monstre chimérique né des têtes idéologisées des bureaucrates travaillant à organiser la propagande de l’UE.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">La présence attestée d’un peuple se signale par quelques caractères irréductibles que l’on ne peut occulter à moins de vivre dans un ailleurs dématérialisé, par exemple celui de l’argent qui n’a ni patrie ni langage sauf celui des chiffres. La présence d’un peuple présuppose une langue quotidienne commune même si des langues secondaires sont officiellement reconnues par l’État comme en Italie ou en Roumanie, et dans la plupart des pays d’Europe centre-orientale. Sauf la Suisse avec la Belgique où il y a respectivement quatre et trois langues officielles, la reconnaissance de langues minoritaires par l’État laisse inchangé la langue officielle, celle des documents, des principaux médias <i>main stream</i> et de l’enseignement</span><a href="applewebdata://9BCC6AF6-044D-4953-9E18-CCF403988FEA#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">. Situation qu’il ne faut pas confondre avec les anciennes colonies européennes où la langue des coloniaux, anglais, français, espagnol, portugais, un temps néerlandais et, jadis allemand sont demeurées les langues de communication surtout dans des pays où des mosaïques de peuples parlaient sur de petits territoires des dizaines de langues différentes parfois aussi éloignées l’une de l’autre que le roumain l’est du finnois : les cas les plus spectaculaires se rencontrent dans les diverses sociétés mélanésiennes, papoues et fidjiennes, parmi le monde amérindien et en Afrique noire.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Ce qui caractérise les langues des peuples européens (comme les langues de tous les peuples de culture écrite) c’est le fait que dans chacune d’elles il existe une littérature, une prose, et surtout, une poésie, cette manière inégalée de faire chanter (« de coudre » disaient les Grecs anciens) la langue comme l’écrivait Homère au premier vers de l’<i>Odyssée</i>, matrice littéraire de toutes les cultures européennes, à laquelle il conviendrait d’attacher l’<i>Énéide</i> de Virgile : <o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><i><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Μῆνιν ἄειδε, θεά, Πηληϊάδεω<span style="position: relative; top: -3pt;"> </span>Ἀχιλῆος,<br />οὐλομένην, ἣ μυρί’ Ἀχαιοῖς<span style="position: relative; top: -3pt;"> </span>ἄλγε’ ἔθηκε,<o:p></o:p></span></i></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Chante, ô Muse, la colère d’Achille, fils de Pelée, colère funeste…. <o:p></o:p></span></p><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span> </span>Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris </span></i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><o:p></o:p></span></p><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><i><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman", serif;">Italiam, fato profugus, Lauiniaque uenit…</span></i><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman", serif;"><o:p></o:p></span></p><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><br /></span></p><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Je chante les combats du héros prédestiné qui, le premier, </span><span style="font-family: -webkit-standard, serif;"><o:p></o:p></span></p><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><a name="1-2"></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Fuyant les rivages de Troie, aborda en Italie, près de Lavinium ;</span><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Or il semble que pour la bureaucratie bruxelloise et tous ses commensaux qui parlent le « globish », une sorte d’anglais minimal propre aux annonces d’aéroport (sauf pour les Anglais et les Irlandais), la langue et donc la culture littéraire sont affaires secondaires par rapport aux vraies affaires où la langue ne sert qu’à la communication des ordres et des chiffres : de quoi faire se retourner dans leur tombe Yeats et T.S. Elliot, Hölderlin, Heine et René Char, Lucian Blaga, Teodor Arghezi, Ady Endre et Joszef Attila… C’est pourquoi je mets au défi les petits marquis et petites marquises, courtisans et courtisanes de l’UE, de me définir un vrai peuple européen, hormis parmi certaines élites de très haut niveau culturel ou social, lesquelles, historiquement, n’ont pas attendu les bureaucraties bruxelloises pour se penser européen, à commencer par tout professeur de philosophie qui enseigne les bases de la pensée moderne depuis Descartes. <o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Pour faire un peuple il faut aussi partager des éléments d’une saga nationale, ce que certains appellent une histoire commune, si l’on entend histoire par une narration qui n’est jamais objective selon des critères scientifiques, mais qui doit seulement énoncer un en-commun aux habitants qui le copartagent y compris en le critiquant. Car critiquer un discours, des références et des pratiques ne veut pas nécessairement dire les jeter aux oubliettes, aux poubelles de l’histoire, bref les éraser. Pas de <i>Cancel culture</i> ! Les divers peuples de l’UE se sont longtemps affrontés comme des ennemis inexpugnables. Il a fallu cinq siècles pour faire des Anglais et des Français des alliés et pas toujours fidèles. Longtemps les principautés germaniques ne furent pas ennemies de la France, l’ennemi c’était essentiellement l’Autriche qui, malgré le mariage de Marie-Antoinette avec le Dauphin de France, et plus tard celui de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche, le demeurerait jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec la Prusse devenu le centre de l’Empire allemand. On pourrait multiplier les exemples de ces oscillations dans le rapport ami/ennemi de la France et de la Grande-Bretagne où apparaissent comme alliées de l’une ou de l’autre toutes les grandes cours d’Europe depuis la chute de l’Empire romain d’Occident. Si les conflits, même les plus sanglants, n’ont pas manqué en Europe, y compris parmi les membres de l’UE, ces relations de paix et de guerres n’ont pas créé pour autant un peuple unique dans une langue unique, bien au contraire, chacun est resté campé sur sa tradition. Que peut-il y avoir d’en-commun entre un Finlandais et un Italien, entre un Danois et un Maltais, entre un Grec et un Suédois, entre un Roumain et un Belge ? Hormis lors d’émigrations forcées pour la quête d’un travail, rien de commun n’est visible à l’œil nu. Il est vrai qu’il y a parfois plus d’affinités entre citoyens de tel ou tel pays installés à l’étranger, mais à moins que celui venant s’installer ne s’intègre au sein de sa nouvelle communauté de destin, rien ne transforme ces affinités en une appartenance historique dussent-elles se manifester par une bonne maîtrise de la langue. Rien en effet ne nous indique qu’au sein de l’UE le partenariat entre les États ne se transformera pas un jour en un conflit ouvrant la voie à un <i>Neue Burgerkrieg</i>. Car il ne faut pas s’y tromper, et sous prétexte de cette union, substituer une vision irénique au réalisme des relations internationales. Qui eût pu penser que le déchirement post-communiste de l’ex-Yougoslavie eût entraîné une guerre d’une extrême violence entre les républiques associées, dissimulant simultanément la déjà vieille rivalité entre la France et l’Allemagne dans les Balkans ? Et si le divorce entre la Tchéquie et la Slovaquie s’est passée sans effusion de sang, cela n’a pas interdit les divers massacres de la guerre de Yougoslavie. Sachons nous en souvenir pour ne pas bâtir des châteaux en Espagne comme le dit si joliment le proverbe français. Le plus bel exemple de cette illusion de l’UE revient à la Belgique, malgré tous les compromis, il y a, et il demeure deux peuples en Belgique qui parlent deux langues différentes, une germanique et une latine, et qui, surtout les Flamands, souhaitent prendre leur indépendance. L’UE vogue donc dans la plus totale contradiction, d’une part elle soutient le séparatisme monténégrin ou kosovar, et, de l’autre, le refuse à la Catalogne ou à la Corse ! Comme si les États les plus puissants imposaient aux plus faibles des politiques de fragmentation qu’ils récusent chez eux !<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">L’UE repose fondamentalement sur des accords qui visent donc à fluidifier les échanges économiques afin qu’ils échappent à toutes les contraintes que pourraient imposer des lois protectionnistes propres au pouvoir régalien des États souverains. Au fur et à mesure que l’institution prenait de l’ampleur les États adjoignirent à l’économie la recherche et l’enseignement (avec la catastrophe de Bologne par exemple), et enfin pour faire bonne mesure et donner l’illusion d’un nouvel humanisme les députés et la commission ajoutèrent la culture, le livre, le cinéma, les beaux-arts. Or cette omnipotence des intérêts culturels n’a guère produit des œuvres exceptionnelles, bien au contraire, avec la mondialisation il y a à la fois un nivellement formel et un étalement du conformisme qui nous offre des œuvres culturelles d’une éclatante médiocrité, sauf dans la poésie en ce que les énoncés sont intimement liés au génie propre à chaque langue, et donc difficilement transposable en « <i>globish</i> » uniforme. Le seul point positif de cette union se montre dans les législations promues pour la préservation des écosystèmes avec cependant des limites vite perceptibles, en ce qu’aucune instance judiciaire ou policière ne peut contraindre un pays à respecter les recommandations européennes sur la chasse et la préservation des espèces végétales, animales et des milieux naturel. Je n’ose pas même aborder ici les problèmes de la justice et de la tolérance tant chaque État fait à peu près ce qu’il veut.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Derrière les paroles lénifiantes des politiciens et des journalistes nous savons que la guerre fait rage au sein de l’UE. Une guerre essentiellement économique entre les pays de l’Ouest riches et les pays de l’ex-glacis soviétique pour certains beaucoup plus pauvres ou, après les thérapies de choc néolibérales, ayant retrouvé leur misère de l’Entre-deux-guerres. Mais non seulement ! Lors de la crise grecque personne n’a pu imposer aux Allemand une solidarité financière minimale, laissant la Grèce étouffer sous le poids de sa dette vis-à-vis de l’Allemagne et la France. Alors que l’UE offrent des prêts énormes sans intérêts aux ex-pays de l’Est, ceux-ci, au lieu d’acheter par exemple des armes ou des centrales atomiques européennes achètent des armes et des centrales étasuniennes (sauf la Hongrie). Les exemples de ce types abondent. La guerre dans le cadre du droit d’ingérence européen au nom de l’État de droit conçu par l’Europe occidentale n’est guère unanime, la législation de l’émigration et les quotas imposés par Bruxelles engendrent l’ire des pays qui n’ont strictement aucun passé colonial, et donc ne se sentent pas responsables de la réparation de cette catastrophe. Que ce soit sur l’uniformisation du droit du travail et des rémunérations, sur les rapports entre l’Église et l’État, une guerre sourde fait rage sans que les citoyens puissent intervenir réellement puisque le Parlement élu n’a quasiment point de pouvoir, celui-ci étant concentré au sein de la commission non-élue et dans les réunions des chefs d’Etat. Enfin de compte, ce qui semble assuré c’est le but initial et ultime de l’UE une zone fédérale de libre échange soumise aux pouvoir bancaires internationaux dans un esprit néo-libéral dont la finalité se manifeste clairement : maintenir en l’état les pôles de la richesse et ceux de la pauvreté.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">L’Europe promettait le plein emploi, mais le chômage n’y fait qu’augmenter dût-il être dissimulé comme en Allemagne et en France par l’explosion du travail précaire. L’Europe avait promis la stabilité financière quand la monnaie unique a engendré une énorme croissance des prix des objets et nourritures de consommation courantes. Bref, l’Europe c’était enfin le bonheur après la guerre froide. Mais, on le constate, c’est toujours la même exploitation des salariés qui demeure encore et encore. Certes il existe un courant qui pense pouvoir réformer l’Europe de l’intérieur en modifiant ses règles de fonctionnement. Mais a-t-on vu jamais une gigantesque machine bureaucratique fournissant d’excellents salaires, des avantages fiscaux et des retraites sans équivalent vouloir se réformer ? Changer l’UE c’est d’abord la défaire pour en reconstruire une autre sur de toutes autres bases sociales et économiques, et donc politiques. Voilà le vœux pieux des hérauts du discours d’une « Europe sociale », mais dans le cadre de l’UE définie par les Traités tels qu’ils sont agencés présentement, il n’est là qu’un grand bluff.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Dans l’un des aphorismes de son ouvrage <i>Le voyageur et son ombre</i>, Nietzsche écrivait : « Peut-être que l’Europe ne vit que dans trente très vieux livres qui n’ont jamais vieilli ». A l’heure de la <i>Cancel culture</i> généralisée, j’ai très peur que ces très vieux livres nous échappent déjà.<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"> </span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;">Claude Karnoouh, Bucarest le 31 mai 2021<o:p></o:p></span></p><p style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"> </span></p><div><br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://9BCC6AF6-044D-4953-9E18-CCF403988FEA#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> Les Teutons auraient pu ajouter parlant des hommes du Sud, « juste bons à sauter les femmes du Nord qui y vont passer leurs vacances à cet effet ».<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://9BCC6AF6-044D-4953-9E18-CCF403988FEA#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> Voir le remarquable film de Kusturista, <i>Underground</i>.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn3"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://9BCC6AF6-044D-4953-9E18-CCF403988FEA#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> A ce sujet rappelons-nous la révolte de nombreux Catalans qui réclamaient l’enseignement en castillan et non dans une langue qui n’est parlée quotidiennement et massivement que dans les campagnes et les petites villes. C’est aussi le cas du gaëlique d’Irlande qui doit être enseigné à tous les habitants qui ne viennent pas des deux comtés du Nord-Ouest où le gaëlique est la langue parlée en famille, au travail, dans les relations sociales.<o:p></o:p></span></p></div></div>Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-21403467178531341852021-04-30T13:37:00.002+03:002021-04-30T13:37:48.088+03:00La « Cancel Culture » et quelques brèves remarques sur la pensée de l’histoire, de la politique et de la culture « Toute opposition qui prend la forme d’un anti, pense dans le même sens que ce contre quoi elle est » Martin Heidegger, Parmenide, [Geasamtausgabe, band 8, S. 43, Frankfurt am Main 1992 (seconde édit)] Un phénomène culturel semble embraser tant le monde intellectuel que médiatique. Dans le nouvel idiome « globish », cela se nomme « Cancel Culture ». En deux mots, il s’agit d’éliminer des programmes d’enseignement, du monde de l’édition comme de l’industrie du spectacle un ensemble d’œuvres jugées incompatibles avec de prétendues valeurs sociales célébrées aujourd’hui : antiracisme, hyper-féminisme, pro-LGBTQ, droit-de-l’homme, etc. Valeurs qui se donnent comme le bon, le vrai et le beau dans la conscience occidentale. Valeurs qui font l’objet de débats sans fin sur les campus universitaires, dans les séminaires, dans les médias main stream. Mouvement dont on devine le ressort en son fond : l’anachronisme, véritable débâcle de la pensée sociologique, philosophique et historique contemporaines sur lequel il nous faut nous pencher. À l’évidence, l’anachronisme est l’une des tares analytiques et interprétatives qui, depuis longtemps déjà, corrode les descriptions et les interprétations de nombreuses humanités. On rencontre cette tare aussi bien en histoire qu’en sociologie, en anthropologie qu’en philosophie. Je pense que cette manière d’aborder le réel dans ses diverses incarnations théoriques ou pratiques ‒ histoire de la pensée, sociologie et philosophie de l’agir politique et social ‒, trouve ses plus profondes racines dès la naissance des États détenteurs du monopole de la parole politique, c’est à dire dans la construction d’une argumentation de la parole étatique comme unique vérité transcendante, comme énonciation du beau, du bon et du vrai. Or, les États tiennent des discours historiques anachroniques parce qu’il leur faut impérativement constituer un sens historique au sein d’une série d’événements qui magnifient l’État présent. En d’autres mots ‒ dans un esprit plus hégélien ‒, une sélection d’événements dialectico-logiques doit confirmer l’accomplissement d’un aujourd’hui de l’État. Or, si d’un point de vue poétique et mythique cet anachronisme peut donner des œuvres exceptionnelles (par exemple, le théâtre classique français ou romantique allemand) et construire ainsi un véritable patrimoine culturel d’une ou plusieurs cultures (par exemple, l’Enéide et son pendant baroque, Didon and Æneas), dès qu’il s’agit directement de politique, l’anachronisme des valeurs éthiques, sociales ou culturelles du présent rétro-projetées sur le passé, y compris parfois vers un passé fort reculé, n’engendre au bout du compte qu’une seule chose : le simplisme et la paresse d’esprit, comme les journalistes nous en donnent quotidiennement des exemples presque parfaits, et de manière plus générale et plus radicale, le nihilisme moderne. Dans sa célèbre introduction à la Tyrannie de Xénophon, Leo Strauss avançait cette proposition de méthode, à savoir que pour commenter et donc comprendre les Grecs, il faut tenter de les penser comme ils se pensaient eux-mêmes. Les gens dont on questionne les pensées et les comportements ne sont pas des objets inertes, mais des sujets autant que celui ou celle qui questionne. Ensemble, ils interagissent. C’est pourquoi il convient d’insister sur le fait que l’interprétation n’est pas explication. Il s’agit plutôt de commenter le déploiement d’une pensée ou, oserais-je avancer, tenter de penser comme l’autre se pense lui-même. Vaste programme ! En effet, quel intérêt y aurait-il à penser la société médiévale européenne dans le cadre conceptuel d’aujourd’hui quand la majorité des gens ont perdu tout rapport authentique à la foi chrétienne ? Si l’on s’aventure sur le terrain des pratiques politiques, morales, sociales, religieuses et si, comme beaucoup se le permettent, on pense ces domaines chez les Grecs, les Romains, les Arabo-musulmans de l’âge d’or de la civilisation à l’aune du XXIe siècle occidental, on avance sur un terrain tout bonnement grotesque, vicieux, malhonnête et l’on sombre dans la moraline à deux sous. Ainsi, lors de cours universitaires, j’ai entendu des étudiantes dénoncer le machisme de Platon, l’esclavagisme d’Aristote, l’obscurantisme des scoliastes médiévaux, la misogynie de Napoléon, l’absence de démocratie de l’orthodoxie russe ou la barbarie des pratiques rituelles de certains peuples primitifs. Si nous prenons le thème du droit des animaux, très à la mode aujourd’hui, il nous faudrait condamner irrémédiablement Descartes, parce qu’il a proposé une conception totalement mécanique des animaux. Dans ces têtes de linottes, le bien, le beau et le bon se tiennent toujours dans leur réalité la plus immédiate, auquel tout le passé et toutes les cultures autres qu’occidentales doivent être rapportées, sinon à passer pour irrémédiablement antihumanistes, islamistes, fascistes, nazies, etc…. Cette apophase de certaines valeurs culturelles ‒ dont certaines proviennent de l’humanisme classique ‒ offre l’une des nombreuses illustrations modernes et surtout postmodernes du nihilisme ou, si l’on préfère ‒ dans l’optique d’un néokantisme de caniveau ‒, l’une des nombreuses illustrations du « progrès ». En dépit de permanences culturelles repérables, le changement à une vaste échelle historique semble le trait structurel caractéristique de l’Occident, à tout le moins depuis le monde gréco-latin christianisé, quand s’installe la pensée du calcul mathématique de la fin des temps comme signe de l’advenue du Salut et de la Parousie lors de l’Apocalypse. Cet état est propre aux désordres du monde divin et aux changements qui concernait la société composée de polis indépendantes et que les grecs anciens abordaient par la tragédie avec le concept de krisis (du verbe krinein). Krisis signifiant un choix, un jugement et une décision qui ne requière pas de preuves. Ce moment-là est donc intimement lié au kairos, le moment opportun qui appelle une décision, un choix. Cet état de krisis comprend le passé, le présent et l’avenir présupposé permettant de choisir l’action positive envisageable… On pourrait aussi avancer, dans le cadre de la dichotomie lévistraussienne, peuple sans histoire/peuple avec histoire, qu’il est là le sceau même de l’histoire. L’histoire non pas en tant que discours sans corrélation sur une suite de divers événements réels ou non, mais bien comme conscientisation du devenir dans la provenance du passé et du futur, et de l’intelligence du passé dans le déploiement du futur. Il s’agit donc de l’histoire même en tant que narrativité d’un changement objectif et subjectif, opposé en cela au mythe, qui est la narration même de l’immobilité de la communauté dans l’« éternel retour du même », une pensée inscrite dans le futur antérieur. L’effort de dépaysement exigé pour toute recherche sur le passé ou sur la différence culturelle exige également un véritable effort d’érudition. Cette recherche exige conjointement un effort de prudence, de retenue, d’humilité. Sans cette modestie, l’expérience existentielle dans les idiomes disparus n’est plus directement perceptible autrement qu’au travers du filtre de l’écriture. Concrètement, dans son rapport à l’altérité, l’anthropologue ne passe pas le temps suffisant sur le terrain pour percevoir dans l’énonciation spontanée des indigènes tous les arcanes et tous les dédales d’une sémantique multiforme de la langue. Celle-ci est parfois totalement éloignée de nos systèmes de sens, sans tradition glossématique et d’exégèse pour nous éclairer. Voilà pour une rapide mise-au-point sur nos coutumes d’actualisation. La frénésie de la « Cancel culture » À l’évidence, un esprit quelque peu lucide et détaché des frénésies de la mode ne peut que constater combien le monde intellectuel et universitaire occidental est plongé aujourd’hui dans une très profonde crise. Une crise de sa civilisation, de son passé, de ses valeurs, incluant ses crimes que ce monde intellectuel refuse effectivement de penser, sauf dans une suite infinie de repentirs, or ces repentirs jouent comme autant de simulacres de compassion politique permettant d’oublier que l’essence propre du politique demeure la violence. En effet, il n’est pas d’histoire d’un peuple, d’une nation qui ne soit jalonnée de crimes plus ou moins massifs . C’est même l’expression la plus courante de la nature de l’homme-homme que d’être un être pour la violence, pour la guerre (Sein zum Krieg) , dont l’histoire pourrait se résumer à « l’extermination de l’homme par l’homme », comme le soulignait Heidegger dans son commentaire de Marx sur la lutte de classe . Sous prétexte de lutter contre les injustices de l’histoire ou de la politique – et elles sont innombrables –, diverses communautés vivant en Occident, et plus massivement les Noirs étasuniens ‒ mais aussi des Blancs, car le mouvement vient des États-Unis ‒, se sont érigés en censeurs culturels. Ils affirment donc que seuls les œuvres des ex-colonisés ou des ex-esclaves peuvent dorénavant avoir pignon sur rue . À y regarder de près, ce mouvement appartient, quoiqu’il fasse l’objet d’une totale dénégation, entièrement à la culture occidentale. En effet, les idées d’antiracisme sont nées au cœur même de l’Occident dominateur dans une dialectique de l’action/réaction. C’est le général Giap qui, dans l’année qui suivit Dien-Bien-Phu, interviewé sur la force de sa détermination combattante anticolonialiste, répondit au journaliste français : « J’ai tout appris dans les écoles françaises, Liberté, Égalité, Fraternité » ! Aussi est-il une arrogance ethnocentrique qui se dissimule sous le souci de rendre justice aux peuples colonisés par les divers pouvoirs d’Europe occidentale. Cette arrogance perverse s’auto-désigne par « Cancel culture » ou « culture de la révocation ». Comme une traînée de poudre s’embrasant de toutes parts, sur les campus américains, anglais et français, s’élèvent des demandes de censures de la part d’étudiants, généralement soutenus par des enseignants. Ces exigences de censures portent sur des œuvres littéraires, cinématographiques ou musicales. Elles appellent à des exclusions d’auteurs, voire des démolitions de statues, à des destructions de peintures jugées soit politiquement incorrectes, soit inconvenantes. Ces œuvres porteraient atteinte à la dignité des personnes, propageraient le racisme, le machisme, l’homophobie, la pédophilie, etc. Ces appels à la censure tiennent pour acquis que ces œuvres ne correspondent plus aux codes de valeurs de notre temps, temps postmodernes, plutôt posthumanistes et posthistoriques. Fait tout aussi notable, ces appels iconoclastes sont relayés à longueur de journée par les médias main stream, d’habitude très critiques lorsque de tels appels émanent du monde musulman en guerre, comme la démolition des Bouddhas d’Afghanistan par les Talibans, ou celles des ruines gréco-romaines de Nimroud et Hatra par les combattants de Daesh. Serions-nous face à un nouvel épisode d’iconoclasme ? Certes, le mouvement d’élimination de la culture européenne avait commencé plus de trois décennies auparavant avec le mouvement philosophique « Black Athena » qui affirmait que toute la philosophie grecque avait pour origine des Noirs du Sud de l’Égypte . Cette assertion avait été dénoncée comme une imposture par l’une des meilleures hellénistes étasuniennes, Mary Lefkowitz, qui y voyait la mise en place d’une mythologie en lieu et place de l’histoire . À cette époque, le mouvement n’était pas directement parti des États-Unis, mais de la France, né de la polémique sur les travaux de Cheikh Anta Diop . Ce n’est pas ici le lieu de développer le vaste champ historique ouvert par ces assertions controversées, qui sont suggérées par des références à l’Égypte rapportées dans l’œuvre de Platon, qui y aurait fait un voyage (Gorgias, 511d ; Phèdre 275b ; Lois VII, 799 a-b) . Pour l’ancienneté de ces assertions, il ne faudrait point oublier les imprécations de William Blake contre ces « voleurs d’Homère, Platon et Cicéron » ! Pour notre propos, on se doit de rappeler ceci : si cette dispute cherchait, parfois maladroitement, à rendre à la négritude une dignité que la dure loi coloniale et jacobine française avait imposé à ses territoires africains, il n’empêche qu’à l’époque aucun de ces auteurs, Diop ou Bernal, ne songeait à exclure, voir à censurer les œuvres de Platon ou de Cicéron. Tout a brusquement changé au cours de la dernière décennie. Dorénavant, le déploiement de la pensée indigéniste et racialiste, liée intimement au néo-féminisme radical, au mouvement politique LGBTQ, au écoles décoloniales, implique leur rejet pur et simple au nom de la lutte contre le racisme, le machisme, le colonialisme. À la trappe donc Shakespeare à cause du méchant Iago quelque peu foncé; à la trappe Beethoven parce que « la cinquième symphonie manifesterait la suffisance raciste et arrogante du blanc patriarcal » (sic !). Bien sûr, Gone with the wind, mais encore Faulkner, le génial écrivain du Sud parce qu’il est raciste. Et puis les néo-féministes radicales ont voulu faire ôter des cimaises du MMA un tableau de Balthus, Thérèse rêvant, jugé trop inspiré sur des fantasmes sexuels masculins !! Mieux encore, sous la pression des étudiants, l’administration de l’Université UCLA a débaptisé le bâtiment des sciences humaines, y arrachant du fronton le nom du très grand anthropologue que fut Kroeber. C’est pourtant lui qui fit sortir de captivité et qui hébergea Ishi, le dernier indien d’une tribu californienne, les Yahi. Il le soigna, s’entretint longuement avec lui pour tenter de comprendre sa culture, sa langue, ses croyances. Ces nouveaux barbares de la « Woke culture » (je n’ai pas d’autres mots pour les décrire) ont pris pour prétexte qu’en l’absence de Kroeber, Ishi avait été transporté à l’hôpital pour soigner une tuberculose sans son consentement ‒ or Ishi parlait très peu l’anglais. Censure scandaleuse et qui l’est d’autant plus que Kroeber, de par ses travaux de démographie historique sur les populations amérindiennes, avait démontré l’ampleur des génocides dont toutes les tribus d’Amérique du Nord et toutes les confédérations de peuples amérindiens avaient été les victimes au cours des quatre cents ans de la conquête blanche . Au mois de Septembre 2020, entraîné par le mouvement anglo-saxon, des activistes du mouvement décolonialiste français réclamèrent à corps et à cris le déboulonnement des statues de Colbert et de Voltaire, parce qu’ils soutenaient l’esclavage des Noirs. Puis celle de Napoléon, parce qu’il réinstaura l’esclavage dans les Antilles françaises en 1803 et qu’il fit emprisonner au fort de Besançon le libérateur de Saint Domingue, le général noir Toussaint-Louverture. Le Président Macron, dans un surprenant sursaut de jacobinisme, déclara qu’une réévaluation de l’histoire est l’activité normale, salutaire et légitime du chercheur. Ce n’est toutefois pas en effaçant les traces matérielles que l’on peut la réévaluer car, pour l’essentiel, il ne faut pas confondre le point de vue moral et l’interprétation du point de vue de la politique ! J’ajouterais, de manière plus réaliste, que ce n’est pas les principes moraux qu’il faut d’abord réévaluer car, malheureusement, ils ne font pas revivre les morts. Si réévaluation il y a, celle-ci doit porter sur l’interprétation des principes œuvrant dans le mouvement même de l’histoire de la politique du passé. Ce n’est donc pas en substituant une statue, un tableau, une œuvre musicale, un livre de philosophie à d’autres produits artistiques et intellectuels nouveaux que nous comprendrons mieux le cours tragique de l’histoire. C’est au contraire en les additionnant, en saisissant les contradictions ou les impasses que le devenir peut être rendu plus intelligible. S’il est vrai que les hommes font l’histoire, ils la font sur le moment sans en savoir les implications les plus profondes. On ne peut donc déployer une pensée analytique et critique sans calme intérieur ; pour réévaluer le cours d’une histoire, toujours tragique, il faut impérativement l’entreprendre « sine ira et studio ». Ainsi en ce premier quart du XXIe siècle, partie du centre de l’impérialisme économique, politique, militaire et culturel ‒ les États-Unis ‒, on perçoit une volonté non seulement de relire et réécrire l’histoire à l’échelle de la modernité tardive, mais, plus encore, on pressent la tentation de l’abolir. Certes, le phénomène en son essence n’est guère une nouveauté. On le perçoit de manière explicite, au moins depuis la Révolution française de 1789-1803, et les États-Unis n’ont jamais rien fait d’autre que d’amplifier au centuple l’histoire européenne. Toutefois, des spécificités s’y sont développées en raison de l’idéologie qui a sublimé et légitimé la colonisation. Une lecture particulière du discours biblique est nécessaire. Face à une Europe déchirée par d’incessantes guerres de religions, la conquête américaine du Nord du continent, un pays quasiment vide d’habitants pouvait s’apparenter à la conquête de la terre promise, d’une nouvelle Jérusalem, à la fois terrestre et céleste. Ce territoire semblait vierge de véritables êtres humains, les Amérindiens n’y étant que des sauvages « maudits » par Dieu, puisqu’ils refusaient de travailler comme esclaves. Il a donc fallu importer des Noirs d’Afrique : esclavage justifié jusqu’à la guerre civile, y compris par les libéraux, comme l’avait noté finement Tocqueville. C’est cette histoire que nous renvoie les États-Unis, alors que dès le début du XIXe siècle les Anglais interdisaient le commerce des esclaves et que jamais sur leur sol comme sur celui de la France l’esclavage ne s’y pratiqua depuis la fin du Haut-Moyen-Âge. Une anecdote illustrera bien mieux mon propos. En 1917, les soldats noirs de l’armée étasunienne venue en France combattre les Teutons obtinrent d’être commandés par des officiers français et de combattre aux côtés des troupes indigènes, les tirailleurs sénégalais. La République avait certes de nombreux défauts, mais pas celui de l’apartheid sur son sol : on ne séparait point les gens selon la couleur de leur peau dans les transports en commun, ni dans les cinémas, les cafés ou les restaurants, ni encore aux toilettes ou chez les coiffeurs. Sur le sol français, mais aussi italien et allemand, cette histoire ne nous concerne pas. Cependant, en dépit de cet aspect de l’histoire coloniale de laquelle nous sommes absents, convient-il d’examiner d’autres mouvements de destructions d’œuvres d’art, de littératures, de philosophies du passé dont l’origine se trouveraient au Moyen-Orient et en Europe ? Il semble que oui, et depuis longtemps ! Le monde méditerranéen, puis européen et enfin étasunien en sont les témoins privilégiés. Pour eux-mêmes d’abord, mais aussi pour les peuples dont des œuvres majeures furent détruites par les pouvoirs coloniaux sous prétexte qu’elles ne s’accordaient pas avec les croyances des vainqueurs. Comme le disent aujourd’hui les activistes de Cancel culture, il s’agissait de détruire les œuvres qui ne s’harmonisent pas avec la morale de leur temps ! Premier cas célébrissime, l’incendie de l’immense bibliothèque d’Alexandrie par des chrétiens radicaux. Deuxième cas tout aussi célèbre, la crise iconoclaste où, hormis dans le monastère de Sainte Catherine du Sinaï, il n’est plus d’icônes antérieures à 843 ! Pertes irréparables pour l’histoire du premier christianisme… Destruction des temples païens ou hérétiques, de leurs peintures, mosaïques et statues, sauf à Ravenne. Plus tard, destruction de la statuaire chrétienne médiévale par les Bogomiles et les Protestants. Destructions massives de nombreuses représentations religieuses, y compris les tombeaux des rois dans la basilique de Saint Denis pendant la Révolution française. Destructions dues à toutes les guerres jusqu’à 1945. Destructions de la statuaire et des codex aztèques et mayas, et de très nombreuses poteries sacrées incas par les conquistadors chrétiens. Et last but not least, destructions ou vols de statues et d’objets rituels en Afrique noire et en Océanie. Voilà qui fait une masse gigantesque de chef-d’œuvres. L’Europe n’a pas été avare de Cancel culture. Et même sans guerre de classes ni racialisme, la destruction semblait normale. Aussi, pour prendre un dernier exemple célébrissime, je me permets de rappeler que le Pape Jules II voulant refaire les chambres qui jouxtaient la Sixtine confiée à Michel Ange, demanda à Raphaël de les décorer à nouveau en y détruisant les fresques précédentes, œuvres de Fra Angelico ! Détruire pour refaire ou rééditer, c’est cela l’histoire de l’Occident avant la frénésie de la conservation de tout et n’importe quoi, de la moindre cuiller de bois d’un village perdu dans la montagne, aux jouets et aux motos à la mode la veille dans les familles bourgeoises. Démolir pour reconstruire est le lot de l’Occident, ces actions se tiennent même à la source de cette frénésie de changement qui caractérise l’Europe occidentale depuis au moins la chute de l’Empire romain. Ainsi, l’histoire nous montre comment des œuvres musicales et littéraires de grande valeur tombèrent en désuétude, oubliées pendant des siècles pour parfois resurgir longtemps après leur disparition du répertoire. Lorsque le christianisme devint religion de l’Empire romain, on peut affirmer qu’avant la lettre l’Europe était devenu le champ de ruine de la grande culture classique païenne, une proto-version de la Cancel culture ! Il en a été de même lorsque la philosophie fut interdite en Grèce et l’Académie fermée par décret impérial. Donc, le phénomène en soi n’est guère nouveau, comme le pense naïvement les activistes de la Cancel culture. Sauf que celle-ci ne s’applique pas aux païens, aux protestants opposés aux catholiques ni à ce que les nazis définissaient comme la culture juive ‒ allant jusqu’à bannir l’un de leurs plus importants poètes du romantisme allemand, Heine ! Aujourd’hui, le bannissement concerne tout ce que l’homme blanc, en général hétérosexuel, a produit. À l’échelle d’une histoire humaine de l’écriture qui commence pour l’Occident à Ur aux environs de la fin du IIIe millénaire avant notre ère , la quantité d’œuvres est gigantesque. Les censeurs (et les « censeuses » ! concession à la féminisation de la grammaire) vont avoir fort-à-faire, car il s’agit bien de tout notre héritage culturel jusqu’en Inde. Même les bolcheviques, accusés de tous les crimes culturels parce qu’ils voulaient faire du « passé table rase » ‒ et qui ont parfois démoli des œuvres patrimoniales, églises et icones ‒, ont malgré tout toujours défendu la valeur de tout l’héritage antique, classique, romantique et prémoderne ‒ dussent-ils, il est vrai, manifester après les années trente une aversion certaine pour le moderne postimpressionniste et les arts abstraits . Ce mouvement de cancel culture a démarré aux États-Unis à partir d’un féminisme exacerbé et dans une société depuis longtemps racialisée à l’extrême. Société où l’on manipule à contresens le concept de patriarcat quand on sait, comme nous l’avait enseigné Marx, que le capitalisme et son salariat généralisé avait tué précisément le système patriarcal issu du monde ruralo-médiéval. Cela n’a guère d’importance pour ces Savonarole de cours universitaires, pour ces pétroleuses de salons et de campus universitaires. L’essentiel, et cela se devine aisément, étant de prendre le pouvoir pour se substituer aux hommes blancs, hétérosexuels. Il s’agit bien de refaire la même société avec un autre sexe et/ou une autre couleur, puisque ce ne sont pas les infrastructures économiques qui sont dénoncées comme les possibles cibles de l’action, mais les superstructures culturelles : voilà un champ de manœuvres que le Capital est tout-à-fait prêt à leur concéder, n’en déplaise à Gramsci. Avec cela, ils ne risquent rien. Voilà qui ressemble à s’y méprendre à la révolte du ressentiment tant vilipendée par Nietzsche et Max Scheler . Cela ressemble à un coup d’État où tout devrait changer afin que l’essentiel demeure. En effet, pour le capitalisme postmoderne, hommes ou femmes, Blancs ou Noirs n’a plus aucune importance. Au contraire, cela permet d’augmenter le nombre des consommateurs et, en dernière instance, ce qui importe c’est que demeure le fondement systémique inaltéré de la machine à fabriquer de la plus-value le plus rapidement possible. Comme le disait Marx : le système doit continuer « à faire danser l’argent » (in Le Fétichisme de la marchandise). La société racialisée : Progressistes et conservateurs même combat En dépit de la très cruelle, féroce et sanguinaire guerre de Sécession, en dépit de la victoire de l’Union devant signer la fin théorique de l’apartheid aux États-Unis, le racisme y a prospéré, non pas seulement dans le Sud, comme le croient les ignorants, mais aussi dans le Nord. On n’y trouvait certes plus d’esclaves nominaux, mais un énorme prolétariat noir exploité tant et plus, vivant dans des conditions aussi misérables que celles des esclaves du Sud dans leurs cabanes, tout en étant également soumis aux exactions « privilégiées » des polices. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, l’une des luttes essentielles de la gauche progressiste, mais plus précisément des communistes sur tous les continents, a été d’affirmer l’égalité entre les hommes. Depuis 1945, la lutte consiste à rejeter toutes différences raciales au profit d’une humanité universelle égalitaire, quelle que soit la couleur de sa peau. Mais parmi certains anthropologues européens, puis avec l’arrivée d’intellectuels venus d’Outre-mer sur le sol de France, du Canada, de Grande-Bretagne ou des États-Unis, ceux-ci accusèrent cet universalisme de trop de formalisme, en ce qu’il ne tenait aucun compte des différences culturelles qui ne pouvaient être éliminées d’un revers de main, ni passées sous silence, sauf à nier qu’il demeurait encore des diversités pertinentes et non-équivalentes donnant à chaque culture une spécificité irréductible .Cependant, qui parle de différences à l’échelle du monde ne dit pas, n’en déplaisent aux indigénistes, qu’en dépit d’une émigration vers l’Occident de plus en plus forte, celles-ci devraient être le fondement interne d’une société, d’une Nation, d’un État. En général, l’émigré devait s’acculturer aux mœurs du pays qui l’accueillait, y compris lorsqu’une élite nouvelle remplaçait une ancienne élite comme ce fut le cas avec les Manchous et l’Empire chinois des Hans. Mais présentement une telle disposition politico-culturelle ne semble plus de mise. Les élites politiques, économiques et largement culturelles demandent comme gage de démocratie aux habitants des pays européens, voire aux États-Unis et au Canada, de respecter les mœurs des émigrés, fréquemment les plus contraires à leurs traditions. Certes, dans la concurrence humaniste des différences, certaines de ces mœurs, qui semblent par trop insupportables à l’opinion « éclairée » des pays occidentaux, sont combattues : excisions des femmes et subincisions péniennes des hommes, scarifications diverses, tortures et rites avec exécutions d’animaux, etc. Preuve s’il en fallait que l’Occident, inventeur des grands génocides modernes, ne supporte pas la différence radicale dont la plus spectaculaire demeurait, il n’y a guère, le cannibalisme. Une fois ces réserves avancées, revenons à nouveau aux discours de notre présent sur les différences raciales. Ainsi, en Occident, après presque plus d’un siècle de luttes contre la racialisation des différences et contre le racisme en général, après avoir répété à satiété dans toutes les recherches académiques multidisciplinaires que les races humaines n’existent pas, que seules existent les cultures (cf., Claude Lévi-Strauss : Races et histoire), voilà qu’au début du XXIe siècle on voit ressurgir un discours racialiste inverse, mais en son fond métaphysique identique où ce n’est plus le Noir et la Noire qui sont vilipendés, injuriés et calomniés, mais l’inverse, le Blanc et la Blanche. Comme le soulignait la célébrissime militante noire féministe et communiste étasunienne Angela Davis c’est le même syndrome que celui de l’esclave noir des champs de coton qui est réutilisé, mais inversé. De fait, cette approche racialiste qu’on nous sert présentement comme le brouet de la lutte antiraciste, anti-macho, pro-féministe, pro-LGBTQ, a une fonctionnalité bien précise dans le calendrier de la mondialisation économique, esthétique, culturelle et sociétale : elle endosse le rôle du masque comme dans le théâtre antique, du masque qui dissimule la réalité immédiate de l’acteur ‒ et en présente le subterfuge. Le masque, c’est par excellence le jeu du discours apophatique, de la dénégation : le « je sais bien mais quand même », dirait le psychanalyste. Tous les économistes sérieux, y compris certains libéraux, soulignent les très graves problèmes économiques et sociaux qui rongent les États-Unis depuis la fin des années fastes du keynésianisme, depuis la fin de l’équivalent dollar/or au début des années 1970. En un demi-siècle, l’écart s’est creusé entre les riches et les pauvres, entre la classe des hyper-riches et leurs serviteurs (journalistes, un certain nombre d’universitaires, la haute fonction publique, les brokers, les dirigeants d’entreprises cotées en bourse, etc.) et les petites classes moyennes, les petits commerçants, les artisans, les employés des services, les ouvriers, les travailleurs intermittents, les enseignants du primaire et du secondaire, voire les petites entreprises, etc., un écart élargi aujourd’hui à des dimensions abyssales. En promouvant le racialisme dans une société déjà profondément racisée dès sa naissance comme le furent et le sont toujours les États-Unis ou la Grande-Bretagne, ou comme le sont devenues la France et l’Italie, les classes dirigeantes, toujours en très large majorité blanches, tentent une double opération : d’une part elles donnent satisfaction à peu de frais (car gesticuler devant des caméras médiatiques ou sur les campus, cela ne coûte pas cher ni ne demande beaucoup d’efforts !) aux bobos noirs et à leurs alliés, les upper-middle class blanches jouant de la culpabilisation. D’autre part, elle permet de détourner les Noirs et les Chicanos exploités comme des esclaves d’une authentique révolte, comme l’avait souligné Angela Davis. Car on l’oublie aisément, les ONG droit-de-l’hommiste sont conçues aussi pour cet effet d’annonce sans effets pratiques réels: l’indignation à bas prix. En effet, il y a une véritable bourgeoisie noire, une véritable élite noire du business, du showbiz et de l’université qui ne veut surtout pas que l’on attente à ses privilèges qui sont, en leur fond, identiques à ceux de la même bourgeoisie blanche. Il y a dans cette volonté de destruction de toute la culture occidentale depuis qu’elle a vu le jour, grossièrement depuis les Grecs (parce qu’elle est blanche, « patriarcale », « machiste », violente avec les Noirs pendant et après la colonisation et l’esclavage), un piège tendu par la raison humaniste aux hommes aliénés de la société de production et de consommation infinies. Car des mouvements comme le Black Lives Matter, les ONG pro-émigration et no-border se gardent bien de mettre en question les fondements de cette société de production-consommation en tant qu’elle est dans son étant (Seiende). En d’autres mots, ces organisations évitent de se demander comment la marchandisation généralisée, y compris celle de l’homme concret et non celui immatériel d’un néokantisme universitaire, fait monde en déterminant totalement aussi bien le système des échanges que celui des relations humaines, de l’art et de la culture en général. Société engendrant un énorme gâchis qu’une simple promenade dans les centres commerciaux donne à voir immédiatement. Gâchis qui fait le monde, non seulement comme la somme des marchandises produites (Marx), mais qui constitue la masse de toutes les ordures engendrées par les marchandises obsolètes qui submergent les mers et les océans . Le second piège, plus tragique me semble-t-il, c’est l’oubli de l’origine de la possibilité des mouvements Black Lives Matter et #MeToo. Or à l’origine de toute pensée critique dans le champ de la culture occidentale, se tient l’Occident lui-même. Cette critique se tient dans le déploiement de ses diverses interprétations du monde et des pratiques qu’il a construites et agies sans bien savoir ce qui se déployait, ne s’en apercevant qu’a posteriori, quand la chouette prenant son envol s’élève dans l’ombre du crépuscule. Cet esprit critique procède de tout ce que l’Occident a construit de singulier, ses institutions politiques, et ce que cela implique comme théorie morale et théorie du droit . Plus encore, je dirai que cette pensée critique ressortit à l’energeia propre à la modernité. Dans cette modernité, la Technique occupant le lieu central de la nouvelle métaphysique, elle engendre la dynamique du nihilisme qui lui est intrinsèque. En effet, les résultats des changements permanents propres à la pensée et à la pratique de la technoscience ‒ et il vaudrait mieux dire à la pensée et la pratique de la techno-science-capital ‒, modèlent depuis longtemps notre vie quotidienne dans toutes ses hypostases. Ce nihilisme pourrait aussi se nommer le culte du nouveau, quel qu’il soit et quel qu’en soit le prix à payer. Coût matériel et humain, qui est perçu dans sa seule superficialité par une sociologie de caniveau qui se prétend progressiste. Or ce culte du nouveau (et simultanément de la jeunesse) s’accompagne d’une négation des réalisations du passé. C’est ce que la science fait depuis qu’elle s’est installée comme science expérimentale et qui lui permet « d’avancer » ‒ comme le dit le commun. C’est cette inexorable marche en avant ‒ sans se retourner jamais ‒ qu’elle a transmis comme devenir aux sciences humaines (cf., Auguste Comte et Durkheim), puis aux humanités en général. Tant et si bien qu’aujourd’hui le dernier ouvrage sur un sujet quelconque est toujours meilleur qu’un travail plus classique, que l’état présent est toujours meilleur qu’un moment du passé . Ceux qui, soit ingénument soit sournoisement, acceptent les diktats du changement permanent quels qu’ils soient, sont considérés comme des progressistes ; ceux qui, à l’inverse, les refusent ou plus généralement les critiquent, sont dénoncés comme autant de réactionnaires, de conservateurs ou de traditionnalistes. Le vieux clivage politique droite/gauche s’inscrit dorénavant dans la seule dichotomie progressistes/conservateurs. Or, par rapport aux classes productrices de la plus-value par le travail, ces deux groupes composant les classes dominantes ne s’opposent pas vraiment. Chacun en sa guise participe à l’exploitation du travail productif. Par rapport à la modernité, il s’agit bien plus d’une différence quantitative que d’une différence qualitative ou d’essence. Toutes deux sont en fait modernes, et seul l’usage des résultats de la modernité et de son rythme de développement les différencient quelque peu. En définitive, dans la modernité et plus encore dans la modernité tardive, aucun courant politique, aucun courant de pensée culturelle ne se tient hors de la modernité, laquelle s’est produite en Occident, rappelons-le pour ceux qui, pris dans les brouillards idéologiques des vaines agitations contemporaines, l’auraient oublié. La modernité est née en Occident de la synergie entre la philosophie grecque (le problème métaphysique de la vérité), le christianisme (le problème d’une temporalité de l’Apocalypse et donc de l’histoire), et, pour finir, de l’objectivation mathématique du monde (présentée, interprétée et inaugurée philosophiquement par Descartes). Ce fut donc d’abord la marche en avant des sciences qui fit la modernité. Suivirent leurs nombreuses applications techniques, notamment dans le domaine militaire, de la médecine, puis le développement massif des infrastructures, des biens de consommation jusqu’à la gadgétisation totale de la société postmoderne. Jamais comme aujourd’hui la parole de Marx n’a rencontré sa pure vérité incarnée : « Le monde est la somme des marchandises produites dans le monde ». Et c’est précisément cela le nihilisme moderne entrevu par Nietzsche et Max Scheller, cerné plus tard par Adorno et Heidegger. Ce n’est pas le nihil du vide, ou l’élimination de l’ennemi dans la tradition russe du style de Tchaadaïev. Le nihilisme qui nous occupe, c’est celui du trop-plein de l’hyperproduction, de l’hyperconsommation, de l’hypergadgétisation, de l’hyperdécharge d’ordures. En termes philosophiques propres à la modernité tardive, post-husserlienne, c’est l’aboutissement et l’accomplissement de l’objectivation infinie faisant monde . En effet, Nietzsche a pointé cette abondance quasi infinie des choses dans le déclin de l’interprétation monde du monde, d’un monde déserté de tout grand récit, d’un monde sans plus de sanction morale énoncée en référence à une valeur supérieure désormais niée ou oubliée. Les dieux et Dieu nous ont abandonné, lisait-on sous la plume de Nietzsche, mais nous les avons abandonnés aussi, même la Divine Providence de Kant avait disparu dans les tourmentes et les brumes hyperboréennes, car et les uns et l’autre ne nous étaient plus utiles pour assumer l’immanence de l’infinité objectivable. Comme de vieilles prostituées nous nous sommes offerts corps et âme à la volonté de puissance que nous avions créée, dès lors « nous avons fui dans l’au-delà, en terminant dans le nihilisme » . Victoire totale de l’immanence sur tous les systèmes chrétiens, y compris le socialisme ajoute Nietzsche, pour conduire au rejet actuel de toutes les formes de culture qui ne répondent pas à la doxa de notre présent perverti dans un total anachronisme qui est oubli des origines. On vit dans un trop plein de choses culturelles devenues de simples marchandises jetées littéralement à la poubelle tous les jours. Pour s’en convaincre, il suffit de constater le nombre d’ouvrages de grande valeur intellectuelle que l’on trouve dans les poubelles de Paris, de Rouen, de Turin ou de Milan par exemple. Les nouveaux héritiers des bibliothèques de leurs défunts parents, les véritables barbares du postmoderne, ne connaissant que les ordinateurs et les informations flash de Facebook ou d’Instagram. Ils jettent ces paquets encombrants et sans valeur bibliographique dont aucun brocanteur ne veut. Il semblerait que l’origine de cette possibilité de nihilisme doive être recherchée dans les méandres de l’art moderne et contemporain, là, parmi certaines œuvres majeures, on peut ressaisir l’origine de la dynamique du nihilisme culturel qui émerge aujourd’hui dans toute sa violence. A partir de Duchamp, des dadaïstes, des surréalistes, des minimalistes, de l’abstrait, du trash-art, de l’écriture automatique, du lettrisme, du vide narratif du nouveau roman, avec la généralisation des installations interprétées et légitimées avec des discours de la déconstruction plus abscons les uns que les autres, mais encore avec des musiques qui se confondent avec des expérimentations acoustiques, nous sommes en face d’un langage codé que parle une élite du business de l’art, de la bureaucratie des ministères de la culture, des chaires d’histoire de l’art et des galeries… Cet état des savoirs avait été magnifiquement illustré par le couple Christo avec ses enveloppements éphémères qui nous disaient en substance : cachons toute ces œuvres, leur valeur est épuisée comme nos regards ; il n’y a plus rien à voir qu’un gigantesque paquet ficelé, jetable à la poubelle . C’est ainsi que le nihilisme, pressenti par Nietzsche et Max Scheler, s’est déployé pour en arriver aujourd’hui, au travers du mouvement racialiste et Cancel Culture, à vouloir « jeter aux poubelles de l’histoire » toutes les formes d’art produites par des hommes blancs au cours de tous les siècles passés. Ainsi l’affirme la faculté de musique de Cambridge où dorénavant Mozart et Beethoven sont pensés comme les représentants emblématiques de la puissance aliénante de l’homme blanc colonialiste. Que ce soit Die Zauberflöte, Fidelio ou la Neuvième symphonie, que j’ai vus et écoutés des dizaines de fois, jamais ne m’était venu à l’esprit la perversion raciale de Mozart ou de Beethoven ! À y regarder d’un peu plus près, à l’épreuve des faits, le nihilisme moderne ne participe pas de la pensée et de l’agir dialectiques où le négatif du positif donnerait du positif par synthèse de la thèse et de l’antithèse. Le nihilisme moderne agit sur le mode du négatif du négatif qui ne donne que du négatif. Le monde du nihilisme fonctionne comme le trop plein mené par une croissance géométrique de l’obsolescence, finissant dans le nihil. Après avoir voulu tout démembrer et démolir, l’art et l’architecture, mais aussi la musique et l’écriture (Lacan ne dit-il pas que la parole ne sert pas à communiquer !?) s’ouvrent d’elles-mêmes sur l’anéantissement. Après avoir brisé tous les tabous culturels, la production infinie, toujours en devenir, réinvente la censure comme négation du passé au profit de groupes culturels qui sont eux-mêmes les produits de cette négation construisant et reconstruisant ainsi ce nihilisme généralisé qui pourrait porter encore un autre nom : décadence. Oui, ne soyons pas surpris, les années trente sont bien devant nous. Claude Karnoouh, Bucarest, le 4 avril 2021<p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><b><span lang="FR-CA">La « <i>Cancel Culture</i> » et quelques brèves remarques sur la pensée de l’histoire, de la politique et de la culture</span></b><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn1" name="_ftnref1" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><b><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><b><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[1]</span></b></span></span></span></b></span></a><b><span lang="FR-CA"><o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: right; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">« Toute opposition qui prend la forme d’un anti, pense dans le même sens que ce contre quoi elle est »<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: right; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="DE">Martin Heidegger, <i>Parmenide</i>, [Geasamtausgabe, band 8, S. 43, Frankfurt am Main 1992 (seconde édit)]<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="DE"><span> </span><o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="EN-CA"><o:p> </o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="EN-CA"><o:p> </o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Un phénomène culturel semble embraser tant le monde intellectuel que médiatique. <span> </span>Dans le nouvel idiome « globish », cela se nomme « <i>Cancel Culture</i> ». En deux mots, il s’agit d’éliminer des programmes d’enseignement, du monde de l’édition comme de l’industrie du spectacle un ensemble d’œuvres jugées incompatibles avec de prétendues valeurs sociales célébrées aujourd’hui : antiracisme, hyper-féminisme, pro-LGBTQ, droit-de-l’homme, etc. <span> </span>Valeurs qui se donnent comme le bon, le vrai et le beau dans<span> </span>la conscience occidentale. <span> </span>Valeurs qui <span style="color: black;">font </span>l’objet de débats sans fin sur les campus universitaires, dans les séminaires, dans les médias <i>main stream</i>. Mouvement dont on devine le ressort en son fond : l’anachronisme, véritable débâcle de la pensée sociologique, philosophique et historique contemporaines sur lequel il nous faut nous pencher.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">À l’évidence, l’anachronisme est l’une des tares analytiques et interprétatives qui, depuis longtemps déjà, corrode les descriptions et les interprétations de nombreuses humanités. On rencontre cette tare aussi bien en histoire qu’en sociologie, en anthropologie qu’en philosophie. Je pense que cette manière d’aborder le réel dans ses diverses incarnations théoriques ou pratiques ‒ histoire de la pensée, sociologie et philosophie de l’agir politique et social ‒, trouve ses plus profondes racines dès la naissance des États détenteurs du monopole de la parole politique, c’est à dire dans la construction d’une argumentation de la parole étatique comme unique vérité transcendante, comme énonciation du beau, du bon et du vrai. Or, les États tiennent des discours historiques anachroniques parce qu’il leur faut impérativement constituer un sens historique au sein d’une série d’événements qui magnifient l’État présent. En d’autres mots ‒ dans un esprit plus hégélien ‒, une sélection d’événements dialectico-logiques doit confirmer l’accomplissement d’un aujourd’hui de l’État. Or, si d’un point de vue poétique et mythique cet anachronisme peut donner des œuvres exceptionnelles (par exemple, le théâtre classique français ou romantique allemand) et construire ainsi un véritable patrimoine culturel d’une ou plusieurs cultures (par exemple, l’<i>Enéid</i>e et son pendant baroque, <i>Didon and Æneas</i>), dès qu’il s’agit directement de politique, l’anachronisme des valeurs éthiques, sociales ou culturelles du présent rétro-projetées sur le passé, y compris parfois vers un passé fort reculé, n’engendre au bout du compte qu’une seule chose : le simplisme et la paresse d’esprit, comme les journalistes nous en donnent quotidiennement des exemples presque parfaits, et de manière plus générale et plus radicale, le nihilisme moderne. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Dans sa célèbre introduction à la <i>Tyrannie</i> de Xénophon, Leo Strauss avançait cette proposition de méthode, à savoir que pour commenter et donc comprendre les Grecs, il faut tenter de les penser comme ils se pensaient eux-mêmes. Les gens dont on questionne les pensées et les comportements ne sont pas des objets inertes, mais des sujets autant que celui ou celle qui questionne. Ensemble, ils interagissent. C’est pourquoi il convient d’insister sur le fait que l’interprétation n’est pas explication. Il s’agit plutôt de commenter le déploiement d’une pensée ou, oserais-je avancer, tenter de penser comme l’autre se pense lui-même. Vaste programme ! En effet, quel intérêt y aurait-il à penser la société médiévale européenne dans le cadre conceptuel d’aujourd’hui quand la majorité des gens ont perdu tout rapport authentique à la foi chrétienne ? Si l’on s’aventure sur le terrain des pratiques politiques, morales, sociales, religieuses et si, comme beaucoup se le permettent, on pense ces domaines chez les Grecs, les Romains, les Arabo-musulmans de l’âge d’or de la civilisation à l’aune du XXI<sup>e </sup>siècle occidental, on avance sur un terrain tout bonnement grotesque, vicieux, malhonnête et l’on sombre dans la moraline à deux sous. Ainsi, lors de cours universitaires, j’ai entendu des étudiantes dénoncer le machisme de Platon, l’esclavagisme d’Aristote, l’obscurantisme des scoliastes médiévaux, la misogynie de Napoléon, l’absence de démocratie de l’orthodoxie russe ou la barbarie des pratiques rituelles de certains peuples primitifs. Si nous prenons le thème du droit des animaux, très à la mode aujourd’hui, il nous faudrait condamner irrémédiablement Descartes, parce qu’il a proposé une conception totalement mécanique des animaux. Dans ces têtes de linottes, le bien, le beau et le bon se tiennent toujours dans leur réalité la plus immédiate, auquel tout le passé et toutes les cultures autres qu’occidentales doivent être rapportées, sinon à passer pour irrémédiablement antihumanistes, islamistes, fascistes, nazies, etc…. Cette apophase de certaines valeurs culturelles ‒ dont certaines proviennent de l’humanisme classique ‒ offre l’une des nombreuses illustrations modernes et surtout postmodernes du nihilisme ou, si l’on préfère ‒ dans l’optique d’un néokantisme de caniveau ‒, l’une des nombreuses illustrations du « progrès ».<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">En dépit de permanences culturelles repérables, le changement à une vaste échelle historique semble le trait structurel caractéristique de l’Occident, à tout le moins depuis le monde gréco-latin christianisé, quand s’installe la pensée du calcul mathématique de la fin des temps comme signe de l’advenue du Salut et de la Parousie lors de l’Apocalypse. Cet état est propre aux désordres du monde divin et aux changements qui concernait la société composée de <i>polis</i> indépendantes et que les grecs anciens abordaient par la tragédie avec le concept de <i>krisis</i> (du verbe <i>krinein</i>). <span> </span><i>Krisis </i>signifiant un choix, un jugement et une décision qui ne requière pas de preuves. Ce moment-là est donc intimement lié au <i>kairos</i>, le moment opportun qui appelle une décision, un choix. Cet état de <i>krisis</i> comprend le passé, le présent et l’avenir présupposé permettant de choisir l’action positive envisageable… On pourrait aussi avancer, dans le cadre de la dichotomie lévistraussienne, peuple sans histoire/peuple avec histoire, qu’il est là le sceau même de l’histoire. L’histoire non pas en tant que discours sans corrélation sur une suite de divers événements réels ou non, mais bien comme conscientisation du devenir dans la provenance du passé et du futur, et de l’intelligence du passé dans le déploiement du futur. Il s’agit donc de l’histoire même en tant que narrativité d’un changement objectif et subjectif, opposé en cela au mythe, qui est la narration même de l’immobilité de la communauté dans l’« éternel retour du même », une pensée inscrite dans le futur antérieur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">L’effort de dépaysement exigé pour toute recherche sur le passé ou sur la différence culturelle exige également un véritable effort d’érudition. Cette recherche exige conjointement un effort de prudence, de retenue, d’humilité. Sans cette modestie, l’expérience existentielle dans les idiomes disparus n’est plus directement perceptible autrement qu’au travers du filtre de l’écriture. <span> </span>Concrètement, dans son rapport à l’altérité, l’anthropologue ne passe pas le temps suffisant sur le terrain pour percevoir dans l’énonciation spontanée des indigènes tous les arcanes et tous les dédales d’une sémantique multiforme de la langue. Celle-ci est parfois totalement éloignée de nos systèmes de sens, sans tradition glossématique et d’exégèse pour nous éclairer. Voilà pour une rapide mise-au-point sur nos coutumes d’actualisation.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><b><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></b></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><b><span lang="FR-CA">La frénésie de la « Cancel culture »<o:p></o:p></span></b></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">À l’évidence, un esprit quelque peu lucide et détaché des frénésies de la mode ne peut que constater combien le monde intellectuel et universitaire occidental est plongé aujourd’hui dans une très profonde crise. Une crise de sa civilisation, de son passé, de ses valeurs, incluant ses crimes que ce monde intellectuel refuse effectivement de penser, sauf dans une suite infinie de repentirs, or ces repentirs jouent comme autant de simulacres de compassion politique permettant d’oublier que l’essence propre du politique demeure la violence. En effet, il n’est pas d’histoire d’un peuple, d’une nation qui ne soit jalonnée de crimes plus ou moins massifs</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn2" name="_ftnref2" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. C’est même l’expression la plus courante de la nature de l’homme-homme que d’être un être pour la violence, pour la guerre (<i>Sein zum Krieg</i>)</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn3" name="_ftnref3" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">, dont l’histoire pourrait se résumer à « l’extermination de l’homme par l’homme », comme le soulignait Heidegger dans son commentaire de Marx sur la lutte de classe</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn4" name="_ftnref4" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Sous prétexte de lutter contre les injustices de l’histoire ou de la politique – et elles sont innombrables –, diverses communautés vivant en Occident, et plus massivement les Noirs étasuniens ‒ mais aussi des Blancs, car le mouvement vient des États-Unis ‒, se sont érigés en censeurs culturels. Ils affirment donc que seuls les œuvres des ex-colonisés ou des ex-esclaves peuvent dorénavant avoir pignon sur rue</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn5" name="_ftnref5" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. À y regarder de près, ce mouvement appartient, quoiqu’il fasse l’objet d’une totale dénégation, entièrement à la culture occidentale. En effet, les idées d’antiracisme sont nées au cœur même de l’Occident dominateur dans une dialectique de l’action/réaction. C’est le général Giap qui, dans l’année qui suivit Dien-Bien-Phu, interviewé sur la force de sa détermination combattante anticolonialiste, répondit au journaliste français : « J’ai tout appris dans les écoles françaises, Liberté, Égalité, Fraternité » ! Aussi est-il une arrogance ethnocentrique qui se dissimule sous le souci de rendre justice aux peuples colonisés par les divers pouvoirs d’Europe occidentale. Cette arrogance perverse s’auto-désigne par « <i>Cancel culture</i> » ou « culture de la révocation ».<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Comme une traînée de poudre s’embrasant de toutes parts, sur les campus américains, anglais et français, s’élèvent des demandes de censures de la part d’étudiants, généralement soutenus par des enseignants. Ces exigences de censures portent sur des œuvres littéraires, cinématographiques ou musicales. Elles appellent à des exclusions d’auteurs, voire des démolitions de statues, à des destructions de peintures jugées soit politiquement incorrectes, soit inconvenantes. Ces œuvres porteraient atteinte à la dignité des personnes, propageraient le racisme, le machisme, l’homophobie, la pédophilie, etc. Ces appels à la censure tiennent pour acquis que ces œuvres ne correspondent plus aux codes de valeurs de notre temps, temps postmodernes, plutôt posthumanistes et posthistoriques. Fait tout aussi notable, ces appels iconoclastes sont relayés à longueur de journée par les médias <i>main stream</i>, d’habitude très critiques lorsque de tels appels émanent du monde musulman en guerre, comme la démolition des Bouddhas d’Afghanistan par les Talibans, ou celles des ruines gréco-romaines de Nimroud et Hatra par les combattants de Daesh. Serions-nous face à un nouvel épisode d’iconoclasme ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Certes, le mouvement d’élimination de la culture européenne avait commencé plus de trois décennies auparavant avec le mouvement philosophique « <i>Black Athena</i> » qui affirmait que toute la philosophie grecque avait pour origine des Noirs du Sud de l’Égypte</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn6" name="_ftnref6" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Cette assertion avait été dénoncée comme une imposture par l’une des meilleures hellénistes étasuniennes,</span><span lang="FR-CA" style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122; line-height: 24px;"> Mary Lefkowitz, qui y voyait</span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"> </span></span><span lang="FR-CA"><span> </span>la mise en place d’une mythologie en lieu et place de l’histoire</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn7" name="_ftnref7" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. À cette époque, le mouvement n’était pas directement parti des États-Unis, mais de la France, né de la polémique sur les travaux de Cheikh Anta Diop</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn8" name="_ftnref8" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[8]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Ce n’est pas ici le lieu de développer le vaste champ historique ouvert par ces assertions controversées, qui sont suggérées par des références à l’Égypte rapportées dans l’œuvre de Platon, qui y aurait fait un voyage (<i>Gorgias</i>, 511d ; <i>Phèdre</i> 275b ; <i>Lois</i> VII, 799 a-b)</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn9" name="_ftnref9" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[9]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Pour l’ancienneté de ces assertions, il ne faudrait point oublier les imprécations de William Blake contre ces « voleurs d’Homère, Platon et Cicéron » ! Pour notre propos, on se doit de rappeler ceci : si cette dispute cherchait, parfois maladroitement, à rendre à la négritude une dignité que la dure loi coloniale et jacobine française avait imposé à ses territoires africains, il n’empêche qu’à l’époque aucun de ces auteurs, Diop ou Bernal, ne songeait à exclure, voir à censurer les œuvres de Platon ou de Cicéron. Tout a brusquement changé au cours de la dernière décennie. Dorénavant, le déploiement de la pensée indigéniste et racialiste, liée intimement au néo-féminisme radical, au mouvement politique LGBTQ, au écoles <i>décoloniales</i>, implique leur rejet pur et simple au nom de la lutte contre le racisme, le machisme, le colonialisme. À la trappe donc Shakespeare à cause du méchant Iago quelque peu foncé; à la trappe Beethoven parce que « la cinquième symphonie manifesterait la suffisance raciste et arrogante du blanc patriarcal » (sic !). Bien sûr, <i>Gone with the wind</i>, mais encore Faulkner, le génial écrivain du Sud parce qu’il est raciste. Et puis les néo-féministes radicales ont voulu faire ôter des cimaises du MMA un tableau de Balthus, <i>Thérèse rêvant</i>, jugé trop inspiré sur des fantasmes sexuels masculins </span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn10" name="_ftnref10" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[10]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">!! Mieux encore, sous la pression des étudiants, l’administration de l’Université UCLA a débaptisé le bâtiment des sciences humaines, y arrachant du fronton le nom du très grand anthropologue que fut Kroeber. C’est pourtant lui qui fit sortir de captivité et qui hébergea Ishi, le dernier indien d’une tribu californienne, les Yahi. Il le soigna, s’entretint longuement avec lui pour tenter de comprendre sa culture, sa langue, ses croyances. Ces nouveaux barbares de la « Woke culture » (je n’ai pas d’autres mots pour les décrire) ont pris pour prétexte qu’en l’absence de Kroeber, Ishi avait été transporté à l’hôpital pour soigner une tuberculose sans son consentement ‒ or Ishi parlait très peu l’anglais. Censure scandaleuse et qui l’est d’autant plus que Kroeber, de par ses travaux de démographie historique sur les populations amérindiennes, avait démontré l’ampleur des génocides dont toutes les tribus d’Amérique du Nord et toutes les confédérations de peuples amérindiens avaient été les victimes au cours des quatre cents ans de la conquête blanche</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn11" name="_ftnref11" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[11]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Au mois de Septembre 2020, entraîné par le mouvement anglo-saxon, des activistes du mouvement décolonialiste français réclamèrent à corps et à cris le déboulonnement des statues de Colbert et de Voltaire, parce qu’ils soutenaient l’esclavage des Noirs. Puis celle de Napoléon, parce qu’il réinstaura l’esclavage dans les Antilles françaises en 1803 et qu’il fit emprisonner au fort de Besançon le libérateur de Saint Domingue, le général noir Toussaint-Louverture. Le Président Macron, dans un surprenant sursaut de jacobinisme, déclara qu’une réévaluation de l’histoire est l’activité normale, salutaire et légitime du chercheur. <span> </span>Ce n’est toutefois pas en effaçant les traces matérielles que l’on peut la réévaluer car, pour l’essentiel, il ne faut pas confondre le point de vue moral et l’interprétation du point de vue de la politique ! J’ajouterais, de manière plus réaliste, que ce n’est pas les principes moraux qu’il faut d’abord réévaluer car, malheureusement, ils ne font pas revivre les morts. Si réévaluation il y a, celle-ci doit porter sur l’interprétation des principes œuvrant dans le mouvement même de l’histoire de la politique du passé. Ce n’est donc pas en substituant une statue, un tableau, une œuvre musicale, un livre de philosophie à d’autres produits artistiques et intellectuels nouveaux que nous comprendrons mieux le cours tragique de l’histoire. C’est au contraire en les additionnant, en saisissant les contradictions ou les impasses que le devenir peut être rendu plus intelligible.<span> </span>S’il est vrai que les hommes font l’histoire, ils la font sur le moment sans en savoir les implications les plus profondes. On ne peut donc déployer une pensée analytique et critique sans calme intérieur ; pour réévaluer le cours d’une histoire, toujours tragique, il faut impérativement l’entreprendre « <i>sine ira et studio</i> ».<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Ainsi en ce premier quart du XXI<sup>e</sup> siècle, partie du centre de l’impérialisme économique, politique, militaire et culturel ‒ les États-Unis ‒, on perçoit une volonté non seulement de relire et réécrire l’histoire à l’échelle de la modernité tardive, mais, plus encore, on pressent la tentation de l’abolir. Certes, le phénomène en son essence n’est guère une nouveauté. On le perçoit de manière explicite, au moins depuis la Révolution française de 1789-1803, et les États-Unis n’ont jamais rien fait d’autre que d’amplifier au centuple l’histoire européenne. Toutefois, des spécificités s’y sont développées en raison de l’idéologie qui a sublimé et légitimé la colonisation. Une lecture particulière du discours biblique est nécessaire. Face à une Europe déchirée par d’incessantes guerres de religions, la conquête américaine du Nord du continent, un pays quasiment vide d’habitants pouvait s’apparenter à la conquête de la terre promise, d’une nouvelle Jérusalem, à la fois terrestre et céleste. Ce territoire semblait vierge de véritables êtres humains, les Amérindiens n’y étant que des sauvages « maudits » par Dieu, puisqu’ils refusaient de travailler comme esclaves. Il a donc fallu importer des Noirs d’Afrique : esclavage justifié jusqu’à la guerre civile, y compris par les libéraux, comme l’avait noté finement Tocqueville. C’est cette histoire que nous renvoie les États-Unis, alors que dès le début du XIX<sup>e</sup> siècle les Anglais interdisaient le commerce des esclaves et que jamais sur leur sol comme sur celui de la France l’esclavage ne s’y pratiqua depuis la fin du Haut-Moyen-Âge. Une anecdote illustrera bien mieux mon propos. En 1917, les soldats noirs de l’armée étasunienne venue en France combattre les Teutons obtinrent d’être commandés par des officiers français et de combattre aux côtés des troupes indigènes, les tirailleurs sénégalais. La République avait certes de nombreux défauts, mais pas celui de l’apartheid sur son sol : on ne séparait point les gens selon la couleur de leur peau dans les transports en commun, ni dans les cinémas, les cafés ou les restaurants, ni encore aux toilettes ou chez les coiffeurs. Sur le sol français, mais aussi italien et allemand, cette histoire ne nous concerne pas.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Cependant, en dépit de cet aspect de l’histoire coloniale de laquelle nous sommes absents, convient-il d’examiner d’autres mouvements de destructions d’œuvres d’art, de littératures, de philosophies du passé dont l’origine se trouveraient <span style="color: red;">au Moyen-Orient</span> et en Europe ? Il semble que oui, et depuis longtemps ! Le monde méditerranéen, puis européen et enfin étasunien en sont les témoins privilégiés. Pour eux-mêmes d’abord, mais aussi pour les peuples dont des œuvres majeures furent détruites par les pouvoirs coloniaux sous prétexte qu’elles ne s’accordaient pas avec les croyances des vainqueurs. Comme le disent aujourd’hui les activistes de <i>Cancel culture</i>, il s’agissait de détruire les œuvres qui ne s’harmonisent pas avec la morale de leur temps ! Premier cas célébrissime, l’incendie de l’immense bibliothèque d’Alexandrie par des chrétiens radicaux. Deuxième cas tout aussi célèbre, la crise iconoclaste où, hormis dans le monastère de Sainte Catherine du Sinaï, il n’est plus d’icônes antérieures à 843 ! Pertes irréparables<span style="color: red;"> </span>pour l’histoire du premier christianisme… Destruction des temples païens ou hérétiques, de leurs peintures, mosaïques et statues, sauf à Ravenne. Plus tard, destruction de la statuaire chrétienne médiévale par les Bogomiles et les Protestants. Destructions massives de nombreuses représentations religieuses, y compris les tombeaux des rois dans la basilique de Saint Denis pendant la Révolution française. Destructions dues à toutes les guerres jusqu’à 1945. Destructions de la statuaire et des codex aztèques et mayas, et de très nombreuses poteries sacrées incas par les conquistadors chrétiens. Et <i>last but not least</i>, destructions ou vols de statues et d’objets rituels en Afrique noire et en Océanie. Voilà qui fait une masse gigantesque de chef-d’œuvres. L’Europe n’a pas été avare de <i>Cancel culture</i>. Et même sans guerre de classes ni racialisme, la destruction semblait normale. Aussi, pour prendre un dernier exemple célébrissime, je me permets de rappeler que le Pape Jules II voulant refaire les chambres qui jouxtaient la Sixtine confiée à Michel Ange, demanda à Raphaël de les décorer à nouveau en y détruisant les fresques précédentes, œuvres de Fra Angelico !<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Détruire pour refaire ou rééditer, c’est cela l’histoire de l’Occident avant la frénésie de la conservation de tout et n’importe quoi, de la moindre cuiller de bois d’un village perdu dans la montagne, aux jouets et aux motos à la mode</span><span class="MsoCommentReference"><span lang="FR-CA" style="font-size: 8pt; line-height: 16px;"> </span></span><span lang="FR-CA">la veille dans les familles bourgeoises. Démolir pour reconstruire est le lot de l’Occident, ces actions se tiennent même à la source de cette frénésie de changement qui caractérise l’Europe occidentale depuis au moins la chute de l’Empire romain. Ainsi, l’histoire nous montre comment des œuvres musicales et littéraires de grande valeur tombèrent en désuétude, oubliées pendant des siècles pour parfois resurgir longtemps après leur disparition du répertoire. Lorsque le christianisme devint religion de l’Empire romain, on peut affirmer qu’avant la lettre l’Europe était devenu le champ de ruine de la grande culture classique païenne, une proto-version de la <i>Cancel culture</i> ! Il en a été de même lorsque la philosophie fut interdite en Grèce et l’Académie fermée par décret impérial. Donc, le phénomène en soi n’est guère nouveau, comme le pense naïvement les activistes de la <i>Cancel culture</i>. Sauf que celle-ci ne s’applique pas aux païens, aux protestants opposés aux catholiques ni à ce que les nazis définissaient comme la culture juive ‒ allant jusqu’à bannir l’un de leurs plus importants poètes du romantisme allemand, Heine ! Aujourd’hui, le bannissement concerne tout ce que l’homme blanc, en général hétérosexuel, a produit. À l’échelle d’une histoire humaine de l’écriture qui commence pour l’Occident à Ur aux environs de la fin du III<sup>e </sup>millénaire avant notre ère</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn12" name="_ftnref12" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[12]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">, la quantité d’œuvres est gigantesque. Les censeurs (et les « censeuses » ! concession à la féminisation de la grammaire) vont avoir fort-à-faire, car il s’agit bien de tout notre héritage culturel jusqu’en Inde. Même les bolcheviques, accusés de tous les crimes culturels parce qu’ils voulaient faire du « passé table rase » ‒ et qui ont parfois démoli des œuvres patrimoniales, églises et icones ‒, ont malgré tout toujours défendu la valeur de tout l’héritage antique, classique, romantique et prémoderne ‒ dussent-ils, il est vrai, manifester après les années trente une aversion certaine pour le moderne postimpressionniste et les arts abstraits</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn13" name="_ftnref13" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[13]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Ce mouvement de cancel culture a démarré aux États-Unis à partir d’un féminisme exacerbé et dans une société depuis longtemps racialisée à l’extrême. Société où l’on manipule à contresens le concept de patriarcat quand on sait, comme nous l’avait enseigné Marx, que le capitalisme et son salariat généralisé avait tué précisément le système patriarcal issu du monde ruralo-médiéval. Cela n’a guère d’importance pour ces Savonarole de cours universitaires, pour ces pétroleuses de salons et de campus universitaires. L’essentiel, et cela se devine aisément, étant de prendre le pouvoir pour se substituer aux hommes blancs, hétérosexuels. Il s’agit bien de refaire la même société avec un autre sexe et/ou une autre couleur, puisque ce ne sont pas les infrastructures économiques qui sont dénoncées comme les possibles cibles de l’action, mais les superstructures culturelles : voilà un champ de manœuvres que le Capital est tout-à-fait prêt à leur concéder, n’en déplaise à Gramsci. Avec cela, ils ne risquent rien. Voilà qui ressemble à s’y méprendre à la révolte du ressentiment tant vilipendée par Nietzsche et Max Scheler</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn14" name="_ftnref14" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[14]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Cela ressemble à un coup d’État où tout devrait changer afin que l’essentiel demeure. En effet, pour le capitalisme postmoderne, hommes ou femmes, Blancs ou Noirs n’a plus aucune importance. Au contraire, cela permet d’augmenter le nombre des consommateurs et, en dernière instance, ce qui importe c’est que demeure le fondement systémique inaltéré de la machine à fabriquer de la plus-value le plus rapidement possible. Comme le disait Marx : le système doit continuer « à faire danser l’argent » (in <i>Le Fétichisme de la marchandise</i>).<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><b><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></b></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><b><span lang="FR-CA">La société racialisée </span></b><span lang="FR-CA">: <b>Progressistes et conservateurs même combat</b><o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">En dépit de la très cruelle, féroce et sanguinaire guerre de Sécession, en dépit de la victoire de l’Union devant signer la fin théorique de l’apartheid aux États-Unis, le racisme y a prospéré, non pas seulement dans le Sud, comme le croient les ignorants, mais aussi dans le Nord. On n’y trouvait certes plus d’esclaves nominaux, mais un énorme prolétariat noir exploité tant et plus, vivant dans des conditions aussi misérables que celles des esclaves du Sud dans leurs cabanes, tout en étant également soumis aux exactions « privilégiées » des polices.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Dès la fin de la Première Guerre mondiale, l’une des luttes essentielles de la gauche progressiste, mais plus précisément des communistes sur tous les continents, a été d’affirmer l’égalité entre les hommes. Depuis 1945, la lutte consiste à rejeter toutes différences raciales au profit d’une humanité universelle égalitaire, quelle que soit la couleur de sa peau. Mais parmi certains anthropologues européens, <span> </span>puis avec l’arrivée d’intellectuels venus d’Outre-mer sur le sol de France, du Canada, de Grande-Bretagne ou des États-Unis, ceux-ci accusèrent cet universalisme de trop de formalisme, en ce qu’il ne tenait aucun compte des différences culturelles qui ne pouvaient être éliminées d’un revers de main, ni passées sous silence, sauf à nier qu’il demeurait encore des diversités pertinentes et non-équivalentes donnant à chaque culture une spécificité<span style="color: red;"> </span>irréductible</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn15" name="_ftnref15" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[15]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">.Cependant, qui parle de différences à l’échelle du monde ne dit pas, n’en déplaisent aux indigénistes, qu’en dépit d’une émigration vers l’Occident de plus en plus forte, celles-ci devraient être le fondement interne d’une société, d’une Nation, d’un État. En général, l’émigré devait s’acculturer aux mœurs du pays qui l’accueillait, y compris lorsqu’une élite nouvelle remplaçait une ancienne élite comme ce fut le cas avec les Manchous et l’Empire chinois des Hans. Mais présentement une telle disposition politico-culturelle ne semble plus de mise. Les élites politiques, économiques et largement culturelles demandent comme gage de démocratie aux habitants des pays européens, voire aux États-Unis et au Canada, de respecter les mœurs des émigrés, fréquemment les plus contraires à leurs traditions. Certes, dans la concurrence humaniste des différences, certaines de ces mœurs, qui semblent par trop insupportables à l’opinion « éclairée » des pays occidentaux, sont combattues : excisions des femmes et subincisions péniennes des hommes, scarifications diverses, tortures et rites avec exécutions d’animaux, etc. Preuve s’il en fallait que l’Occident, inventeur des grands génocides modernes, ne supporte pas la différence radicale dont la plus spectaculaire demeurait, il n’y a guère, le cannibalisme. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Une fois ces réserves avancées, revenons à nouveau aux discours de notre présent sur les différences raciales. Ainsi, en Occident, après presque plus d’un siècle de luttes contre la racialisation des différences et contre le racisme en général, après avoir répété à satiété dans toutes les recherches académiques multidisciplinaires que les races humaines n’existent pas, que seules existent les cultures (cf., Claude Lévi-Strauss : <i>Races et histoire</i>), voilà qu’au début du XXI<sup>e </sup>siècle on voit ressurgir un discours racialiste inverse, mais en son fond métaphysique identique où ce n’est plus le Noir et la Noire qui sont vilipendés, injuriés et calomniés, mais l’inverse, le Blanc et la Blanche. Comme le soulignait la célébrissime militante noire féministe et communiste étasunienne Angela Davis c’est le même syndrome que celui de l’esclave noir des champs de coton qui est réutilisé, mais inversé. De fait, cette approche racialiste qu’on nous sert présentement comme le brouet de la lutte antiraciste, anti-macho, pro-féministe, pro-LGBTQ, a une fonctionnalité bien précise dans le calendrier de la mondialisation économique, esthétique, culturelle et sociétale : elle endosse le rôle du masque comme dans le théâtre antique, du masque qui dissimule la réalité immédiate de l’acteur ‒ et en présente le subterfuge. Le masque, c’est par excellence le jeu du discours apophatique, de la dénégation : le « je sais bien mais quand même », dirait le psychanalyste.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Tous les économistes sérieux, y compris certains libéraux, soulignent les très graves problèmes économiques et sociaux qui rongent les États-Unis depuis la fin des années fastes du keynésianisme, depuis la fin de l’équivalent dollar/or au début des années 1970. En un demi-siècle, l’écart s’est creusé <span> </span>entre les riches et les pauvres, entre la classe des hyper-riches et leurs serviteurs (journalistes, un certain nombre d’universitaires, la haute fonction publique, les <i>brokers</i>, les dirigeants d’entreprises cotées en bourse, etc.) et les petites classes moyennes, les petits commerçants, les artisans, les employés des services, les ouvriers, les travailleurs intermittents, les enseignants du primaire et du secondaire, voire les petites entreprises, etc., un écart élargi aujourd’hui à des dimensions abyssales. En promouvant le racialisme dans une société déjà profondément racisée dès sa naissance</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn16" name="_ftnref16" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[16]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA"> comme le furent et le sont toujours les États-Unis ou la Grande-Bretagne, ou comme le sont devenues la France et l’Italie, les classes dirigeantes, toujours en très large majorité blanches, tentent une double opération : d’une part elles donnent satisfaction à peu de frais (car gesticuler devant des caméras médiatiques ou sur les campus, cela ne coûte pas cher ni ne demande beaucoup d’efforts !) aux bobos noirs et à leurs alliés, les <i>upper-middle class</i> blanches jouant de la culpabilisation. D’autre part, elle permet de détourner les Noirs et les Chicanos exploités comme des esclaves d’une authentique révolte, comme l’avait souligné Angela Davis. Car on l’oublie aisément, les ONG droit-de-l’hommiste sont conçues aussi pour cet effet d’annonce sans effets pratiques réels: l’indignation à bas prix. En effet, il y a une véritable bourgeoisie noire, une véritable élite noire du business, du showbiz et de l’université qui ne veut surtout pas que l’on attente à ses privilèges qui sont, en leur fond, identiques à ceux de la même bourgeoisie blanche.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Il y a dans cette volonté de destruction de toute la culture occidentale depuis qu’elle a vu le jour, grossièrement depuis les Grecs (parce qu’elle est blanche, « patriarcale », « machiste », violente avec les Noirs pendant et après la colonisation et l’esclavage), un piège tendu par la raison humaniste aux hommes aliénés de la société de production et de consommation infinies. Car des mouvements comme le Black Lives Matter, les ONG pro-émigration et no-border se gardent bien de mettre en question les fondements de cette société de production-consommation en tant qu’elle est dans son étant (<i>Seiende</i>). En d’autres mots, ces organisations évitent de se demander comment la marchandisation généralisée, y compris celle de l’homme concret et non celui immatériel d’un néokantisme universitaire, fait monde en déterminant totalement aussi bien le système des échanges que celui des relations humaines, de l’art et de la culture en général. Société engendrant un énorme gâchis qu’une simple promenade dans les centres commerciaux donne à voir immédiatement. Gâchis qui fait le monde, non seulement comme la somme des marchandises produites (Marx), mais qui constitue la masse de toutes les ordures engendrées par les marchandises obsolètes qui submergent les mers et les océans</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn17" name="_ftnref17" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[17]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Le second piège, plus tragique me semble-t-il, c’est l’oubli de l’origine de la possibilité des mouvements Black Lives Matter et #MeToo. Or à l’origine de toute pensée critique dans le champ de la culture occidentale, se tient l’Occident lui-même. <span> </span>Cette critique se tient dans le déploiement de ses diverses interprétations du monde et des pratiques qu’il a construites et agies sans bien savoir ce qui se déployait, ne s’en apercevant qu’<i>a posteriori</i>, quand la chouette prenant son envol s’élève dans l’ombre du crépuscule. Cet esprit critique procède de tout ce que l’Occident a construit de singulier, ses institutions politiques, et ce que cela implique comme théorie morale et théorie du droit</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn18" name="_ftnref18" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[18]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Plus encore, je dirai que cette pensée critique ressortit à l’<i>energeia</i> propre à la modernité. Dans cette modernité, la Technique occupant le lieu central de la nouvelle métaphysique, elle engendre la dynamique du nihilisme qui lui est intrinsèque. En effet, les résultats des changements permanents propres à la pensée et à la pratique de la technoscience ‒ et il vaudrait mieux dire à la pensée et la pratique de la techno-science-capital ‒, modèlent depuis longtemps notre vie quotidienne dans toutes ses hypostases. Ce nihilisme pourrait aussi se nommer le culte du nouveau, quel qu’il soit et quel qu’en soit le prix à payer. Coût matériel et humain, qui est perçu dans sa seule superficialité par une sociologie de caniveau qui se prétend progressiste. Or ce culte du nouveau (et simultanément de la jeunesse) s’accompagne d’une négation des réalisations du passé. C’est ce que la science fait depuis qu’elle s’est installée comme science expérimentale et qui lui permet « d’avancer » ‒ comme le dit le commun. C’est cette inexorable marche en avant ‒ sans se retourner jamais ‒ qu’elle a transmis comme devenir aux sciences humaines (cf., Auguste Comte et Durkheim), puis aux humanités en général. Tant et si bien qu’aujourd’hui le dernier ouvrage sur un sujet quelconque est toujours meilleur qu’un travail plus classique, que l’état présent est toujours meilleur qu’un moment du passé</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn19" name="_ftnref19" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[19]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. Ceux qui, soit ingénument soit sournoisement, acceptent les diktats du changement permanent quels qu’ils soient, sont considérés comme des progressistes ; ceux qui, à l’inverse, les refusent ou plus généralement les critiquent, sont dénoncés comme autant de réactionnaires, de conservateurs ou de traditionnalistes. Le vieux clivage politique droite/gauche s’inscrit dorénavant dans la seule dichotomie progressistes/conservateurs. Or, par rapport aux classes productrices de la plus-value par le travail, ces deux groupes composant les classes dominantes ne s’opposent pas vraiment. Chacun en sa guise participe à l’exploitation du travail productif. Par rapport à la modernité, il s’agit bien plus d’une différence quantitative que d’une différence qualitative ou d’essence. Toutes deux sont en fait modernes, et seul l’usage des résultats de la modernité et de son rythme de développement les différencient quelque peu. En définitive, dans la modernité et plus encore dans la modernité tardive, aucun courant politique, aucun courant de pensée culturelle ne se tient hors de la modernité, laquelle s’est produite en Occident, rappelons-le pour ceux qui, pris dans les brouillards idéologiques des vaines agitations contemporaines, l’auraient oublié. La modernité est née en Occident de la synergie entre la philosophie grecque (le problème métaphysique de la vérité), le christianisme (le problème d’une temporalité de l’Apocalypse et donc de l’histoire), et, pour finir, de l’objectivation mathématique du monde (présentée, interprétée et inaugurée philosophiquement par Descartes). Ce fut donc d’abord la marche en avant des sciences qui fit la modernité. Suivirent leurs nombreuses applications techniques, notamment dans le domaine militaire, de la médecine, puis le développement massif des infrastructures, des biens de consommation jusqu’à la gadgétisation totale de la société postmoderne. Jamais comme aujourd’hui la parole de Marx n’a rencontré sa pure vérité incarnée : « Le monde est la somme des marchandises produites dans le monde ». Et c’est précisément cela le nihilisme moderne entrevu par Nietzsche et Max Scheller, cerné plus tard par Adorno et Heidegger. Ce n’est pas le <i>nihil</i> du vide, ou l’élimination de l’ennemi dans la tradition russe du style de Tchaadaïev. Le nihilisme qui nous occupe, c’est celui du trop-plein de l’hyperproduction, de l’hyperconsommation, de l’hypergadgétisation, de l’hyperdécharge d’ordures. En termes philosophiques propres à la modernité tardive, post-husserlienne, c’est l’aboutissement et l’accomplissement de l’objectivation infinie faisant monde</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn20" name="_ftnref20" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[20]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">En effet, Nietzsche a pointé cette abondance quasi infinie des choses dans le déclin de l’interprétation monde du monde, d’un monde déserté de tout grand récit, d’un monde sans plus de sanction morale énoncée en référence à une valeur supérieure désormais niée ou oubliée. Les dieux et Dieu nous ont abandonné, lisait-on sous la plume de Nietzsche, mais nous les avons abandonnés aussi, même la Divine Providence de Kant avait disparu dans les tourmentes et les brumes hyperboréennes, car et les uns et l’autre ne nous étaient plus utiles pour assumer l’immanence de l’infinité objectivable. Comme de vieilles prostituées nous nous sommes offerts corps et âme à la volonté de puissance que nous avions créée, dès lors « nous avons fui dans l’au-delà, en terminant dans le nihilisme »</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn21" name="_ftnref21" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[21]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA"> . Victoire totale de l’immanence sur tous les systèmes chrétiens, y compris le socialisme ajoute Nietzsche, pour conduire au rejet actuel de toutes les formes de culture qui ne répondent pas à la <i>doxa</i> de notre présent perverti dans un total anachronisme qui est oubli des origines. On vit dans un trop plein de choses culturelles devenues de simples marchandises jetées littéralement à la poubelle tous les jours. Pour s’en convaincre, il suffit de constater le nombre d’ouvrages de grande valeur intellectuelle que l’on trouve dans les poubelles de Paris, de Rouen, de Turin ou de Milan par exemple. Les nouveaux héritiers des bibliothèques de leurs défunts parents, les véritables barbares du postmoderne, ne connaissant que les ordinateurs et les informations flash de Facebook ou d’Instagram. Ils jettent ces paquets encombrants et sans valeur bibliographique dont aucun brocanteur ne veut.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Il semblerait que l’origine de cette possibilité de nihilisme doive être recherchée dans les méandres de l’art moderne et contemporain, là, parmi certaines œuvres majeures, on peut ressaisir l’origine de la dynamique du nihilisme culturel qui émerge aujourd’hui dans toute sa violence. A partir de Duchamp, des dadaïstes, des surréalistes, des minimalistes, de l’abstrait, du trash-art, de l’écriture automatique, du lettrisme, du vide narratif du nouveau roman, avec la généralisation des installations interprétées et légitimées avec des discours de la déconstruction plus abscons les uns que les autres, mais encore avec des musiques qui se confondent avec des expérimentations acoustiques, nous sommes en face d’un langage codé que parle une élite du business de l’art, de la bureaucratie des ministères de la culture, des chaires d’histoire de l’art et des galeries… Cet état des savoirs avait été magnifiquement illustré par le couple Christo avec ses enveloppements éphémères qui nous disaient en substance : cachons toute ces œuvres, leur valeur est épuisée comme nos regards ; il n’y a plus rien à voir qu’un gigantesque paquet ficelé, jetable à la poubelle</span><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftn22" name="_ftnref22" style="color: #954f72; text-decoration: underline;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">[22]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CA">. C’est ainsi que le nihilisme, pressenti par Nietzsche et Max Scheler, s’est déployé pour en arriver aujourd’hui, au travers du mouvement racialiste et <i>Cancel Culture</i>, à vouloir « jeter aux poubelles de l’histoire » toutes les formes d’art produites par des hommes blancs au cours de tous les siècles passés. Ainsi l’affirme la faculté de musique de Cambridge où dorénavant Mozart et Beethoven sont pensés comme les représentants emblématiques de la puissance aliénante de l’homme blanc colonialiste. Que ce soit <i>Die Zauberflöte</i>, <i>Fidelio</i> ou la <i>Neuvième symphonie</i>, que j’ai vus et écoutés des dizaines de fois, jamais ne m’était venu à l’esprit la perversion raciale de Mozart ou de Beethoven !<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">À y regarder d’un peu plus près, à l’épreuve des faits, le nihilisme moderne ne participe pas de la pensée et de l’agir dialectiques où le négatif du positif donnerait du positif par synthèse de la thèse et de l’antithèse. Le nihilisme moderne agit sur le mode du négatif du négatif qui ne donne que du négatif. Le monde du nihilisme fonctionne comme le trop plein mené par une croissance géométrique de l’obsolescence, finissant dans le <i>nihil</i>. Après avoir voulu tout démembrer et démolir, l’art et l’architecture, mais aussi la musique et l’écriture (Lacan ne dit-il pas que la parole ne sert pas à communiquer !?) s’ouvrent d’elles-mêmes sur l’anéantissement. Après avoir brisé tous les tabous culturels, la production infinie, toujours en devenir, réinvente la censure comme négation du passé au profit de groupes culturels qui sont eux-mêmes les produits de cette négation construisant et reconstruisant ainsi ce nihilisme généralisé qui pourrait porter encore un autre nom : décadence. Oui, ne soyons pas surpris, les années trente sont bien devant nous.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA">Claude Karnoouh, Bucarest, le 4 avril 2021<o:p></o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></p><p class="MsoBodyTextFirstIndent" style="-webkit-text-size-adjust: auto; -webkit-text-stroke-width: 0px; caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 6pt; orphans: auto; text-align: justify; text-decoration: none; text-indent: 10.5pt; text-transform: none; white-space: normal; widows: auto; word-spacing: 0px;"><span lang="FR-CA"><o:p> </o:p></span></p><p><style class="WebKit-mso-list-quirks-style">
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</style></p><div><div style="text-align: justify;"><br /></div><hr size="1" style="text-align: left;" width="33%" /><div id="ftn1"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a> Cet essai fait référence à de très nombreuses lectures historiques et philosophiques que d’aucuns, quelque peu érudits, remarqueront à coup sûr tant elles sont volontairement explicites sans qu’il ne s’agisse jamais de plagiat. Toutefois, je n’ai pas souhaité surcharger le texte de trop de notes de bas de page en ce qu’il est ici plus question d’un texte d’humeur que d’un exercice académique où il aurait fallu faire montre de toute ma culture. J’ai passé l’âge de telles démonstrations. Ce texte répond à un agacement certain, à un état de civilisation dérangeant, comme un jus de citron pur peut agacer les dents lorsqu’on le boit.<o:p></o:p></p><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><o:p> </o:p></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></a> Sauf quelques rarissimes sociétés primitives comme, par exemple, celle de l’Île de Pâques ou de certaines tribus australiennes.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn3"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref3" name="_ftn3" title=""></a> <span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span> Claude Karnoouh, « Une pensée philosophique de la guerre », ou l’homme en tant qu’être pour la guerre (<i>Sein zum Krieg</i>) in <i>Lapenseelibre.org</i>. Traduit dans la revue <i>Timpul</i>, XVIII, n°240-241-242, 2019, Iasi.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn4"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></a> Martin Heidegger, <i>Parmenide</i>, G.A band 8, Seit 43.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn5"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></a> On notera que sur le territoire étasunien les plus exploités, que dis-je, les plus massacrés, furent les Amérindiens, réduits à présent à trois millions d’individus vivant pour l’essentiel dans des réserves gérées par le bureau des affaires indiennes dépendant du secrétariat d’État à l’Intérieur.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn6"><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="font-size: 9pt;"> Martin Bernal, <i><span style="color: #202122;">Black Athena: The Afroasiatic Roots of Classical Civilization</span></i><span style="color: #202122;">, 1987.</span><o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn7"><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></span></a><span style="font-size: 9pt;"> <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122;">Mary Lefkowitz, <i>Not Out of Africa: How Afrocentrism Became an Excuse to Teach Myth as History</i>. New York, 1996.</span><o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn8"><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[8]</span></span></span></span></a><span style="font-size: 9pt;"> Cheikh Anta Diop, <i><span style="color: #202122;">Nations nègres et culture</span></i><span style="background-color: #eaf3ff; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122;">, Tome I, 1954.</span><o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn9"><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[9]</span></span></span></span></a><span style="font-size: 9pt;"> Luciano Canfora, <i><span style="color: #202122;">Storia della letteratura greca</span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122;">, 1986. </span><o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn10"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[10]</span></span></span></a> Dans la foulée du mouvement <i>#</i><i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Metoo</span></i><i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-family: "MS Mincho";"> </span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">une pétition qui a recueilli plus de 10 000 signatures </span>afin de faire enlever des cimaises du MMA le tableau de Balthus <i>Thérèse rêvant</i>, sous prétexte de suggestions sexuelles dangereuses, ce que le musée a refusé fermement.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn11"><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[11]</span></span></span></span></a> <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122; font-size: 9pt;">Theodora Kroeber, </span><i><span style="color: #202122; font-size: 9pt;">Ishi in Two Worlds, 50th Anniversary Edition : A Biography of the Last Wild Indian in North America</span></i><span style="color: #202122; font-size: 9pt;">, 2011.</span><o:p></o:p></p><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><o:p> </o:p></p></div><div id="ftn12"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[12]</span></span></span></a> Je délaisse ce thème car le sujet de cet essai n’est point le problème très complexe des proto-écritures que certains archéo-anthropologues font remonter à 15.000 voire 20.000 ans comme certains pictogrammes trouvés dans des grottes de Dordogne ou de 8000 ans sur des os en Chine.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn13"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[13]</span></span></span></a> Voir le chapitre « Le réalisme socialiste ou la victoire de la bourgeoisie » în Claude Karnoouh, in <i>Pentru o genalogie a globalizarii</i>, Alexandria publishing house, Suceava, 2016<o:p></o:p></p></div><div id="ftn14"><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref14" name="_ftn14" title=""></a> <span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[14]</span></span></span></span> <span style="font-size: 9pt;">Max Scheller, <i><span style="color: #202122;">Der Formalismus in der Ethik und die materiale Wertethik</span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122;">, 1913.</span><o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn15"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[15]</span></span></span></a> C’est la controverse en Lévi-Strauss et Needham sur l’universalité ou non de la prohibition de l’inceste et de la consanguinité. Cf., Rodney Needham, <i>Belief, Language and Experience</i>, Oxford, 1972. <o:p></o:p></p></div><div id="ftn16"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[16]</span></span></span></a> Voir le premier chapitre de l’ouvrage magistral d’Howard Zinn, <i>A People History of America</i>, 1980.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn17"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref17" name="_ftn17" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[17]</span></span></span></a> La majorité des partis communistes a abandonné cette critique socio-économique de fond au profit du sociétal, d’où, par réaction des masses populaires les succès des partis populistes de droite. La gauche bobo hurle contre cette droite populiste, souverainiste, des terroirs, des très grandes banlieues, mettant comme d’habitude en avant le sexe débridé, les arts contemporains les plus abscons, voire les plus stupides, de belles paroles sans effet et les concerts pop-rocks bien-pensants. Ils veulent tous être dans le camp du bien, avoir les mains blanches, mais, aveuglés par leur moraline à trois sous, ils ne voient point qu’ils n’ont pas de mains et regardent béats comme des benêts le capital en ses multiples hypostases pseudo-humanistes tout emporter dans son maelstrom.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn18"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref18" name="_ftn18" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[18]</span></span></span></a> Voire le bel exemple du régicide dans la théologie politique de Saint Thomas d’Aquin, <i>De Regno</i>..<o:p></o:p></p></div><div id="ftn19"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref19" name="_ftn19" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[19]</span></span></span></a> Mao ne s’était pas trompé en parlant de « Grand bond en avant » lorsque son pays était l’un des plus pauvres du monde !<o:p></o:p></p></div><div id="ftn20"><p style="text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref20" name="_ftn20" title=""><span class="NotedebasdepageCar"><span style="font-size: 9pt;">[20]</span></span></a><span class="NotedebasdepageCar"><span style="font-size: 9pt;"> Gérard Granel,</span></span><span style="font-size: 9pt;"> « Les années trente sont devant nous », in , <i>Études</i>, Éditions Galilée, 1995, p. 71-74<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn21"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref21" name="_ftn21" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[21]</span></span></span></a> Frederik Nietzsche, <i>Œuvres posthumes</i>, 1883-1888, p. 168, Gesamtausgäbe, Band 3.Cf., voir encore ce passage de Heidegger qui résume mieux encore ce que je tente d’expliciter : « Car il appartient à la volonté de puissance de ne pas laisser le réel (<i>Wirklich</i>) sur lequel s’établit sa puissance apparaître dans cette réalité qu’elle est elle-même essentiellement » <i>Zur Seinfrage</i>, p. 205.</p><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><o:p></o:p></p></div><div id="ftn22"><p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><a href="applewebdata://2B3A895F-36B3-438D-885B-1530CBB93A89#_ftnref22" name="_ftn22" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9pt;">[22]</span></span></span></a> Christo, nom d’artiste du couple formé par Christo Javacheff d’origine bulgare et de Jeanne-Claude Donat de Guillebon qui dans les années 1970 et 1995 emballe des monuments ou des espaces naturels dans de grandes feuilles de plastique de diverses couleurs.<o:p></o:p></p></div></div>Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-67064641507956257622021-03-11T14:26:00.000+02:002021-03-11T14:26:26.382+02:00<p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">De quoi AUR est-il le syndrome ?<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><o:p> </o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><o:p> </o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Avec plus de 9% des votants aux deux chambres l’élection de la liste AUR a suscité l’étonnement pour certains, la colère pour d’autres engendrant pour l’essentiel une prose d’affliction et de désastre sur le thème : le néo-légionarisme est entré à l’Assemblée nationale et au Sénat ! Catastrophe ! Nous sommes au bord de la dictature ! Gauche de vaudeville, centre-gauche et centre-droit des profiteurs, intellectuels geignards, politiciens opportunistes de tout poil, tous plantés derrière l’écran de leurs ordinateur lancent les cris d’orfraie de l’effroi du fascisme qui campe à nos portes. Tous ou presque se vautrent dans la déploration. Hormis deux intellectuels plutôt à la marge qui ont tenté une analyse des causes réelles et non fantasmatiques, le reste demeure comme à l’accoutumé dans l’épiphénomène…<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Or cette nouveauté électorale n’en est pas une puisque le discours néo-légionnaire est présent en Roumanie depuis bien longtemps, partiellement depuis le national-communisme, mais après décembre 1989 essentiellement parmi les intellectuels de la droite libérale dure qui ont récupéré dans les premières années du XXIe siècle des gens venant des partis parlementaires, à coup sûr des partisans de Messsieurs Basescu et Ponta dont les formations ayant obtenu moins de 5% des votants n’ont pu entrer au parlement. Plus surprenant encore c’est le vote important d’une partie des émigrés et à coup sûr celui de certains membres du mouvement LGBTQ qui passe pour appartenir à la gauche sociétale et dont le leader Monsieur Viski s’est fendu d’une mise au point fort gênée pour justifier ce vote pour le moins paradoxal parmi ses amis et commensaux.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Comment donc interpréter ce vote ? Comme toujours en bonne méthode il ne suffit pas, loin s’en faut de déplorer ou de rire de l’événement, mais comme l’écrivait dès longtemps Spinoza, il faut tenter de le comprendre. En d’autres mots plus modernes, il convient de s’essayer à saisir les conditions de possibilité (au sens kantien) de l’événement qui est aussi un avènement. Pourquoi donc ce succès relatif de AUR quand personne, et surtout pas les analystes politiques et les journalistes ne s’y attendaient guère ? Pour en appréhender les ressorts les plus profonds il faut, dans un premier temps, rappeler que ces élections ont enregistré le plus haut taux d’abstentions enregistrées depuis les premières élections après la chute du régime communiste : 70% ! Lassitude des choix entre des fausses alternatives répétées depuis plus de trente ans à laquelle s’est ajoutée l’épidémie de Covid-19, ensembles elles ont travaillé en synergie abstentionniste. Une première conclusion partielle s’impose, aucun des membres des partis élus pour le temps de cette législature ne détient une quelconque légitimité populaire. Mais rien de grave, puisqu’aujourd’hui le pouvoir ou les pouvoirs réels (<i>deep State</i>) s’en moquent pourvu qu’il soit offert au peuple, et aux instances étrangères, le spectacle de la forme démocratique. Cependant cette non-légitimité en devenir est loin d’être suffisante pour comprendre le succès partiel de AUR. Pour ce faire il faut revenir en arrière et brosser à grands traits (peut-être un peu grossiers) ce qui a construit, au-delà de toutes les péripéties subalternes des changements d’équipes dirigeantes, la Roumanie postcommuniste.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Après que les élites politiques ont systématiquement laissé piller ou piller eux-mêmes le pays, après qu’elles ont mis à l’encan l’industrie roumaine, vendu à vils prix les banques, les institutions financières, les régies stratégiques (eau, gaz, électricité), et après qu’elles ont accepté de transformer le pays en sous-traitance industrielle sous-payées et en exportateur de main-d'œuvre quasi esclave pour l’agriculture et le bâtiment occidental, force nous est de constater, malgré la vision macroéconomique satisfaisante de la bureaucratie bruxelloise, que le paysage économique et humain n’est guère brillant : un système sanitaire en ruine et pour l’essentiel en train d’être privatisé, un enseignement primaire et secondaire très mal en point au détriment du secteur privé ; les institutions culturelle maltraitées ; les infrastructures ferroviaires en totale déconfiture, l’infrastructure routière pour l’essentiel mal en point, même la nouvelle autoroute ; les splendides forêts primaires de conifères et de feuillus de Transylvanie et de Bucovine ravagées par des coupes incontrôlées au point que même la très libérale l’Union européenne s’en est émue ! Les résultats de ce pillage, de cette incurie, de cette irresponsabilité, de cette corruption et de ces malversations c’est presque quatre millions de Roumains dans la fleur de l’âge travaillant à l’étrangers et pour la plupart dans des conditions de semi-esclavage. Autant de citoyens obligés de quitter le pays puisqu’ils ne pouvaient simplement plus y survivre, laissant souvent derrière eux des enfants à la charge des grands-parents, des oncles et des tantes âgés qui ne peuvent assumer une éducation. Aussi voit-on de développer une délinquance et une prostitution de plus en plus nombreuses parmi les jeunes adolescents dont profite largement le tourisme sexuel occidental. De plus, parmi ces exilés il y a non seulement la masse des ratés ruraux de la thérapie de choc (les hommes sans dents et la bouche tordue comme les désignent les nouveaux bobos), mais encore des hommes et des femmes possédant des diplômes respectables : beaucoup d’intellectuels partis parce qu’ils ne voyaient plus aucun avenir dans un pays où les modes de recrutement des institutions d’enseignement supérieur et de recherche se font bien plus sur la bases du clientélisme, voire du parentélisme familial que sur le fond d’une méritocratie. Des hommes ingénieurs se vendent comme ouvriers non-qualifiés dans le bâtiment, des femmes ingénieures se vendent comme gardes-vieillards tandis que d’autres alimentent des dizaines de réseaux de prostitution de l’Allemagne au Liban. De milliers de médecins et d’infirmières quittent les hôpitaux roumains pour ceux d’Occident, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de France, de Belgique, d’Espagne. Là il n’est guère besoin d’être un grand économiste pour comprendre à quoi servent les accord de l’Union européenne sur la libre circulation de la main-d’œuvre : obtenir au moindre coût des travailleurs de qualité ou un sous-prolétariat rural au plus bas prix. En gros, un pays transformé en un marché pour une majorité de biens de consommations occidentaux, en sous-traitance de quelques usines de mécanique et d’électroménager, en services téléphoniques internationaux, en sources de matières premières, l’ensemble servi par une main-d'œuvre souvent qualifiée et payée très bon marché, ne bénéficiant de presque aucune de protection sociale et syndicale. Bref en trente et un ans de postcommunisme, la Roumanie s’est transformée en une semi-colonie.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Voilà pour ce qui concerne l’infrastructure générale. Encore faut-il ajouter à ce tableau fort sinistre ce qu’il est convenu de nommer dans le langage marxiste les superstructures qui, si elles ne déterminent pas les conditions objectives de l’exploitation, constituent les bases de la conscience du sujet de sa propre vie, en bref sa subjectivité, sans omettre le rôle idéologique essentiel des discours légitimant la thérapie de choc. Pendant trente et un ans, les États occidentaux, des fondations privées et cependant liées à la structure politique profonde de ces États ont inondé de bourses les anciennes-nouvelles élites communistes reconverties avec brio et souplesse aux charmes discrets (et moins discrets) du néo-libéralisme. Les nouvelles générations de privilégiés très souvent héritières des précédentes ont entonné l’Ozama du nouveau libéralisme, des privatisations généralisées, des bas-salaires, de l’austérité pour les appauvris, bref, ont jeté aux poubelles de l’histoire toutes les modernisations réalisées par le régime communiste, depuis la généralisation de l’enseignement, le développement de la médecine préventive, l’industrialisation massive et l’urbanisation d’un pays essentiellement arriéré en 1948. <i>Grosso modo</i> on peut dire que c’est la culture politique et sociétale étasunienne ou anglo-étasunienne qui s’est imposée comme la représentation du « bien, du beau et du bon ». Plus que sous les communistes, qu’on avait accusé pendant la guerre froide de mépris pour les traditions, la lutte violente contre toute référence au passé s’est trouvée au centre du <i>Kulturkampf</i> postmoderne, Zizeck parlerait même de posthumanité. En d’autres mots, pour ces nouveaux technocrates, employés de sociétés étrangères, agents bancaires, brokers d’assurance, vendeur de grandes marques d’automobiles, journalistes, publicitaires, professeurs universitaires des disciplines en pointe du management, du journalisme, des études européennes, d’économie plus rien de l’<i>anté</i> ne garde de valeur référentielle à protéger et donc ne vaut pas la peine d’être vécu. Ce sont les vies entières de leurs parents et grands-parents qui sont l’objet d’un discours apophatique, certains allant même jusqu’à insulter leurs anciens. Plus rien ne compte que d’être en phase avec le plus radical nihilisme, celui qui dénie toute valeur à l’identité nationale même minimale, qui anglicise la langue nationale<a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a>, qui rejette la foi orthodoxe ou grec-catholique qui ne correspond plus au tempo pop-rock de l’Église catholique ou protestante, qui ne comprend le Salut que dans la positivité économique du néo-libéralisme et les prouesses les plus effrayantes de la technique. C’est pourquoi les communautés rurales traditionnelles, bien plus détruites par la monétarisation violente de la thérapie de choc que par le communisme collectiviste, ne valent plus rien sauf à être transformées en marchandises folkloriques pour touristes analphabètes en quête d’exotisme de pacotille. Ainsi des écrivains et des poètes qui naguère jalonnaient les étapes de la construction de la culture roumaine moderne ont été jetés aux ordures, et certaines actions politiques qui avaient eu en leur temps quelque dignité sont remisées au magasin des antiquités insignifiantes, bref pour ces nouveaux humanoïdes l’histoire roumaine commence véritablement à la fin du mois décembre 1989 quand un coup d’État renversa un pouvoir communiste fragilisé par une lutte d’indépendance nationale dure et épuisante pour la population, laquelle ne soutenait plus ce combat pour le maintien coûte que coûte de la souveraineté du pays, elle attendait les Américains depuis plus que quarante ans ! Ils sont venus, balayant tout sur leur passage et laissant des miettes contenter les laquais. Ainsi c’en est terminé de la solidarité communautaire, l’individualisme effréné triomphe dans tous les rapports humains : achevée la claca, vive le crédit bancaire ; le couple, antique forme de reproduction socialisée humaine de vie à deux, ou trois ou quatre avec des enfants communs est regardé comme hautement criminogène au profit de diverses relations homothétiques, de transformations biologiques ou simplement passagères (un week-end en amoureux se dit présentement « un plan cul »). Aujourd’hui, l’idéal de l’achèvement d’une vie professionnel se résume à passer d’un aéroport à l’autre, d’un colloque à l’autre, d’une conférence à l’autre. Une vie en perpétuel transit (en <i>stand by</i> pour parler globish).<a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a> Or la réalité majoritaire roumaine est autre. Hormis les 5% d’urbains les plus engagés dans l’engrenage économique global et/ou dans l’idéologie culturelle occidental, le reste de la population demeure encore très traditionnelle, encore très rurale y compris dans les villes petites et moyennes, et dans les banlieues des grandes agglomérations.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Peut-on avancer, comme le fait une majorité écrasante de commentateurs qui, selon une inclination toute postmoderne propre aux progressistes de salon se fait peur en regardant AUR comme un parti fasciste ? Quitte à me faire injurier par les semi-doctes de la pensée historiques et politique (la masse des anachroniques) ou à engendrer l’humeur maussade de prétendus démocrates qui ne regardent jamais plus loin que le bout de leur doigt (et non la Lune que montre le doigt), j’ose affirmer le parti AUR n’est pas un parti fasciste, mais un parti réactionnaire d’extrême droite. Aur n’affiche aucun des attributs essentiels du fascisme historique que ce soit dans sa version italienne, allemande ou bien sûr roumaine. En premier lieu et non le moindre, ce n’est pas un parti qui est doublé par une organisation paramilitaire quasi terroriste ! AUR n’a assassiné aucun politicien ! Ce n’est pas un parti qui rejette systématiquement la ploutocratie, simplement il la veut limiter aux Roumains. A y regarder de près, ses références au passé récent de la Roumanie ne sont que nostalgiques, son néo-légionarisme est un légionarisme mité de musée, or en politique on ne bâtit pas une action contemporaine avec le seul culte du passé, en ruminant une défaite, en pleurant les grands disparus. La modernité et plus encore la postmodernité pense et joue son agir avec des références d’avenir qui ne visent jamais une véritable restauration, même si elle usait parfois de métaphores faisant référence au passé. L’empire romain de Mussolini était bien plus une métaphore d’affects que l’instrument réel de la puissance future de l’Italie ; quant au Reich de Hitler lorsqu’il faisait référence au lointain passé des Germains, cela ressemblait plus aux décors des opéras wagnériens pour nostalgiques anachroniques en détresse que d’un matériel practico-idéologique pour l’extension de l’espace vital. Le vrai culte de l’État nazi ce fut l’usage extensif et radicalement hypermoderne des techniques les plus avancées et de la science physico-chimique de pointe. Hitler et ses sbires savaient très bien que ce n’est pas avec les Nibelungen qu’il eût pu gagner la guerre, mais avec les fusées de von Braun, les Messerschmitt 262 à réaction ou l’arme atomique. Pour comprendre les véritable enjeux d’une politique il convient de ne jamais confondre le spectacle comme illusion dissimulatrice et la mise en mouvement réel de la puissance. Or AUR n’est rien que cela : c’est l’illusion d’une opposition.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Qui sont-ils donc les chantres de ce parti ? Un philosophe somme toute médiocre qui le nourri de discours réactionnaires nostalgiques sur une prétendue gloire passée en rappelant les idéologues de la légion complètement passés de mode dans les masses populaires. Ce brouet tiendrait-il lieu de guide politique pour le futur de la Roumanie dans la postmodernité ? Voilà qui semble bien rétrograde. Cela me fait plus songer au chant du cygne (et à la perte de signes) d’une culture qu’à la « victoire en chantant » des volontaires de 1793. Or cette attitude n’est pas nouvelle dans le discours culturelle et politique de la droite réactionnaire roumaine post-1989. Que ce soit le leader des manifestations du Printemps 1990 sur la place de l’Université, Monsieur Marian Monteanu ; plus encore, que ce soit le chœur des « boyards de la pensée » louant la « merveilleuse Roumanie de l’Entre-deux-guerres », nous avons eu droit à des tonnes de nostalgie plus ou moins vile, plus ou moins mensongère, plus ou moins sinistre, lugubre, car pour ces coryphées il s’agissait de faire oublier la situation lamentable et sordide tant de la paysannerie (l’écrasante majorité des citoyens) que celle du monde ouvrier, afin de construire un âge d’or qui devait renvoyer les réalisations communistes au néant. Il est vrai qu’en filigrane on devinait souvent l’ombre d’une admiration pour la légion, moins parmi les acteurs politiques les plus en vue que parmi les prêtres légionnaires survivants des déportations. Malgré le côté méprisable de leur démarche idéologique de façade, ils acquiesçaient tous aux actions véritablement postmodernes du choc économique engendré par le capitalisme tardif, que ce soit comme ministre des affaires étrangères, comme conseillers du Prince, comme graphomane-idéologues des feuilles étatiques et ONG-istes, enveloppant le tout dans le papier de soie d’une prétendue culture élitiste qui, en y regardant de plus près, ne dépassait jamais le niveau d’une première année de licence de philosophie.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Cependant la gauche roumaine ou ceux qui prétendent y appartenir ne peuvent échapper simultanément à une sévère critique. Comme une partie de la gauche sociétale occidentale, la gauche roumaine a abandonné le combat politico-économique des exploités pour le seul combat culturel réduit aux minorités qui sont d’autant plus vocales qu’elles sont ultra-minoritaires. Ces groupements se présentent comme autant d’ONG-s dont les ressources servent bien plus à compléter les revenus des quelques dirigeants qui les mènent qu’à résoudre les problèmes réels contre lesquels elles prétendent lutter.<a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a> Le problème social et non sociétal de l’écrasante majorité des Roumains est simple : comment contraindre les entreprises étrangères et roumaines à verser des salaires descends à leurs employés et à leurs ouvriers ? Comment lutter pour établir des taxes équitablement réparties ? Comment regagner une partie de la souveraineté économique et politique du pays ? Or l’écrasante majorité de la gauche non-parlementaire<a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a> ne s’adresse au capitalisme qu’en termes de mendicité, « soyez gentils, donnez-nous un peu plus ! » et non en termes de luttes de classe, fussent-elles modelées de diverses manières en fonction des circonstances. Cette gauche ne prononce jamais le mot souveraineté tant et si bien que la droite d’AUR s’en est emparée, certes en la vidant de son contenu radical pour en faire un gadget qui fait illusion auprès des masses. Or, justement l’un des nouveaux clivage politique qui divise l’Occident n’est plus véritablement le vieux rapport historique droite/gauche (en France, en Italie, en Espagne on trouve tant à droite qu’à gauche des adeptes de la même politique néolibérale de l’Union européenne, des engagement impérialistes de la France en Afrique ou des États-Unis au Moyen-Orient et en Amérique latine), mais le rapport mondialiste/souverainiste, ou en termes plus populaires, ceux du haut/ceux du bas. En refusant le terme et l’idée même de souveraineté, la gauche roumaine s’est coupé des masses populaires qui ont trouvé dans AUR des politiciens qui osent en parler, certes mal, mais qui osent. Or aussi bien en Italie qu’en France il s’est développé au cours des deux dernières décennies des groupements de gauche (certes encore minoritaires) qui ont compris la nouvelle dichotomie politique et qui agissent en conséquence.<a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a> Ainsi c’est ce conflit mondialiste/souverainiste qui est le cœur de la lutte féroce au sein de la France insoumise ; de même ce qui reste du parti communiste français devenu un parti croupion depuis que ses forces vivent l’ont soit abandonné, soit se sont dirigées vers les refondateurs, et cela vaut aussi bien pour l’Italie. En renonçant au domaine de la souveraineté, la gauche a laissé la porte ouverte à la droite extrême qui en a fait son cheval de bataille en lui donnant la coloration du nationalisme xénophobe. Or par tradition le nationalisme xénophobe n’est jamais le discours de souveraineté proposé par la vraie la gauche qui, suivant l’une des remarques de Marx, insiste sur le fait qu’il ne peut y avoir d’internationalisme qu’entre nations indépendantes : l’internationalisme n’est pas la dilution des nations en une fédération ou une confédération, mais une alliance entre nations souveraines qui visent une même finalité. Par son élection au Parlement AUR est bien le signe emblématique de l’état de faiblesse théorique et pratique de la gauche, de ses ratages énormes comme celui de Demos dont les dirigeants avaient mis en scène leur pratique comme si la Roumanie ressemblait à <i>down town</i> New-York ou à Soho. AUR n’est certes pas un parti fasciste comme d’aucuns à gauche ou chez certains de la droite libérale tendent à l’accréditer, en revanche il est l’avertissement qu’un vrai parti fasciste postmoderne est peut-être en gestation. Ainsi que l’avait parfaitement perçu Adorno dans <i>Minima Moralia</i>, c’est la démocratie représentative corrompue par les jeux du Capital qui engendre ce qu’un jeune philosophe roumain, Alexandru Polgár, avait caractérisé de l’heureuse formule : le <span style="background-color: white;">« libéralisme-social-fascisme ». Parce qu’il faut se souvenir sans cesse que dans le déploiement du capitalisme il s’agit toujours, et sous diverses formes politico-économiques possibles, de séparer radicalement les pôles de la richesse et ceux de la misère afin d’exclure et de marginaliser l’indigence qu’il engendre.</span><o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;"><o:p> </o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Claude Karnoouh<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">Bucarest 22 décembre 2020 <o:p></o:p></p><div><br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a> Le célèbre « <i>bonjourisme</i> » devenant un « <i>goodmorning-isme</i> » !<o:p></o:p></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></a> Cf. L’admirable livre de Gilles Châtelet, <i>Vivre et penser comme des porcs. De l’incitation à l’envie et à l’ennui dans les démocraties-marchés</i>, Folio, Gallimard, Paris, 1998. En cours de traduction aux éditions Alexandria<o:p></o:p></p></div><div id="ftn3"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></a> Récemment nous avons appris qu’une chercheuse reconnue a reçu une énorme dotation financière pour continuer à étudier le ghetto tsigane de Pata Rât de Cluj. Or depuis au moins dix ans si ce n’est plus plusieurs chercheurs ou activistes sociétaux ont reçu d’importants fonds pour étudier et changer cette situation révoltante, mais l’on ne voit rien venir. On serait tenté donc de penser que ces gens ne font rien ou presque de pratique de manière à justifier auprès des bailleurs de fonds occidentaux la perpétuation d’une situation infâme dont les financements leur assurent de confortables compléments de salaire. Quant aux tsiganes, les malheureux demeurent toujours dans la même misère. En effet, avec l’argent reçu par tous ces prétendus chercheurs on eût pu dès longtemps construire au moins une vingtaine de maisons pour les accueillir. Mike Davis l’avait déjà souligné il y a une vingtaine d’années : la pauvreté ça rapporte.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn4"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></a> Il n’y a pas à proprement parler de vraie gauche parlementaire.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn5"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://6C8AA0B5-E054-4123-8828-E9CC666882CC#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></a> En France je pense à Frédéric Lordon et Jacques Sapir, à la fraction minoritaire du parti de la France insoumise ou aux minoritaires de la CGT par exemple.<o:p></o:p></p></div></div>Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-67467860614348018232021-03-11T14:20:00.004+02:002021-03-14T15:52:15.431+02:00<p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Technologie, écologie et histoire humaine : une hypothèse<o:p></o:p></p><p align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right;">« <i>lidem satiali innoxii sunt.</i> »<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a><o:p></o:p></p><p align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right;">Pline l’ancien, <i>Histoire naturelle</i>, livre VIII, chap. XIX. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Diverses associations vouées à l’écologie, divers instituts forestiers, des départements universitaires spécialisés dans l’enseignement de la gestion des espaces naturels et, <i>last but not least</i> nombre d’hommes politiques des partis verts d’Europe occidentale doublés d’ONG étasuniennes se sont inquiétés à juste titre de la liberté donnée aux agriculteurs brésiliens de défricher par milliers de nouveaux hectares de la forêt amazonienne. Ainsi ce que l’on a l’habitude de désigner comme le « poumon du monde » est inexorablement réduit par des abattages massifs de la forêt primaire. Certes l’Amazone n’est point la seule zone du monde où la déforestation va bon train. La destruction forestière massive touche simultanément l’Indonésie, la péninsule indochinoise et l’Afrique équatoriale. Plus récemment, en Allemagne, en Italie, en Autriche et dans les allées de la Commission européenne la crainte d’une disparition de l’une des dernières grandes forêts primaires tempérées d’Europe, celle des Carpates roumaine été dénoncée en raison des abattages massifs commandés par des entreprises autrichiennes ou Ikea. Voilà quelques exemples pris à des milliers de kilomètres les uns des autres et qui instruisent le même processus auquel on adjoindra les feux massifs qui dévorèrent sans merci les forêts subtropicales australiennes pendant l’été 2019 car le manque d’eau ne permettait pas des arrosages massifs et simultanés à l’échelle des zones incendiées. Il y avait un manque criant d’eau et ce, pour une seule raison : celle-ci avait été vendue à des compagnies de soda comme Coca-Cola ! Autant de déboisements qui entraînent simultanément l’élimination d’espèces animales sauvages dont certaines sont aujourd’hui au bord de l’extinction comme l’orang-outan de Bornéo et Sumatra, les éléphants du Laos, les koalas d’Australie, les Gorilles de plaines et de montagne d’Afrique équatoriale, les Bonobos de la République du Congo, etc... <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Voilà qui expose l’enjeu du défi car le défrichage sans limite n’est pas uniquement un problème forestier, celui de la destruction de bois et de sous-bois, mais conjointement un problème zoologique, celui de l’annihilation de la faune sauvage, et humain, ce qui reste de civilisations primitives comme celle des Pygmées d’Afrique équatoriale ou des tribus indiennes d’Amazonie centrale vouées à disparaître.<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a> Au cours de l’été australien de 2019 les gigantesques incendies ont engendré la disparition plus de deux milliards d’animaux brûlés, y compris parmi les espèces les plus menacées de disparition totale comme les Koalas. Le président du Brésil Bolsonaro, quant à lui, proclame sans ambages que l’arrivée de l’agriculture industrielle et de la christianisation (néo-protestante) fera des Indiens des hommes enfin civilisés ! On croit régresser dans le temps, ainsi on se croirait revenu dans le passé des Amériques du XVIIIe siècle ! La planète brûle d’un feu infernal, la planète perd ses forêts, la planète étend sans limites sa population et ses mégapoles, la planète est devenue une gigantesque décharge d’ordures, la planète s’est transformée en champ expérimental d’une agriculture et d’un élevage chimique, et l’on trouve pêle-mêle le mercure des orpailleurs, les boues rouges industrielles de la Méditerranée occidentale, les rejets des engrais chimiques des côtes bretonnes, enfin et non des moindres, l’accumulation des déchets plastiques couvrant des surfaces gigantesques de l’Océan pacifique, etc. La Planète est souillée, maculée, polluée, contaminée… et, les animaux sauvages en sont éliminés.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Toutes ces destructions ne sont pas dues au hasard, à une sorte d’accident inattendu, elles tirent toutes leur origine de la satisfaction d’un appétit capitaliste sans limite obtenu grâce aux bénéfices issus de l’agriculture-élevage industrielle. Les surfaces d’exploitation de ce capitalisme agro-industriel exigent, au nom de la rentabilité maximum du capital, des surfaces gigantesques comme on en rencontre au Brésil par exemple où une seule ferme peut avoir une superficie exploitable égale ou supérieure au Luxembourg ou à la moitié de la Belgique ; où comme aux USA et en Chine quand des fermiers élèvent 40.000 dindes, 30.000 porcs, 10.000 vaches ! Plus l’exploitation est vaste et orientée vers la monoculture, le mono-élevage, plus la rentabilité du capital investi est élevée et plus elle exige l’usage massif d’engrais chimiques, de pesticides, d’antibiotiques, d’hormones de croissances qui, tous ensemble, concourent à l’augmentation exponentielle de la pollution des légumes, des viandes, des eaux de ruissellement et, par-delà, des cours d’eau et de la mer. Cette agriculture n’a cure de l’environnement parce qu’elle nourrit la plupart du temps des capitaux spéculatifs se déplaçant dans le monde rural pour trouver, un jour ici, un autre là, autant de lieux où produire engendre un profit maximum en un moindre temps possible. On se gardera d’oublier les dégradations irréversibles réalisées par le fracking des gaz de schiste pour du pétrole dont les effets entraînent la ruine totale et irréversibles des sols et sous-sols.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Certes la dévastation de la terre par l’homme n’est guère nouvelle. Celle-ci commença dès que le genre homo se détermina comme homme, cependant, à l’évidence, ce qui change dans la modernité c’est le niveau des destructions dominé par le « règne de la quantité ». Il est là l’un des traits spécifiques de l’homme qui le différencie radicalement des animaux auxquels on a pris aujourd’hui l’habitude de le comparer systématiquement au nom d’une thèse tout à fait stupide, interspécisme. Certes, il y a parfois des similitudes entre l’homme et l’animal, surtout entre l’homme et ses lointains cousins les singes et plus précisément les chimpanzés, toutefois rien n’équivaut au pouvoir destructeur de l’<i>homo sapiens sapiens</i> de la modernité, et d’une modernité qu’il faut peut-être faire remonter à la haute antiquité. En effet, ce qui donne à l’homme moderne son trait spécifique, c’est sa qualité destructrice unique dans le règne animal. L’<i>homo</i> <i>sapiens sapiens</i> moderne détruit bien au-delà de tous les besoins essentiels pour sa survie, bien au-delà de ses besoins alimentaires vitaux. A la différence des animaux, même les plus violents, il extermine en masse pour dominer sans partage, puis pour profiter sans partage. Je n’ai pas ouï-dire que ce soient les lions ou les tigres qui aient exterminé des troupeaux herbivores au point de faire disparaître des populations entières de gazelles ou de lions. Ce sont bien les hommes qui tuent et, par surcroît, s’entretuent avec enthousiasme malgré des torrents de pleurs, des milliers de pages de repentirs et de remords <i>post factum</i>.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Au début du XIIIe siècle, le roi d’Angleterre Jean-sans-Terre publia un édit stipulant l’expulsion de Londres intramuros des bas-fourneaux tant l’air et les chaussées y étaient pollués par les fumées et les résidus de la combustion du bois et du minerai de fer. Le paysage de la Provence tel que nous le connaissons présentement, avec ses montagnes pelées couvertes de garrigues où affleurent les strates du calcaire tertiaire n’a rien d’originel, c’est le résultat du travail humain quand, tout au long du Moyen-Âge, le défrichage massif et de la pratique systématique de la glandée<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a> décimèrent les grandes forêts de chênes qui la couvraient. Forêt de chênes qui faisait dire à Pline l’Ancien parlant de la Gaule romaine : « <i><span style="color: #222222;">Gallia Comata</span></i><span style="color: #222222;"> ».</span><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 11pt; line-height: 22px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 11pt;">[4]</span></span></span></span></a><span style="color: #222222;"> L’histoire de la destruction de la Terre originelle, se résume en perspective cavalière par le passage du paléolithique des chasseurs-cueilleurs au néolithique tardif des agriculteurs-d’éleveurs sédentaires ayant conservé partiellement la chasse comme source complémentaire de protéines et plus tard comme privilège aristocratique. Pour défendre leurs troupeaux ou leurs piscicultures les agriculteurs éliminèrent systématiquement certaines espèces comme les loutres, les loups, les ours, les cougars, les lynx, etc… Et plus tard, les jaguars, les lions, les panthères, les ours, les éléphants et les rhinocéros, etc., dont la survie du présent est due essentiellement en ce que tous ces animaux sont protégés par diverses lois, des parc naturels et des réserves nationales. De plus il convient de n’oublier point l’extension massive de la domestication et de l’élevage de certaines espèces animales, laquelle entraîne des mutation radicales des écosystèmes originaux, et tout autant des modifications sociétales profondes comme par exemple l’intrusion du cheval en Amérique du Nord parmi les sociétés indiennes des grandes plaines.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="color: #222222;">Mutations écologiques et exterminations animales vont l’amble. Selon les meilleures recherches d’archéologie préhistorique actuelles, il semblerait que l’action destructrice de l’homme est consubstantielle à la nature humaine de l’homme en tant homme, Erectus, Denisovensis, Neandertal puis Sapiens. Selon des recherches entreprises durant la seconde moitié du XXe siècle et au début du XXIe, où la génétique joue un rôle prépondérant, on peut affirmer que certains animaux et en particulier de très grands animaux furent exterminés par des chasseurs-cueilleurs dès le Paléolithique jusqu’à l’époque de la protohistoire. Si parmi eux les mammouths sont les plus célèbres, on signalera un petit cheval en Amérique du Nord et plus spectaculaire, le kangourou géant d’Australie ou le paresseux géant d’Amérique latine tropicale. Il est assumé que tous ces animaux ne redoutaient point l’homme et se laissaient approcher sans frayeur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><span style="color: #222222;">Dans son petit ouvrage fort roboratif <i>La domestication de l’être</i>, Sloterdijk note à l’encontre des éthologues que ce qui instaure de manière indiscutable la nature humaine de l’homme ne fut rien d’autre que la technique, fût-elle la plus rudimentaire comme celle des galets brisés. Cependant, la lecture des plus récents travaux d’anthropologie préhistorique m’oblige à rajouter trois éléments qui n’appartiennent qu’à l’homme et à lui seul, et sans lesquels il n’eût jamais été l’homme en tant que le conquérant de la Terre. Un facteur physiologiques, la marche verticale, un second facteur psycho-spirituel, la langue, et un facteur technique essentiel pour ce qu’il offre de possibilités inédites à la réorganisation de l’écologie, il s’agit de l’usage conscientisé du feu qui apparaît entre 790.000 et 400.000 avant notre ère, puis qui fut recréé, sans que l’on puisse savoir quelle fut la méthode de conservation ou d’ignition. C’est pourquoi l’annonce présente, à savoir que nous entrons dans la sixième extermination massive de la faune sauvage, ne se présente pas, au bout du compte comme je l’écrivait auparavant, en tant que qualité inhérente à la modernité de l’homme propre à la production du capitalisme tardif, car pour en comprendre les plus profonds ressorts, elle doit être regardée comme une suite contemporaine d’une antédiluvienne détermination spécifique à l’homme. Nous connaissons des animaux, corbeaux, pies et singes qui savent se servir d’outils pour arriver à leurs fins, essentiellement se nourrir ou se défendre ; certes, il y a des animaux qui manifestent des comportement de deuil vis à vis de leurs semblables décédés comme les éléphants et les chiens ; certes il y a des animaux capables de répéter parfaitement des comportement appris comme les perroquets et les chiens ; certes, enfin, il y a des animaux qui montrent des sentiments d’attachement à l’autre semblable, de sociabilité et d’affection devenant ainsi un groupe, un troupeau, une horde, avec son ordre et sa hiérarchie très sévère, parfois féroces, mais aucune espèce, ni même parmi les plus proches de nous, chimpanzés, Bonobos, Gorilles et Orang-outangs ne sont capables de transformer une matière première naturelle qu’il ont trouvé autour d’eux, pierre ou morceau de bois. C’est justement la transformation de la matière brute, de la matière donnée immédiatement dans la nature, en un instrument, donc en une forme à visée fonctionnelle, qui marque la destinalité humaine, et, sait-on jamais, sa fatalité mortifère. Richard Lewinsohn dans son histoire des animaux et leur rôle dans le développement de la civilisation humaine</span><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a><span style="color: #222222;">, note que les premiers outils de l’homme sont des armes. Cette remarque souligne précisément le type du premier travail humain avec des outils : la violence décuplée pour obtenir de la nourriture, pour se défendre et attaquer. Dans un passage de son commentaire sur le Parménide, Heidegger rappelle la théorie de l’évolution de l’histoire de Marx comme lutte de classe dans le cadre fondateur de l’exploitation de l’homme par l’homme. Or, à ce propos, le maître de Fribourg se demandait si avant même l’exploitation de l’homme par l’homme et l’apparition des classes sociales, le fondement même de l’histoire humaine initiale ne serait pas l’extermination de l’homme par l’homme, à laquelle nous pourrions ajouter l’extermination de toute vie sauvage par l’homme.</span><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="color: #222222;"> Les derniers résultats des recherches sur la préhistoire humaine viennent soutenir ce propos de Heidegger en ce qu’il y est montré que les premiers outils furent des armes. Si tel est le cas, il n’est guère étonnant que l’homme, en son essence nihiliste, annihile les espèces animales jusqu’à leur extinction complète. Voilà un travail qu’aucun autre animal n’a fait et ne fait, même les plus cruels parmi les félins comme les lions et les tigres. Tout ce que l’homme moderne a pu décrire comme cruauté animale n’est certes pas entièrement faux, mais ne se peut comparer à l’acharnement de la cruauté humaine. Une fois le chef évincé, voire tué par des lions concurrents, les vainqueurs gardent toutes les lionnes ; une fois tuée une gazelle le tigre s’en repaît sans exterminer toute la harde. L’homme extermine ses semblables et les animaux bien au-delà des besoins immédiat de se défendre et, rappelons cette réalité essentielle, ce n’est pas le raffinement culturel de telle ou telle civilisation qui tempéra ce fond des comportements humains. La Grèce athénienne avait l’habitude de raser les citées vaincues et de passer la plupart de leurs habitants au fil de l’épée quand ils n’étaient pas pris comme esclave, comme cela arriva à Platon ; et la Rome antique, républicaine et impériale, ne fut pas en reste ! Aussi peut-on voir au fil du développement des techniques et des forces productives humaines l’intensification des massacres guerriers et des ravages imposés à la nature. L’homme quant à lui, malgré les guerres et les épidémies parce qu’il possède une énorme capacité de survie en raison de son intelligence, d’une forte fécondité et de ses capacités médicales déjà présente dans la plus haute antiquité. Toutefois, force nous est de constater que plus la techno-science s’intensifie, plus la productivité s’installe comme finalité ultime de la vie sur terre (avec la conformation psycho-sociale qu’elle modèle), plus la nature est donc détruite, et ce quel que soit les régimes politico-économiques. Or rien ne semble présentement pouvoir arrêter cette machine infernale.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Dès lors que l’alternative communiste s’est achevée aussi dans l’idéel de l’hyperproduction et qu’aujourd’hui le profit maximum en un minimum de temps domine sans partage l’ensemble du monde, nous atteignons à la vérité ultime du capitalisme : réduire le monde à la somme des objets produits dans le monde. Ou si l’on préfère à la somme des marchandises, et donc à la somme du travail et, en conséquence, à la somme de la plus-value, en bref réduire le monde au Capital et à la circulation frénétique de l’argent : « L’argent danse pour vous » écrivait Marx dans le chapitre consacré au fétichisme de la marchandise.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">En effet, dès lors que l’ensemble des rapports de production et d’échanges s’articule autour d’une seule et unique finalité économique, le profit maximum obtenu dans le minimum de temps investi, il semble évident que la multiplication à l’infinie des marchandises et des services divers privatisés engendre une croissance exponentielle de ces mêmes marchandises et des privatisations des services publics. Le système productif et commercial ne peut s’intensifier qu’en fonctionnant sur deux modes. Le premier consiste à multiplier à l’infini (ou à l’illusion de l’infini !) les marchandises réelles et potentielles, engendrant une appétence de l’innovation dans tous les domaines, y compris ceux qui touchent à l’essence biologique et moléculaire de la vie, et dont la publicité a pour mission d’en faire la propagande en insistant sur la nature innovatrice et salvatrice de l’objet. Le second mode vise à privatiser les besoins minimaux et vitaux nécessaires à la vie de l’homme moderne urbain et para-urbain, habitant au sein d’une société de masse où la division technique et sociale du travail est de plus en plus spécialisée.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Dans ce cadre général un analyste se doit d’établir une différence entre le capital de croissance sociale et le capital de croissance financière ou de spéculation. Le partage entre ces deux régimes de fonctionnement du capital est de fait déterminés par l’état des rapports de classe à l’échelle internationale. En effet, chaque fois que la conjoncture internationale menace le cœur du capitalisme impérial, c’est-à-dire pour l’essentiel anglo-saxon, celui-ci fait des concessions aux salariés, aux classes moyennes, à la petite paysannerie, aux artisans, mettant en avant le capital de croissance sociale, <i>Welfare State</i>. Inversement, dès lors que le capitalisme se perçoit libre de tous ses mouvements financiers et sans entrave aucune soit parce que les législations d’État ont laissé la porte ouverte à la perte de souveraineté, soit parce que le mouvement social est étouffé qui intensifie la paupérisation des ouvriers, des employés et des classes moyennes, le seul but financier domine l’ensemble du <i>socius</i>. C’est exactement cela qui advient en Occident depuis le milieux des années 1970 et en Europe-postcommuniste depuis l’implosion de l’URSS. Or cette radicalisation et cette extension du capital financier sont aussi concomitantes avec une désindustrialisation massive de l’Occident au profit de la main-d’œuvre très bon marché d’Asie et du tiers-monde tropical en général, et à une exploitation toute aussi massive de la main-d’œuvre appelée par l’émigration en Occident, laissant comme seule source de bénéfices à nombre de pays de l’Est le pillage du potentiel agricole, forestier et des matières premières. Exploitation frénétique qui, tant en Europe de l’Est que sous les Tropiques, mène à des surcroits de pollution ingérables et à la sixième extinction massive des espèces sauvages.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Après cette longue description des catastrophes écologiques qui sont maintenant notre lot quotidien, il convient, en bonne logique analytique, de revenir sur les limites, et, au-delà, sur les impostures de l’écologie politique des pays développés.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Ici et là on lit dans la presse dite <i>main stream</i> d’Occident qu’il nous faut réduire drastiquement la vitesse des automobiles, qu’il nous faut arrêter de faire rouler nos vieilles voitures, qu’il nous faut des éoliennes partout où le vent souffle, des plaques solaires pour couvrir les champs, les prés et les lacs ensoleillés, qu’il convient d’en finir avec le plastic, qu’il ne nous faut plus manger de la viande, etc. Une très jeune adolescente norvégienne ou suédoise largement subventionnée par des sources financières très obscures, devenue en quelques jours la grande prêtresse du réchauffement climatique, parlant à l’ONU devant l’ensemble des représentants mondiaux, hier devant les commissaires de l’UE à Bruxelles, demain invitée personnelle de la Chancelière allemande, Madame Merkel, lance des avertissements péremptoires aux grands de ce monde pris dans une sorte de délire hypnotique devant cette adolescente au visage sinistre ! Elle déclare la fin du monde imminente si l’on ne change pas de politique, c’est pourquoi il convient de réduire drastiquement la circulation automobile européenne et la pollution industrielle des pays émergents. Cependant, au-delà de ce catalogue avec lequel on ne peut qu’être d’accord, notre nouvelle prophétesse oubliait, comme par hasard, de rappeler que les plus grands pollueurs du monde demeurent encore aujourd’hui les pays occidentaux. Ainsi pour le plastique elle a omis Coca-Cola et Pepsi-Cola (cf., <i>New-York Post</i> du 18 novembre 2019) ; pour le transport elle a oublié les très grands cargos porte-containers dont les moteurs diesel de 40.000 chevaux-vapeur utilisent comme combustible un fuel lourd très riche en soufre et hyper-polluant ; elle néglige aussi l’élevage intensif et l’agriculture industrielle qui exigent outre d’énormes volumes d’eau, des engrais et des désherbants chimiques hautement toxiques pour l’environnement et, <i>last but not least</i>, elle est frappée d’amnésie quant à la déforestation induite qui annihile les forêts primaires d’Afrique centrale, d’Indonésie et du Brésil au profit de l’huile de palme, du soja, du coton et autres plantes à usage industriel ! Certains s’émurent même qu’elle ne dénonça point les centrales à charbon chinoises. Voilà qui manifeste une écologie à intérêt variable comme la portance de certains avions à réaction.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Que peut-on tirer d’une telle description banalement objective. Dire que l’essence de la dynamique capitaliste s’articulant sur la plus-value maximale du capital investi transforme toute chose en marchandise et en son équivalent monnaie, voilà une évidence répétée depuis des lustres. Ainsi, toute chose matérielle, toute matière première, tout animal (y compris l’homme) ou végétal est une marchandise potentielle, voilà qui est aussi une banale vérité dont les exemples abondent. Cependant ce constat est très insuffisant ! Car les pays communistes, les pays du tiers monde d’inclination socialiste ont eux-aussi détruit l’environnement avec la même frénésie productiviste que les pays capitaliste, sans se soucier des ravages écologistes qu’ils causaient. Aussi force nous est-il de constater qu’il est quelque chose de commun à ces deux systèmes politico-économiques qui se tient dans l’exaltation déchaînée du progrès productiviste et, par voie de conséquence, dans la volonté de destruction de la nature.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Pour rendre compte de ce socle commun à ces deux systèmes politiques modernes il ne faut pas rester le nez collé sur un présent où nous les observons comme formes politico-économiques antithétiques et antagoniques, il nous faut remonter très loin dans le temps et faire appel à nouveau aux résultats les plus contemporains de la recherche en archéologie préhistorique.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Depuis longtemps nous savons que dans les temps préhistoriques du tertiaire des espèces animales comme les dinosaures ont été éliminées totalement par un phénomène naturel titanesque, la chute d’un gigantesque astéroïde sur la terre. En ces temps-là, il n’y avait pas la moindre présence humaine sur la terre, c’était le sort banal de l’évolution de la vie sur la planète marquée par de phénoménales éruptions volcaniques, comme plus tard les variations climatiques entre glaciations massives et réchauffements démesurés. Par ailleurs on a souvent montré qu’aucune espèce animale avait éliminé totalement une autre espèce d’animale, en bref, jamais les lions n’ont éliminé leur ennemi juré les hyènes ! En revanche très tôt, par la seule activité de ce prédateur intelligent, très curieux et habile, l’homme préhistorique a réussi l’extinction du cheval en Amérique du nord et longtemps avant son retour avec les conquérants européens, du kangourou géant en Australie, du paresseux géant en Amérique du Sud, du mammouth, du mastodonte, de l’ours des cavernes, du tigre aux dents de sabre en Eurasie. Ce travail s’est réalisé non seulement avec ses dents, ses bras et ses mains, mais, aussi primitifs furent-ils, avec des outils.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Voilà ! Le mot-concept est lancé : l’outil. Oui ! Qu’est-ce donc que l’outil dans sa définition empirique ? Un objet fabriqué, créé, qui « sert à faire un travail ».<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></span></a> Ainsi donc, avec des artefacts qui prolongeaient en intensifiant et diversifiant l’action de la main et du bras, l’homme pouvait réaliser des travaux qu’il était incapable d’accomplir auparavant. Après avoir mis le feux aux savanes et aux forêts pour capturer des animaux, encore fallait-il les découper, non seulement pour les consommer, mais pour en garder les morceaux en les fumant par exemple. Comme contre-argument de type anti-spéciste certains rétorqueront que certains animaux, singes et corbeaux par exemple utilisent aussi des éléments naturels, branches, tiges, pierres, comme outils pour se procurer de la nourriture, voir dans quelques très rares cas pour se défendre des prédateurs. Cependant, aucun ne fabrique des outils, c’est-à-dire qu’aucun ne transforme de la matière brut trouvée dans la nature en lui donnant une forme fonctionnelle, qu’on peut présupposer pensée comme telle comme le fit l’<i>homo habilis</i>. Or cette transformation de la matière brute en forme-outil plurifonctionnelle comme les premiers couteaux-grattoirs est à l’origine de cette opération théorico-pratique propre à l’<i>homo</i>. La taille de la pierre exige en effet un concept, sinon au moins une notion abstraite envisageant la potentialité fonctionnelle de l’objet obtenu en frappant avec une autre pierre, un bois de cerf ou une branche un nucléus de silex, d’obsidienne ou de basalte. Il faut que le sujet sache ou ait l’intuition que les éclats obtenus ainsi seront plus ou moins conformes aux usages préalables qu’il souhaite en faire.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Pendant plus de 2,5 millions d’années l’<i>homo</i> raffina les outils lithiques depuis le simple galet coupé en deux avec ses arrêtes tranchantes, les splendides feuilles solutréennes jusqu’aux splendides pierres polies que Cook et Bougainvilliers trouvèrent encore au XVIIIe siècle dans les îles polynésiennes et mélanésiennes. Les plus primitifs de ces premiers outils réussirent à assurer la survie de petits groupes de chasseurs-cueilleurs qui, échappant à des régimes uniquement ou presque nécrophages, pouvaient tuer de petits animaux, pêchaient ou ramassaient des coquillages. Ces outils permirent simultanément le dépeçage des grands animaux piégés dans des ravines, des entailles ou des abîmes, le découpage de la viande en morceaux aisément transportables assurant une certaine abondance de nourriture carnée à des chasseurs-cueilleurs sans cesse en déplacement. Si l’on ajoute à l’outil-pierre, l’outil-feu, on comprend que l’<i>homo</i> avait dès l’<i>Ergaster</i> acquis, à la différence des grands singes, la capacité d’une nourriture diversifiée parce que prédigérée par la cuisson des viandes, des poissons et des végétaux. Ainsi, comme l’affirment maints préhistoriens, l’augmentation du volume cérébral des <i>homos</i> successifs n’est pas étrangère aux effets alimentaires de ces techniques de maîtrise de la nature.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Je ne cherche point à refaire ici l’histoire de la préhistoire du genre <i>homo</i> dans la vastitude de ses temps obscurs et la plénitude de ses détails, je souhaite simplement insister sur le fait qu’il semble assuré par la présence des outils, y compris les plus rudimentaires, que le genre <i>homo</i> et lui seul – et non les pré-<i>homo</i> hominines, Australopithèques, Paranthropos –, manifesta la possibilité de la représentation conceptuelle. Depuis l’<i>homo Habilis</i> encore cueilleur-charognard et ses galets grossièrement taillés, ensuite et surtout depuis l’<i>homo Ergaster</i> et sa maîtrise du feu et ses bifaces acheuléens déjà très élaborés, puis la découverte en Afrique du Sud, à Stillbay, où des chercheurs ont montré que des <i>homos</i> utilisaient le feu 72.000 avant J.C non seulement pour cuire les viandes, mais pour fabriquer des outils. Il est aisé de constater que le genre <i>homo</i> a fait un saut qualitatif dans l’évolution des <i>Hominines</i> où, outre la bipédie et la descente du larynx dont on sait qu’elle permet la langue articulée (le <i><span lang="EL">λόγος</span></i>), la maîtrise du feu et la fabrication des outils sont les actes majeurs ayant permis à ces <i>homos</i> jusqu’à l’<i>homo Sapiens</i> de dominer la nature, et par-là même de se différencier radicalement des animaux, même si l’ADN mitochondrial de l’<i>homo</i> <i>Sapiens</i> possède quelques pourcentages de gènes qu’il partage avec les grands singes ses plus lointains ancêtres. Il faudra attendre un peu plus tard dans le cours de la saga de l’évolution pour constater un autre saut qualitatif dans les rapports de l’homme préhistorique à la nature, un saut qui le détacha de la chasse-cueillette, celui de la domestication des animaux et des plantes : la création de l’agriculture. Ainsi, les instruments qui engendrèrent la naissance de l’agriculture ont été réunis qui, au bout du compte, doivent être regardés comme les éléments matériels préalables à la naissance des grandes formations sociales humaines et ce qu’elles engendrèrent, la Politique dans la forme État avec ses corps de lois, ses institutions déjà « modernes » oserait-on dire, et, <i>last but not least</i>, sa légitimation par la Morale, la célèbre <i>Catharsis</i> donnée dans le théâtre grec. Enfin, les derniers sauts techniques qui appartiennent déjà à notre longue époque de domestication moderne, d’abord celle de la vapeur, puis celle de l’électricité qui permettent, outre les transformations mécaniques que nous connaissions depuis la machine à vapeur, la révolution électronique et toutes ses applications pour la seconde, avec le rôle déterminant de l’ordinateur comme celui avec lequel j’écris cet essai.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Si l’on prend sur l’histoire de l’homme une perspective cavalière et rétro-centrée, on perçoit combien le monde présent est une vaste entreprise de destruction de la nature, faune et flore confondues. Sauf qu’à présent nous vivons dans le déni de la réalité des effets de nos pratiques quotidiennes les plus élémentaires : aujourd’hui, tout le monde ou presque chérit la nature dans son ensemble et, simultanément, tout le monde, à son échelle fût-elle infime, participe à sa destruction que ce soit avec un exemple rarement cité l’usage massif des cosmétiques, ou celui d’instruments électronique nécessitant l’emploi de terres rares dans leur procès de fabrication. Prenons l’exemple probant de la situation zoologique présente :<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">34% d’êtres humains ;<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">60% d’animaux domestiques dont la majorité sert de nourriture aux hommes et minoritairement au travail agraire ;<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">6% d’animaux sauvages.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">C’est au vue de ce constat que l’on peut interpréter la nature propre de l’homme indépendamment des régimes politiques, et plus encore, indépendamment des époques et des types de socialisation déjà antérieurs aux proto-États du néolithique tardif et de l’âge du cuivre jusqu’à notre présent. C’est en raison de ces résultats que l’on peut affirmer que la nature humaine n’est pas une simple variation plus élaborée de la vie animale, car, malgré certaines proximités, en son essence conceptuelle (langage-feu-outil) cette nature de l’homme diffère du tout au tout. Il semble, comme je l’ai brièvement noté ci-avant, que ce soit la fabrication d’outils aussi rudimentaires fussent-ils, qui signe l’essence de l’homme comme homme humain. Aussi, bien avant le <span lang="EL">ζώον</span><i><span lang="EL"> </span></i><i><span lang="EL">πολιτικών</span></i> d’Aristote, l’homme est homme que parce qu’il est au premier chef et de façon conjointe un <span lang="EL">ζώον</span><i><span lang="EL"> </span>τεχνικός</i><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><i><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><b><span style="font-size: 9pt;">[8]</span></b></span></span></i></span></a> et <i><span lang="EL">τὸ</span><span lang="EL"> </span></i><i><span lang="EL">λογιχὸν</span><span lang="EL"> </span></i><i><span lang="EL">ζώον</span></i>.<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[9]</span></span></span></span></a> En effet, pour agir ainsi il lui faut impérativement posséder une langue naturelle porteuse de concepts, c’est-à-dire capable de penser et l’artefact en sa forme avant qu’il ne sorte de la main humaine et l’infinité des possibles potentiels avec l’amélioration constante des réalisations à laquelle le pousse la curiosité de son intelligence. Aussi, la nature de l’homme en tant qu’il est homme et non super-grand-singe, est-ce la liaison consubstantielle entre une langue-conceptuelle, les moyens techniques de fabriquer un objet et de modeler par le feu-outil les paysages. Ce tout qui fait l’<i>homo</i> (homme-homme) peut être rassemblé sous le concept de Technique, à la fois inaugurale et permanente comme démarche humaine visant, sans l’énoncer comme tel, la mise ensemble de diverses choses disparates, rassemblées selon une programmatique ou un « dispositif » (<i>Gestell</i>). La Technique dont nous a entretenu Heidegger dans une perspective plus moderne, puisqu’il en saisissait l’origine dans la fondation métaphysique platono-aristotélicienne, s’articulerait dès lors autour de trois facteurs dont seul l’homme fut le détenteur unique : une langue articulée conceptualisante, permettant l’imagination dument conscientisée d’un créer-produire pour réaliser des instruments aux finalités diverses et la maîtrise du feu qui engendrerait un jour la métallurgie. Ainsi l’homme ne serait pas en son essence le <i>cogito</i> cartésien dans le splendide isolement de la <i>noèse</i> de son ego devenu transcendantal chez Kant, mais un « je suis » parce que je fais des objets en pensant. C’est pourquoi les cartésiens et leurs descendants pouvaient regarder l’animal comme une simple mécanique, l’animal-machine ; tandis qu’au-delà des métaphores zoologiques, certains médiévaux, certains classiques, certains romantiques et certains modernes se servaient de l’animal, de sa représentation traditionnelle et de ses comportements pour, de fait, présenter le monde animal comme miroir des hommes. Ainsi, parmi les plus célèbres, on citera <i>Le Roman de renard</i>, La Fontaine et ses fables, Baudelaire et l’albatros, Orwell et <i>Animal Farm</i>, Ionesco et son rhinocéros, Aristote et son analytique animalière.<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[10]</span></span></span></span></a> Toutefois, c’est à Heidegger auquel revient, me semble-t-il, d’avoir véritablement remis l’animal dans un champ de l’être-là qui lui est propre lorsqu’il affirme dans<i> Les Concepts fondamentaux de la métaphysique </i>: « l’animal est pauvre en Être ». Phrase énigmatique s’il en est. S’il avait formulé un jugement tel que l’animal n’a pas d’Être, nous eussions compris ou l’animal ne pense pas, c’est-à-dire qu’il n’a pas d’autoréflexion et, de ce fait, il n’a ni sens de l’autre, de l’histoire ni de la morale, c’est-à-dire du passé, ni du futur, de la faute à expier, ni de sa possible mort. L’animal vit donc au jour le jour, que dis-je dans l’instant, dût-il pour les plus intelligents parmi les domestiqués avoir le sens d’une faute immédiate, ou la mémoire de comportements appris pour ceux dressés, ou la mémoire instinctive des routes de migration. L’animal vit dans la concrétude immédiate, c’est-à-dire au présent. L’animal <i>est</i> simplement.<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[11]</span></span></span></span></a> « Pauvre en être », mais néanmoins « en être » en ce que les plus développés ont le sens de la fidélité au maître, de l’affection pour un compagnon ou une compagne, voire parfois, devant la mort d’un semblable, la manifestation d’un certain comportement de deuil (cf., les éléphants). Mais l’<i>homo</i> lui est totalement mobilisé par la synergie du « penser-faire-penser », laquelle engendre le monde, le seul monde, le monde humain réel, (<i>Das Dasein</i>), celui de la subjectivité et de la socialisation, plus tard de la morale et de la politique dans une dialectique du concret-abstrait-concret permanent. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Ce très bref résumé pourrait donner à croire aux lecteurs que je conçois l’histoire comme Kant, Hegel ou Marx (et d’autres moins magistraux de la même eau). L’Histoire comme une saga univoque fût-elle dialectique, d’une série ininterrompue de causes et d’effets s’enchaînant sans de véritables hasards, sans accidents de parcours, sans disruptions venues d’événements aléatoires, imprévisibles, d’accidents géologiques, climatiques, biologiques ou sociaux. Il n’en est rien, même si la Technique donna à l’homme, être fragile en raison de sa néoténie, des capacités d’adaptation inégalées dans le règne animal, les hommes sont partout sur la Planète, les lions et les orang-outang non. De fait, même si je donne à la Technique telle que je l’ai envisagée le rôle inaugural de l’humanité propre à l’<i>homo</i>, néanmoins je ne vois pas l’histoire comme un simple cheminement tracé par le déploiement linéaire de la Technique. En effet, il semble bien trop hasardeux d’affirmer que tout le devenir était déjà prévisible dès le début de la présence humaine, même si notre avenir est dans le passé. Cependant un événement, et ce malgré de nombreux aléas, entraîna le destin humain vers cette voie univoque en dépit de figures politiques et culturelles multiples, un événement qui arriva très longtemps après les temps inauguraux des galets brisés, lors d’un moment où un état civilisationnel singulier et <i>a priori</i> non prévisible dès avant, donna et la direction et les moyens d’une dynamique prométhéenne radicale de la lutte contre la nature.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><b>Le capitalisme n’était pas <i>a priori</i> prévu dans le dispositif initial<o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Dans un célèbre petit ouvrage commandé par l’UNESCO intitulé <i>Race et histoire</i> et conçu comme une critique simultanée du racisme, de l’évolutionnisme, du fonctionnalisme et du diffusionnisme, Lévi-Strauss proposa une interprétation synthétique de l’histoire humaine selon le modèle structuraliste. Il avançait que tout le développement des civilisations humaines doit être interprété selon le modèle du jeu de dés. On les lance une fois, il sort en une combinaison qui ne réussit pas, on les lance une deuxième fois, une autre combinaison en sort qui ne marche pas mieux, etc… jusqu’à ce qu’il y en ait une gagnante permettant de construire une civilisation dans la durée. Et ce <i>ad vitam aeternam</i>… Il semble en effet que l’évolution des sociétés humaines par expérimentations et erreurs ait fonctionné ainsi, dussent-elles, pour certaines, ne s’être que partiellement développées. Nous en avons les preuves au travers des diverses très grandes civilisations qui se sont effondrées, tandis que d’autres issues de presque rien s’élevaient peu à peu pour briller dans le monde. Cela veut dire simplement que la civilisation de l’Europe occidentale chrétienne relativement récente n’a pas été toujours, loin s’en faut toujours la plus puissance. <i>A priori</i>, le Haut Moyen-Âge européen n’avait pas de traits où nous eussions pu deviner la prédestination de cette puissance contemporaine. Grâce aux travaux de Joseph Needham<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[12]</span></span></span></span></a> nous savons précisément que jusqu’à la fin du Moyen-Âge de l’Occident européen la Chine était bien plus développée que les pays européens les plus riches. Si l’on recule dans le temps, on doit souligner que les grandes civilisation méso-américaines n’avaient rien à envier à la Grèce ou au Moyen-Orient antique.<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[13]</span></span></span></span></a> Tous ces faits semblent <i>a priori</i> donner raison à l’interprétation structuraliste lévistraussienne. Toutefois, il y a eu un moment où les dés présentèrent une combinaison singulière dont l’effet dynamique semblait impérieux et irrépressible. Un premier jet singulier eu lieu au moment de l’antiquité grecque (l’envoi grec selon Jean Beaufret), lorsque s’enclencha un mode singulier de penser le monde, l’homme et la société : la philosophie, dont la prétention, à la différence des mythologies et des théogonies diverses et productrices parfois de grandes littératures, visait explicitement à l’universalisme à travers la rationalité de la logique argumentaire. Platon et Aristote affirmaient ne pas dire le vrai pour les seuls Grecs, ils le disaient aussi pour tout peuple qui eût appris le grec sans pour autant perdre son ethnicité. Cette position hellène de l’universalité offrit à la théologie chrétienne dans le verbe de Paul les armes spirituelles de l’universalité du christianisme qui sortait du tribalisme juif. La foi en le Christ était offerte à tous les peuples (circoncis et non-circoncis, cf., Paul<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[14]</span></span></span></span></a>) sans distinction pourvu qu’ils s’ouvrent tous à l’amour du Christ et donc au Salut par le Rédempteur. Le christianisme proposait une universalité qui, si elle se confondit dans un premier temps avec l’empire romain d’Orient et d’Occident, valait pour le monde entier, d’où le déploiement d’un prosélytisme agressif. Une nouvelle spiritualité avait vu le jour en un coin du Proche-Orient qui s’affirmait universelle. Voilà qui donnait aux sociétés européennes qui, après moult guerres, avaient embrassé cette foi, une <i>Weltanschuung</i> universelle et une puissance prosélyte inégalée, essentiellement dans l’Occident européen. L’Europe se consacra, y compris par la force, à cette foi universelle en l’adornant peu à peu des armes d’une métaphysique de la logique des propositions (scholastique médiévale) et de la vérité de l’idée qui ne souffrait point de contradictions de principes (contre les Averroïstes et autres hérésiarques, Bogomiles, Vaudois, etc). C’est pourquoi les combats contre les hérésies y furent si violents et si mortifères. En effet, la contestation pouvait à la rigueur porter sur de légères variations de la même <i>doxa</i>, mais jamais, Ô grand jamais, sur l’axiomatique principielle de la <i>doxa</i>. Or cette foi visant l’angoissante quête du Salut et du temps de l’Apocalypse, était hantée par la fin des temps, puisqu’à la fin des temps s’ouvrait l’avènement de la Parousie.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Cette foi, devenue grâce à la philosophie gréco-latine, une théologie philosophique de la vérité universelle offerte par les pères de l’Église et plus tard les théologiens médiévaux, se présentait fort différemment des autres croyances du monde, sauf, pour partie, des éléments du transcendantalisme indouiste. Cependant, au temps des cathédrales, des écoles de Bologne, Chartres, Paris et Oxford, l’Europe occidentale du haut Moyen-Âge jusqu’au XVe siècle était surpassée et de loin par le développement technique des grands États orientaux, la Chine, l’Inde, le Vietnam, certaines royautés du Sahel ou des côtes africaines, des hautes civilisations de Méso-Amérique et d’Amérique du Sud. Comme partout où de grandes entités étatiques organisaient et commandaient aux hommes l’agriculture et l’élevage croissaient avec l’augmentation démographique et, en conséquence, simultanément augmentait la disparition des forêts primaires sauf chez les divers chasseurs-cueilleurs tropicaux ou, chez ceux vivant aux marges des sociétés étatiques, qui continuaient à pratiquer une agriculture itinérante sur brûlis. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><b>Naissance du capitalisme et les ravages écologiques<o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Tout au long de l’antiquité classique, puis au Moyen-Âge, des événements qui avait eu lieu depuis la très haute préhistoire se répétèrent, des espèces d’animaux sauvages disparaissaient avec le développement d’espaces de plus en plus cultivés, de plus en plus habités et urbanisés<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[15]</span></span></span></span></a>, avec les techniques d’élevage les plus avancées, avec pour résultat, l’augmentation concomitante des espèces domestiques. Déjà dans l’antiquité platonicienne plus de lions en Grèce, en Anatolie, en Syrie, en Irak et en Palestine, disparition d’espèces de gazelles au Moyen-Orient. Cependant cela restait limité, et souvent, du fait d’épidémies ravageant les communautés humaines, certaines régions devenues démographiquement ruinées retrouvaient un temps leur sauvagine.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Mais revenons à présent à notre jeu de dés structuraliste. Il eut donc quelque chose qui fut jeté au début du Moyen-Âge et qui se répandit lentement dans une Europe rurale et féodale soumise à la peur générale de rater le Salut, de voir son âme soumise aux turpitudes de l’enfer. Jacques Le Goff dans son petit livre sur <i>Marchands et banquiers au Moyen-Âge</i>, rappelle que dans un testament du IXe siècle, un commerçant vénitien partant en Orient pour ses affaires laisse comme consigne à sa femme : « <i>Lacia cara il denaro lavorare</i> ». Que veut dire faire travailler l’argent ? C’est ce qu’on appelle la rente. C’est en fonction d’un taux d’intérêt fixe ou variable laisser travailler le temps sur le capital afin de créer un bénéfice. A vrai dire le capital ne travaille pas, c’est le temps qui travaille. Or pour que le temps travaille en accumulant le revenu de l’intérêt, il faut un comput linéaire et cumulatif du temps, un temps eschatologique des fins dernières. Cela ne se peut faire dans le cadre des computs traditionnels articulés sur la base d’un temps cyclique, « L’éternel retour du même ». Justement le travail du temps sur le capital n’est jamais le retour du même, ou si l’on préfère, c’est le même plus quelque chose, l’intérêt, et donc ce n’est pas le même, ou plutôt c’est le même-plus. Il faut donc que la société se pense comme mue par une véritable eschatologie temporelle, sans la Parousie de l’Apocalypse, en bref il faut que hier ne soit pas aujourd’hui et qu’aujourd’hui ne soit jamais demain (en termes modernes on nomme cela le progrès) ! <i><span lang="EN-US">Tomorrow is not an other day</span></i><span lang="EN-US"> <i>because Time is money</i> !<i> </i></span>En effet pour les sociétés archaïques qui vivent dans le présent, le lendemain n’est que la réédition d’hier, ce que confirme en permanence les rites de passages et les discours mythiques des origines. <i>Cum grano salis</i> on pourrait dire que dans les sociétés traditionnelles il n’y a de futur que le futur antérieur. Or ce n’est pas l’effet d’un hasard si nombre de sociétés archaïques n’ont pas de temps verbal pour signifier le futur. Par une sorte de paradoxe ironique de l’histoire, ce quelque chose d’inédit, le prêt à intérêt fondé sur le passage d’unités temporelles indifférenciées et simplement cumulées – le temps mathématique<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[16]</span></span></span></span></a> – qui émerge au début du Moyen-Âge européen, fut rendu possible grâce aux calculs de savants moines qui de l’Italie à l’Angleterre, à la France et l’Allemagne recherchaient la date précise de l’Apocalypse.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Cette nouvelle configuration du rapport de l’homme au temps fournit donc le soubassement de cette nouvelle économie dont le moteur primordial n’était plus le travail productif libre ou servile nécessaire pour simplement survivre, mais le capital investi dans telle ou telle production ou échange commercial. La quantité d’argent augmentant avec le temps, cela décuplait, centuplait son pouvoir ! Dès lors que tout l’agir créateur humain pouvait devenir producteur de bénéfices financiers la guerre devenait logiquement une action engendrant du profit financier et non plus seulement de la gloire et de la puissance politique… Les seigneurs pouvaient emprunter et gager le retour du capital et de l’intérêt sur les productions de leurs terres ou hypothéquer celles-ci avec leurs châteaux, permettant à terme la formation d’une noblesse directement venue de la banque et du commerce par l’achat des offices<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn17" name="_ftnref17" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[17]</span></span></span></span></a>, la noblesse de robe. Le temps devenant ainsi l’équivalent de l’argent (<i>time is money</i>), laisser travailler l’argent revenait à prévoir des bénéfices sur l’avenir, et donc à augmenter la convoitise prévisionnelle en construisant <i>ad infinitum</i> une objectivation ouvrant toujours plus de possibilités d’investissements, sources de gains nouveaux. En bref, le capitalisme en son essence mathématique et sa <i>praxis</i>comptable<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn18" name="_ftnref18" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[18]</span></span></span></span></a> étaient nés et plus rien, ni un quelconque impératif éthique ou religieux, ne l’arrêterait.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Or ce mode du produire et du reproduire ne correspondait plus à une quelconque couleur culturelle à ajouter à l’ensemble de la palette des cultures connues et/ou possibles. Il était là une forme économique inédite, impérativement conquérante, impériale, c’est-à-dire universelle, qui ne se pouvait déployer qu’en supprimant toutes les autres cultures archaïques, traditionnelles et les valeurs sociales qui gênaient son éploiement.<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn19" name="_ftnref19" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[19]</span></span></span></span></a> C’est pourquoi on se doit de constater que l’impérialisme n’est pas une qualité surajoutée au capitalisme à un moment donné de son développement, mais bien un attribut intrinsèque de sa mise au travail, un attribut propre à son essence et qui conditionne son amplification algébrique au fur et à mesure de son développement.<o:p></o:p></p><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ce trait original du faire capitaliste organisa l’activité humaine dans l’esprit d’un produire toujours plus. En dépit des poussées d’acné socio-économique de la décroissance chez certains rêveurs socio-démocrates, cette dynamique ressemble à une vis-sans-fin montant l’eau d’un bassin d’accumulation vers les rigoles d’irrigation, qui se seraient multipliées par l’ensemble des activités rendues possibles grâce à aux productions qu’elles permettent. C’est ce qu’effectue l’objectivation comptable de tout objet exploitable à des fins productives, serait-ce l’écologie tant vantée, mais qui en l’état n’est que du capitalisme vert. Tant que la vis tourne sur elle-même l’eau afflue et irrigue la terre. Le capital est semblable à l’eau du bassin et son illimitation est assuré par la source objective qui l’alimente. Puis filant la métaphore on comprend que l’illimitation du capital comme possible en perpétuelle expansion est l’agir de la synergie du complexe techno-science-capital générateur de toutes les productions et de toutes les marchandises en devenir : en bref la source de l’infinité. Et je ne crois point qu’un quelconque effet de rhétorique faisait écrire à Aristote dans un passage <i>Des politiques (</i></span><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">ἐν τοῖς πολιτικοῖς) </span><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">: « il ne faut pas que l’infini commande », précisant un peu plus avant dans le même ouvrage, que ne peuvent être citoyens, c’est-à-dire prendre en charge la politique de la </span><span lang="EL" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">πόλις</span><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">, les commerçants, les financiers, les marchands, en bref tous les hommes dont le travail s’effectue à l’horizon de l’infinité, de l’illimité, de l’indéterminé. Cet horizon n’est autre que l’</span><i><span lang="EL" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">ἄπειρον</span></i><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;"> tel qu’il était compris par Aristote dans <i>Le traité de la production et de la destruction des choses</i> où « on ne peut aller à l’infini dans aucun des deux sens » ; ce qui me semble tout-à-fait correspondre à une critique anté-factum de l’objectivité du produire et du détruire qui est comme nous le savons le fondement même de la dynamique du techno-capital.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">En effet, même confronté à la plus extrême des économies financiarisées et spéculatives, la présence de la production matérielle est impérativement nécessaire, que ce soit celle des matières premières, des objets ou des services, payables en liquide ou mieux à crédit. Ainsi il est dans l’essence même du travail du techno-capital de détruire les matières premières, jadis et aujourd’hui les forêts, après le charbon, puis le pétrole et l’uranium, de ruiner les équilibres naturels par l’industrialisation massive de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la pisciculture qui a leur tour saccagent à nouveau forêts et prairies naturelles, empoisonnent eaux douces et océans, et, <i>last but not least</i>, entraînent l’extinction irrémédiable des espèces sauvages. Quant à la mode <i>Vegan</i> si elle vise à réduire les élevages industriels, point positif, en revanche elle ne dit jamais rien d’essentiel du développement hyper-capitaliste de l’agriculture bio, car, qu’elle soit écolo-bio ou à base d’engrais celle-ci doit nourrir plus de huit milliards d’êtres humains en permanente croissance ! De plus le bio ne freine pas le nombre croissant de plantes sauvages qui sont menacées de disparition… <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Nous sommes à présent devant une évidence relevée quotidiennement y compris par la presse la plus soumise aux pouvoirs économiques : la ruine de la planète, la disparition de dizaines d’espèces d’animaux sauvages, certains disent la sixième plus grande extinction de l’histoire de la Terre, d’une masse de plantes sauvages, la pollution totale des eaux par les engrais et les déchets plastiques ! C’est pourquoi, dès la fin des années 1960 du siècle dernier, discernant là une occasion de renouveler la production de nouvelles marchandises, de grandes firmes internationales, soutenues par des fonds d’investissement puissants, alliés à des savants universitaires se sont mise soudainement à parler d’écologie, de production Bio, de réchauffement climatique, tandis que des mouvements militants s’étaient créé<a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftn20" name="_ftnref20" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[20]</span></span></span></span></a>, devenus rapidement très actifs sur les réseaux sociaux et dans la pratique militante, tout en manifestant simultanément une très grande ignorance des implications sociales et matérielles dues à l’explosion démographique des pays du Tiers-Monde. Ces mouvements, volontairement ou non, étaient et sont toujours aveugles devant les impératifs de plus-values économiques inscrites au cœur de toute dynamique capitaliste, ce qui, au bout du compte rend leur lutte souvent insignifiante ou biaisée, bloquée par une insoluble quadrature du cercle. Lorsque, à l’encontre des humanistes de pacotille ou des théoriciens politiques de la fin de l’histoire, le milliardaire étasunien Warren Buffet déclarait voici une quinzaine d’années que : « la lutte de classe existe véritablement, et nous l’avons gagnée », il signalait que le capitalisme avait acquis la maîtrise totale du jeu économique mondial et qu’il continuerait à se battre bec et ongles pour conserver sa victoire, rien qui ne présageait l’avènement de la Parousie tant vantée par Fukuyama au moment de l’implosion de l’URSS. Toutefois, pour un observateur avisé et lucide cette permanence de la lutte de classe, dût-elle s’éployer à l’échelle planétaire comme l’économie, paraissait relever d’une banalité ; en revanche ce que dissimulait la formule c’était le devenir sans cesse renouvelé des objets de la convoitise et du profit grâce à la permanente dynamique de l’innovation inscrite dans l’essence même du devenir de la techno-science : en termes aristotéliciens on dirait son entéléchie. C’est cette mise en perspective perpétuelle d’un nouveau déjà donné comme possibilité qui, dès lors que le présent de la domination technique est rétro-projeté vers l’origine de l’humanité de l’homme, nous renvoie sans cesse à la techno-science comme <i>das Dasein</i> ou, dit autrement, comme l’être-là inaugural de l’homme dans le monde. C’est ainsi que le programme inaugural technique a trouvé dans l’« accident » historique de la forme socio-économique capitaliste (le coup de dés lévistraussien) une force sans précédent qui décupla ses possibles en attente et bloqua d’autres possibilités pour finir par interdire d’autres voies. C’est pourquoi à l’échelle historique la techno-science sous quelque forme politique que ce soit est, à moins d’une catastrophe géologique planétaire ou d’une vitrification nucléaire, l’horizon indépassable du devenir humain. Aussi à l’échelle préhistorique de son émergence l’être-là de l’homme-homme pourrait-il se subsumer en : être-pour-la-technique. Or qui dit technique et plus tard techno-science, ne dit autre chose que puissance, si bien que ce que j’avais analysé naguère dans un essai intitulé, l’homme en tant qu’être-pour-la-guerre (<i>Sein zum Kriege</i>), conçu comme le complément critique du concept heideggérien de l’homme comme être-pour-la-mort (<i><span style="color: #202122;">Sein zum Tode</span></i>) pourrait se révéler la seule <i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Ἀνάγκη</span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;"> humaine, la destinée de l’homme entendue comme nécessité inaltérable, comme l’instance inflexible « qui gouverne le Cosmos »</span>. Le concept heideggérien devrait donc être complété par une formule certes un peu lourde telle que : l’homme-homme en tant qu’être-pour-la-technique-et-la guerre. En son fond, et par-delà toutes les élaborations propres à la vie sociale, morale, politique, à l’organisation familiale, clanique, aux lignées, aux relations de parenté, de castes, de classe, l’homme serait peut-être, en son fonds, l’ouvrier obsessionnel du nihilisme qu’il a contribué à inventer et mettre en œuvre, en bref, l’« ange exterminateur » de son propre devenir.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Claude Karnoouh<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">Bucarest-Les Cévennes-Paris, juin-septembre 2020.<o:p></o:p></p><p class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><o:p> </o:p></p><div><br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a> « Repu, le lion est inoffensif. »<o:p></o:p></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></a> Les indigènes des îles Andaman ne survivent comme peuple primitif que parce que le gouvernement indien a instauré un cordon sanitaire qui interdit toute installation touristique et toute visite ne serait-ce que d’une journée.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn3"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></a> La glandée est une pratique rurale très antique. Lors de la chute des fruits du chênes, les paysans conduisaient leurs porcs dans les forêts de chênes pour qu’ils s’en repussent et ainsi s’engraissassent avant l’hiver. Mais on comprend comment années après années cette collecte systématique des fruits du chêne ne permit plus le renouvellement de la forêt par ailleurs défrichée pour en augmenter les surface cultivées, pour le bois de construction, de chauffage et le charbon de bois nécessaire à la métallurgie du fer.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn4"><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a> <span style="font-size: 9pt;">Pline l’Ancien, « <span style="color: #222222;">Gallia comata »</span>, <i><span style="color: #222222;">Histoire naturelle</span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">, </span><span style="color: #222222;">IV<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">, 105. Gaule chevelue.</span></span></span><o:p></o:p></p><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><o:p> </o:p></p></div><div id="ftn5"><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 1.2pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a> <span style="color: #222222; font-size: 9pt;">Richard Lewinsohn, </span><i><span style="color: #202122; font-size: 9pt;">Histoire des animaux, leur influence sur la civilisation humaine</span></i><span style="color: #202122; font-size: 9pt;">, Plon, 1957.</span><span style="color: #202122; font-family: Arial, sans-serif; font-size: 13.5pt;"><o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn6"><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a> <span style="font-size: 9pt;">Claude Karnoouh, « O perspectivă filosofică asupra războiului sau omul, Fiinţă-pentru-război (<i>Sein-zum-Kriege</i>) », în <i>Timpul</i>, Iasi, mars-avril-mai, 2019. <o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn7"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></a> Sous la forme « <i>uztils</i> » en vieux français du XIIe siècle chez Guernes de Pont Saint Maxence, <i>Dictionnaire étymologique du français</i>, CNRS, Centre de Ressources textuelles et lexicales, édit électronique. Du bas latin <i>Utilium</i>. <o:p></o:p></p></div><div id="ftn8"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[8]</span></span></span></a> Un être technique.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn9"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[9]</span></span></span></a> Un être pensant.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn10"><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[10]</span></span></span></span></a> <span style="font-size: 9pt;">La fable animalière anthropocentrique est l’une des plus antiques formes de la narrativité moraliste, apologue, où les animaux servent d’exemples aux comportements humains. On en trouve la trace dès Sumer, en Égypte vers -1120. On en connaît aussi des traces à travers la culture orale de peuples n’ayant pas d’écriture. C’est Ésope qui a fourni aux diverses cultures européennes le modèle des fables animalières, quoique la première trace écrite connue d’une fable grecque se trouve chez Hésiode dans « <i>Les Travaux et les jours</i> », l’histoire du rossignol et de l’épervier ». Cf., l’article de Wikipédia très complet sur la fable. Pour ce qui concerne une analytique philosophique complète des animaux, on relira avec profit Aristote, <i>Histoire des animaux</i>, livre I, 1, 488 b 11-25 ; pour une vision étendue à l’antiquité on se réfèrera au petit ouvrage roboratif de Thierry Gontier, <i>L’homme et l’Animal, la philosophie antique</i>, PUF, Paris, 1999 et, <i>last but nost least</i>, la somme remarquable d’Élisabeth de Fontenay, <i><span style="color: #202122;">Le Silence des bêtes : la philosophie à l'épreuve de l'animalité</span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122;">, Fayard, Paris, 1998.</span><o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn11"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[11]</span></span></span></a> Cf., Henri Birault, <i>Heidegger et l’expérience de la pensée</i>, Gallimard, Paris, 1978. « Seul <i>est</i> le moment présent comme « unité concrète » de ces « deux moments abstraits » que sont le passé et le futur.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn12"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[12]</span></span></span></a><span lang="EN-US"> Joseph Needham (with the collaboration of Wang Lin), <i>Science and Civilization in China</i>, 2 vols, Cambridge, 1954-1959.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn13"><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[13]</span></span></span></span></a> <span style="font-size: 9pt;">Il suffit de lire les mémoires de Cortés pour voir l’étonnement des Espagnol devant la munificence de Mexico- <span style="background-color: #f8f9fa; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #202122;">Tenochtitlan </span></span>! <o:p></o:p></p></div><div id="ftn14"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[14]</span></span></span></a> <i>Paul</i>, Romains 3-4, 29-30.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn15"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[15]</span></span></span></a> Andrée Corvol, <i>Histoire de la chasse. L’homme et la bête</i>, Perrin, Paris, 2010. Cf., chap. 6, « L’organisation de la lutte.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn16"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[16]</span></span></span></a> On se souvient que l’opposition de Saint Thomas d’Aquin au prêt à intérêt était basée justement sur l’uniformisation du temps entre temps sacré et temps profane, temps de qualité différente… Il ne peut y avoir de prêt à intérêt parce que l’intérêt travaille sans cesse, y compris les jours consacrés aux louanges christiques, les dimanches et les jours de fêtes.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn17"><p class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 1.2pt; text-align: justify;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref17" name="_ftn17" title=""></a><sub><span style="color: #222222; font-size: 14pt;">13</span></sub><span style="color: #222222; font-size: 9pt;"> R. Mousnier,<span class="apple-converted-space"> </span><i>La Vénalité des offices sous Henri IV et Louis XIII</i>, Paris, Presses Universitaires de France, 1971.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn18"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref18" name="_ftn18" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[18]</span></span></span></a> Il est piquant de noter que la comptabilité moderne, la comptabilité analytique est aussi née à Venise.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn19"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref19" name="_ftn19" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[19]</span></span></span></a> Jamais l’église catholique ne réussit à supprimer le prêt à intérêt, ne le pratiquant point directement, elle vendit le Salut (les Indulgences) pour assumer ses dépenses architecturales somptuaires !<o:p></o:p></p></div><div id="ftn20"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="applewebdata://A5A857BF-C455-499F-B532-7F0BEEDEA3D9#_ftnref20" name="_ftn20" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[20]</span></span></span></a> Dès les années 1930, le thème écologique avait déjà été abordé, mais il est vrai sous le régime nazi par le ministre de l’agriculture Walter Darré, lequel avait été vite marginalisé en raison des besoins techniques et agricoles du régime.<o:p></o:p></p></div></div>Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-5361981443814809592021-03-11T14:13:00.002+02:002021-05-09T00:05:57.659+03:00<p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><b><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Colonisation et origine de l’anthropologie sociale et culturelle</span></b><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Il faut au départ quelque peu clarifier le sens du mot anthropologie qui qualifie une des sciences sociales. Il ne s’agit pas de reprendre rapidement le sens premier grec d’</span><i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;">ἂνθρωπος</span></i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> qui place au centre de la réflexion sur le monde l’homme en tant qu’homme. L’anthropologie moderne se rapprocherait plus de la définition kantienne d’une connaissance empire non pas de l’homme en tant qu’individu unique, mais des hommes en leurs diversités en partant de l’individu jusqu’aux peuples, recouvrant la psychologie, la socio-psychologie, l’histoire, la sociologie, la démographie, l’ethnographie et l’ethnologie. Mais de fait, j’entends ici anthropologie au sens d’un champ de la connaissance moderne qui étudie les différences culturelles, ce que l’on nommait naguère en Europe ethnologie dans les premières démarches de la tradition sociologique française et allemande… Le terme ethnologie est plus fidèle à la signification du mot grec<i> </i></span><i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;">ἒθνος</span></i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">, qu’anthropologie ne l’est à<i> </i></span><i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;">ἂνθρωπος</span></i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">. En effet, </span><i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;">ἒθνος</span></i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> signifie le peuple, la nation, mais aussi un peuple non-civilisé, « barbare » au sens d’une entité culturelle et linguistique, et non au sens d’une entité politique, laquelle se dénommait <i>δῆμος</i>, c’est à dire la communauté des citoyens de la <i>πόλις</i>. Ainsi on peut dire que le sens moderne d’anthropologie a inversé de fait le sens originel du mot </span><i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;">ἂνθρωπος</span></i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">l’homme, l’être humain, l’individu dans sa généralité, opposé aux dieux pour le renvoyer à </span><i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;">ἒθνος</span></i><span lang="EL" style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">l’homme dans ses multiples différences culturelles opposées les unes aux autres, ce dont nous entretenait Xénophon dans l’Anabase.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">En choisissant le terme anthropologie la tradition anglo-saxonne a voulu faire d’emblée une référence à l’étude empirique de l’homme, non pas à une réflexion sur la nature humaine et son essence en termes philosophique, mais à celle de l’immanence humaine en ses multiples hypostases. Le mot c’est donc répandu dans le monde et en France après Lévi-Strauss en ce que le maître établit une hiérarchie analytique selon la complexité croissante de l’analyse depuis l’ethnographie, l’enquête de terrain, l’observation-description, puis à l’activité ethnologique comme mise en forme de ces observations orientées vers une interprétation générale d’une culture, pour finir par la conceptualisation théorique et comparative, définie comme anthropologie. Cependant dans la pratique réelle universitaire contemporaine ces trois démarches s’entremêlent et se rassemblent sous le vocable d’anthropologie (qui semble plus chic), si bien que présentement, n’importe quelle description journalistique de la rue d’un village, d’un spectacle frelaté pour touristes ou des relations avec les chiens perdus dans une ville s’auto-désigne comme travail d’anthropologie… tant et si bien qu’un effort théorique aussi puissant que celui d’Evans-Pritchard, de Lévi-Strauss ou de Rodney Needham sont, sous le vocable général d’anthropologie, l’équivalent d’une médiocre thèse sur les coutumes des voisins de mes grands-parents dans leur village natal. Mais revenons au but de ce petit essai. Si donc l’ethno-anthropologie est cette connaissance de la différence ou de l’altérité culturelle envisagée comme un champ important, voire parfois stratégique des sciences humaines, cela n’a pas toujours été le cas. Sans envisager ici la manière dont les sociétés sauvages perçoivent les gens différents qui les entourent, en me cantonnant aux discours et représentations propres à l’histoire de l’Occident, il s’en faut, et de très loin, qu’il en fut toujours ainsi.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Quelle fut donc l’image du sauvage ? Car c’est bien de lui dont il s’agit, entre le Moyen-Âge et nos temps modernes ? Certes les hommes du Moyen-âge connaissaient les noirs, les Arabes, les Berbères et les Asiatiques, surtout ceux de la Méditerranée qui commerçaient avec le Moyen-Orient. Quelques moines du Nord de l’Italie avaient voyagé jusqu’en Chine avant Marco-Polo. Empruntant la route de la soie, ces moines catholique ou nestoriens avaient rencontré tous les peuples qui jalonnaient ce chemin jusqu’à Pékin pendant le règne des empereurs mongols de la <i>Pax mongolica</i>. Le haut Moyen-Âge connaissait les noirs (qu’avait déjà connu l’empire romain et la Grèce) via l’Égypte et le Soudan, et le commerce arabe avec l’Afrique de l’est. Il s’agissait de populations vivants sur les côtes ou d’ambassades envoyées par les grands royaumes africains du Sahel ou de l’Afrique du sud. Mais il semble que ces hommes n’aient pas engendré l’effet d’un grand étonnement. En revanche, le haut Moyen-Âge pensait que le monde de l’Inde et de l’Indonésie était peuplé d’être extraordinaires, mi-hommes, mi-animaux, ce que la vulgate savante de l’époque nommait, le royaume du roi Jean. Les représentations, dessins et gravures montraient des hommes-singes, des hommes-girafes, des hommes-baleines, des animaux extraordinaires, bref des figures fantastiques et exotiques qui apparaissent aussi bien chez Pierre Breughel le Vieux que chez son maître Jérome Bosch, mais que l’on rencontre encore sur les sculptures des piliers des cathédrales romanes et gothiques d’Occident. Le monde sauvage était le lieu d’inscription d’un imaginaire du pécher, du purgatoire (invention du catholicisme médiéval), de la sexualité incontrôlé et de la manière dont le Moyen-Âge concevait le dérèglement mental.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn1" name="_ftnref1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> Toutes ces images, ces sculptures nous renvoient à des formes imaginaires, à des représentations de visions, même si des moines de retour du sud de l’Inde et en Indonésie avaient consigné dans leur journal de voyage qu’ils avaient vu des hommes-singes, ce qui n’est pas très éloigné lorsqu’on songe à l’Orang-Outang.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Mais la représentation change du tout au tout avec la découverte de l’Amérique, avec la découverte des Amérindiens. D’un côté la vision du monde s’était modifiée pendant le XVe siècle en Italie, la pensée scientifique s’était peu à peu convaincue de la réalité empirique de la rotondité de la Terre (pas celui du globe impérial) et donc de son unité physique, conception et vision qui s’étaient diffusées dans les cercles savants européens préparant un autre regard sur les hommes qui peuplaient ce « nouveau » continent d’une Terre unifiée. De l’autre, la mainmise des Ottomans sur toute la Méditerranée centrale et orientale coupait le commerce de Venise et Gènes, de ses sources de produits de luxe, des épices, de la soie, du cachemire, de pierres précieuses, de carmin, etc… Ce n’est pas là un point négligeable, loin s’en faut, car le but premier de l’expédition de Christophe Colomb consigné dans son journal était la quête d’une autre route pour atteindre l’Inde et ses richesses ce qu’il pensera dans un premier temps, d’où le nom générique des populations locales chez les Européens : Indiens. Et parmi les premiers actes de Colomb sur l’île Hispaniola, il y eut celui de torturer les Arawak pour savoir où sont les mines d’or ; or de mines d’or il n’y en a point à Haïti-Saint Domingue, l’or natif arrivait de l’Amazone porté par de puissants courants marin sur les plages, puis était modelé par martelage, parce qu’aucune des civilisations indiennes d’Amérique n’a connu la métallurgie en tant que processus chimico-physique<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Ce voyage, ou ce pas de l’Occident selon Hannah Arendt, fut le premier pas décisif de ce que nous appelons aujourd’hui la mondialisation, car il ne s’agissait pas d’installer ici et là des comptoirs d’échanges comme cela se fit encore au milieu du XVIe siècle au Canada, mais, dès le début, d’une conquête territoriale et humaine en ce que les indigènes étaient expulsés de leurs espaces d’habitation, de leurs champs, de leurs parcours de chasse pour créer soit des mines et soit des haciendas où ceux-ci devaient y travailler comme esclave.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Ce qui est remarquable et fascinant dans les comportements des Indiens (et que l’on ne verra se reproduire plus tard que chez les Australiens), c’est le refus du travail contraint qui souvent menait au suicide collectif. Avec la décimation des populations indigènes par les maladies importées par les européens, faute de main-d’œuvre locale, très vite se mit-t-il en place le commerce transatlantique des esclaves noirs, première grande entreprise de commerce capitaliste atlantique et source des premières grandes fortunes capitalistes hispaniques, portugaises, hollandaises, françaises et surtout anglaises.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Surprenant, en un sens, fut la montée d’une inquiétude chez certains prêtres et moines face aux massacres massifs des Indiens par les troupes et les colons espagnols. Des îles entières, de grandes îles comme Cuba, Saint Domingue ou La Jamaïque furent en quelques années quasiment dépeuplées de leurs populations natives. Un moine dominicain Las Casas s’interroge sur ces hécatombes et sur le fait que la soldatesque et les colons les justifiaient par le fait qu’ils ne voyaient pas les Indiens comme des hommes mais comme des animaux que l’on pouvait chasser comme en Europe on chassait des lapins (ce que firent les Américains avec les Indiens du Nord du continent et les Anglais en Australie et Nouvelle-Zélande), sauf que la soldatesque hispanique entretenait des rapports sexuels avec les femmes et ainsi naissaient des métis.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn2" name="_ftnref2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> Pour défendre les Indiens contre leurs prédateurs il fallait donc prouver qu’ils étaient des hommes. Ce fut la célèbre controverse de Valladolid entre Las Casas le moine dominicain et le théologien séculier Sepúlveda où ce dernier concéda que les Indiens devraient être considérés dorénavant comme des hommes, et pouvait ainsi relever des mêmes droits naturels que les blancs. Aussi la lutte pour la transformation de leurs mœurs (entre autre chose la lutte contre les sacrifices humains et l’idolâtrie) se ferait par l’exemple, la conversion et l’éducation (une sorte d’<i>Aufklärung</i> avant la lettre) et non pas la force brutale de la soldatesque : le prêtre avant le soldat (au Brésil colonie portugaise les Indiens furent traités en esclave comme les noirs importés). Ainsi, ni la conquête ni la colonisation étaient arrêtées, et les Indiens qui restaient dans les territoires récemment découverts, Mexique, Pérou, Amérique centrale, et sud du Brésil, eussent dû échapper à l’esclavage remplacés par les noirs auxquels ces dispositions ne s’appliquaient pas. Toutefois, cette disposition des lois indiennes reçue des applications bien laxistes, de plus, il convient de préciser que souvent l’extermination des Indiens n’avait pas eu besoin de soldats, avec un peu de patience, les maladies européennes contractées au contact des blancs ou souvent intentionnellement répandues par le don de couvertures et de vêtements portés par des malades européens eurent des effets plus ravageurs encore que les armes à feu ou les épées : des tribus entières de mille, deux mille, trois mille individus étaient décimées en quelques semaines.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn3" name="_ftnref3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">L’extermination totale avait été possible dans les îles, mais moins dans les zones de très forte densité humaine comme l’était les grandes civilisations urbaines du Mexique, Aztèques, Toltèques, Mixtèques et Mayas, ou chez les Incas des Andes, ou au milieu de la forêt vierge amazonienne. Cependant, l’idée d’un Royaume hispano-indien avait germé dans la tête de Cortès et des franciscains qui l’accompagnaient. Cette tentative avorta, refusée à la fois par le Vatican (le clergé séculier) et la Couronne espagnole. Il fallait donc que les blancs dominassent une population Indienne toujours soumise aux caprices des colons quelque peu contrôlés par les édits royaux prônant une certaine tolérance. Pour faire un Royaume hispano-indien il fallait donc créer une élite ou s’accorder avec la précédente pour qu’elle donne ses enfants à l’apprentissage théologico-politique qu’envisageaient les Dominicains et les Franciscains, plus tard les Jésuites. C’est ce cas de figure qui prévalu dans le Royaume de Nouvelle Espagne, (Le Mexique) avec les Franciscains sous l’égide du père Sahagún.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Ce qui est remarquable dans le début inaugural de ce rapport à la fois criminel et curieux, c’est que la différence d’attitude vis-à-vis des indigènes entre Las Casas et Sahagún s’est perpétuée au travers du temps. Las Casas présente d’une manière objective la situation tragique des indigènes au cœur des terribles massacres qu’ils subissent, il décrit leur courage intraitable et demande un changement de comportements de la part des conquistadors. Sahagún lui aussi décrit les exactions dont sont victimes les indigènes après l’élimination du pouvoir politique aztèque, c’est-à-dire celui de l’empereur, de ses lieutenants et de ses soldats après de très âpres batailles se soldant par des centaines de morts, des prisonniers systématiquement pendus ou jetés aux chiens. Mais après le bain de sang Cortés et les Franciscains présents veulent fonder un royaume hispano-indiens en acculturant ce qui reste des élites, plus précisément les enfants de la noblesse, en les conduisant vers la foi chrétienne et aux valeurs monarchiques européennes. Pour se faire Cortés compte sur les Franciscains, car les Jésuites seront plus présents en pays Maya, dans les Îles, et en Amérique du Sud… Sahagún a compris que pour acculturer en douceur il faut connaître son adversaire. Il apprit donc la langue nahuatl, puis l’écriture nahuatl faite de pictogrammes, d’idéogrammes et de symboles phonétiques. Il commença par débattre avec les prêtres survivants de l’ancienne religion, sur sa valeur face à la supériorité du christianisme en ce que leur dieu suprême Quetzalcóatl n’avait pas répondu à leurs invocations et n’avait pas manifesté sa puissance et sa sollicitude pour les aider face aux Espagnols. Sahagún récupère des codex (des centaines avaient été détruits pendant la conquête même, tandis que d’autres très nombreux le furent longtemps après). Sahagún créa des écoles où les Franciscains apprirent le nahuatl, et enseignèrent le latin et l’espagnol aux enfants des nobles indiens. On est là dans ce que l’on peut définir comme une véritable démarche pré-anthropologique, même si elle ne se nommait pas ainsi, en ce que le moine cherche véritablement à saisir les ressorts de la pensée indigène dans l’énonciation de sa propre langue, certes pour ensuite la rapporter à son propre but, la conversion et la création d’une élite locale chrétienne, mais l’anthropologue ne fait-il pas souvent la même chose en rapportant une pensée dans des catégories (classifications dans la logique argumentaire grecque) et une visée, la thèse de doctorat et les articles savants devant des jurys qui sont loin des intentions et des préoccupations indigènes. Car la plupart du temps, sauf rares exceptions, et c’est là le paradoxal approche de l’anthropologue, celui-ci explique la pensée indigène dans des catégories inconnues, voire inconcevable à cette pensée, d’où cette situation si bien caractérisée par Derrida critiquant Lévi-Strauss pour ses analyses structurales des mythes se réduisant de fait à la production d’« équivalents domestiques » en guise de traduction culturelle.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn4" name="_ftnref4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Aussi, ce fameux pas en avant de la mondialisation dont parle Hannah Arendt, et qui changerait le devenir du monde, engendra-t-il la violence sans précédent d’un massacre non seulement physique mais civilisationnel, la disparition en moins de trois siècles de civilisations très anciennes à l’échelle d’un double continent : une annihilation inouïe, sans précédent.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Toutefois, une perception nouvelle à l’égard de ces hommes émergea, une perception qui n’était plus commandée par le fantastique imaginaire des hommes-animaux du Moyen-Âge, mais par la perception d’une altérité humaine radicalement différente de l’Occident (même si pour les conquistadors Mexico leur était apparue comme la plus belle ville du monde !). Cette attitude nouvelle, ce regard inaugural, cette curiosité pour la nature humaine de cet homme totalement différent qui n’en était pas néanmoins homme, visiblement homme, de cet homme qui parle une langue articulée et donc avec lequel on peut communiquer avec des traductions, d’un homme si différent et possédant aussi des livres (les codex), cette attitude nouvelle donc prépare l’inauguration d’un savoir auquel il ne maquera plus que le processus d’objectivation propre à la pensée de la science. Homme cependant radicalement différent parce qu’il est non seulement idolâtre, souvent anthropophage, mais encore parce qu’il prie et sacrifie pour des dieux selon des rites effrayants pour les Européens en ce que les offrandes aux divinités étaient constituées d’hommes vivants, en général des prisonniers de guerre auxquels on arrachait le cœur qui, palpitant encore, était offert par le prêtre au soleil, afin que l’astre du jour retrouvât son énergie et fasse fructifier tous les biens produits par la terre et sanctifiât son peuple.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">La tentative d’acculturation d’une élite aux valeurs hispaniques et chrétiennes dura peu. Très vite les autorités monarchiques et le Vatican refusèrent cette option et les Amérindiens du Royaume de la Nouvelle Espagne étendue alors jusqu’à la Floride, l’Arizona, le Nouveau Mexique, le Texas, la Virginie et toute la Californie jusqu’à San Francisco, ainsi que tous ceux d’Amérique latine furent considérés comme des sujets mineurs, des hommes de seconde zone, de fait souvent mis en esclavage, longtemps dans l’impossibilité d’avoir leur propre clergé catholique et maintenu en état d’ignorance.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Mais la conquête comme vous le savez ne s’est pas arrêtée aux Espagnols et à l’Amérique centrale et du Sud, elle s’est étendue au Nord vers ce que sont aujourd’hui les États-Unis et le Canada. Certes le Nord du continent était beaucoup moins peuplé que le centre et les parties du Sud où s’étaient épanouies de très grandes civilisations urbaines. En Amérique du Nord la conquête commence un peu plus tard, vers la fin du XVIe siècle. Avec les guerres entre les Européens les Indiens négocièrent leurs alliances croyant tirer leur épingle du jeu face à leurs vieux ennemis tribaux. Or ils furent employés comme chaire à fusil, et les maladies dont les pires la variole et le typhus décimèrent très vite les tribus de l’Est (Algonquins, Hurons, Mohicans, Iroquois), puis avec la ruée vers l’Ouest, vers l’or et la colonisation systématique dès le tournant du XIXe siècle, les déportations successives dans les réserves de plus en plus hostiles, la quasi extermination des ressources carnées (extermination de millions de bisons) qui affama les Indiens des Plaines, et enfin, après l’ultime grand massacre, et malgré la victoire de <i>Little Big Horn</i>, le 29 décembre 1890 à Wounded Knee de 250 Sioux menés par le grand chef Big Foot on atteint ce qu’il est convenu de définir comme la fin des guerres indiennes en Amérique du Nord. Au début du XXe siècle il ne restait plus que 237 196 Amérindiens aux États-Unis sur une population d’environ 7 à 9 millions en 1550 ! A ces exterminations directes sans pitié (« A good Indian is a dead Indian ») il convient d’ajouter, le rapt massif d’enfants envoyés dans des écoles-prisons protestantes ou catholiques pour les contraindre à abandonner toutes références à leur culture, y compris leur nom. Et, si peu à peu des lois vinrent améliorer le sort des survivants, il n’empêche, des escarmouches ici et là, sporadiques, mais très violentes, émaillèrent encore le devenir des Indiens d’Amérique du Nord où à la différence de certains pays d’Amérique latine aucun mouvement indigéniste n’a pas pu se développer avant la fin du XXe siècle tant le contrôle et la répression des autorités Yankee bloquaient violemment toute initiative en ce sens. A ce terrible tableau qui n’est rien moins que la froide description du plus grand crime de la modernité contre l’humanité, il convient d’ajouter que la présence des blancs a totalement changé les modalités et les moyens guerriers des Indiens : cheval et armes à feu (que les Aztèques n’ont pas eu le temps d’employer) rendirent certes les batailles plus rudes pour l’<i>US Cavalery </i>et les pionniers, mais en revanche les coups en hommes beaucoup plus lourds pour Amérindiens déjà démographiquement très fragiles.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Voilà le tableau général et ce qu’était devenues les sociétés amérindiennes au tournant du XXe siècle.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Il vrai que la curiosité pour les mœurs des sauvages commença à se répandre parmi les colonisateurs après les premiers essais de Sahagún demeurés à l’état de manuscrit et mis à l’index par le Vatican. Explorateurs français le long du Mississipi, américains vers les Grandes plaines, dès la seconde moitié du XVIIIe, tous rapportent des notes sur les mœurs des sauvages, leurs modes de vie qui servent à alimenter des débats sur les fondements du Contrat social et l’état de nature.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn5" name="_ftnref5" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> Les grands voyages d’explorations du Pacifique à la fin du XIXe siècle sont aussi une source d’étonnement et de volonté de conquête. Cook, La Pérouse, Bougainville, d’Entrecastau, von Krusenstern, rédigent d’excellents documents sur les Amérindiens de la côte Ouest du Canada, des États-Unis et du Mexique. Mais le sauvage n’est ici qu’un objet de curiosité</span> <span style="font-family: "Times New Roman", serif;">exotique, ce qui domine c’est la cartographie des routes maritimes et des escales, la botanique</span> <span style="font-family: "Times New Roman", serif;">et la zoologie, données essentielles et sans lesquelles il n’y a pas de découverte de matières premières susceptibles d’intensifier le commerce international source d’importants bénéfices.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Il y a aussi en cette fin du XVIIIe siècle des énoncés philosophiques qui présentent des travaux dit d’anthropologie, mais qui sont plutôt des collections de faits rassemblant toutes sortes de notes et de développement concernant aussi bien les mœurs, les croyances, les rites, la linguistique, une psychologie des peuples, essentiellement centrées sur l’Ancien monde, mais aussi dans le cas de Chavannes une physiologie, une anatomie, une biologie spécifiquement humaine. Chez Kant il s’agit de montrer empiriquement l’unicité de l’homme, le seul être qui sache dire « je », énonciation même de la conscience de soi par rapport à l’autre.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn6" name="_ftnref6" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> Tous cela demeure fort intéressant, mais il est peu ou pas question d’interroger la spécificité culturelle des divers peuples primitifs ou sauvages, ceux que mon ami Remo Guidieri dans l’introduction à l’édition roumaine de <i>l’Abondance des pauvres</i></span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn7" name="_ftnref7" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> avait qualifié, <i>cum grano salis</i>, de « présocratiques tropicaux ».<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Il est notable de souligner que cinq ans à peine après la fin de la guerre de Sécession, quand la conquête de l’Ouest reprit de plus belle et que les Indiens sont repoussés toujours plus loin de leur terre ancestrale avec les massacres afférents (massacres aussi de colons), un politicien membre du parti républicain, Henry Lewis Morgan, soudain pris de passion pour les Indiens Iroquois de l’État de New-York, se lance dans l’étude de leur langue et de leur culture au point même d’être adopté par l’un de leur clan. En cette fin du XIX les Iroquois ne sont plus très nombreux, vivant dans des réserves, on a estimé que des</span> <span style="font-family: "Times New Roman", serif;">22.000 individus présents aux Etats-Unis en 1630 ils en reste 6000 au cours du XVIIIe siècle, leur nombre remontant à 15.000 à 20.000 au cours du XIXe siècle.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn8" name="_ftnref8" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[8]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"></span><o:p></o:p></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Aussi, en cette fin du XIXe siècle, lorsque les civilisations indiennes sont démographiquement ruinées (certaines éteintes), émergeait un véritable nouveau savoir qui fait de l’Indien le parangon d’une science nouvelle ou d’une herméneutique nouvelle, l’anthropologie sociale et culturelle qui se différencie et de l’anthropologie physique avec sa mesure des formes humaines et des os, et de l’anthropologie philosophique avec sa quête de l’essence de l’homme. Ce que l’on peut résumer très rapidement ainsi : on dira que l’anthropologie sociale et culturelle recherche et compare les différences entre les cultures humaines tandis que l’anthropologie philosophique cherche les diverses essences de l’homme en tant qu’unité de l'Homme qui déterminent la spécificité d’une nature humaine a-historique, a-culturelle, a-temporelle : l’essence de la raison, de l’esprit, de la morale, de la religion, de l’art et du beau, de la politique.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Tout le monde s’accorde à dire que c’est Lewis Henry Morgan (1818-1881) qui inventa et développa ce que l’on nomme aujourd’hui l’anthropologie sociale et culturelle comme science humaine dévolue au premier chef aux hommes non-européens. En dépit de sa carrière de juriste puis de sénateur républicain, il fut captivé lors de rencontres avec ce qui restait d’Indiens de la côte Est des États-Unis, en particulier par les Iroquois avec qu’ils racontaient de leur vie traditionnelle. Il décida donc de les étudier, et pour cela de vivre avec eu, lesquels l’adoptèrent. Il mit ainsi immédiatement en place la base même de toute enquête de terrain anthropologique, la participation à la vie quotidienne des sauvages. Ayant appris la langue de ses interlocuteurs, il comprit une chose essentielle, non seulement sur laquelle personne n’est revenu depuis, mais, au contraire qui n’a fait que se développer au cours des cent cinquante ans qui suivirent : à savoir que chez les sauvages, c’est la parenté qui possède le statut d’infrastructure de la société et non la propriété foncière, les échanges et les productions matérielles, même si les Iroquois avaient pratiqué l’agriculture depuis le XIIIe siècle et étaient en quelque sorte usufruitiers des lopins de terre qu’ils cultivaient.</span><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftn9" name="_ftnref9" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[9]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> C’est autour et avec la parenté que la société s’organise pour échanger tout ce que la terre offre et ce que les hommes produisent (la seule propriété privée de l’Indien, ce sont ses armes). Et c’est autour de la parenté que se tient la quête parfois extrêmement violente de l’harmonie entre le modèle idéal des rapports parentaux et les confusions installées à la fois par les pratiques et les aléas de la vie et de la mort, ce dont, chacun à leur manière spécifique, nous parlent les rites et les mythes. Aussi, en tant que phénomène social total ou global, dont elle est à la fois le canevas et le carcan, c’est-à-dire la structure ontologique ou le <i>Dasein</i> si l’on veut, la parenté modèle les activités sociales, rituelles, cultuelles, symboliques, psychologiques, mythologiques, les relations de voisinages, l’amitié ou la guerre. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><o:p> </o:p></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Ce sur quoi je voudrais insister ici ce n’est pas sur l’importance de cette analyse pour la théorie marxiste de l’histoire avec le célèbre livre de Engels, <i>L’origine de la famille de la propriété privée et de l’État</i> (1884), mais sur la note restrictive de l’édition anglaise du <i>Manifeste du parti communiste</i> (1888) qui souligne combien le travail de Morgan réduit la portée historique de l’assertion de la première édition : </span>« <span style="font-family: "Times New Roman", serif;">l'histoire de toute société connue jusqu'ici a été l'histoire d'une lutte de classes ». Ainsi le premier grand commentateur de Morgan, Engels, a saisi que l’histoire n’était donc pas un <i>continuum</i> identique depuis l’origine (une critique de Hegel) jusqu’à sa fin supposée. A un moment donné, qui put durer des siècles, une rupture essentielle eut lieu qui tenait de l’essence même d’une société qui s’était transformée du tout au tout.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Or qu’est-ce, au bout du compte cette transformation ? La colonisation dans ce qui apparaît et se voit immédiatement en dépit des discours lénifiants sur l’apport de la civilisation et de la vraie foi ? Pourquoi tant d’exactions, de meurtres massifs, d’acculturations féroces, pourquoi tant de violences physiques et spirituelles ? Une réponse quasi religieuse pourrait être la nature mauvaise de l’homme. Cependant il y eut des sociétés relativement pacifiques, en tout cas qui ne cherchaient pas l’expansion (l’ancienne Chine, ou les Mélanésiens par exemple). Si ce n’est donc pas l’homme comme incarnation du mal, alors il nous faut revenir à un concept que n’aime pas la pensée de gauche, mais qui dans ce cas n’est pas sans valeur, il faut revenir à une sorte de choc des civilisations. Quel type de rencontre fut la rencontre entre des sociétés fondées sur la lutte de classe, c’est-à-dire sur la propriété privée capitaliste des moyens de production (car la colonisation de l’Amérique et la découverte de l’altérité radicale date de la première expansion du capitalisme mercantile), et des sociétés s’articulant autour des structures de parenté. La seule réponse plausible renvoie au plus grand choc de civilisations depuis la révolution du néolithique tardif. Choc entre les peuples structurés par la lutte de classe, c’est-à-dire par le conflit pour la possession individuelle de toutes les choses, de tous les espaces, et ceux structurés par la parenté dans un rapport d’harmonie rituelle, entre les peuples menés par la métaphysique et les peuples menés par le merveilleux du mythe (le <i>mythos</i> grec : la parole qui dit le vrai par le seul fait de l’énoncer), entre des peuples où les monnaies sont objets d’échanges singuliers et spécifiques (cycle de la Kula des Trobriandais) et des peuples où l’argent fonctionne en tant qu’équivalent universel de tout (même du pardon, voire les Indulgences des catholiques), où l’argent mène la dance de l’histoire…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Ce qui est le grand paradoxe de la modernité, c’est qu’après avoir éliminé tant et plus d’hommes primitifs, l’homme occidental les a pris d’abord comme objets respectables d’analyse (sans leur demander leur avis certes), puis quelques décennies plus tard, comme objet d’un amour fraternel au point d’en faire des modèles de sagesse et d’humanité heureuse, une sorte d’incarnation du bon sauvage de Rousseau pour bobos confortablement installés dans les illusions de leurs cartes de crédits et de leurs safaris balisés. Ils avaient simplement oublié que les Sauvages aussi faisaient la guerre, pratiquaient la torture et l’anthropophagie, qu’ils n’étaient ni des doux rêveurs ni des tendres ! De fait les Sauvages n’étaient ni bons ni mauvais, ils étaient tout simplement radicalement autres.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Tandis que l’immanence nihiliste de nos temps continue le travail du négatif, engendrant l’inexorable destruction des forêt primaires (<i>rain forests</i>) et tout leur éco-système, pour la quête effrénée de l’or, des pierres précieuses, du bois, pour le développement des plantations de palmiers à huile ou de colza, ou du tourisme, pour la construction de routes et de barrages, autant d’actions qui détruisent les espaces de vie des ultimes représentants (<i>vanishing peoples</i>) d’un monde qui a déjà disparu. Cependant, encore et encore au Brésil, au Pérou, mais aussi aux États-Unis, les guerres indiennes ne sont tout-à-fait achevées ; quant aux guerres contre les aborigènes, ceux d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Mélanésie ou des Philippines elles le sont pour toujours…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Claude Karnoouh, juin 2016.<o:p></o:p></span></p><div><br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref1" name="_ftn1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a> <span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Jurgis Baltrušaitis</span>, <i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Réveils et Prodiges dans le Gothique Fantastique</span></i><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">, 1960.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref2" name="_ftn2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></a> <span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Cortés lui-même avait pour maîtresse une Indienne Toltèque remarquablement intelligente qui l’aida à comprendre la situation politique et les faiblesses de l’Empire Aztèque.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn3"><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref3" name="_ftn3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a> <span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">En 1618 un siècle après le début de la conquête de l’Empire aztèque, la population totale du Mexique était passée de 20 millions d'habitants à seulement 1,6 million, soit une diminution de l'ordre de 90 %, in Mark Nathan Cohen, <i>Health and the rise of civilization</i>, Yale University Press, 1991.</span></p></div><div id="ftn4"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref4" name="_ftn4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></a> <span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Cf., Claude Karnoouh,</span><span style="font-size: 10pt;"> « </span><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Présupposés historiques et statut métaphysique de l'anthropologie »</span><span style="font-family: ClujItalique; font-size: 10pt;">, in <i>Adieu à la différence</i>, Arcantère Paris, 1992, trad. Roumaine, <i>Adio Diferentiei</i>, Idea, Cluj</span><span style="font-family: ClujItalique;">, 1995.</span><o:p></o:p></p></div><div id="ftn5"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref5" name="_ftn5" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></a> <span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Pierre Poivre, <i>Voyages d'un philosophe ou observations sur les mœurs et les arts des peuples de l’Asie, de l’Afrique & de l’Amérique</i>, 1769.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Abbé Guillaume Raynal, <i>Histoire philosophique et politique du commerce et des établissements des Européens dans les deux Indes</i>, Paris, 1772.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn6"><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref6" name="_ftn6" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a> <span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Alexandre César Chavannes</span><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;"> (1731-1800). Il est suisse à la fois philosophe et théologien huguenot. Il est l’auteur d’une <i>Anthropologie ou science générale de l’homme pour servir d’introduction à l’étude de la philosophie et des langues, et de guide dans le plan de l’éducation</i>. Lausanne, 1788.<o:p></o:p></span></p><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Emmanuel Kant, <i>Anthropologie d'un point de vue pragmatique</i> (1798).<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn7"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref7" name="_ftn7" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></a> <span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Remo Guidieri, <i>L’Abondance des pauvres</i>, Seuil, Paris, et <i>Abondanta Sàràcilor</i>, Idea, Cluj.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn8"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref8" name="_ftn8" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 10pt;">[8]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;"> Au début du XXIe siècle l’ensemble des diverses tribus Iroquoises avec celle qui s’y rattachent par la langue sont au nombre de 125.000, dont 80.000 aux États-Unis et 45.000 au Canada.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn9"><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><a href="applewebdata://B6858D01-6156-4A25-AEB7-63881411456C#_ftnref9" name="_ftn9" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 10pt;">[9]</span></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;"> Lewis Henry Morgan,</span><span lang="EN-US" style="font-size: 10pt;"> </span><i><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Systems of Consanguinity and Affinity of the Human Family</span></i><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">, 1871.<o:p></o:p></span></p><p align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt;">Ce n’est pas l’effet du hasard si, lorsque les Indiens attaquaient des convois de colons se dirigeant vers l’Ouest, ils se comportaient exactement comme pendant les guerres qu’ils menaient entre eux. Ils tuaient les hommes et capturaient les femmes, lesquelles, insérées dans le système de parenté, devenaient des épouses et les mères potentielles d’enfants, future monnaie d’échange entre les clans.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "New York", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;"><span style="font-size: 10pt;"> </span></p></div></div>Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-74050680355918071632020-04-03T23:28:00.002+03:002020-04-03T23:28:57.330+03:00Le retour du tragique<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<b><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Le retour du tragique<o:p></o:p></span></b></div>
<div align="right" class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Homo homini virus<o:p></o:p></span></div>
<div align="right" class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">(Un auteur anonyme sur Facebook)<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">En cette fin du mois de mars 2020, le monde est agité et ébranlé par une pandémie virale venue selon certains de Chine, selon d’autres des États-Unis, qui terrorise le monde blanc Européen, celui d’Amérique du nord et du Pacifique. Ici, comme auparavant dans la province Hubei en Chine presque toutes les activités institutionnelles et économiques sont arrêtées.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">N’étant pas économiste de profession, mais en ayant lu quelques-uns, réputés pour leur compétence, il me semble que nous nous dirigeons vers une crise économique plus grave que celle de 1929, crise déjà prévisible avant la pandémie, mais que celle-ci a révélé au grand jour et qui ne fera que s’aggraver. Quant à la gravité médicale, il semble qu’il y a deux écoles. L’une nous affirme qu’enfin de compte il ne s’agit que d’une forme de grippe beaucoup plus forte que les habituelles grippes hivernales saisonnières ce qui est constaté dans certains pays comme l’Italie du nord, l’Espagne, la France de l’Est et Paris, et la ville de New-York. D’autres plaident pour une pandémie inédite d’une force de nuisance identique à la célèbre grippe espagnole de 1918-1919. Bon but n’est évidemment pas de décider pour l’une ou l’autre interprétation. Mais, au-delà d’évidente manipulations politiques de la part de pouvoirs à l’inclination dictatoriale, mon but est de saisir, autant que faire se peut, le pourquoi de cette subite angoisse générale qui a envahi les peuples des pays les plus développés.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Pour approcher une quelconque intelligence de l’évément il conviendrait de rappeler en premier lieu combien de pandémies ont ravagé depuis des siècles les populations européennes : la terrible peste noire à la fin du XIVe siècle, les redoutables épidémies de variole depuis l’antiquité jusqu’à la découverte du vaccin à la fin du XVIIIe siècle, l’épidémie de choléra du premier tiers du XIXe siècle qui emporta Hegel, la terrifiante grippe espagnole de la fin de la Première Guerre mondiale (entre 50 et 100 millions de morts dans le monde en partie dus à la guerre et aux transfert de populations affaiblies par la famine), et enfin, plus récemment, les grippes hivernales très dures (1980, 2003), HIV, Ebola et le SAR2… Si nous prenons comme exemple le HIV, malgré 30 millions de morts dans le monde, il n’a jamais déclenché une telle panique et pourtant il était lié à l’une des activités parmi les plus répétitives de l’homme, le sexe. Et à l’évidence c’est à tort que beaucoup regardait le HIV comme uniquement réservé aux homosexuels, comme si le sexe débridé était caractéristique de l’homosexualité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">De plus, tous les débats auxquels nous assistons, et plus particulièrement en Europe de l’Ouest sur les bons traitements masquent deux aspects non-dits ou peu dits, d’une part, derrière les choix thérapeutiques il y a une lutte féroce entre de très importants laboratoires en raison des sommes mises en jeu, et, de l’autre, des propositions simples, avec des médicaments bon-marché aux résultats prometteurs sans être ni généralisés ni assurés. Le problème c’est que le médicament bon marché vient d’un pays sous embargo américain, Cuba et son complément d’un pays en guerre économique avec les États-Unis, la Chine, aussi ce choix ôterait-il de très gros bénéfices aux <i>big farma</i> étasuniens, britanniques ou français. Il y a là une vision objectivante de la situation, l’émergence au grand jour des contradictions du capitalisme pharmaceutique sur le dos des malades. Enfin et hormis l’Italie dont les taux de mortalité paraissent bien plus élevés qu’une grippe hivernale forte, les autres pays ne semblent pas fournir des taux excédant la mortalité de grippes un peu plus fortes que de coutume sur des populations massivement concentrées dans des mégapoles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">En ce début de XXIe siècle ce qui me paraît étonnant, voire sidérant, c’est la panique qui s’est emparée des peuples européens et de leurs gouvernements, à moins que ces derniers avec des médias hystérisés ne cherchent à paniquer les peuples lesquels, faut-il le souligner, répondent parfaitement à ce <i>stimulus</i> ! Certes, dans la majorité des pays européens ils manquent de matériel de contrôle et de protection, comme si une telle épidémie n’aurait dû ne plus arriver, comme si l’extériorisation des productions pharmaceutiques de base vers la Chine, le Vietnam et l’Inde avait été la solution miracle de la mondialisation dans une interdépendance généreuse globale. Ainsi, n’ayant que peu de moyens de contrôle de l’infection (sauf l’Allemagne), les États de l’Union européenne ont-ils eu recours à la vieille technique médiévale du confinement, de l’isolement avec la mise en veilleuse de la plupart des institutions non régaliennes de l’État, de l’économie, des lieux de convivialité, de tous les commerces sauf ceux d’alimentation, réduisant simultanément et de manière drastique les transports en commun, autobus, métros, trains, avions (l’un des deux aéroports de Paris ferme ses portes le 31 mars). Certains pays ayant même aboli <i>de facto</i> la constitution pour ne gouverner que par décrets-lois. On se trouve ainsi confronté à des situations hautement anxiogènes, d’autant plus violentes que des gens âgés vivants seuls sont souvent laissés à l’abandon et que les plus jeunes n’ont même plus la possibilité d’accomplir le travail du deuil puisqu’ils ne peuvent veiller leurs morts, ni même les enterrer en famille. Anxiété générale qui engendre des peurs : la peur moderne, celle du manque d’objets consommables, la peur archaïque, celle du manque de nourritures de base. Avec surprise on a entendu parler parmi les plus modernes des sociétés occidentales de punition divine, de diableries, du mauvais sort jeté sur le monde ou du travail de quelques esprits maléfiques. D’où la multiplication des prières, des processions là où c’est encore possible, des appels aux miracles, aux saints patrons, à la sorcellerie, aux secrets du Talmud, à ceux des tarots, etc. On est confronté à ce que la psychanalyse nomme le « retour du refoulé », en l’espèce de l’archaïsme auquel le moderne n’a de cesse de vouloir échapper et qui pourtant, comme le Phénix, ressurgit toujours de ses cendres. Or pour comprendre la présence anachronique de l’archaïsme dans la modernité, voire dans l’hypermodernité, quand la médecine et la chirurgie manifestent des progrès inouïs, impensables voici encore un siècle, il nous faut remonter le fil du temps.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Depuis trois-quarts de siècle, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale journaux, magazines, programmes de radio et de télévision n’ont eu de cesse de mettre en avant des articles, des reportages, des émissions de vulgarisation médicale et scientifique promouvant la démiurgie du progrès technique. A lire et écouter les journalistes et les savants médiatiques on observait l’amplification d’un discours eschatologique de la science et de la technique si bien qu’à terme, médecine, chirurgie et pharmacopée nous devaient nous mener à la parousie du bonheur, de fait à la quasi immortalité de l’homme. On vit même aux États-Unis des gens très riches demander à être cryogénisés après leur mort en attendant d’être dégelés le moment venu quand les techniques leur permettront de ressusciter ! Ils espéraient garder un ADN vivant afin de revivre clonés dans un nouvel être vivant identique ! Ainsi l’extrême modernité était en passe de réaliser le rêve d’éternité de Faust. L’homme prométhéen n’eût dû ne plus rencontrer d’obstacles face à son devenir autocentré : une version postmoderne de <i>tinerete farà bàtrinete</i>. Ainsi la possibilité énoncé de cette vie éternelle terrestre redonnait vie sans le formuler à de vieilles légendes. Espoir fou avaient dit à l’époque certains esprits demeurés traditionnels, mais espoir néanmoins enracinés dans les pratiques les plus avancées de la science que venait confirmer l’augmentation croissante de la longueur de la vie, au moins dans les pays les plus développés et parmi les classes les plus aisées. Face à cette espérance inouïe, l’homme était, plus encore que dans les philosophies matérialistes qui misaient encore sur un transcendantalisme historico-social (Marx, Lukács, Gramsci, Marcuse, Adorno, Bloch), mis au centre du monde en y abolissant sa finitude. Triomphe total de l’immanence de la positivité de la recherche scientifique, abolition de toute transcendance que l’on perçoit présentement dans les vives critiques dont font l’objet les diverses églises qui refusent le confinement afin de célébrer la résurrection du Christ et le renouveau de l’Eucharistie : « ceci est mon sang, ceci et ma chair ! » De moins en moins de gens ne croient au Paradis après la mort, à moins que ce soit le paradis terrestre de la consommation et de la distraction, <i>thytainmen</i>t. Des fractions de plus en plus importantes de personnes parmi les sociétés européennes entendent ne plus se soumettre à aucun pouvoir spirituel supérieur. Le seul pouvoir qui les guide a pour nom, l’argent, c’est-à-dire l’immanence générale comme somme de n’importe quel travail, de n’importe quelle marchandise, de n’importe quel être humain. La finitude humaine semblait ainsi sans cesse outrepassable, non dans les cieux, mais sur la terre. Durant des millénaires les femmes (et les hommes) savaient au travers de leur expérience quotidienne que donner la vie c’était non seulement mettre la sienne en jeu, mais aussi offrir la mort comme <i>télos</i>. Aussi les hommes inventèrent-ils divers discours qui leur offraient des horizons céruléens ou chtoniens pour légitimer une vie dans l’au-delà leur vie : eschatologie juive, chrétienne, musulmane, gnostique, zoroastrienne, métempsychose indienne, totémisme ou culte des ancêtres observant les vivants depuis un quelconque au-delà, le mystère d’une autre vie offrait un espoir de survie spirituelle sous diverses incarnations à la non finitude de l’âme ou de l’esprit. Or, en moins d’un siècle l’homme occidental d’abord, puis au-delà l’homme du monde, s’est convaincu que la mort n’était qu’un accident fâcheux qu’il faut éviter à tout prix par tous les artifices scientifiques et scéniques possibles. C’est cela le sens de la lutte contre les limites propres à la nature biologique de l’homme (comme de tous les mammifères) qui est devenue le but du progrès technoscientifique médical. Maîtrise de la fécondité féminine, lutte contre la stérilité féminine et masculine, transplantations d’organes, transformation des sexes, éternisation d’une formule génétique par le clonage et intervention au cœur même de la vie dans le génome. L’homme est ainsi devenu le réel centre du monde dans et par la technique qui en a fait son propre démiurge.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Et puis, soudain, un méchant virus est venu détruire son rêve d’éternité potentielle. Malgré la pauvreté de certains qui rêvaient d’abondance comme les riches, brusquement l’homme hypermoderne, l’homme de la globalisation accomplie et de la mondialisation heureuse redécouvre que la mort est sa voisine, qu’elle le guette au coin de l’escalier, dans l’ascenseur, dans les rayons des magasins, au bureau, dans les transports en commun, en parlant avec un voisin, un employé, bref que la mort rode partout, elle est ici et là, sans frontière. Devant cet implacable et foudroyant danger dont la pharmacopée est hasardeuse, l’homme de l’hypermodernité est perdu, égaré, impréparé matériellement et surtout spirituellement. Dès lors la tragédie, car il s’agit d’une tragédie puisque l’issue est la mort que l’on peut prévoir, n’est plus une figure de l’histoire de la philosophie ou de la littérature pour les uns, des feuilletons populaires ou des soirées mondaines pour les autres. Le tragique est présent, il tient de l’expérience existentielle quotidienne de tous. Et sachant que ce type de virus, comme celui de la grippe aviaire ou de SAR 2 est lié aux élevages gigantesques d’animaux domestiques pour la consommation de viande, il semble donc maintenant que la nature violée se venge en permanence. L’homme hypermoderne ayant perdu sa boussole humaine, c’est-à-dire la conscience permanente de sa finitude, il ne sait plus comment s’orienter dans la pensée et l’agir hormis en errant dans une « société du spectacle intégré de la marchandise » (Debord) qui aujourd’hui lui est déniée… Confiné, seul chez lui, plongé dans la plus mortifère des angoisses, il ne lui reste plus qu’à méditer sur la hideuse cupidité qui mène la danse macabre de la marchandise.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Oui le tragique est là, devant nous, chaque jour, à chaque heure, tandis que sur tous les plateaux de télévision nous voyons de ridicules spécialistes scientifiques et sociologiques, et de grotesques hommes politiques qui s’écharpent comme de vulgaires marchands forains, incapables de donner aux hommes quelques paroles de consolation. Ils n’offrent plus rien qui peut consoler les vivants, pas même pour les plus célèbres d’entre eux. <i>Sic transit gloria mundi</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Claude Karnoouh,<o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bucarest le 31 mars 2020<o:p></o:p></span></div>
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Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-47268361054672548592020-03-03T01:46:00.001+02:002020-03-17T16:48:08.208+02:00Une pensée philosophique de la guerre ou l’homme comme être-pour-la-guerre (Sein-für-Krieg)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<b>Une pensée philosophique de la guerre ou l’homme comme être-pour-la-guerre (<i>Sein-zur-Krieg</i>)<o:p></o:p></b></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<i>Crudelis ubique/Luctus, ubique pavor et<o:p></o:p></i></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<i>Plurima mortis imago.</i><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
Virgile, <i>Enéide</i>, 2, 368 sq.<o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
En cette année du centenaire de la fin de la Première mondiale nous avons eu un déferlement de livres d’histoire et de documents colligés venus allonger les kilomètres de rayons de bibliothèques qui en étaient déjà bien pourvues. Cette surabondance de documentation a-t-elle apporté une meilleure intelligence à cette effroyable boucherie qui a entraîné les hommes sous la conduite de chefs politiques et militaires à se sacrifier et à sacrifier des vies sans compter ? Je ne le pense guère ! Mais afin de remémorer la banale réalité aux lecteurs contemporains enthousiastes d’exploits militaires voici les chiffres que donne <i>Wikipedia</i> pour la première bataille de la Somme, il y a de quoi avoir froid dans le dos :<br />
<br />
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: "times new roman" , serif; font-size: 9pt;">« La première bataille de la Somme est l'une des batailles les plus meurtrières de l'histoire (hors victimes civiles) avec, pour les belligérants (anglais, canadiens, français, allemands) environ 1 060 000 victimes, dont environ 442 000 morts ou disparus. Pour la Première Guerre mondiale, dans ce sinistre classement, elle se place derrière l’offensive Broussilov, qui s'est déroulée sur le </span><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 9pt;">front de l’est en Galicie (Russes, Austro-hongrois, Allemands), mais devant Verdun (718.000 morts et blessés pour les deux camps)<span style="background-color: white; color: #222222;">. Le premier juillet 1916, lors de la première journée de la bataille de la Somme, fut, pour l'armée britannique, une véritable catastrophe, avec 58 000 soldats mis hors de combat, dont 19 240 morts ».<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; color: #222222; font-family: "times new roman" , serif; font-size: 9pt;">Pour mémoire, à l’intention de ceux qui l’auraient perdue, rappelons que l’offensive du général Broussilov en Galicie (4 juin-20 septembre 1916) s’est soldée par des pertes mesurées entre 1,5 million et 2,3 millions de victimes pour l’ensemble des troupes russes et germano-austro-hongroises !<a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="color: #222222; font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a></span><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 12pt;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; color: #222222;">Il ne sert à rien de développer plus avant, ces chiffres parlent d’eux-mêmes si l’on y adjoint les innovations techniques des armes mises au travail pour une superproduction de la mort pendant ce conflit : la mitrailleuse, l’artillerie légère et lourde à tir rapide par la maîtrise du recul, les gaz de combats, et l’aviation, moins pour les batailles aériennes, certes spectaculaires mais non décisives, que pour les reconnaissances précises des positions des adversaires et les premiers bombardements aériens des positions militaires et civiles. Après plus d’un siècle pendant lequel les grands pays d’Europe déployèrent la rationalité kantienne contre les préjugés archaïques et l’obscurantisme des « vérités révélées » tant dans l’ordre de la pensée politique (le concert « harmonieux » des nations) que dans celui de la pensée scientifique et technique, le continent de la Raison pratique et transcendante mit en scène le plus effroyable des conflits connu depuis la fin de la guerre de Trente ans et le traité de Westphalie. Certes, entre temps, l’Europe avait connu des batailles d’une violence extrême qui surprirent les contemporains : Eylau et ses quarante mille français morts et blessés, Borodino avec des pertes de soixante-dix-sept mille hommes et Leipzig avec ses quatre-vingt-douze mille morts en trois jours pour les deux camps paraissent faibles en chiffres et en temps comparées aux batailles de la Somme, de Verdun, de la Galicie, de la campagne de Roumanie. L’Idéal kantien d’un « projet pour une paix perpétuelle » possible entre des hommes raisonnables s’était éteint l’été 1914 dans la blondeur des champs de blé mûr de l’Est de la France, à l’horizon infini des grandes plaines d’Europe de l’Est et au milieu des prairies fleuries, en pleine fenaison sur les contreforts des Carpates. Malgré les plaidoyers des pacifistes, de l’Église catholique ou simplement de quelques hommes de lettres de bon vouloir, rien n’arrêta la mortelle marche triomphale de la volonté de puissance du capitalisme impérial mêlée à un nationalisme territorial déchaîné, le tout conduit par l’entéléchie propre au développement et à l’extension de la modernité techno-scientifique. Au-delà des usines et des politiques commerciales d’exportation, la modernité avait étendu son <i>hybris</i> aux combats devenus ces <i>Orages d’acier</i> qui déchiquetèrent tant de corps dans leur pleine jeunesse.</span><a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; color: #222222;"> Aussi dès le milieu du conflit, au-delà des hymnes à la gloires des vainqueurs et des anathèmes lancés à l’encontre des perdants, est-il aisé de constater l’émergence de quelque chose de neuf. Quelque chose d’inédit était advenu à la conscience des combattants au fond des tranchées du front occidental, sur les pics élevés des Alpes italo-autrichiennes, dans les mouvements de troupes au milieu de la plaine galicienne. Un nouveau type de combattant était né, un nouveau dispositif de production du matériel s’était mis en place, une nouveau type de chaîne de commandement s’était déployé. Un <i>continuum</i> structurel et institutionnel traversait le champ de bataille et l’arrière réunissant l’armée en campagne à la société industrielle des producteurs. Jadis, Napoléon, après la terrible bataille des Nations à Leipzig 1813, avait perdu par manque d’hommes (les Français étaient 195.000 et épuisés par la retraite de Russie, les Alliés, 330.000), mais, en dépit de la propagande allemande <i>post-factum</i> du coup de poignard dans le dos donné à l’armée par les grévistes, c’est bien le blocus des ports allemands qui a fini par vaincre l’empire germanique : le manque de matières premières pour fabriquer du matériel de guerre en quantité toujours plus grande et les vivres pour nourrir soldats et civils. Ernst Jünger dans son célèbre récit <i>Orages d’acier</i> et dans ses carnets de guerre le remarque dès 1917 tant à propos de l’artillerie lourde britannique que de l’aviation alliée ; sur le front de la Somme dit-il en substance, les alliés sont capables non seulement de remplacer le matériel perdu, mais d’en augmenter la quantité jetée sur le champ de bataille. Ainsi ce n’est plus comme naguère la quantité, la discipline, le courage et la motivation des hommes qui décident seulement de la victoire, même si ce courage existe toujours, et parfois à un très haut niveau d’engagement, ce qui décide en dernière instance ce sont la technique et la gestion programmatique des moyens de production : la prévision, les capacités d’approvisionnement et les finances. C’est pourquoi dorénavant le combattant n’est plus seulement au front, mais simultanément à l’arrière, dans les usines, les ateliers de recherche mécanique, les laboratoires de chimie, en bref, dans les lieux où s’élaborent les théories scientifiques et leur applications. Le combattant n’est plus un valeureux guerrier, mais un soldat pris dans un vaste organigramme de spécialistes qui, chacun à son niveau de compétence, actionnent des machines fabriquées à l’arrière, tant et si bien que l’ouvrier et l’ouvrière sont aussi dans leur spécialité des soldats. La société civile s’est militarisée et l’ordre militaire s’est industrialisé sous la tutelle de l’État. La guerre devenue industrielle s’est totalisée en mobilisant l’ensemble de la société plongée dans la tornade de la <i>Totalmobilmarhun</i>g. Dorénavant soldats comme ouvriers ne sont plus que les rouages d’une gigantesque industrie de mort. En définitive, soldat et ouvrier adjointés ne composent plus qu’une seule est même forme (<i>Geschtal</i>), celle du Travailleur (<i>Die Arbeiter</i>) selon la remarquable phénoménologie qu’en donna Jünger en 1931.</span><a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; color: #222222;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; color: #222222;">Ainsi, pendant les quatre ans et trois mois que dura ce conflit aux pertes humaines, matérielles et financières immenses, un monde nouveau naquit que les philosophes n’avaient pas prévu. D’un côté la guerre scella la fin de la suprématie économique et politique mondiale de l’Europe, remplacée par les États-Unis, de l’autre, par la conscription générale, elle mit en œuvre la monté en puissance des mouvements de masses, lesquels furent le terreau sur lequel s’enracinèrent des mouvements d’opinions et de forces politiques de type totalitaire des années1920-1945.</span><a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; color: #222222;"> En effet, pour satisfaire leur ambitions nationalistes et impérialistes les gouvernements issus des démocraties libérales classiques du XIXe siècle avaient fait appel aux masses populaires, les avaient armées y compris les plus déshéritées, avaient simultanément et massivement mobilisé les femmes dans les usines, si bien qu’à la fin des hostilités on ne se pouvait plus faire comme si rien ne s’était passé, on ne pouvait plus recommencer la gestion des hommes comme avant. Les survivants voulaient du neuf, du travail, du bien-être, de la protection sociale, sanitaire, scolaire, bref, une répartition plus juste et équitable des fruits du travail. C’est ce à quoi dans des pays ruinés par la guerre répondirent les masses sous diverses formes tant dans l’Italie fasciste que dans la Russie communiste ou dans l’Allemagne hitlérienne</span><a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; color: #222222;"> en instaurant un contrôle étendu des masses voulu par les masses y compris par ceux qui luttaient contre un totalitarisme au nom d’un autre principe totalitaire. Ce qui s’était montré efficace pendant la guerre entre 1914 et 1918 devenait peu à peu la réalité quotidienne générale : pour faire de la puissance dans la modernité il faut une organisation militaire des masses ouvrières et militaires.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; color: #222222;">A la lumière des événements actuels en Europe, mais aussi de ceux qui apparaissent dans le monde en permanent expansion du capitalisme mondialiste, on peut signaler, comme l’annonçait déjà Gérard Granel dans son célèbre essai, que « Les années trente sont devant nous »</span><a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; color: #222222;">. Aussi ces années trente nous apparaissent-elles aujourd’hui comme la protohistoire de notre contemporanéité. C’est parce que ces années trente furent précédées d’une guerre industrielle totale qui exigea une gestion totale des hommes militaires et civils, une gestion sans pitié et sans pardon pour leurs faiblesses « humaines trop humaines » où se dévoila l’essence humaine de l’homme, l’Être-pour-la-guerre, <i>Das</i> <i>Sein-für-Krieg</i>. Cette guerre apparut alors comme la prémisse du totalitarisme à venir. Ce ne sont pas les injustices et les inconséquences aveugles de Versailles comme l’affirmèrent des réformistes comme Keynes qui ont engendré les pouvoirs totalitaires de l’Entre-deux-guerres, mais bien l’essence totalitaire du déploiement de la guerre comme la guerre elle-même. Il faut nous rendre à l’évidence et l’admettre même si cela choque les idéalistes de tous bords, rien moins que la guerre totale pour engendrer le totalitarisme sociétal. Et si avec un peu de courage intellectuel nous eussions poursuivi la réflexion de Gérard Granel nous eussions constaté sans efforts surhumains combien ce qui a suivi dans le monde, dans tout le monde, représente autant de moments de totalitarismes durs ou softs selon les circonstances qui dominent ici et là la scène politique. C’est pourquoi les considérations humanistes ne sont que des fables enfantines pour <i>il pensiero debole</i>, car bien plus que l’exploitation de l’homme par l’homme comme moteur de l’histoire, je pense dorénavant que c’est bien l’extermination de l’homme par l’homme qui, en dernière instance, en est le fondement ontologique et l’expression ontique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; color: #222222;">Claude Karnoouh<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; color: #222222;">Bucarest février 2019<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div>
<br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "times new roman" , serif;"> Entre l’entrée en guerre de la Roumanie août 1916 et la fin de 1918, pour une population d’environ dix millions d’habitants, la Roumanie perdit : <span style="background-color: white; color: #222222;">1 300 000 soldats blessés et 700 000 tués, soit 20% de sa population. Le plus fort pourcentage de tous les belligérants !</span><o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn2">
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "times new roman" , serif; font-size: 9pt;"> </span><span style="font-family: "times new roman" , serif;">Allusion au journal de guerre d’Ernst Jünger, <i>i<span style="color: #222222;">n Stahlgewittern</span></i><span style="color: #222222;">.<o:p></o:p></span></span></div>
</div>
<div id="ftn3">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a> <i>Der Arbeiter</i>, Berlin, 1931. Quelque année auparavant le film de Fritz Lang, <i>Metropolis</i> illustra parfaitement les travailleurs comme armée du travail, Berlin, 1927.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a> Il faudrait ajouter, et ce serait l’objet d’un autre essai, que cette guerre, où les Alliés jetèrent dans le champ de bataille des masses d’hommes venus de leurs colonies, fut le terreau des grands mouvements de libération nationale qui triompheront après la Seconde-Guerre-mondiale.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn5">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a> Je rappelle simplement pour mémoire des sous-produits de ces vaste mouvements historiques, la Pologne du Colonel Beck, la Hongrie horthyste, la Roumanie de la dictature carliste puis légionnaire, la Turquie d’Ataturk.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn6">
<div class="Times" style="font-family: Times; font-size: 10pt; line-height: 16pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<a href="applewebdata://35018DAE-7BB0-457D-B9CB-075297784142#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a> <span style="font-family: "times new roman" , serif;">Gérard Granel, <i>Études</i>, Éditions Galilée, 1995, p. 71-74.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-56516557416781929322019-06-19T11:51:00.000+03:002019-06-19T12:25:57.054+03:00Éthique et médecine au présent, un aspect du nihilisme moderne<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<b>Éthique et médecine au présent, un aspect du nihilisme moderne</b><a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftn1" name="_ftnref1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><b><span style="font-size: 9pt;">*</span></b></span></a><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<span lang="EN-US">« The world is too much with us</span><span lang="EN-US">; late and soon, Getting and spending, we lay waste our powers; – Little we see in Nature that is ours; We have given our hearts away, a sordid boon!”<o:p></o:p></span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<span lang="EN-US">William Wordsworth, 1807<o:p></o:p></span></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Aujourd’hui nul ne peut parler sérieusement de médecine sans l’aborder par la problématique de la technoscience tant ce très ancien<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftn2" name="_ftnref2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a>« art » de guérir a subi au XIXème siècle une transformation radicale, devenant l’une branche des sciences appliquées issues de la biologie générale, de la biologie moléculaire, de la chimie, des neurosciences, de la micro-informatique, de l’électronique, de la physique des solides, de la physique nucléaire.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Deux informations récentes ont, une fois encore, appelé mon attention sur l’aspect extrême des ultimes innovations scientifiques de la médecine.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
1) Un laboratoire de médecine expérimentale chinois a réalisé des jumeaux humains par le clonage d’un embryon.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
2) Des laboratoires étasuniens de robotique et de neurosciences ont mis au point des implants cervicaux nano-microscopiques qui selon des programmes préétablis dont ils seront chargés au préalable, feront agir le sujet sur ordre sans que celui-ci y perçoive la volonté d’un agent extérieur, au contraire, il percevra son action comme venant de sa propre initiative, produite par sa propre décision.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
En lisant ces informations je me suis rappelé des scènes brossées dans des romans de science-fiction à portée philosophique, plus précisément à <i>Brave New World </i>d’Huxley et à <i>1984 </i>d’Orwell.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
On le remarque d’emblée, dans les deux cas choisis, qu’il s’agit, une fois encore, de lutter contre la nature en contrôlant son déroulement normal, c’est-à-dire celui instauré comme telle dès l’origine de la vie, non seulement de l’espèce humaine, mais au moins de tous les mammifères. Dans le premier cas on modifie de fond en combles le procédé naturel de reproduction en intervenant au cœur même du processus de division cellulaire, dans l’autre ont s’approprie des processus de décision spécifiques à la conscience humaine. Que le décours de la reproduction naturelle d’une part et la conscientisation de soi par rapport au monde extérieur soit le fait d’un créateur incréé ou d’un quelconque big-bang physico-chimique cela n’a aucune importance, c’est toujours contre la nature que ces travaux exemplaires de la modernité s’instaure.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Déjà au milieu du XXe siècle nous avions de nombreux exemples de cette lutte acharnée contre la nature où la médecine grâce à la biologie moléculaire et la chimie eurent un rôle décisif dans la mutation radicale des comportements humains. Ainsi la pilule contraceptive pour les femmes et maintenant pour les hommes a entrainé une transformation totale des comportements humains vis-à-vis de la procréation (au moins dans les sociétés technologiquement avancées), des relations sexuelles et en conséquence de l’érotisme, de l’interdit, du prohibé, du tabou, et de manière plus générale de la séduction. Présentement, l’enfant n’est plus une fatalité du corps féminin, car plus encore que l’avortement pratiqué de très longue date et par les populations les plus primitives, la pilule permet de manière bien plus précise d’élaborer des choix de vie, que ce soit dans le cadre de stratégies professionnelles comme dans l’organisation de la vie quotidienne en sa totalité. On remarquera qu’en Europe toutes ces avancées des technologies biologiques et chimiques (qui impliquent tout autant la médecine vétérinaire) sont concomitantes et liées à la fin de la civilisation paysanne, à l’effondrement de la religiosité et des traditions populaires, lesquelles ont été et sont largement réifiées et pétrifiées dans les musées paysans et les spectacles théâtraux <i>ad hoc</i>. Avec les puces et les nano-implants nous voyons se profiler la fin de l’autonomie de la pensée autonome pour une majorité d’hommes et de femmes, et la mise en place d’une nouvelle forme d’esclavage, d’un esclavage totalement consenti car insaisissable comme aliénation par une conscience préprogrammée… Dès lors il ne sera plus question de la <i>Servitude volontaire</i>(La Boëtie) imposée par le tyran grâce à lâcheté humaine, servitude toujours porteuse de culpabilité et de révolte du fait de la conscience malheureuse, mais, <i>a contrario</i>, d’une servitude heureuse car issue de la conscience de soi pour soi ! Voilà qui donne une dimension nouvelle à la biopolitique, laquelle, pour le dire aux semi-doctes, n’est pas née de la plume de Foucault, mais, longtemps avant, de celle de Platon (précisément le penseur à l’origine de la modernité selon Heidegger).<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftn3" name="_ftnref3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a>Certes, cette lutte contre la nature ne date pas d’hier, on peut en situer l’origine depuis que l’homme a commencé à domestiquer les animaux et les plantes, et à sélectionner les espèces en fonction de ses besoins, c’est-à-dire depuis la révolution néolithique et la sédentarisation des chasseurs-cueilleurs. Mais de manière plus essentielle c’est l’intervention de la science en tant qu’expérimentation systématiquement calculée qui en a changé le mode opératoire et donne aujourd’hui des résultats non seulement spectaculaires, mais à proprement parlé inouïs : les changements de sexes chez les hommes et les femmes, les manipulations génétiques sur les plantes, les animaux et les hommes, la construction d’humanoïdes dotés d’une intelligence artificielle répondant aux situations aléatoires qu’ils rencontrent sont autant d’exemples pertinents. Ce sont ces prouesses technologiques qui permettent par exemple le développement de la théorie du genre parce que leurs résultats offre la possibilité de critiquer toutes les différences jadis attribuées au culturel et non à la nature biologique donnée des êtres vivants (en effet, en son écrasante majorité la vie des animaux supérieurs est le résultat du croisement de deux sexes différents !). Cette lutte contre la nature entraînant une conception hyper-individualiste de la liberté où chacun serait le maître du choix de son sexe quel qu’il soit à sa naissance ; hyper-individualisme qui correspondrait par ailleurs à la théorie politiquo-économique de l’hyper-libéralisme techno-capitaliste, la nouvelle synthèse du mondialisme entre l’économie proposée par Milton Friedman, la théorie génétique et la biologie moléculaire.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Or, il faut en convenir, lutter contre l’état naturel du vivant c’est lutter contre ce qui avait été donné dès l’origine à l’homme comme un état intangible. « C’est la vie ! » disaient jadis les paysans archaïques face à la mort, c’est-à-dire c’est le décours normal du devenir inscrit dans l’éternité de la vie des hommes en société. <i>A contrario</i>, il suffit d’observer comment les sociétés humaines les plus modernes repoussent la mort comme fatalité insupportable, que dis-je, dans certains cas comme aux États-Unis en tant que destin obscène, et, en conséquence, comment elles cherchent dans toutes sortes de découvertes scientifiques les moyens de différer, de congédier <i>sine die</i>la mort, voire même de ressusciter la personne ou l’animal par clonage de son ADN après un séjour cryogénique, pour percevoir l’ampleur de la mutation spirituelle engendrée par de notre modernité. Lutter contre l’intangibilité des valeurs d’une société humaine, c’est, de fait, lutter contre les panthéons spirituels que les hommes avaient élaborés pour donner sens simultanément à l’éternité groupe et à la fragilité mondaine de l’individu. Ainsi l’éternité des Grecs se nommait la <i>physis</i>que nous trahirions si nous le traduisions par « nature » puisque selon Aristote elle comprend aussi la <i>Polis</i>entourée de ses champs, de ses forêts, de ses plaines et de ses montagnes domaines des dieux, des demi-dieux, des nymphes et des satyres avec leur théâtre grotesque ou tragique. Comme anthropologue, et pour agrémenter d’une touche d’exotisme cet essai, je me permets de signaler que les Dayak de Bornéo ne pensent pas différemment lorsqu’ils refusent de très consistantes sommes d’argent de la part des industriels du bois malaysiens qui cherchent à s’approprier les essences précieuses de leurs forêts primaires. Ils avancent qu’ils ne peuvent vendre la forêt puisqu’elle est le lieu de résidence des esprits de leurs ancêtres avec lesquels ils entretiennent répétitivement un long commerce mémoriel et cérémoniel. Récemment aux États-Unis des Indiens Sioux ont refusé le passage sur les terres de leur réserve d’un pipe-line de pétrole parce qu’il traversait des terres sacrées où reposent leur ancêtres et, qu’on ne peut attenter à l’espace des morts sous peine de grands châtiments. Je pourrais multiplier ainsi les exemples des peuples primitifs pour qui les valeurs transcendantes sont véritablement transcendantes, intouchées par l’agir humain sublunaire.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Dans l’Europe chrétienne médiévale si les forêts abritaient encore des fées et des elfes, l’illimité de l’exploitation de la nature était encouragé et légitimé par la Bible qui enjoint aux hommes de l’exploiter et de proliférer. Toutefois en ces temps on ne travaillait pas le dimanche et ni lors des jours fériés en grand nombre. J’ai encore trouvé cet état dans les campagnes roumaines, voire en ville dans les années 1970. Les théologiens médiévaux comme Albert le Grand ou Saint Thomas d’Aquin avaient démontré l’inanité du prêt à intérêt parce que précisément l’intérêt court (travaille) les jours chômés qui doivent être impérativement voués à la prière, à Dieu, au Christ, à la Vierge et aux saints. Or qu’est-ce l’intangibilité des valeurs qu’elle soit spatiale chez les Grecs ou temporelle chez les Chrétiens ? Qu’elle est la qualité essentielle de ces référents qui se présentent comme immuables et invariants ? En langage philosophique on les appelle des valeurs transcendantes, des valeurs qui dépassent toutes autres actions ou justifications mondaines. Cependant lorsqu’on regarde l’histoire humaine depuis quelques bons siècles nous constatons que ces valeurs ont partout volé en éclat, dussent-elles parfois soutenir des combats d’arrière-garde aussi violents que vains pour en maintenir la vérité. Quoi qu’il en fût, au bout d’un temps, les résultats furent toujours les mêmes, ces valeurs intangibles cédèrent face à la modernité technique, à l’efficacité pratiques des applications, au confort qu’elles pouvaient apporter, mais aussi aux violences mortelles qu’elles impliquaient, aux victoires militaires totales qu’elles étaient sensées préparer. Cet effacement plus ou moins lent, plus ou moins rapide des valeurs transcendantes touche toutes les activités humaine, l’industrie et l’enseignement, l’ingénierie et… la médecine dans son rapport de plus en plus intime à la technoscience. Parmi ces valeurs l’éthique prétendue intangible occupe une place essentielle en ce que ses concepts voudraient imposer à la politique, mieux, quand elle se veut elle-même politique fondée sur l’antique dichotomie légal / légitime, où le légitime représente le moral.<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftn4" name="_ftnref4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a>Dès l’advenue de l’expérimentation scientifique la médecine s’est confrontée aux valeurs transcendantes, depuis la dissection jusqu’aux toutes récentes expérimentations sur l’embryon humain (pour l’animal la chose est admise depuis plus d’un demi-siècle).<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
En effet, s’il y a des limites intangibles aux pratiques expérimentales (la théorie pose moins de problème puisque Copernic pu exposer son système théorique sans subir les critiques de l’Église alors que Galileo, l’expérimentateur, dut en subir les foudres !), les résultats qui épistémologiquement appellent au dépassement pour prouver le bien-fondé de la théorie s’en trouveraient bloqués. Or la science fonctionne toujours dans le cadre d’une dynamique du dépassement, mais d’un dépassement non dialectique, d’un dépassement arithmétique, géométrique ou exponentiel. Alors la médecine devenue de plus en plus scientifique, de plus en plus liée aux science expérimentales les plus en pointe est contrainte d’outrepasser les limites éthiques que la société, au travers de ses lois morales ou de ses institutions, lui avait imposées. Comme toutes les sciences expérimentales, il faut qu’à chacun de ses pas en avant la médecine justifie l’outrepassement qu’elle s’était interdit auparavant quand l’au-delà avait été envisagé comme infranchissable, immoral (illégitime), inacceptable par le Demos, le socius, la collectivité. A l’usage on constate qu’aucune morale ne peut arrêter cette fuite en avant, en ce que les inductions et les déductions théoriques venues de la pratique ne peuvent être vérifier que par cet outrepassement. En conséquence se trouvait bouleversée de plus en plus violemment et rapidement notre relation au vivant, laquelle n’était plus la source d’un émerveillement divin comme le percevait encore Saint François d’Assise devant les oiseaux, mais l’artefact d’un pur objet d’expérience. Ainsi en est-il du corps humain pour la médecine.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Finalement pour que la science avance il lui faut repousser sans cesse, <i>ad infinitum</i>, les limites des valeurs éthiques qui en bloquaient la marche. Déjà Aristote l’avait entrevu quand il écrivait (<i>Politiques</i>) que l’infini ne doit pas commander aux hommes. Or justement la science construit le possible de ses objectivations comme l’infiniment indéterminé <i>a priori</i>, comme l’illimité (<i>apeiron</i>des Grecs) ou si l’on veut en termes kantien comme les conditions de possibilités illimitées de l’objectivation. Quels sont donc ces champs de l’activité humaine qui non seulement travaillent dans l’illimité, mais dont l’illimité est l’essence (<i>Wesen</i>) même de leur devenir : la techno-science et l’économie, ce que Heidegger désigne comme Arraisonnement ou Dispositif (<i>Ge-stell</i>), métaphysique de la modernité technique. La première invoque le progrès scientifique, la seconde le progrès économique et social. D’où une conséquence évidente : l’ensemble que l’on peut nommer sans erreur le progrès techno-économique ne supporte, au bout du compte, aucune limite qui entraverait son <i>perpetuum mobile</i>. Plus précisément, c’est par la permanente destruction des valeurs, et en particuliers des valeurs éthiques que le progrès techno-économique peut s’avancer dans son inexorable marche triomphante. Aussi dans cette synergie de destructions et de reconstructions permanentes les valeurs éthiques en mutation sont-elles le trait caractéristique de la civilisation européenne au moins depuis la fin du Moyen-âge occidental et la découverte de l’Amérique.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Détruire sans cesse pour reconstruire et détruire à nouveau, c’est le mouvement même du monde que nous avons construit dès que les dieux grecs nous ont abandonnés et dont Nietzsche avait formulé l’empreinte philosophique. Il lui attribua un nom, <i>nihilisme</i>. Toutefois il convient de préciser, il ne s’agit pas du nihilisme des déshérités et ni de celui des terroristes politiques voulant la disparition du Tsar, ceux dont Dostoievski avait tracé le portrait dans <i>Les Possédés</i>. Le nihilisme dont il s’agit ici, c’est le nihilisme propre à la modernité, mieux encore, le nihilisme fondateur de la modernité, car sans nihilisme nous vivrions dans la tradition, or nous vivons dans l’innovation permanente et l’augmentation continuelle du nouveau, du produire, du consommer, du gagner-dépenser-détruire. Notre nihilisme c’est celui d’un trop-plein en permanente autodestruction. C’est lui qui donne sens au monde et imprime une interprétation a-morale du monde, parce que ses valeurs morales sont en permanente transformation, sont transitoires et éphémères (comme l’exposent certaines œuvres caractéristiques de l’art contemporain), et c’est pourquoi elles ne sont en fait si morales ni immorales, elles traduisent simplement une absence de morale, elles sont a-morales.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
A cette mise en évidence du nihilisme comme destin de la modernité sans foi ni loi transcendantes puisque sans cesse le déjà-établit se transforme, il convient d’ajouter l’élément qui engendre la mise en mouvement de l’illimité de la science. En effet pour sans cesse outrepasser les limites éthiques imposées pendant un temps à la recherche scientifique, il faut que le monde et nous-même puissions être le <i>topos</i>, l’espace-temps, d’une possible objectivation infinie. Au cœur de ce maelstrom nous sommes menés, que dis-je, nous sommes malmenés car nous sommes pensés par la volonté de puissance de l’objectivation qui, parce que justement elle est infinie, laisse toujours le champ ouvert à l’illimitation éthique. Dès lors à chaque moment le transcendant est bafoué, nié (ne nous a-t-on pas dis voilà quelques années que l’on ne toucherait pas aux embryons humains pour cloner ?), refoulé, repris, ré-agencé pour assumer et légitimer la transmutation des valeurs. « Car, et Nietzsche nous l’expose clairement, c’est ainsi que se déploie l’idéal de la puissance de l’homme du moderne, puissance de l’Esprit (la logique) et de la richesse qui sont destructeurs de la vie humaine authentique » (in <i>Extraits posthumes 1887</i>). Certes dans cette course sans fin à l’innovation on peut saisir tout à la fois, une fascination, un vertige, une hallucination, une névrose et un aveuglement qui me font songer à ce proverbe grec : « Dieu aveugle celui qu’il veut perdre », le Dieu ici étant la Raison dans la logique des propositions. Et c’est tellement patent que l’on discerne dans l’essence de cette poursuite fantasmatique ou infernale selon nos inclinations phénoménologiques, la vérité de l’enracinement de notre séjour dans le monde ou si l’on préfère le déploiement du <i>Das dasein</i>de l’homme moderne, pour le dire comme Heidegger, ou, traduit si on le peut, notre <i>être-le-là-dans-le-monde</i>de nos temps d’indigence éthique. Il faudrait donc rechercher l’origine de cette mutation de la pensée européenne qui nous a mené au nihilisme. Dans sa lutte contre l’<i>Aufklärung</i>, la tyrannie de la rationalité et l’empire de l’Esprit hégélien Nietzsche avançait l’hypothèse suivante : « La croyance dans les catégories de la raison est la cause du nihilisme » (Cf. divers passages de <i>Morgenrote</i>). Il ajoutait, ces catégories créent un monde imaginaire différent du monde réellement vécu par les gens, le véritable monde tragique des hommes dans leurs passions.<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftn5" name="_ftnref5" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a>S’il est une évidence de notre présent c’est bien la disparition de l’enchantement du monde. Enchantement du monde que l’on pouvait entendre comme la croyance vivante dans la parole chrétienne formulée par Tertullien dans le <i><span style="color: #222222;">De Carne Christi</span></i><span style="background-color: white; color: #222222;"> (c. 203-206), « </span><i><span style="color: #222222;">prorsus credibile est, quia ineptum est”</span></i><span style="background-color: white; color: #222222;">souvent rapporté par « <i>Credo quia absurdum</i> »</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Or du moment que l’on a commencé à démontrer l’existence de Dieu en termes logiques (Albert le Grand, Saint Thomas) on est entré dans un univers mental qui ébranle le transcendant merveilleux. La nouvelle manière d’assumer la foi eût pu proclamer : « Je crois parce que c’est rationnel ! » Dès lors que l’étape suivante s’est manifestée par l’interprétation du monde s’appuyant sur les calculs mathématiques (Descartes, Leibnitz), toute la nature, y compris l’homme, n’est plus que la somme d’objets potentiels de la connaissance scientifique infinie. C’est pourquoi la logique mathématique est donnée comme l’instrument unique de la connaissance totale, idéalement sans reste, même si ce « sans reste » réel est un fantasme sans cesse réactualisé en un nouvel objet. Aussi pour que cette puissance potentielle puisse se réaliser lui faut-il éliminer tout ce qui l’entrave, et plus précisément la morale, car la volonté de puissance qui l’habite n’a que faire de la morale, c’est vrai en politique, c’est aussi vrai dans les sciences. Or la médecine comme je le rappelais au début de cette conférence est devenue une science appliquée qui ne peut échapper à cette <i>energeia</i>et à son destin inexorable et inflexible : les Grecs l’appelaient une nécessité inaltérable, une fatalité implacable, l’<i>ananké</i>.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
C’est pourquoi on trouve des hommes tout-à-fait normaux qui peuvent envisager de déclencher le feu nucléaire pour imposer leur volonté de puissance ; c’est pourquoi on trouve quantités de chercheurs qui travaillent à inventer des armes plus mortelles les unes que les autres. C’est aussi pourquoi on trouvait jadis des médecins qui réalisaient des expériences et des mutilations sur des hommes dans des camps de concentration allemands, et naguère d’autres médecins, dans des pays démocratiques comme les États-Unis<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftn6" name="_ftnref6" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a>qui pratiquaient des expériences mortelles sur des hommes de couleurs ; il y a encore ceux qui depuis 1945 assistent des militaires qui torturent des prisonniers politiques comme ce fut le cas lors des dictatures militaires en Amérique du Sud. Certains nous diront que ce sont des cas extrêmes, toutefois ils sont suffisamment réels et fréquents pour être donnés comme exemples pertinents. Nous savons que les autorités étasuniennes comme celles de l’ancienne Union soviétique ou chinoises ont procédé à des expériences médicales sur des prisonniers de droit commun ou politiques sans que cela n’émeuve grand monde. Quant aux animaux nous voyons tous les jours la manière dont la production et l’expérimentation les traitent, comme de simples objets manipulés qui n’auraient ni sentiment ni douleurs pour les besoins de la science et de la production de masse.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Certains intellectuels sensibles se plaignent de la violence qui nous entoure, de la violence de la vie quotidienne dans nos sociétés, de la violence dans la manière de résoudre les divergences politiques et sociales. Mais leur surprise est à la hauteur de leur « sommeil dogmatique » pour parler comme Kant. S’ils avaient conscience du notre mode-à-être nihiliste dans le monde, ils comprendraient qu’y ayant fait sauté tous les verrous éthiques le monde ne fonctionne plus que sur le mode du désastre propre à démesure de la croissance maximum. L’<i>hybris</i>dont les Grecs avaient déjà saisi combien elle engendre l’aveuglement orgueilleux qui habite l’homme centré uniquement sur lui-même. Or qu’est-ce que l’orgueil de l’homme moderne si ce n’est cette inextinguible soif de connaissances et de produire pour laquelle il est prêt à tout détruite, y compris son propre sol, notre planète.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
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<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Dans un l’un de ses plus célèbres ouvrages, <i>Was heißt Denken</i> ?, le philosophe allemand Martin Heidegger écrit une phrase qui créa une surprise de taille et de vives polémiques de la part des rationalistes : « <i>Die Wissenschaft denkt nicht !</i> », « La science ne pense pas ! ». Une lecture superficielle avait trompé les lecteurs peu attentifs à la suite du texte. Le maître de Fribourg ne voulait pas dire que les scientifiques ne pensaient pas leurs recherches et leurs élaborations théoriques, il voulait signifier que la science ne pensait pas l’origine de ses conditions de possibilité. Or ces conditions de possibilité se tiennent dans l’a<i>peiron</i>et le nihilisme qu’il engendre.<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Claude Karnoouh, Bucarest le 3 juin 2019<o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div>
<br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 1pt;">
<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftnref1" name="_ftn1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">*</span></span></a><span style="font-size: 9pt;">Cet essai est le texte amendé et développé d’une conférence donnée le 5 juin 2019 à Craiova à l’occasion du XIème congrès national de stomatologie organisé par la faculté de médecine dentaire du 5 au 8 juin 2019. Je tiens à remercier ici Madame le Doyen de la faculté de médecine dentaire de l’Université de Médecine de Craiova, Madame Veronica Mercuț et mon collègue et ami le professeur de philosophie Ionel Bușe.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn2">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftnref2" name="_ftn2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a>Le premier traité de médecine trouvé en Égypte date de XXXe siècle avant J.C.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn3">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftnref3" name="_ftn3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></a>Cf., Peter Sloderdijk, <i>Regeln fûr den Menschenpark</i>, Frankfort am Main, 1999.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftnref4" name="_ftn4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></a>A cet égard rappelons <i>Antigone</i>et les débat du procès Eichmann rapportés par Hannah Arendt dans <i>Eichmann ou la banalité du mal</i>.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn5">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftnref5" name="_ftn5" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></a>Sur ce thème nietzschéen de l’irréalité de la logique et de la rationalité cf., Clément Rosset, <i>Le Réel et son double</i>, Paris, 1976.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn6">
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<a href="applewebdata://A9B3980C-7393-4D82-9B3C-35BA11298691#_ftnref6" name="_ftn6" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a><span style="font-size: 9pt;"><a href="https://atlantablackstar.com/2015/06/24/pentagon-admits-using-black-soldiers-human-guinea-pigs-wwii/?fbclid=IwAR2OnaDgH2NLlsio-2sxpz__B-qqMoVtvIA35S0q_vZgG2Ds3ejDJ6WWCq0" style="color: #954f72;">https://atlantablackstar.com/2015/06/24/pentagon-admits-using-black-soldiers-human-guinea-pigs-wwii/?fbclid=IwAR2OnaDgH2NLlsio-2sxpz__B-qqMoVtvIA35S0q_vZgG2Ds3ejDJ6WWCq0</a>.<o:p></o:p></span></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<i><span lang="EN-US" style="background-color: white; color: #222222; font-size: 9pt;">Black enlisted men were used as human guinea pigs in chemical experiments during World War II—not by Nazi Germany, but by Uncle Sam</span></i><span lang="EN-US" style="background-color: white; color: #222222; font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 9pt;">.</span><span lang="EN-US" style="font-size: 9pt;"><o:p></o:p></span><br />
<span lang="EN-US" style="background-color: white; color: #222222; font-family: "arial" , sans-serif; font-size: 9pt;">Cf., aussi... </span><span style="font-size: 10pt; text-indent: 0cm;">https://www.bvoltaire.fr/intelligence-artificielle-vers-une-medecine-sans-humanite/?mc_cid=abcaeedea1&mc_eid=8c196957a5</span></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-43110215737990805252019-02-27T00:34:00.002+02:002019-02-27T00:34:57.179+02:00Brèves remarques sur l’antipolitique en Roumanie : à propos des manifestations de janvier 2018 à Bucarest<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<b>Brèves remarques sur l’antipolitique en Roumanie : à propos des manifestations de janvier 2018 à Bucarest<o:p></o:p></b></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Elles arrivent avec une régularité quasi mécanique pendant le mois de janvier de chaque année, les manifestations de rue contre tout gouvernement issu du parti social-démocrate (PSD). Est-ce parce que des lois ou décrets votés fin décembre choquent une partie des salariés qui laissent passer les joyeusetés des fêtes de fin d’années pour agir ? Est-ce parce que les rancœurs accumulées tout au long de l’année peuvent s’exprimer plus librement après les agapes des réveillons ? Je ne saurais le dire précisément, mais le fait est là, régulier comme un métronome, janvier arrive, le temps des manifestations est alors venu.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Cette année n’y a pas échappé, et on a vu le samedi 19 janvier au soir à Bucarest une masse de plus de 50.000 personnes occuper la Place de l’Université puis la place de la Constitution. Devant eux un double cordon de gendarmes plutôt bon enfant malgré quelques dérapages ici et là, mais rien de comparable à la violence de la police française, allemande ou italienne quand elles sont confrontées à de semblables événements. Faut-il le dire au risque de choquer les bons sentiments de certains en Roumanie, la gendarmerie roumaine fait preuve d’une retenue démocratique que nous aimerions rencontrer en France ou en Italie lors de manifestations autorisées !<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Quel est l’enjeu du mouvement <i>Rezist</i>monté sur les réseaux de socialisation par des anonymes sans aucune direction politique apparente ? Il s’agirait de la lutte contre la corruption dont le PSD serait le seul représentant et bénéficiaire avec son allié ALDE. A priori, cela se confirmerait si l’on regarde dans un temps très court, depuis l’an passé, depuis que les gouvernements se succèdent après l’ordonnance n° 13 sur l’amnistie des représentants politiques coupables de corruption, puis aujourd’hui avec les nouvelles impositions en baisse pour les voitures de grosses cylindrée et en hausse pour les voitures de petites cylindrée, le nouveau code des impôts pour les professions libérales (qui touche nombre d’acteurs culturels <i>free lance</i>dont beaucoup vivent à la limite de la pauvreté), l’amnistie pour les entrepreneurs immobiliers en tant que personne physique qui n’auraient pas payer leurs impôts sur les constructions nouvelles. Mais l’opposition, le PNL et l’USR, sur certains points importants, comme le dernier, ont voté avec le PSD ! De plus la corruption politique en Roumanie est une plaie récurrente aussi vieille que la naissance de la Roumanie moderne (sauf peut-être pendant la période authentiquement stalinienne de Gheorghiu Dej) déjà dénoncé par le poète-journaliste Mihai Eminescu à la fin du XIXe siècle et, au début du XXe siècle par le plus important homme de théâtre, le très génial Caragiale, sans compter les nombreux reportages de journalistes étrangers pendant l’Entre-deux-guerres. Toutefois, parmi les « bonnes âmes » qui dénoncent la corruption et hurlent pour une société pure, combien sont-elles qui n’ont pas pratiqué à leur échelle la corruption pour des avantages. Combien sont-elles qui emploient une bonne ou une femme de ménage en la déclarant officiellement ? Combien sont-elles celles qui font travailler au noir nombre d’artisans ? Combien parmi les professeurs qui donnent des leçons particulières aux enfants et aux adolescents déclarent-ils aux impôts ces revenus supplémentaires ? Combien parmi les manifestants sont-ils à n’avoir jamais donné un bakchich à un médecin, une infirmière, un employé quelconque ?« Que celui<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"> d'entre vous </span>qui n'a jamais péché lui jette la première pierre<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"> » (Jean 8,7).</span>Car les gouvernements et les types de pouvoir ont quelque chose à voir avec la culture socio-politique d’un peuple, parce que ce sont les comparaisons superficielles et les schémas de politologie qui unifient les cultures oubliant justement cette caractéristique de l’espèce humaine dans sa diversité linguistique, la différence culturelle, c’est-à-dire la diversité des rapports au monde parmi les peuples, y compris au monde politique. On ne peut par exemple comparer une administration centralisée comme celle de la France que l’on peut dater de la naissance de la monarchie absolue (et donc de la transcendance étatique supplantant le pouvoir religieux et qui mit quelques siècles à s’imposer), lorsque pour mettre fin aux guerres de religions le bon roi Henri le quatrième jeta à ses fidèles réformés sidérés, « Paris vaut bien une messe », justifiant ainsi son retour au catholicisme et, à la clef, la couronne de France, avec un pays dont l’accession à la modernité mimétique des élites, sans révolution populaire massive, date de 150 ans. C’est un fait avéré que les pays du Sud de l’Europe récemment modernes et unitaires sont tous marqués d’une corruption à tous les niveaux de la vie politique et administrative ! De ce point de vue l’opposition italienne entre le <i>Mezzogiorno</i>maffieux et le Nord germanisé en est l’exemple parfait. Aussi aucune manifestation de rue ne pourra-t-elle transformer cette culture de la corruption politique, sociale et administrative sans la discipline d’un enseignement dur et d’une éducation familiale qui malheureusement n’existe presque pas.<span style="background-color: white;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white;">Mais ce n’est pas tout, ce qui me frappe c’est, hormis le slogan affiché par Mihai Bumbes contre la politique néolibérale du PSD, tous les slogans qui dénoncent le PSD comme la « peste rouge ». Ces cris de « peste rouge » sont la preuve du délire de ces masse qui tient à la fois du déni de réalité pour les naïfs (et ils sont des milliers) et d’une manipulation sémantique évidente de la part des orchestrateurs de ces mobilisations. Quelle « peste rouge » dites-moi ? Seraient-ils des communistes ? Mais le programme du PSD est tout, sauf un programme politico-économique communiste, à preuve il veut présentement privatiser l’Hidrolectrica, l’un des derniers fleurons de l’industrie roumaine ! Le PSD serait-il de la même matière que le socialiste Corbin, le travailliste anglais ? Non, certes non. Ce parti est un mélange de mafieux du business local, les « barons », et de gens des services agissant dans le cadre d’un système de clientélisme dans les provinces appauvries par les thérapies de choc (les trois-quarts du pays) qui s’assurent leur réélection grâce aux prébendes et aux aides diverses qu’ils redistribuent quelque peu aux pauvres et qui contribuent à donner un peu de quoi survivre à des gens qui sans cela mourraient littéralement de faim. Dans un pays devenu un quasi désert industriel, dans un pays où plus une seule banque n’est propriété roumaine privée ou d’État, dans un pays où les remontrances de l’ambassadeur des États-Unis et du représentant de l’UE, véritables proconsuls, décident de la politique intérieure et étrangère, parler de « peste rouge » relève du fantasme d’intellectuels en mal de renom ou des délires de gens qui aurait fumé trop d’herbe. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white;">En Roumanie, il n’y a pas à proprement parler de gauche politique hormis de minuscules groupes d’intellectuels sans influence au-delà du centre où se trouvent les institutions universitaires des quelques grandes villes et dont la pratique critique ne dépasse jamais (sauf exceptions notables) l’étroite ligne rouge qui leur ferait perdre tout espoir de bourses venues de l’étranger ou de l’État. Majoritairement le pays politique est de droite sans que cela ait un véritable sens, car la Roumanie est un excellent exemple de l’effacement postmoderne du clivage politique droite/gauche mis en place sous la révolution française et qui a perduré à peine plus de deux siècles. Aujourd’hui, droite et gauche se recouvrent ou se divisent selon les problèmes les plus prégnants comme les modes de développement économiques et écologiques, ou la souveraineté nationale, le rapport aux ONG, à l’UE, à l’OTAN, au Tiers monde, bref à la politique étrangère, où l’on voit s’unir des opinions naguères divergentes et désunir des opinions naguère convergentes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white;">Les manifestations de Bucarest exemplifient cette mutation. Ainsi lorsque d’un côté la majorité des bobos en général cadres salariés de multinationales, de banques et une partie des nouvelles générations universitaires nourris d’humanisme de pacotille des fondations occidentales, de droit-de-l’hommisme des guerres humanitaires, de néo-féminisme bourgeois, de sociologie et de politologie du prêt-à-penser capitaliste planétaire, hurle à la « peste rouge », une petite minorité exhibe des slogans comme « A </span><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">bas le néolibéralisme ». Néolibéralisme réel de cette prétendue « peste rouge ». Or ces anti-libéraux n’ont rien à faire avec ces bobos ! et pourtant ils sont là tous ensemble, comme si cela allez-de-soi. C’est là la preuve d’une errance politique, idéologique, d’une inconsistance qui ne doit pas beaucoup déranger ce type de pouvoir. Dans la Roumanie d’aujourd’hui, tant à Bucarest qu’à Cluj, il y a un micro-groupement politique, Demos, qui se veut une sorte de social-démocratie de gauche comme le laboriste Corbin (sans sa détermination anti-impérialiste en politique étrangère), il rassemble quelques dizaines d`intellectuels sympathiques dont l’influence sur les masses ne dépasse pas les quelques dizaines d’universitaires ou membres de professions libérales artistiques. Il y a encore un parti socialiste de tendance communiste le PSR, mais là encore, ses maigres troupes, certes un peu plus diverses que celles de Demos n’ont, elles aussi, aucune implantation dans les masses. Demos et PSR sont des partis déclamatifs, car aucun de leurs membres n’est prêt à sacrifier carrière, vie privée, vacances pour un militantisme actif, celui qui caractérisait jadis les partis communistes occidentaux… Je regrette profondément de le dire, mais c’est la réalité, et un marxiste se doit d’affronter la dure et triste réalité sans faire de ses espoirs l’état concret du monde.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white;">Le fait que le PSD et ses gros bras ont fait main basse sur les campagnes, les bourgs et les petites villes de province rendrait en effet le militantisme de gauche quelque peu athlétique et donc dangereux. Or la violence sous toutes ses formes est une activité dont tout le monde lors des manifestations, de droite, de gauche, du centre, redoute plus que tout. Aussi faut-il louer le gouvernement de ne jamais commander à sa gendarmerie anti-émeute la violence furieuse qui caractérise les diverses forces de police occidentale lors de manifestations autorisées ou non-autorisée. Il est donc vraisemblable qu’une intrusion des partis Demos et PSR dans les campagnes pour recruter des votants entraînerait au moins de fortes bagarres.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white;">Il faut le reconnaître, l’atmosphère politique européenne n’est guère à la gauche, ni véritablement à une droite musclée, elle est essentiellement conservatrice (les politiciens et les intellectuels de service commis aux écritures appellent cela à tort « populiste »), souvent animée d’une religiosité bigote à l’Est. C’est là le résultat des trahisons de la social-démocratie qui est passée avec armes et bagages dans le camp des banquiers, d’une mondialisation sans limite aucune, d’une course aux prébendes et donc à la corruption qui a dévalorisé dans l’esprit du peuple, des gens de peu, la notion de socialisme. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white;">Ainsi d’année en année, les manifestations de rues plus ou moins spontanées, plus ou moins manipulées, avec des politiciens qui se cachent derrière les manifestants, les juges et les services ont détruit dans l’esprit du public la notion même de lutte politique. « A bas la corruption », mais tous les partis politiques en charge du pouvoir ou de l’opposition en Roumanie ont baigné, sauf exceptions individuelles, dans la corruption. C’est l’hôpital qui se moque de la charité !!! Présentement nous sommes comme parfois dans l’histoire à l’étiage du politique face aux pièges que nous tend le capital international et sa gestion au travers de ce que l’on appelle l’État profond, lorsqu’il nous vend de la moraline pseudo-humanitaire et pseudo-démocratique en lieu et place d’affrontements politiques, c’est-à-dire de programmes socio-économiques différents, opposés, tranchés. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire moderne que ce genre de situation se présente à la conscience. Il est là une sorte de moment en suspension qui attend ce que je nommerais non pas comme les marxistes naïfs les conditions objectives, lesquelles sont présentes depuis toujours, mais les conditions subjectives d’un<i>Kairos</i>où un groupement décidé serait capable de saisir dans la révolte des masses la <i>Fortuná</i>et la <i>Virtú</i>. Or ce moment serait-il en attente de longue date, il ne se peut manifester que dans le déploiement de la seule tragédie humaine, celle de la politique quand elle se fait guerre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white;">Claude Karnoouh, aéroport Charles de Gaulle vers Bucarest 1<sup>er</sup>Février 2018…<o:p></o:p></span></div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com42tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-10862378253329439932019-02-27T00:19:00.001+02:002019-02-27T00:19:55.796+02:001984 de la libido ou un monde sans fantasme ni classe<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div align="center" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 0cm;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 15pt;">1984 de la libido ou un monde sans fantasme ni classe</span></b><o:p></o:p></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 0cm;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">-</span></b><o:p></o:p></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 0cm;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">Mars 2018</span></b><o:p></o:p></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">« Ce n’est pas de ma faute si les âmes, dont on arrache </span><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">les voiles et qu’on montre à nu, exhalent une si forte odeur de pourriture. » </span><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">Octave Mirbeau, <i>Le Journal d’une femme de chambre</i>, Fasquelle, Paris, 1900.</span><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 15pt;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 15pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">« 1</span><span style="font-size: 12pt;">. <i>Vrut-am sà mà làs de rele</i> J'ai voulu renoncer aux péchés</span><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 15pt;">
<span style="font-size: 12pt;"> 2. <i>Vrut-am ieu Și n-o vrut ele</i> Moi j'ai voulu mais elles n'ont pas voulu</span><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 15pt;">
<span style="font-size: 12pt;"> 3. <i>Vrut-am sà mà làs de ràu</i> J'ai voulu abandonner le Mal</span><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 15pt;">
<span style="font-size: 12pt;"> 4. <i>Vrut-o iel da n-am vrut ieu</i> » Il l’a voulu lui mais moi je n'ai pas voulu.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn1" name="_ftnref1" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="font-size: 12pt;">[1]</span></span></span></a><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;"><o:p></o:p></span></span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 35.45pt;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Strigaturà de feciori </span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">auzit în februarie 1976 la o nuntà la Breb (Maramures)</span><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">.</span><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">Claude Karnoouh </span></b><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Les effets de l’affaire Weinstein et de la vague déferlante de dénonciations <i>#Metoo</i>fondées et non-fondées d’abus sexuels dans le monde du <i>showbiz</i>ont largement dépassé le cadre de la société corrompue hollywoodienne pour, au bout du compte, y revenir, et ce de la manière peut-être la plus hypocrite, mais peut-être aussi la plus révélatrice de l’enjeu de ce phénomène quand, après le spectacle des « veuves des <i>Grammy awards</i> », quelques jours plus tard, un rassemblement à San Francisco organisé par une des associations féministes radicales, avait réuni quelque dix mille femmes pour dénoncer les abus sexuels, gestuels ou langagiers dont sont victimes les jeunes actrices de cinéma (j’ajouterai que les oratrices avaient omis, comme c’est trop souvent le cas, de parler des abus commis par des pédophiles notoires sur les acteurs-enfants). À cette occasion, l’une des jeunes stars hollywoodiennes les plus en renom, Madame Nathalie Portman, – laquelle avait commencé sa carrière très jeune, à douze ans, dans le film de Luc Besson <i>Léon</i>, avec pour partenaire Jean Reno –, se plaignit des lettres salaces qu’elle reçût après la projection du film de la part d’hommes adultes qui y exposaient leurs fantasmes de viol d’une toute jeune fille aux seins à peine naissant. Voilà qui est sûrement plus que désagréable pour une jeune adolescente, mais qui soulève dans un premier temps la question du rôle des parents qui apparemment n’ont rien fait pour bloquer ces courriers. Même pour conserver l’aura du succès obtenu par leur fille, il me semble qu’ils eussent dû détruire ces lettres ordurières avant que leur enfant ne les lût. Ces lettres eurent un effet sur les comportements de l’adolescence qui raconta comment elle choisit dès lors le profil de jeune-fille sérieuse, studieuse, habillée de la manière la plus sobre possible jusqu’à ce qu’elle devienne adulte.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Cependant, dans le discours de Madame Portman qui, à présent, est une adulte avec déjà une belle carrière derrière elle, ce ne sont pas ces lettres concupiscentes, aussi condamnables fussent-elles, qui a appelé mon attention, c’est sa conclusion. Elle y appelait de ses vœux « <i>un monde sans fantasme</i> » (<i>sic</i> !). Voilà qui est, sinon surprenant, à tout le moins des plus étranges pour quelqu’un qui vit, travaille et gagne beaucoup d’argent précisément dans l’industrie cinématographique hollywoodienne dont nous savons, depuis sa fondation, qu’elle n’est, pour l’essentiel et hormis quelques célèbres exceptions, rien moins qu’une machine à fabriquer du rêve, du fantasme, de l’idéal à trois sous, du glamour, de la propagande patriotarde plus ou moins habile et tous les poncifs sentimentalistes du moment ? Faut-il qu’elle soit ignorante, naïve ou hypocrite pour oser avancer une telle assertion. Tous les fantasmes masculins et féminins, psychologiques, politiques, sociaux et sexuels y ont été portés à l’écran plus ou moins explicitement. Tous les acteurs et les actrices, sauf exceptions notables, sont des personnes belles, désirables, sexy, élégantes, glamours, hyper féminines ou hyper viriles et, <i>last but not least</i>, des machines à faire de l’argent précisément parce qu’elles font rêver spectateurs et spectatrices se projetant en elles, et offrant des images d’identifications fantasmatiques à autant de héros et d’héroïnes positifs, triomphant du mal, éliminant les méchants pour installer le bien et la justice, en bref une société juste et bienheureuse.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Voilà un discours d’une totale hypocrisie parce que Madame Portman participe à ces mises-en-scène de la vie fantasmatique qui font accroire les foules esbaudies qu’elles aussi pourraient participer à ce monde de luxe, d’amour romantique, de courage exceptionnel et de gloire, de passions amoureuses fulgurantes où l’argent ne compte guère, de rencontres inattendues, de miracles soudains, de méchants qui meurent ou se repentent, d’un monde où les politiciens véreux et corrompus sont bannis par une justice qui toujours finit par triompher du mal… <i>Ita missa est</i> ! Sur ce thème le remarquable film de Woody Allen, <i>The Purple Rose of Cairo </i>(1986) mérite d’être apprécié à la grande valeur de son pertinent commentaire de l’esprit du temps ; en effet, il traite précisément, en pleine crise des années 1929-32, de la mécanique de cette machine à fabriquer du rêve pour les masses paupérisées. Certes, il faut le reconnaître franchement, Hollywood produit parfois des films sombres et lugubres, mais même ceux-là finissent, sauf rarissimes exceptions, avec la <i>happy-end</i>exigée par les producteurs. En revanche, rappelons-nous qu’Hollywood ne pardonne jamais à ceux qui ont bravé le tabou du beau, du bien et du vrai, quand ils narrent, au plus près d’une réalité historique sanglante, la violence extrême qui a présidé à la construction de la Nation américaine. Ainsi la véritable guerre de classe qui a fondé les USA lors de la conquête de l’Ouest, mise-en-scène sans fantasmes idéalistes du bon et du bien social, du moral ou de l’immoral sexuel comme cela est exposé dans le chef-d’œuvre de Michael Cimino,<i>Heaven’s gate</i>, a prouvé, par la mutilation du montage voulu par le metteur en scène et le <i>boycott </i>général dont il fit l’objet à sa sortie aux États-Unis, qu’Hollywood ne plaisante jamais quand il s’agit précisément de dénoncer les fantasmes de démocratie et de bons sentiments qui finissent toujours par triompher dans les <i>Westerns</i>, les films policiers et les films de guerre.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn2" name="_ftnref2" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="font-size: 12pt;">[2]</span></span></span></a>Même Orson Wells au sommet de sa gloire ne put conserver le montage original de<i>Touch of Evil</i>avec sa fin sinistre, il fut obligé de transiger avec les producteurs.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Devenir adulte</span></b><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Si nous restons au sein des civilisations occidentales prémodernes, celles qui ont évolué vers la modernité depuis la Grèce (sans nous aventurer chez les sauvages qui soulèvent des problématiques différentes), il semble que le fantasme y fasse partie intégrante de l’imaginaire humain, nourrissant tant la politique, l’utopie, l’art, la littérature, la peinture et la sculpture, que la déviance sociale et sexuelle. <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">J. Laplanche et J.B. Pontalis<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn3" name="_ftnref3" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[3]</span></span></span></a>définissent le fantasme comme un «<i> scénario imaginaire où le sujet est présent et qui figure, de façon plus ou moins déformée par les processus défensifs, visant l'accomplissement d'un désir et, en dernier ressort, d'un désir inconscient </i>». En bref, le fantasme vise à vivre dans l’imaginaire plus ou moins consciemment, et pour les artistes à représenter, un désir inaccompli ou impossible à accomplir dans la réalité en ce que le surmoi (les normes socio-culturelles) en pose les bornes de l’interdit. Et si, comme cela arrive quand la formation de la personnalité dans l’enfance a été perturbée pour diverses raisons familiales ou sociales, le surmoi est impuissant à bloquer une pulsion construite dans l’imaginaire convoitant l’appropriation sans réserve de l’objet du désir par ailleurs interdit, nous avons affaire à ce qu’il est convenu de nommer un état pathologique qui n’est pas uniquement l’apanage du sexuel, mais qui peut se fixer sur la religion à une époque (le blasphème<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn4" name="_ftnref4" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[4]</span></span></span></a>), sur la marchandise à une autre (le vol compulsif<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn5" name="_ftnref5" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[5]</span></span></span></a>). Quant aux sauvages, ils conjurent leurs fantasmes qu’ils comprennent souvent, croit-on savoir, comme des réalités immédiatement possibles et souvent dangereuses, avec des rituels, et des rituels parfois fort cruels, ou les thérapies parfois violentes du shamanisme ou de la sorcellerie/contre-sorcellerie.</span></span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Chez Lacan, « <i>le fantasme est un montage grammatical où s'ordonne suivant divers renversements le destin de la pulsion, de telle sorte qu'il n'y a plus autre moyen de faire fonctionner le « </i>je<i> » dans sa relation au monde qu'à le faire passer par cette structure grammaticale</i> ». En d’autres mots, le fantasme est la frustration tendue vers « <i>cet étrange objet du désir</i> » (le sexe) qui stimule les images du possible et construit un discours détourné, parfois violent ou simplement irréel (illusoire) de l’appropriation du sexe de l’autre ou de tous ses substituts. C’est cette dialectique de la frustration de l’objet sexuel désiré par le « <i>je </i>» qui engendre le fantasme du sexe avec ses substituts métaphoriquement infinis comme, par exemple, la bottine de la servante dans <i>Le Journal d’une femme de chambre</i>qui est évidemment le substitut du sexe et du viol. D’autre substituts peuvent se fixer sur le pouvoir économique ou politique. En effet, faut-il le rappeler, Freud et ses divers héritiers soulignent que la structuration de la personnalité humaine se construit autour des rapports de sexes simultanément conscientisés, rêvés (d’où le rôle central de l’analyse des rêves) et détournés de leurs rapports initiaux. En parlant de « <i>montage grammatical</i> » Lacan nous indique comment comprendre la voix du verbe des frustrés et des obsédés du sexe sans plus la contrainte du surmoi. Or l’intelligence de cette parole à interpréter et comprendre (ce qui ne veut pas dire y acquiescer !), est repoussée férocement par ce néo-féminisme. Ainsi tout écart de langage proféré par des hommes usant d’expressions qualifiées d’inappropriées, de grossières voire d’humiliantes, devient source de prohibition, d’interdiction, de répression policière. Cependant, faut-il le rappeler, les fantasmes qui restent au niveau du langage, de l’expression visuelle, de la peinture, de la poétique, de la danse, manifestent précisément le non-accomplissement pratique du fantasme, par le fait qu’il se substitue à l’action en la métaphorisant et la métonymisant, en bref, en la subsumant sous divers fards. En d’autres mots, beaucoup d’hommes et de femmes ont des fantasmes de pédophilie, de viols ou de crimes qu’ils n’énoncent pas même, et qui cependant nourrissent leurs rêves, voire chez certains artistes leurs œuvres, mais dans la <i>praxis</i>, dans la réalité explicite de la vie quotidienne, ils ne violent ni ne tuent.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn6" name="_ftnref6" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[6]</span></span></span></a>Or cette barrière, le surmoi qui bloque la libido dans le passage du fantasme comme discours à l’acte lui-même métaphorique ou direct tiennent ensemble, ajointés, du propre de l’homme ou si l’on préfère de la nature humaine déjà moderne. Si donc, pour une raison quelconque, la barrière se révèle fragile, dysfonctionnelle, pis impuissante, nous savons, au moins depuis les Grecs, qu’elle engendre l’<i>hybris</i>, le dérèglement, la dysharmonie, l’excès. Dans le cas emblématique et originel d’Œdipe la non-structuration du fantasme mène directement au meurtre réel du père, à l’inceste, à l’automutilation comme refus du réel (Œdipe se crève les yeux pour ne plus le voir) et, <i>last but not least</i>, au suicide de la femme-mère objet du désir sexuel (Jocaste). En d’autres termes, quand la norme sociale ne fonctionne plus en tant que censure, i.e comme castration, le « <i>je </i>» du désir joue avec son objet sur un mode perçu et interprété par le <i>socius</i>comme pathologique. Aussi ses diverses manifestations explicites entendues comme violence du désir sont-elles comprises comme perversions ou paraphilies inadmissibles par le <i>socius</i>et n’ont d’autres solutions que l’enfermement en hôpital psychiatrique (c.f., pour les multiples exemples l’ouvrage séminal de </span><span style="color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Richard Freiherr von Krafft-Ebing<b>, </b><i>Psychopatia sexualis</i>, 1886).</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Si l’on accepte cette approche systématiquement pathologique et répressive du fantasme qui eût fait frémir Marie Bonaparte, Deleuze et Guattari, Foucault et Lacan, il eût fallu alors, dès les premiers symptômes, enfermer et soigner Weinstein : c’était un malade ainsi que d’autres dénoncés depuis (et certains souvent sans preuves) pour leur passage à l’acte. Mais voilà, l’homme habile et puissant dont la pathologie faisait la gloire de certaines était protégé par un silence jusque-là totalement complice, et d’aucuns savent que l’on ne tue pas la poule aux œufs d’or !<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn7" name="_ftnref7" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[7]</span></span></span></a>Ainsi, suite à ce scandale, c’est peut-être le tiers des producteurs et des acteurs d’Hollywood dont la place normale eût été en hôpital psychiatrique ou en prison. Sans entrer à présent dans le débat soulevé par Foucault dans <i>Histoire de la folie à l’âge classique</i>et dans <i>Surveiller et punir</i>, la seule question qu’il eût fallu poser et bien sûr qui n’a pas été posée, eût été de savoir quelles sont les conditions psychosociales et psycho-économiques qui engendrent un tel désordre du comportement dans une société où le spectacle cinématographique des rapports homme/femme, exposés souvent au-delà de la limite de l’exhibitionnisme érotique par de célèbres metteurs-en-scène avec nombre de jeunes et moins jeunes actrices, est omniprésent aussi bien sur les écrans (voir pour les plus explicites <i>Basic Instinct</i>avec Sharon Stone, <i>Harcèlement</i>, avec Demi Moore, <i>9 semaines et ½</i>, avec Kim Basinger, <i>Pulp Fiction</i>avec Urma Thulman, ou Briget Fonda dans <i>Jackie Brown</i>, etc…) que dans la vie publique des stars. Hollywood est toujours le haut lieu de l’exposition des charmes féminins, mais aussi masculins si l’on regarde les partenaires de ces beautés, Michey Rourke, Mickael Douglas, Bruce Willis ou Samuel L. Jackson comme objet central du désir positif ou négatif…</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ce n’est pas l’effet du hasard si Freud fonde le concept de « <i>complexe d’Œdipe</i> » autour duquel se joue l’accession à l’âge adulte sur le mythe d’Œdipe, en effet, dans ce récit grec sont rassemblés et les fantasmes et le passage à l’acte. Aussi devenir homme et femme adulte, c’est-à-dire un être humain qui sait contrôler les pulsions de sa libido par rapport à l’autre reconnu comme tel par le « <i>je</i> », et n’en vivre l’<i>hybris</i>qu’en rêve, en peinture ou en littérature, cet homme et cette femme doivent-ils, pour se faire, tuer fantasmatiquement le père pour le premier, la mère pour la seconde, c’est-à-dire accepter ce que Lacan nomme la « <i>castration</i> », en d’autres mots, accepter le réel des structures exogamiques élémentaires de la parenté. Il faut donc que ces adultes aient intériorisé la frustration du désir initial pour le cantonner dans fantasme rêvé<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn8" name="_ftnref8" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[8]</span></span></span></a>, afin de trouver les modalités d’une vie sexuelle socialement acceptable où mère et père ne sont jamais des partenaires sexuellement partageables. Or pour que le fantasme demeure dans le seul champ de l’imagination personnelle, il faut que celui ou celle qui est un (une) adulte en devenir sache peu à peu dominer et maîtriser ce désir premier (désir inaugural) pour, au bout du compte, accepter de ne jamais se substituer à l’un des partenaires de la scène primitive dont il eût pu être parfois le témoin oculaire ou auditif, voire livresque. C’est ce qu’illustre parfaitement Leopold von Sacher-Masoch dans ses souvenirs d’enfance qui sont marqués par une scène primitive qui va conditionner toute sa vie d’écrivain, voire de très grand écrivain. Caché dans un cagibi chez des parents, il surprend sa tante qu’il nomme Zénobie en train d’humilier son mari. Elle le frappe à grands coups de fouet pendant qu’il jouit, mais lorsque la tante découvre l’enfant caché contemplant la scène, elle attrape le jeune garçon et le fouette de même pour le punir (?) ou peut-être pour le faire jouir (?) pour avoir osé partager ce moment qui lui était interdit.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn9" name="_ftnref9" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[9]</span></span></span></a>Ici, punir et jouir, les deux interprétations sont plausibles et, chez certains adultes, voulues comme pratiques recherchées.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Il y a aussi la frayeur intense au moment de la découverte de la scène primitive par l’enfant comme la décrit Maurice Sachs dans son roman autobiographique <i>Le Sabbat</i><a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn10" name="_ftnref10" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[10]</span></span></span></a>, lorsqu’il est réveillé en pleine nuit par les cris sauvages de sa mère faisant l’amour avec un amant. La croyant agressée, il entrouvre la porte de la chambre et la voit en train de chevaucher sauvagement un homme. Souvenir qui le hantera toute sa vie faite de désordre et d’errance. La vie «<i> normale</i> »<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn11" name="_ftnref11" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[11]</span></span></span></a>serait donc fondée à partir de cet encadrement psychologique et social, la « <i>castration symbolique</i> », où l’apprentissage de la sexualité « <i>normale</i> » bloquerait l’usage de la force qu’elle soit physique, bureaucratique ou financière afin de posséder sexuellement l’autre avec violence. Or cela ne semble pas fonctionner parmi des fractions importantes des populations européennes et étasuniennes.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Le néo-féminisme et le mâle</span></b><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Cependant, pour Madame Portman une chose est sûre, le bonheur, voire la pureté éthique, seraient indubitablement gagnés par la société si elle était débarrassée des fantasmes masculins. On devine aisément la structure imaginaire d’une telle société où l’individu dans le <i>socius</i>aurait sa libido sous le total et permanent contrôle d’un surmoi « <i>sain</i> » identifié à un législatif-répressif «<i> juste</i> ». De cette manière, nos sociétés seraient dépourvues de tout mal puisque le fantasme sexuel masculin est devenu le mal absolu incarné. On a aussi remarqué que dans cette vision angélique dirais-je, seul le mâle aurait une sexualité négative et agressive, irrespectueuse de l’autre en mettant en œuvre ses fantasmes mortifères comme l’affirme l’hyper néo-féministe française Madame Caroline de Hass. La femme n’aurait-elle pas aussi sa part maudite de sexualité<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn12" name="_ftnref12" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[12]</span></span></span></a> ? Chez ces djihadistes féministes il semble que non. La femme incarnerait le bien et le mâle le mal. C’est là oublier la froideur des chiffres des enquêtes sur la sexualité. Il y a presque autant de femmes que d’hommes qui regardent des films pornos les plus violents afin de mettre en mouvement leur désir. Dans le deuxième chapitre de l’ouvrage de Steh Stephens-Davidowitz intitulé, <i>Google :</i><i>Big Data, New Data, and what the Internet Can Tell Us About Who we really are</i>, on trouve cette description qui surprendra à coup sûr les bonnes âmes du féminisme : « <i>Parmi les recherches les plus populaires sur </i>PornHub<i>faites par des internautes femmes, il y a un genre pornographique qui, je vous préviens, va troubler de nombreux lecteurs : le sexe avec violence contre les femmes. Au total, 25% des femmes qui cherchent du porno hétérosexuel mettent l’accent sur la douleur et/ou l’humiliation de la femme – « </i>anal douloureux<i> », « </i>humiliation publique<i> » et « </i>gangbang extrême brutal » <i>par exemple. Cinq pour cent cherchent des rapports sexuels non-consentis – « </i>viols<i> » ou « </i>contraints<i> » – même si ces vidéos sont interdites sur </i>PornHub<i>. Et les taux de recherche pour tous ces termes sont au moins deux fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes</i>. » Plus encore, si les hommes sont très souvent portés au frotteurisme<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn13" name="_ftnref13" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[13]</span></span></span></a>qui était considéré au XIXe siècle comme l’une des paraphilies menant ses adeptes à l’hôpital psychiatrique, en revanche une majorité de femmes sont attirées par les tueurs en série. Ainsi le tueur norvégien Breivik reçoit plusieurs centaines de lettre d’amour par an, l’une de ses fans l’a même récemment demandé en mariage, là nous sommes en face d’une perversion sexuelle qui pour nom l’<i>hybristophilia</i>.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn14" name="_ftnref14" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[14]</span></span></span></a>En masquant les formes spécifiques de violence sexuelles réelles ou potentielles féminines on détermine <i>a priori</i>la femme comme dénuée d’une partie de la part « <i>maudite</i> » du sexe tout en faisant de l’homme l’incarnation même du mal défini malencontreusement par le syntagme « <i>société patriarcale</i> », ce qui voudrait dire que les systèmes de parenté matrilinéaires ne seraient pas «<i> patriarcaux</i> ». C’est mal connaître le monde archaïque, ce qui ne m’étonne pas de la part de consciences post-historiques. En effet, dans les sociétés archaïques à système de parenté matrilinéaire les rapports hommes/femmes étaient tout aussi archaïques que dans les sociétés patrilinéaires, la seule différence (certes elle est fondamentale pour la reproduction de l’organisation sociale) tenait à l’attribution des enfants à une lignée ou à un clan féminins et non masculins selon le cas ! Par exemple, l’enfant d’un couple appartenait à la lignée ou au clan de l’oncle maternel de la mère, ce que l’on appelle d’un terme technique issu du latin « <i>avonculat</i> ».</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">De fait, tous les discours théoriques des néo-féministes et leurs mises en œuvre pratique visent l’instauration d’un nouveau puritanisme sous la forme d’une inversion de celui qui dominait jadis l’époque victorienne, et dont le but explicite serait la volonté d’éliminer le mal, incarné par l’homme seul, être libidineux qu’il faut castrer parce que le moindre de ses gestes ou de ses regards réaliseraient ses fantasmes sexuels mortifères. A l’époque victorienne c’était la femme dont la sexualité « <i>maléfique </i>» devait être contrainte, aujourd’hui c’est celle de l’homme…<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn15" name="_ftnref15" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[15]</span></span></span></a>Une fraction de la société pense avoir résolu le problème en l’inversant ! J’en doute ! Mais l’explicite masque aussi l’implicite. Il s’agit pour les femmes de la bourgeoisie de prendre un pouvoir identique à celui des hommes de la bourgeoisie, pour le meilleur des mondes possibles de l’exploitation en faisant accroire à une plus grande sensibilité des femmes au malheur de l’humanité ! Il y a là tout le simulacre propre aux faux combats de la modernité tardive. La récente nomination à la tête de la CIA d’une dame qui avait organisé et surveillé la torture dans les prisons clandestines étasuniennes est certes un petit événement, mais très révélateur de l’hypocrisie du mouvement <i>#Metoo</i>. Aussi, quand l’État profond veut faire accroire une nouvelle légitimité de ses actions répressives, il désigne une femme, Condoleezza Rice, Madeleine Albright, Hillary Clinton, Margaret Thatcher, Theresa May, El Khomri, Vallaud-Belkacem, etc… Comme le déclarait avec un solide bon sens l’actrice américaine Susan Sarandon, (membre du parti démocrate et soutien de Bernie Sanders), qui resta sourde aux appels de Hillary pour un vote féminin : « <i>je ne vote pas avec mon clitoris proclama-t-elle !</i> » Par ailleurs, ces hyper féministes veulent se couvrir à gauche, aussi prétendent-elles invoquer les leçons des grandes féministes socialistes du début du XXe siècle telle celles administrées par Rosa Luxemburg, mais elles en censurent l’essentiel, à savoir la dénonciation de toute collusion entre les visées politiques des femmes de la bourgeoisie et celles des luttes des femmes prolétariennes :</span><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt;">« </span><i><span style="font-size: 12pt;">Le<span class="apple-converted-space"> </span><strong><span style="font-weight: normal;">devoir de protester contre l’oppression nationale et de mener la lutte</span></strong>, ce qui correspond à l’orientation de classe du prolétariat, trouve son fondement dans le<span class="apple-converted-space"> </span><strong>« </strong></span></i><strong><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal;">droit des nations</span></strong><i><span style="font-size: 12pt;"> », mais<span class="apple-converted-space"><b> </b></span><strong><span style="font-weight: normal;">l’égalité politique et sociale des sexes ne découle d’aucun « </span></strong></span></i><strong><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal;">droit des femmes</span></strong><b><span style="font-size: 12pt;"> <i>»</i></span></b><i><span style="font-size: 12pt;">auquel se réfère le mouvement féministe bourgeois. Ces droits ne peuvent être obtenus que<span class="apple-converted-space"> </span><strong><span style="font-weight: normal;">d’une opposition généralisée au système d’exploitation de classes</span></strong><b>,</b>à<span class="apple-converted-space"><b> </b></span><strong><span style="font-weight: normal;">toutes les formes d’inégalité sociale et à tout pouvoir de domination</span></strong>. En un mot, ces droits ne peuvent être déduits que des principes fondamentaux du socialisme </span></i><span style="font-size: 12pt;">».<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn16" name="_ftnref16" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="font-size: 12pt;">[16]</span></span></span></a></span><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ayant remplacé les uns par les unes comme discours du sexuellement correct, a-t-on pour autant résolu le problème du pouvoir général d’exploitation, pas du tout, car un patron femme ça exploite de la même manière qu’un patron mâle. Si la dynamique du capital n’a pas de sexe, celle de la grande politique non plus ! Plus encore, a-t-on modifié le soubassement ontologique constitué par la permanence du fantasme sexuel ? La force du désir inhérent à l’espèce quand le regard se pose sur le principal objet du désir sexuel se serait-il atténué par les risques répressifs ? Certes non, c’est comme les résultats donnés par la peine de mort, celle-ci n’a jamais ralenti la criminalité. La lutte contre la pauvreté oui ! Ce nouveau discours du conformisme puritain propre aux nouvelles superclasses moyennes masquerait-il de sournoises et féroces luttes pour la défense de privilèges en un temps où, dans une civilisation de l’hyper-individualisme, les crises successives du capitalisme et le chômage rendent la manne plus limitée ? Plus encore, ce discours fonctionne comme si le mal dû à la sexualité des mâles en ses diverses modalités n’était pas fondamentalement inhérent à la condition humaine moderne ! Car la question demeure. Si l’homme, et donc le mâle, est bon par nature comme la majorité de ces néo-illumistes le pensent (à tort diré-je !), alors quelles seraient les conditions économiques et sociales qui engendreraient la <i>psyché</i>du mal dans le mâle ? On le voit clairement, Nathalie Portman et ses émules occidentales sur fond d’oubli des fondements techno-économiques de notre monde, cherchent à reconstruire une société épurée, une société transparente à elle-même, pure et puritaine, une société asexuée ou dé-sexuée où le désir des femmes tiendrait de l’angélisme et les fantasmes sexuels des mâles porterait le mal-pour-soi, une société non seulement sans fantasme, et, comme effet, elle ajoute avec candeur, « <i>sans jalousie</i> », oubliant que la jalousie est l’une des preuves les plus fortes de l’amour, certes parfois violente, mais preuve que la littérature à cent fois développé ! Mais l’amour n’est-il pas aussi violence ?</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">À ce sujet, le discours d’ouverture de la cérémonie des Oscars de cette année 2018 nous offre la démonstration que cet espoir d’un monde asexué travaille les élites du <i>showbiz </i>et du féminisme mondain. Au moment où le présentateur vantait les qualités esthétiques de la statue de l’Oscar, au moment où il notait ses mains apparentes, il ajoutait : « <i>elle est dénuée de pénis !</i> » (<i>sic</i>!). Même sous forme de blague, il y a là, sous-jacent, l’horizon d’un modèle sociétal.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn17" name="_ftnref17" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[17]</span></span></span></a>Il semble donc que Madame Portman et ses semblables en viennent à souhaiter une sorte de <i>1984 de la libido</i>. Or il n’est pas de sexualité sans sa part d’ombre, sans sa part maudite<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn18" name="_ftnref18" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[18]</span></span></span></a>… L’idéal de pureté auquel aspirent les néo-féministes se trouve décrit dans le roman antitotalitaire d’Huxley <i>Brave New World</i>, dans la description d’une société qui serait totalement transparente à elle-même, univoque, sans ambiguïté ni polysémie, bref, le rêve de toute société totalitaire idéale que n’ont jamais pu mettre en œuvre, et ce malgré la violence de leur ingénierie sociale, les totalitarismes du XXe siècle.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Pour accomplir leur espoir d’une liquidation du fantasme sexuel masculin (il faudrait ajouter du féminin, mais les néo-féministes n’en parlent jamais) les néo-féministes ne proposent pas d’autre mesure que la répression policière et juridique, le vieux système de surveillance et de punition que des philosophes, des historiens et des psychanalystes à l’aube des années ‘60 avaient réussi à faire lentement abolir (sauf, ce qui est normal, pour le viol essentiellement suivi de meurtre). Si, comme il semble, la lutte pour un monde sans fantasme, un monde où le mal n’étant plus pratiqué il ne peut même plus être énoncé, alors se prépare les routes vers des goulags psychologiques et psychosexuels encore plus durs que ceux de l’Union soviétique ; des goulags où serait aménagées des cellules où des instruments hyper techniques permettraient d’interdire de rêver et de fantasmer ; et si, derechef il arrivait que des individus rêvassent, des systèmes d’enregistrement dénonceraient immédiatement les fautifs pour les punir sur le champ. Si cet espoir du nouveau puritanisme féminin arrivait un jour à se réaliser, il signerait la fin de toute société humaine fondée sur le rapport symbolique des jeux de langage pacifiques ou violents entre le «<i> je </i>» mâle et l’autre différent, la femme, entre le « <i>je</i> » femme et l’autre différent mâle. Alors le « <i>je</i> » ne serait plus simultanément un autre, mais un clone de moi-même. On arriverait ainsi à l’acceptation d’un état d’indifférenciation tant sexuelle que sociale de la masse, tandis qu’une minorité d’ingénieurs, élu.e.s d’entre les élu.e.s serait dispensé.e.s<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn19" name="_ftnref19" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[19]</span></span></span></a>du nouveau <i>nomos</i>, de la nouvelle loi de la normalité, à la fois celle du sexe et celle de la domination économique. L’écrasante majorité serait dressée à la vie asexuée des producteurs-exploités dans le nouveau « <i>parc humain</i> » où l’interdiction du fantasme irait bien évidemment de pair avec celle de la séduction, de l’amour, des écarts de langage, des gestes parfois déplacés, finissant d’accomplir l’ultime pas vers le contrôle absolu de toute représentation symbolique liée au sexe, voire même à la critique sexuée du sexe. Comme l’avait déjà formulé avec force Baudrillard : « <i>La séduction représente la maîtrise de l'univers symbolique, alors que le pouvoir ne représente que la maîtrise de l'univers réel.</i> »<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn20" name="_ftnref20" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[20]</span></span></span></a>Toutefois, dans la figure dessinée et souhaitée par les néo-féministes on aboutirait bien plus loin en ce que pourvoir symbolique et pourvoir réel ne serait plus qu’une seule et même <i>praxis</i>. L’espoir que nourrissent Madame Portman et de nombreuses néo-féministes radicales comme Madame Caroline de Hass en France, dessine une société qui nous déprendrait tous autant que nous sommes de la possible maîtrise du monde symbolique sexuel avec tous ses dérapages possibles, en appelant de leurs vœux un monde totalement lisse, sans ambiguïté aucune, sans rêves, sans fantasmes, sans jalousie, sans amour, un monde de la totale « <i>transparence du mal</i> », c’est-à-dire un monde sans repentir, sans chemin de Damas, et sans pardon. Une société « <i>propre</i> » où la libido ne pourrait plus exsuder ses fantasmes, un monde où, au bout du compte, la libido serait réduite à l’autosatisfaction sans reconnaissance de l’autre : le monde de l’onanisme schizoïde, celui des <i>sexe toys</i>, des poupées gonflables, de la contemplation des films pornos devant lesquels chacun se masturbe.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Plus encore, derrière le discours de Madame Portman, se précise simultanément le rejet de toutes les stratégies de la séduction au profit d’une relation purement contractuelle, donc juridique, où le partenaire est réduit à n’être qu’un <i>sex toy</i>utilisable selon les articles d’un contrat de vente avec son mode d’emploi et peut-être son service après-vente en cas de panne de désir quand le contrat l’exige. Quelque chose comme : tu me donnes accès à telle partie de ton corps, mais il te faut signer ici au bas de cette page de contrat pour que je ne sois pas accusé de harcèlement ou pis de viol. Or hormis les harcèlements grossiers d’individus ayant un surmoi affaibli pour diverses raisons psycho-sociales qui ont été déjà en partie analysées par Wilhelm Reich, Erich Fromm, Herbert Marcuse<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn21" name="_ftnref21" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[21]</span></span></span></a>, les plus authentiques rapports amoureux et passionnels entre hommes et femmes, entre hommes et hommes, et femmes et femmes sont élaborés sur les jeux toujours ambiguës de la séduction, sur les jeux de l’« <i>amour et du hasard</i> » et du marivaudage qui ne sont pas, loin s’en faut, exempts de violence. Pour ceux qui auraient la curiosité de relire quelques célèbres exemples littéraires je les renvoie à<i>La Duchesse de Langeais</i>, à <i>La Recherche du temps perdu</i>avec les amours de Swan et d’Odette, de Charlus et de Jupien, à <i>Venus Erotica</i>d’Anaïs Nin, au splendide poème de Baudelaire, <i>Madrigal triste</i>, et<i>last but not least</i>, aux<i>Onze milles verge</i>s de Guillaume Apollinaire, etc…<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn22" name="_ftnref22" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[22]</span></span></span></a>Ces relations passionnées, complexes, souvent violentes, toujours ambiguës, à la limite de l’extase et de la mort (ne dit-on pas de l’extrême jouissance sexuelle qu’elle est la « <i>petite mort</i> »), </span><span style="background-color: white; font-size: 12pt; line-height: 24px;">sont absentes quand les relations de couples hétérosexuels ou homosexuels ne sont, las ! que des réunions de solitudes apeurées, ou pis et terrifiant, de sinistres arrangements financiers entre bourgeois ou petit-bourgeois, de lugubres et sordides transactions financières ou carriéristes dites et plus souvent non-dites qu’on maquille de manière obscène du nom d’amour et que j’ai pu tant de fois constater</span><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">parmi les couples rencontrés dans ma vie professionnelle ou mes loisirs.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">A la lecture de témoignages et de romans réalistes il semble évident que la séduction qui est justement la mise en œuvre d’un fantasme en ce que l’étant désiré (la personne autre réelle) n’est jamais autre chose que l’incarnation particulière du désir général projeté par le «<i> je</i> », lequel, en théorie, ayant une fois obtenu satisfaction retrouve le vide existentiel préalable qui l’entraîne à réitérer le jeu de la séduction, ce qui le conduit parfois à substituer à l’autre humain un objet, voire de multiples objets dans une frénésie consommatrice de marchandises. L’exemple parfait de cette dynamique de la séduction comme désir <i>ad infinitum</i>d’une libido insatiable – comme le serait aussi tout désir qui se fixe sur la marchandise –, est décrit d’une manière <i>quasi</i>entomologique dans le roman épistolaire de Laclos, <i>Les Liaisons dangereuses</i>.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn23" name="_ftnref23" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[23]</span></span></span></a>Cependant, et faut-il simultanément le rappeler, la revanche de la vie sentimentale réelle – c’est-à-dire les frustrations, les lâchetés, les trahisons, les incompréhensions –, est souvent terrible. Dans les fictions, les séducteurs et les séductrices finissent tragiquement (Valmont, la Merteuil, Don Juan, la duchesse de Langeais parmi d’autres) et dans la réalité, lorsque l’âge vient, les séducteurs en série plongent lentement, mais irrémédiablement dans la déchéance dépressive comme Casanova à Prague ou <span style="background-color: red; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">le marquis de Sade, lequel à sa libération de la Bastille en 1789 après treize ans de prison (et avant d’y retourner pendant la Terreur, en être libéré après Thermidor et retourner en prison-asile quelques années plus tard à Charenton où il mourut en 1814)</span>, cessa de mettre en pratique ses fantasmes de séduction érotico-criminels pour en faire l’inspiration d’une des œuvres majeures de la littérature française que nombre d’auteurs français aussi importants que Apollinaire, Georges Bataille, André Breton, Paul Eluard, Simone de Beauvoir, Lacan ou Deleuze, ont commenté, adulé ou critiqué.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn24" name="_ftnref24" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[24]</span></span></span></a></span><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Peut-être serait-ce le moment de rappeler aux bonnes âmes et aux dames patronnesses du néo-féminisme bourgeois que tous ces libertins obsédés de conquêtes féminines (et masculines) obtenues souvent avec des moyens dépassant les simples jeux d’une séduction verbale pour la perfidie, étaient des<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">athées violemment anticléricaux, des hommes (et des femmes) pour qui les jeux souvent mortels du sexe et de l’érotisme sadomasochiste étaient un défi à la bienséance formelle et hypocrite prônée par l’Eglise catholique, apostolique et romaine et son parti de calotins dévots. On peut même affirmer sans détour que l’anticléricalisme radical est le fond même de l’œuvre de Sade, tout autant que celle de Laclos. À ces libertins comme on les nommait à cette époque, il faudrait ajouter la grande figure du féminisme intellectuel français du XVIIIème siècle, Madame Dupin, femme des Lumières, défendant le droit pour les femmes de gérer leurs biens et leurs œuvres librement, sans pour autant censurer ceux des hommes.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn25" name="_ftnref25" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="font-size: 12pt;">[25]</span></span></span></a><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Or, à présent, nous sommes à nouveau entrés dans l’ère de la censure morale, après la politique réduite à la moraline des droits-de-l’homme à géométrie variable, c’est-à-dire à la politique réduite aux émotions d’une sensiblerie superficielle diffusée massivement par la presse et les réseaux sociaux, l’heure est à la moraline sexuelle du nouveau puritanisme, c’est-à-dire aux dénonciations hypocrites au sein des classes supérieures. Ainsi, un groupe de harpies anglaises a réussi à faire ôter des cimaises du musée de la ville de Manchester (<i>Manchester Arts Gallery</i>) le tableau </span><span class="s1"><i><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Hylas and the Nymphs</span></i></span><span class="s1"><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">de Waterhouse (1896)</span></span><span style="font-size: 12pt; line-height: 24px;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">représentant de jolies nymphes la poitrine dénudée (haut lieu des fantasmes sexuels non seulement masculins, mais aussi féminins) contemplées par un jeune homme, le tout dans un décors de vérisme naturaliste symbolique.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn26" name="_ftnref26" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="font-size: 12pt;">[26]</span></span></span></a>Elles réactualisent un puritanisme que l’on croyait être disparu avec la révolution sexuelle des années ’60-‘70 et qui semblait avoir définitivement mis fin à l’hypocrisie du puritanisme victorien… Comme quoi, sous prétexte de liberté et d’égalité, et de lutte contre les abus et les fantasmes sexuels, le néo-féminisme nous réchauffe la potion du plus vulgaire puritanisme anglo-saxon. L’histoire se répète mais toujours sous forme de mauvais pastiches. Parce que l’hypocrisie patente de ce néo-féminisme se lit dans cette information très récente toujours venue d’Angleterre, celle du scandale de Teldfor, ville moyenne du centre-nord du pays, où à l’heure du « <i>#balancetonporc</i> » les groupements féministes, les médias et les autorités n’ont, jusqu’à très récemment, rien dit ni fait quand depuis 1980 <span style="color: #222222;">près de mille jeunes filles anglaises ont été abusées sexuellement, torturés, avortées, voire prostituées par des gangs dont les membres étaient d’origine pakistanaise ou bangladaise. Les autorités pour se disculper affirmant qu’elles ne voulaient pas créer une atmosphère de racisme !<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn27" name="_ftnref27" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[27]</span></span></span></a>On croit rêver !</span></span></span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Fantasme et <i>gender</i></span></b><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ayant très rapidement rappelé les antécédents littéraires et psycho-politiques qui illustraient les pratiques et l’imaginaire d’une culture où le fantasme sexuel créateur du sens symbolique, mais encore de violences réelles, avait fini par créer le réel (la vie de Sade, de Sacher-Masoch, de Nietzsche, de Lou Andrea Salomé, par exemple pour les plus célèbres ; de meurtres passionnels et de tueurs en série pour les plus sinistres) et engendrer, avec la naissance de la monarchie absolue puis celle de l’État républicain centralisé, sa répression par les pouvoirs de police et la science médicale, revenons, derechef, sur l’intention de Madame Portman et de l’hyper féminisme contemporain de vouloir mettre en œuvre « <i>un monde sans fantasme sexuel</i> ». Dans l’esprit de la star, le fantasme sexuel masculin et les représentations qu’il engendre se présente comme le mal absolu, c’est pourquoi il convient donc de l’éradiquer afin de bâtir un nouveau monde, une nouvelle Jérusalem terrestre où le mal incarné dans le mâle et par le mâle serait l’objet de la plus violente et féroce répression. En bref, elles visent le monde du bien permanent.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn28" name="_ftnref28" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[28]</span></span></span></a>Or, sans le savoir peut-être, elle revient sur une bien vieille interrogation : comment peut-on concevoir le bien si le mal n’existe pas ? Le christianisme a proposé un lieu du bien absolu, mais c’était dans le monde céruléen, au-delà de la vie terrestre, celui de la Résurrection des âmes et du corps (nous ne sommes pas gnostiques, il s’agit bien d’une double résurrection) et du Jugement dernier. On affirme que celui qui incarne le mal dans le <i>Nouveau testament</i>, Judas, doit être d’une certaine façon révéré, en effet, sans sa trahison cupide il n’y eût pas eu la preuve de la divinité du Christ. Or le monde du bien dans l’au-delà s’obtient justement grâce à ce qui fonde l’originalité du christianisme (du moins dans ses versions d’où la prédestination est évacuée, donc partiellement anti-pauliniennes), rien de moins que la liberté humaine. L’homme peut donc faire le mal comme le bien, soit gagner les joies ineffables des cieux soit plonger dans les tourments infinis des flammes de l’enfer.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn29" name="_ftnref29" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[29]</span></span></span></a>Et selon les théologiens chrétiens catholiques et orthodoxes il serait même naturellement enclin au bien si le péché originel n’avait pas corrompu son âme, aussi doit-il se racheter tout au long de sa vie terrestre. Or le monde sécularisé venu des Lumières n’est pas exempt, loin s’en faut, comme le christianisme, d’une foi solide en la naturelle bonté humaine en tant que qualité inhérente à l’espèce, c’est même cela, après Rousseau et contre Hobbes, la profession de foi et le soubassement ontologique de toutes les philosophies politiques des Lumières, de Kant à Marx, et de toutes les sciences humaines de Durkheim à Lévi-Strauss, de Boas à Marshall Shallins.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Revenons une fois encore aux souhaits de Madame Portman et regardons-les comme symptômes d’« <i>un monde sans fantasmes sexuels masculins</i> » qu’il faut nécessairement et logiquement mettre en rapport avec la théorie de genre. À diriger le regard au-delà des pleurnicheries compassionnelles propres aux interprétations politiques du présent, la théorie du genre fonctionne comme une désexualisation de l’espèce humaine, comme une volonté de contredire ce qui a fait l’essence même de l’évolution de presque toutes les espèces, le rapport procréatif mâle/femelle qui n’est autre que le rapport ontologique à la vie, le <i>das Dasein</i>de toute vie. Ainsi selon cette théorie qui semble sortie de la tête d’un.e mutant.e le garçon ou la fille ne naissent pas mâle ou femelle, ils sont, dirait-on, fabriqués ainsi par les mœurs et les codes sociaux. C’est en partie indéniable et personne ne l’a sérieusement dénié puisqu’il y a divers comportements et jeux de rôles mâles et femelles propres à chaque culture et qu’elle enseigne à leurs enfants. Cet ensemble de mœurs contrastées les Grecs l’appelaient <i>Paideia</i>, les Allemands, <i>Bildung</i>, en français on dirait au plus près <i>éducation</i>. Nonobstant, ce n’est qu’en partie vrai, parce que jusqu’à présent c’est la différence sexuelle agencée culturellement et simultanément propre à <i>zoé</i>qui assurait la reproduction de l’espèce et qui, dans la majorité des cas, l’assure encore, posant aujourd’hui à l’humanité le problème gravissime de l’explosion démographique du tiers-monde, et plus précisément celle de l’Afrique noire. Cependant, si l’on en croit les informations fournies par la presse des sociétés les plus modernes, c’est-à-dire les plus scientifiquement avancées, nous apprenons qu’ici ou là un homme a été enceint, qu’il est devenu femme et qu’une femme est devenue homme. Déjà la maîtrise de la procréation par divers procédés chimiques ou matériels avait montré que l’indépendance des femmes, c’est-à-dire la séparation de la jouissance sexuelle et de la procréation, l’avait emporté sur la nature grâce aux progrès des sciences (chimie, physique, biologie, médecine et chirurgie) : la liberté physiologique de la femme et la maîtrise totale de sa sexualité étant exactement le produit de la technoscience, du <i>Gestell</i>, du « <i>dispositif </i>». Il n’est donc pas éloigné le pas qui prépare la fabrication d’êtres vivants par fécondation<i>in vitro</i>, et mieux encore le moment de la copie à l’identique par clonage : on a déjà cloné des cellules souches, une brebis et des chiens beagles, rien n’empêchera demain de cloner des êtres humains, fabriquant hommes et femmes à la demande selon des caractères physiques et psychiques prédéterminés à la demande (de qui ?) par intervention directe sur l’ADN, car l’expérience du siècle précédent nous a appris qu’aucun code éthique ne résiste à la dynamique de l’infinie objectivation de la technoscience, laquelle, grâce à l’innovation permanente engendre simultanément les énormes plus-values du capital. Aujourd’hui nous sommes prêts à réaliser la fiction littéraire d’Huxley,<i>Brave New World </i>! Et ce qui est en jeu tant dans le monde sans fantasme que dans la théorie du genre ce n’est pas, comme certains l’ont affirmé à tort, la création d’un monde androgyne pensé comme le commencement du monde avant que Zeus, selon Platon<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn30" name="_ftnref30" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[30]</span></span></span></a>, ne mît des organes sexuels pour distinguer les hommes des femmes et construire ainsi le monde, thème qui fut repris au XIIIe par les kabbalistes de Provence.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn31" name="_ftnref31" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[31]</span></span></span></a>Ce qui est en jeu aujourd’hui c’est la transsexualité et le transgenre qui précisément ne se peuvent matérialiser sans l’aide des progrès inouïs de la technoscience. Il ne s’agit ni de travestissements ni d’homosexualité, mais d’un monde du permanent <i>turn over</i>du sexe par apophase ou, à tout le moins, par le discrédit dans lequel est tenu la « <i>loi naturelle moderne</i> ». De ce point de vue, il n’est pas sans intérêt de souligner une contradiction de poids propre à cette orientation radicalement confuse de la postmodernité, à savoir que les mêmes personnes qui plaident pour le transgenre et la transsexualité, c’est-à-dire pour une domination totale des lois de la nature et leur soumission totale à la volonté humaine du moment (au <i>Zeitsgeist</i>), s’affirment simultanément les avocats de la théorie des droits-de-l’homme comme essence de la « <i>loi naturelle</i> ». Il faudrait savoir où l’on en est ! La loi naturelle est ou n’est pas, ici il n’y a pas d’entre-deux. Or jamais comme aujourd’hui la confusion de la pensée n’a régné avec autant de désinvolture parmi de prétendus intellectuels, acteurs des humanités, et plus particulièrement dans les domaines de la sociologie et de l’anthropologie sexuelles voire aussi dans la philosophie sociale.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Dans l’un de ses meilleurs ouvrages, <i>La Transparence du mal</i>, Baudrillard, note, entre autres remarques que les activités humaines postmodernes sont caractérisées par un état « <i>trans-</i> » : trans-économie, trans-esthétique, trans-politique. Dans le deuxième chapitre consacré à la transsexualité, il remarque que le « <i>corps sexué est livré aujourd’hui à une sorte de destin artificiel. Et ce destin est la transsexualité</i> ».<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn32" name="_ftnref32" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[32]</span></span></span></a>Entrant dans la transsexualité, nous accédons à l’indifférenciation sexuelle souligne-t-il encore. Or, depuis mai 1968 et pendant les années qui suivirent, la sexualité était rapportée à la jouissance généralisée : « <i>jouir sans entraves</i> » était l’un des slogans qui ornait les murs de l’université de Nanterre, et beaucoup l’appliquèrent.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn33" name="_ftnref33" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[33]</span></span></span></a>Pourtant, dès le tournant hyper féministe du début des années 2000, le sexe abandonna le discours de la jouissance sans barrière, et celui complémentaire de l’anti-répression, « <i>il est interdit d’interdire</i> », pour un nouvel état d’esprit répressif. Selon une sorte de mutation anthropologique de l’espèce, le sexe, comme la politique et l’art s’engagea dans un état de prothèse. Il est patent aujourd’hui qu’on oublie trop souvent que le jouir sans limite n’était pas inconnu des sociétés occidentales, ainsi, dès la mort de Louis XIV devenu bigot, dès la Régence, le XVIIIe siècle a été celui de la jouissance tous azimuts pratiquée par la classe aristocratique.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn34" name="_ftnref34" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[34]</span></span></span></a>Au XIXe et au début du XXe siècles, moins voyante dans un siècle puritain, la jouissance effrénée de la grande bourgeoisie se déployait dans la fréquentation de célèbres bordels de luxe, de prostituées de haut-vol et de fêtes particulièrement dévoyées<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn35" name="_ftnref35" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[35]</span></span></span></a>. Pis, aujourd’hui il est évident que l’on ne pourrait plus montrer ni tourner un film comme celui du japonais Ogisa Noshiga, <i>L’Empire des sens</i>, 1976 (le titre original était littéralement « <i>la corrida de l’amour</i> »). C’est pourquoi les figures les plus emblématiques du <i>show-biz</i>postmoderne illustrent le transsexuel, n’explicitant ni métaphores de la jouissance et ni fantasmes d’érotisme, mais quelque chose qui ressemble à des prothèses humaines semblables aux poupées mécaniques ou gonflables, plus récemment aux robots électroniques: Michael Jackson en mutant blanchi et reconstruit en zombi à coup de chirurgie qu’on peine à dire esthétique ; Madona l’agitée de l’aérobic au corps plastifié et au regard glacial ; David Bowie précisément au sexe indéterminé, être intersidéral venu des glaciations hyperboréennes ; Marylin Manson, sorte de clown qui semble sortir des oubliettes d’une forteresse médiévale, sans oublier l’inévitable Lady Gaga, sorte d’agitée frénétique, soulevée de soubresauts du bas-ventre dont on ne sait si elle est prise par la danse de Saint-Guy ou si elle s’obstine à contenir une envie pressante de déféquer. Voilà autant d’incarnations (et d’autres que j’oublie que l’on voit et entend sur tous les clips de MTV) de cette transsexualité spectaculaire que l’on peut encore saisir dans la manière contemporaine de danser : fini les tangos érotiques, les paso-doble sensuels, les valses musettes langoureuses, les slows voluptueux ou même le be-bop endiablé, maintenant on s’agite dans un chacun pour soi plongé dans la plus inaudible cacophonie métallique, noyé dans son individualisme onanique. Interrogé par un journaliste pour savoir si une jeune et jolie femme habillée de manière provoquante avait conscience de l’effet érotique provoqué sur les hommes par sa tenue, une militante féministe lui répondit que cela n’était pas son souci car elle s’habillait comme elle le voulait sans tenir compte des autres. Voilà tout est dit ! L’autre ne compte plus dans le transsexualisme, c’est « <i>chacun cherche son look</i> »<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn36" name="_ftnref36" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[36]</span></span></span></a>, chacun pour soi dans une existence morne sans autre horizon que le règne absolu de la marchandise qui offre justement tous les simulacres de prothèses, si bien qu’« <i>il ne reste plus qu’à faire acte d’apparence sans se soucier d’être, ni même d’être regardé(e) […] être soi devient une performance éphémère, sans</i><i>lendemain, un maniérisme désenchanté dans un monde sans manières.</i> »<span class="Caractresdenotedebasdepage"><a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn37" name="_ftnref37" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[37]</span></span></a></span>Le paraître éphémère, l’avoir sans fin du consumérisme, la quête effrénée d’un bien-être déjà acquis a remplacé la quête de l’Être. Aussi, être soi dans notre présent n’est-il plus que l’apparence de soi le temps d’un jour, d’une soirée sans lendemain. On passe d’une apparence à l’autre au gré des modes les plus labiles dans une société sans aspérités, lisse, aseptisée, une société où comme l’écrit Baudrillard le mal ne peut plus être énoncé et symbolisé sous peine d’anathème, un monde que l’on ne peut plus amener au langage du fantasme. Si le mal ne peut être énoncé, le désir non plus parce qu’il entraînerait toujours une certaine dose de violence serait-elle métaphorique, métonymique ou imaginaire. Transparence du mal qui n’empêche pas que le mal travaille la <i>praxis</i>sociale, mais, il doit être bien dissimulé dans le silence médiatique, et ne doit pas même être verbalisé dans la sphère privée.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Or ce monde-là sans aspérité c’est exactement le monde que souhaite Madame Portman et beaucoup d’autres bien moins célèbres qu’elle. Le monde sans fantasme sexuels masculins (des femmes il n’est jamais question !) ne fait que valider tardivement la fin de la révolution sexuelle et le jouir sans limite qui aux États-Unis avait commencé avec le mouvement hippie, le <i>flower power</i>, centré simultanément sur une politique d’opposition ferme à la guerre du Vietnam par une Amérique jeune et rebelle. Aujourd’hui s’il n’est plus question de jouir, il n’est pas plus question de mouvements de masses contestant les guerres impérialistes menées par les quatre grandes puissances occidentales.</span><o:p></o:p></div>
<div style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;"> Au contraire, le mouvement néo-féministe fondamentalement bourgeois en son essence, ne recherche que des privilèges pour les femmes de la bourgeoisie, de la petite-bourgeoise, en bref pour ce qu’il est convenu de nommer les <i>upper middle class</i>, dussent-elles pour certaines n’avoir que l’illusion d’y appartenir. On s’occupe beaucoup des stars abusées de Hollywood auxquelles furent promises de grandes carrières avec l’Oscar comme récompense, mais peu de la caissière de supermarché, de l’employée d’une entreprise de nettoyage, des ouvrières agricoles roumaines de Sicile menacées de licenciement si elles ne couchent pas avec le patron. Il est vrai que le supermarché, les seaux et les balais des femmes de ménages, les mains abîmées des ouvrières agricoles sont beaucoup moins glamour que le luxe hollywoodien<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn38" name="_ftnref38" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[38]</span></span></span></a>. Or dans ce bal des minorités cherchant des privilèges contre les majorités exploitées on entend peu parler aujourd’hui des femmes en tant que prolétaires. Ainsi le mouvement féministe étasuniens le plus puissants a, par la bouche de sa présidente, déclaré qu’elle n’organisera aucune manifestation contre la politique américaine et israélienne au Moyen-Orient tant que les femmes américaines ne seraient pas libérées. Aujourd’hui libérée de quoi ? Des fantasmes agressifs des hommes ou de l’exploitation salariale ? Voilà un bel argument qui doit enchanter les néoconservateurs de toutes acabits dans leurs entreprises militaires criminelles de par le monde.</span><o:p></o:p></div>
<div style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<br /></div>
<div style="font-family: "Times New Roman", serif; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Un monde du droit ou tout se paie, sans fantasmes et sans combat politique</span></b><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Or justement, le monde sans fantasmes que préconise Madame Portman est précisément un monde du droit et non du combat politique où les rencontres entre les sexes ne sont pas des états fusionnels de sentiments et d’engagements intellectuels, mais des situations provisoirement fonctionnelles où toutes les tentatives d’attouchements et de verbalisation seraient garanties par autant de contrats préalables.<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftn39" name="_ftnref39" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span class="Caractresdenotedebasdepage"><span style="color: #222222; font-size: 12pt;">[39]</span></span></span></a>Arrivé à ce point de désexualisation, il n’est plus question de séduction, d’érotisme, de sublimation dans le rapport homme/femme, mais de fonctionnalités substituables que la science (médecine et chirurgie) et l’argent (payer des mères porteuses par exemple) peuvent déplacer tant sur le rapport homme/homme que sur celui femme/femme. En effet, dès lors que le mal n’est plus dicible, il n’est plus possible, sans être menacé de procès, voire d’enfermement, de verbaliser ou d’illustrer ses fantasmes dans les jeux de langage de la séduction, et de métaphoriser le désir en diverses manières, même parfois brutales car d’aucuns le savent, ne serait-ce que par des lectures poétiques, romanesques ou par des films, que le désir, la violence et la mort sont sans cesse au travail dans la passion amoureuse. Peut-être que dans notre présent postmoderne, postindustriel et dans une certaine mesure post-historique, l’amour, notion archaïque du rapport du « <i>je</i> » à l’autre, ne serait plus un problème de passion, parfois de passion dévorante, incendiaire, criminelle et mortelle, mais simplement un état contractuel momentané et labile de participants interchangeables. Ce qui serait – ô ironie cruelle de l’histoire ! – l’une des grandes victoires de la bourgeoisie la plus avancée de la modernité tardive.</span><o:p></o:p></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="sparateurdenotes" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Claude Karnoouh, Bucarest, mars 2018</span><o:p></o:p></div>
<div>
<br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref1" name="_ftn1" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[1]</span></a> J’ai longuement glosé ce distique quasi métaphysique dans un ouvrage intitulé :<span style="font-family: Times; font-size: 9pt;"><i>Vivre et survivre en Roumanie communiste : Rites et discours versifiés chez les paysans du Maramure</i></span><i><span style="font-family: Cluj; font-size: 9pt;">ş</span></i><span style="font-family: Cluj; font-size: 9pt;">, L</span><span style="font-size: 9pt;">’</span><span style="font-family: Cluj; font-size: 9pt;">Harmattan, Paris, </span><span style="font-size: 9pt;">1998</span>. <span style="font-size: 9pt;">Paru en roumain dans une traduction d’Adrian T. Sârbu, Cluj, Dacia, 1999</span>.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn2">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref2" name="_ftn2" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[2]</span></a><span class="Caractresdenotedebasdepage"> </span><span style="font-size: 9pt;">On pourrait dire la même chose du film de Polanski, <i>The Ghost Writer</i>qui lui a valu la reprise par la justice étasunienne en 2010 de son affaire de viol close juridiquement vingt-cinq ans auparavant (le film avait été produit par Miramax, c’est-à-dire par Weinstein). Film qui dénonçait métaphoriquement la nature criminelle du pouvoir de Blair et sa collusion avec Bush pour déclencher la guerre d’Irak.</span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn3">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref3" name="_ftn3" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[3]</span></a><span style="font-size: 9pt;"> Célèbres psychanalystes de l’école de Paris. Cf., <i><span style="color: #222222;">Vocabulaire de la Psychanalyse</span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">, V° </span><i><span style="color: #222222;">Fantasme</span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">, P.U.F., Paris, 1971.</span></span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref4" name="_ftn4" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[4]</span></a> Dans ses mémoires le cinéaste surréaliste Luis Buñuel note que les Jésuites lui avaient fait tant aimer la Vierge que collégien il lui arrivait de se faufiler dans la solitude de l’église du collège pour se masturber devant l’une de ses statues.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn5">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref5" name="_ftn5" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[5]</span></a> Cf., le film de Robert Bresson, <i>Pickpocket</i>, 1959.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn6">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref6" name="_ftn6" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[6]</span></a> Exemples remarquables de Balthus, <i>Thérèse rêvant</i>, fantasme sexuel masculin et <i>La Leçon de guitare</i>, fantasme sexuel féminin. Une association féministe a lancé il y a un mois de cela, dans la foulée du mouvement <i>#</i><i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Metoo</span></i><i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-family: "MS Mincho";"></span></i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">une pétition qui a recueilli plus de 10 000 signatures </span>afin de faire enlever des cimaises du MMA le tableau de Balthus <i>Thérèse rêvant</i>, sous prétexte de suggestions sexuelles dangereuses, ce que le musée a refusé fermement.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn7">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref7" name="_ftn7" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[7]</span></a> Je ne traiterai pas ici du pourquoi une dénonciation aussi tardive, qui ressemble bien plus à un règlement de compte entre mogols du business qu’à une opération d’éthique sociale et individuelle.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn8">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref8" name="_ftn8" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[8]</span></a> Jacques Lacan, <i>Écrits</i>, 2 tomes, Edit. du Seuil, Paris, 1971.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn9">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref9" name="_ftn9" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[9]</span></a> <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-size: 9pt;">Leopold von Sacher-Masoch, </span><i><span style="font-size: 9pt;">La Madonne à la fourrure</span></i><span style="font-size: 9pt;">, Paris, 2009. Original, <i>Venus im Pelz</i>, 1870.</span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn10">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref10" name="_ftn10" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[10]</span></a> Maurice Sachs, <i>Le Sabbat</i>, Corréa, Paris, 1946.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn11">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref11" name="_ftn11" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[11]</span></a> La question de savoir quelle serait l’essence d’une « vie normale » demeure en suspend et n’est pas débattue dans ce bref essai.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn12">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref12" name="_ftn12" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[12]</span></a> Sur le sujet à voir le très subtil et sinistre film de Luis Buñuel, <i>Belle de Jour</i>, 1967.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn13">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref13" name="_ftn13" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[13]</span></a> Néologisme construit sur le verbe frotter. <o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn14">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref14" name="_ftn14" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[14]</span></a> Cf., <i>The Strait Times</i>, 19 août 2015, sur www.straitstimes.com.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn15">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref15" name="_ftn15" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[15]</span></a> Cet aspect de la répression masculine comme faux combat souhaitée par les groupes féministes les plus radicaux et certaines vedettes de cinéma les plus en renom, a été parfaitement déconstruit par le metteur-en-scène autrichien Michaël Haneke in : <a href="http://www.defenddemocracy.press/controlling-society-a-sexual-counter-revolution/" style="color: #954f72;"><i>http://www.defenddemocracy.press/controlling-society-a-sexual-counter-revolution/</i></a>et par l’article : http://www.defenddemocracy.press/the-public-humiliation-and-destruction-of-metropolitan-opera-conductor-james-levine/<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn16">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref16" name="_ftn16" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[16]</span></a> <em><span style="font-size: 9pt; font-style: normal;">Rosa Luxemburg</span></em><span class="apple-converted-space"><i><span style="font-size: 9pt;"></span></i></span><strong><span style="font-size: 9pt; font-weight: normal;">devant le tribunal militaire (1914).</span></strong><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<strong><span style="font-size: 9pt; font-weight: normal;"> On remarque la même attitude chez Angela Davis, seule combattante féministe étasunienne à avoir fait de la prison parce que militante communiste (et universitaire), qui avait placé la lutte de l’émancipation des femmes prolétaires, et plus précisément des femmes noires sous-prolétaires au centre de son combat, ainsi que son opposition radicale à la guerre du Vietnam.</span></strong><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn17">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref17" name="_ftn17" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[17]</span></a> Sur le rôle de la blague et du mot d’esprit, cf., Sigmund Freud, <i>Der Witz und seine Beziehung zum Unbewußten</i>, Vienne, 1905.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn18">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref18" name="_ftn18" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[18]</span></a> Il y a dans le roman de Céline <i>Voyage au bout de la nuit</i>(à l’époque médecin dans un cartier populaire du Nord de Paris) une scène de sadomasochisme d’une violence extrême et d’un rare réalisme psychique où un couple s’apprêtant à faire l’amour attache sur un lit leur enfant, une fille de 8 ans afin qu’elle les voie forniquer, et tout en forniquant ils la battent. On voit ici comment le fantasme sexuel non-contrôlé par le surmoi (ou le phallus selon la terminologie lacanienne) devient <i>praxis</i>du mal dans le réel quand il se réalise.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn19">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref19" name="_ftn19" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[19]</span></a> Pour garder un style politiquement correct, j’ai mis ces deux mots sous forme de l’écriture inclusive comme le souhaitent les néo-féministes françaises.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn20">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref20" name="_ftn20" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[20]</span></a> <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; font-size: 9pt;">Jean Baudrillard, <i>De la séduction</i>, Paris, 1979.</span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn21">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref21" name="_ftn21" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[21]</span></a> Le lecteur averti aura remarqué que j’ai pris l’option théorique freudienne de l’Ecole de Paris, et surtout de Lacan. Je connais fort bien les critiques adressées à Freud par Adler, Jung, Reich, et d’autres sur la conception de la libido et le sexe. Ici n’est pas le lieu d’un tel débat, cependant je tiens à assumer mon choix théorique en ce que le sexe est sa castration sont la dynamique ontologique de la libido. Que Karl Popper affirme que la psychanalyse est une pseudoscience, c’est l’énonciation grotesque d’un matérialisme scientiste, surtout après que Lacan unit Freud et l’herméneutique existentielle heideggerienne. La psychanalyse est l’interprétation d’un discours et non une explication qui chercherait des règles scientifiques intangibles propres à la production d’un état psychique singulier (cela la psychologie le fait !), même si l’on peut généraliser certaines configurations comme le meurtre du père et la castration. En ce sens, je me sens éloigné de Laplanche qui refuse l’analyse phénoménologique à la psychanalyse. Il faudrait par ailleurs développer l’apport très original de Heidegger à la <i>Daseinanalyse</i>développée par <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Ludwig Binswanger et Medar Boss </span>: cf.,<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Ludwig Binswanger,</span><i><span style="color: #222222;">Analyse existentielle, psychiatrie clinique et psychanalyse : Discours, parcours et Freud</span></i><span style="color: #222222;">,</span><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Gallimard, Paris, 1981.</span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn22">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref22" name="_ftn22" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[22]</span></a> N’ayant voulu trop alourdir le texte je m’en suis tenu à quelques exemples pris dans la littérature française.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn23">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref23" name="_ftn23" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[23]</span></a><span style="font-size: 9pt;"> Pierre Choderlos de Laclos, <i>Les Liaisons dangereuses</i>ou <i><span style="color: #222222;">Lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres</span></i><span style="color: #222222;">. Paris, 1792.</span></span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn24">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref24" name="_ftn24" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[24]</span></a> <span style="font-size: 9pt;">D’abord les surréalistes qui manifestent leur admiration littéraire et politique, cf., l’<span style="background-color: #f8f9fa; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">article de Paul Éluard dans le numéro 8 du </span>1<sup>er</sup> décembre 1926<span style="background-color: #f8f9fa; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;"> de la revue <i>La Révolution surréaliste</i> : « D.A.F. de Sade, écrivain fantastique et révolutionnaire ». Cet aspect révolutionnaire de Sade est illustré par le film de Bu</span><span style="color: #222222;">ñ</span><span style="background-color: #f8f9fa; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">uel en collaboration avec Salvador Dali, <i>l’Âge d’or</i>, 1930, et plus tard avec <i>La Voie lactée</i>, 1969.</span></span><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="background-color: #f8f9fa; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt;"> Après la Seconde Guerre mondiale, </span><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt;">Blanchot, Klossowski, Simone de Beauvoir, Lacan, Foucault, Sollers, Barthes et Deleuze montrèrent l’importance de l’œuvre de Sade dans l’élaboration d’une modernité sécularisée saisie au travers de l’enfermement de la «<i> folie </i>» érotique, sadomasochiste et radicalement anticléricale.</span><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-size: 9pt;"> Il faut enfin noter la très importante pièce de Peter Weiss sur le rapport entre révolution, folie et répression : <i><span style="color: #222222;">Marat-Sade (Die Verfolgung und Ermordung Jean Paul Marats dargestellt durch die Schauspielgruppe des Hospizes zu Charenton unter Anleitung des Herrn de Sade),</span></i><span style="color: #222222;">1963, pièce traduite en français par Jean Baudrillard, <i>Marat-Sade,(</i><i>La Persécution et l'Assassinat de Jean-Paul Marat tel que monté par les patients de l'asile de Charenton sous la direction du Marquis de Sade)</i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">, Seuil, Paris 1965.</span></span></span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn25">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref25" name="_ftn25" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[25]</span></a> <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">Cette grande dame dont le salon était le rendez-vous de tous les écrivains et philosophes les plus critiques de la monarchie absolue dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, fût l’arrière-grand-mère d’une autre femme célèbre pour son indépendance sentimentale et professionnelle, George Sand, née Aurore Dupin, brillante et grande combattante du droit à l’indépendance des femmes, disciple du penseur socialiste Pierre Leroux et fermement opposée au mariage et à l’Eglise catholique tout en étant chrétienne.</span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn26">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref26" name="_ftn26" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[26]</span></a> Il est vrai qu’après une très vigoureuse protestation du public, le tableau est retourné à sa place au musée.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn27">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref27" name="_ftn27" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[27]</span></a> https://www.mirror.co.uk/news/uk-news/schoolgirl-fell-pregnant-six-times-12171253<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn28">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref28" name="_ftn28" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[28]</span></a> Je me suis souvent interrogé pour savoir où pouvait se tenir le bien absolu dans la vie terrestre. Cette interrogation était née quand le Président Reagan avait déclaré que l’URSS était l’empire du Mal. J’avais interrogé le réel pour savoir où était l’empire du Bien ? J’avoue humblement ne l’avoir jamais trouvé !<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn29">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref29" name="_ftn29" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[29]</span></a> Les catholiques ont inventé le Purgatoire comme lieu intermédiaire du jugement pour les pécheurs où se déciderait en ultime instance dans quelle direction se dirigera leur âme, vers le Paradis ou vers l’Enfer.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn30">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref30" name="_ftn30" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[30]</span></a><span lang="DE"> <i>Le Banquet</i>, (189c-193<sup>e</sup>).<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn31">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref31" name="_ftn31" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[31]</span></a><span lang="DE"> Gershom Scholem, <i>La Kabbale. </i></span><i>Une introduction</i>, Paris, Le Cerf, 1998.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn32">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref32" name="_ftn32" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[32]</span></a> Jean Baudrillard, <i>La Transparence du mal</i>, chap : ‘Transsexuel’, p. 28. Galilée, Paris, 1990.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn33">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref33" name="_ftn33" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[33]</span></a> Je rappelle que les premiers mouvements contestataires à l’Université de Nanterre qui eurent lieu dès la rentrée universitaire en octobre 1967 avaient pour thème la demande des étudiants et des étudiantes de pouvoir rester coucher dans les chambres des garçons ou des filles selon les circonstances, puisque que dans la résidence universitaire les bâtiments des filles et ceux des garçons étaient séparés.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn34">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref34" name="_ftn34" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[34]</span></a> <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">Voir à ce sujet parmi l’immense littérature de la philosophie de boudoir et les illustrations érotico-pornographiques d’époque, Diderot, Les <i>Bijoux indiscrets</i>, 1748 ;</span>Crébillon fils, <i>Le </i><i>Sopha</i>, 1742 ; Mirabeau, <i>Ma conversion, ou le libertin de qualité</i>, 1783, Laclos et Sade déjà abondamment cités ; enfin, l’excellente synthèse, <i>Romans libertins du xviii<sup>e</sup>siècle</i>, éd. P. Wald Lasowski, Paris, 2000. Et<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">sur le mode plus léger les excellentes illustrations dans le film de Bertrand Tavernier, <i>Que la fête commence</i>, 1975, Patrice Lecomte, <i>Ridicule</i>, 1996, Sophia Coppola, <i>Marie Antoinette</i>, 2012.</span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn35">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref35" name="_ftn35" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[35]</span></a> Gustave Flaubert, <i>L’Education sentimentale</i>, Paris, 1869 ; Emile Zola, <i>Nana</i>, Paris, 1880.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn36">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref36" name="_ftn36" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[36]</span></a> Jean Baudrillard, <i>Ibid</i>., p. 30.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn37">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref37" name="_ftn37" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[37]</span></a> <i>Ibid.</i>, p. 31.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn38">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref38" name="_ftn38" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[38]</span></a> Seul un obsédé comme DSK s’est fait prendre au piège avec une femme de ménage dans un hôtel de New York. Cependant beaucoup pensent que cet incident a été une mise en scène à partir du point faible de l’homme (priapique) pour évincer un directeur général du FMI devenu trop curieux et trop encombrant. Et oui la libido peut aussi servir de règlement de compte sous-terrain et de coups fourrés comme le rappelle l’histoire du ministre Profumo en Grande-Bretagne, piégé par une très belle <i>call-girl</i>travaillant pour l’ambassade soviétique à la fin des années ‘50.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn39">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://56B869FD-F2B8-4DE4-8CB5-9E24CE129A42#_ftnref39" name="_ftn39" style="color: #954f72;" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage">[39]</span></a> Cette déraison appelée aussi le politiquement correct touche tous les domaines. Ainsi des groupes de noirs veulent présentement retirer la littérature anglaise du cursus de l’enseignement universitaire sous prétexte du racisme des auteurs et n’étudier que les auteurs noirs américains, comme quelques temps auparavant ils avaient voulu, avec la complicité de quelques professeurs blancs démagogues, démontrer que la philosophie grecque était née dans la haute Egypte, parmi les noirs africains de ce qui est aujourd’hui le Soudan. Ces assertions donnèrent lieu aux fameux débats sur <i>Black Athena</i>dont les plus importants hellénistes des années 1980-2000 démontrèrent la grossière imposture.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span lang="EN-US">Cf., </span><span lang="EN-US" style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt;">Martin </span><span lang="EN-US" style="color: #222222; font-size: 9pt;">Bernal<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">, </span><i>Black Athena: Afroasiatic Roots of Classical Civilization, III volumes</i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">, Rutgers University Press,</span></span><span lang="EN-US" style="font-size: 12pt;"></span><span lang="EN-US" style="font-size: 9pt;">1987 1991, 2006.</span><span lang="EN-US"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span lang="EN-US" style="font-size: 9pt;"> Sa critique par, <span style="color: #222222;">Mary R. Lefkowitz, <i>Black Athena Revisited</i>, The University of North Carolina Press, 1996.</span></span><span lang="EN-US"><o:p></o:p></span></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com28tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-67307325145859961902019-02-27T00:15:00.001+02:002019-02-27T00:15:54.389+02:00Les gilets jaunes ou le renouveau de l’histoire inscrit dans une tradition<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Les gilets jaunes ou le renouveau de l’histoire inscrit dans une tradition<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">En ce début de l’an de grâce 2019 il semble qu’un flot d’interprétations du mouvement des gilets jaunes soient publiées ici et là, à droite, au centre, à gauche, à l’extrême gauche. On a lu aussi bien sûr les choix contrastés des divers acteurs économiques et politiques de la société française, que sur les déclarations d’intellectuels publics dont une minorité approuve, tandis qu’une majorité désapprouve selon des arguties plus captieuses et spécieuses les unes que les autres, mais, faut-il le souligner toujours enveloppées d’une rhétorique conceptuelle plus méprisante ou pis d’insultes contre ces gueux, les « sans dents » de François Hollande, « gurele strâmbe » de Liiceanu. Enfin les partis politiques ont eux-aussi tenté soit de s’y opposer soit de s’y raccrocher au nom de la bonne ou mauvaise gouvernance. Bref, il semblerait que tout ait été dit. Fermer le banc et attendons le verdict de l’histoire !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Cependant ce mouvement soulève une interrogation bien plus générale que ne le montre sa dynamique locale. D’abord il convient d’avancer une remarque préliminaire et rappeler ô combien d’intellectuels surdiplômés peuvent parfois être de fieffés imbéciles lorsque l’idéologie les aveugles. Toutes les époques ont connu ces figures au verbe péremptoire, devins désertés de la subtilité énigmatique de la Pythie qui annoncent en à leur manière non-poétique la fin des temps. Notre devin moderne au très grand succès mondial a pour nom Fukuyama, lequel, au lendemain de la chute du bloc soviétique, proclama rien moins que « la fin de l’histoire », c’est-à-dire la fin du politique remplacé par la gérance des choses figées dans leur destinalité immuable de gestion capitaliste. Je crois qu’il eût dit la fin du monde cela eût été plus plausible ou réaliste tant la Technique comme <i>Gestell</i>(Arraisonnement ou dispositif) – en tant que manifestation de l’ultime métaphysique du nihilisme consubstantiel à la modernité sous la forme du <i>Der Arbeiter</i></span><a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftn1" name="_ftnref1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><b><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></b></span></span></i></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> – est en train en effet de détruire notre planète. Mais c’est là un très long moment de l’histoire de l’Être <i>Geschichte</i>avec ses manifestations de l’être-là en sa présence <i>Historichte</i>.</span><a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftn2" name="_ftnref2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Plus encore, comment peut-on avancer une telle affirmation sans douter un seul instant de cette énormité quand la philosophie grecque depuis Aristote, mais aussi Platon avait souligné la nature ou l’essence éminemment politique de l’homme dans la cité, c’est-à-dire en société. Ainsi l’homme réel et non l’individu idéal et théorique des métaphysiciens eût changé au point que son essence de <i>zoon politicon</i>s’en fut atrophié comme un gène devenu inutile dans le cours de l’évolution pour être remplacé par un <i>zoon oekonomicon </i>? Faut-il voir là les ravages des sciences de la nature (l’application du darwinisme aux phénomènes sociaux) sur ce que Dilthey nommait les sciences de l’esprit, ou plus trivialement les affirmations d’un idéologue pour qui la chute du régime communiste accomplissait pleinement ses rêves secrets sans qu’il entrevît déjà toutes les contradictions qu’entraînait à l’échelle globale cet événement inédit, inouï, la fin d’un empire scellée par une implosion due à ses élites politiques. Or l’inédit et l’inouï ne sont pas la fin de l’histoire générale, ni même celle d’une histoire particulière inscrite dans l’histoire du monde, ils en sont au contraire l’étincelle initiale, les prémices, l’éclair d’un jaillissement annonçant un a-venir sans que l’on sache de quoi il sera fait : « l’avenir n’appartient à personne avait déclaré le général de Gaulle lors d’une conférence presse au mois de janvier 1968 ! ». L’avenir proche le lui prouva ! Pour Fukuyama aussi le démentit ne traina pas, au point que ce brave homme dut, comme un chien penaud la queue basse entre les jambes, réviser drastiquement son jugement : l’histoire ne s’était pas achevée avec la chute du régime communiste écrivait-il en substance quelque dix ans plus tard après les guerres des Balkans et dans l’ex-URSS. Mais cela ne peut excuser son énorme bévue au succès planétaire. Comme quoi le succès initial d’une idée, eût-il été planétaire, n’est jamais garant de la pensée juste, tout-au-plus met-il en scène la pensée du moment idéologiquement à la mode, aujourd’hui on dit « politiquement correct » ! Ainsi l’histoire continua, et comment : démembrement partiel de l’ex-URSS, démembrement total de la Yougoslavie, remodelage partiel et raté au Moyen-Orient avec ses centaines de milliers de morts, retour majeur de la Russie sur la scène géopolitique grâce à son intervention militaire en Syrie et au renouvellement de ses armements, crise de l’économie américaine et donc mondiale, crise migratoire présentement généralisée et… <i>last but not least</i>l’inexorable montée en puissance de la Chine devenue la seconde économie mondiale et bientôt une force militaire de premier plan. De tout cela l’Union européenne semble exclue, limitée à des gesticulations et des coups de menton sous la houlette d’un conseil européen préoccupé au premier chef de coupes budgétaires dans les programmes sociaux des États, de règlementations tatillonnes pires que celles de l’ancienne URSS, et parfois sommée par l’OTAN de fournir des supplétifs aux armées étasuniennes en campagnes néocoloniales. Bref, une Europe inexistante dans le grand jeu géopolitique. Cependant ici et là des bouillonnements montraient que sous un calme agité de quelques manifestations dûment encadrées par des syndicats prêts à toutes les concessions afin que leur direction conserve pouvoir et revenus, des forces refusaient le carcan politique et économique qui avaient été tracé pour toujours, où l’essentiel de l’indépendance démocratique échappait aux citoyens par une perte presque totale de souveraineté telle qu’elle est conçue par les traités européens, lesquels présupposent qu’il existerait déjà un peuple unique européen auquel on peut appliquer des lois décidées par les deux pôles de la réelle puissance de l’UE, l’Allemagne et la France (la Grande Bretagne est instance de départ, Brexit oblige !). Or le peuple européen est une chimère de bureaucrates, de businessmen et d’intellectuels qui passent d’un aéroport à l’autre répéter la même antienne, à servir la même messe. De fait, partout un vent de révolte défini péjorativement comme « populiste » par une majorité des élites commença lentement à s’élever contre les politiciens majoritaires de droite et de gauche, mais aussi contre les administrateurs des États et de l’UE (la haute fonction publique non-élue), les structures financières et bancaires, la presse et nombre d’intellectuels qui servilement les soutiennent. Ce vent de révolte est parfois sanctionné par un vote comme en Hongrie avec, malgré de fortes manifestations à Budapest, le succès toujours présent d’Orbán auprès de la jeunesse, en Italie avec l’émergence d’un parti inédit (<i>cinque stele</i>), en Allemagne avec l’arrivée sur la scène politique de l’Afp (droite nationale) et d’un courant critique chez <i>Die Linke</i>qui conteste la politique migratoire de Madame Merkel. Toutefois, le plus révélateur me semble exprimé par la crise de légitimité de l’État français en la personne de son chef, Monsieur Macron, qui semble commencer à ployer sous les coups de l’inédit mouvement des gilets jaunes sans véritable équivalent en Europe. Ainsi, sous l’apathie apparente des syndicalistes français se préparait un véritable soulèvement qui surpris en premier lieu le Président de la république, son gouvernement et l’ensemble du personnel politique depuis les Insoumis de Mélenchon à la droite conservatrice de Marine Le Pen. En effet, quelque chose de tout-à-fait nouveau apparu au mois de novembre sur la scène politique française.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Si l’on regarde de près le mouvement sans <i>a priori</i>politiques et les clichés habituels du prêt-à-penser qu’apprécient tant journalistes et politiciens, ce mouvement recèle des traits jamais vu depuis la Première révolution française, une diversité de groupes socio-professionnels et une diversité de catégories sociales qui rassemblent aussi bien le chauffeur routier que la secrétaire ou l’étudiant, le petit commerçant de quartier que la mère de famille sans emploi, l’institutrice que l’ouvrier au travail ou au chômage, et partout des retraités. Plus surprenant encore la présence massive de la France périphérique, celle des campagnes, des bourgs, des petites villes et des banlieues semi-rurales des grandes villes de province, une France qui traditionnellement était vue comme moins révolutionnaire que les habitants de la capitale. Puis aux côtés des premiers gilets jaunes on trouva très vite la base des syndicalistes révoltés contre les directions confédérales de FO, SUD et la CGT. En bref tout un monde qui dans les classifications sociologiques habituelles apparaît surtout comme les petites classes moyennes, <i>lower middle class</i>, dût-on y rencontrer comme toujours aujourd’hui la lumpen intelligentsia. Autant de gens que la mondialisation économique et culturelle ont marginalisé et précarisé, et qui subjectivement se sentent délaissés par l’État, les médias et les cultureux du <i>main stream</i>, tandis que simultanément ils perçoivent dans leur expérience existentielle quotidienne la croissance exponentielle de la paupérisation. En bref, ce qu’il faudrait désigner d’un terme aujourd’hui désuet, le peuple dans sa diversité et sa multiplicité. C’est pourquoi le mouvement des gilets jaunes ne ressemble à aucun des modèles fantasmatiques que les révoltes françaises de la seconde moitié du XXe siècle s’étaient données. Les gilets jaunes ne sont ni la Commune de Paris, ni la guerre d’Espagne, ni 1936 et le Front populaire, ni la Révolution bolchevique, ni 1848 ni 1830, et encore moins 1968. Par le retour d’un sentiment national longtemps combattu par toutes les instances politiques et culturelles françaises puis européennes depuis un demi-siècle, comme le retour du refoulé le modèle de ce mouvement fait référence, <i>mutatis mutandis</i>, au tout début de la première révolution française, à 1788-89 avec les cahiers de doléances de l’ensemble de ma nation et l’exigence d’une assemblée commune rassemblant tous les États, la noblesse, le clergé et le Tiers. Ainsi refusant la séparation des États telle qu’elle était ordonnée par le Roi lors des États-Généraux de mai-juin 1789, le Tiers-État rejoint par des nobles libéraux et une partie du clergé décida, par le Serment du jeu de Paume du 25 juin 1789, imposa le vote par tête et non plus par ordre dans le cadre d’une assemblée constituante. La première révolution légale était consommée, la monarchie absolue de droit divin était abolie remplacée par une monarchie constitutionnelle. Or ce qui y ressemble aujourd’hui c’est la mise entre parenthèses des partis et des syndicats à la fois historiques et nouveaux comme LREM de Macron, autant de manifestations de l’Ancien régime, pour la promotion d’une exigence comme équivalent postmoderne du suffrage par tête (universel), le Référendum d’initiative citoyenne (RIC) qui permet justement de passer outre les combinaisons politiciennes de l’Assemblée nationale et du Sénat et d’établir une démocratie directe à laquelle une majorité de politiciens (sauf la France Insoumise), d’intellectuels et d’universitaires en renom médiatique se sont violemment opposés prétextant des dérives totalitaires, racistes, antisémites ou homophobes possibles ! Ce qui choque ce monde de la bien-pensance politique où chacun est assuré d’une sinécure bien rémunérée, c’est l’émergence d’un corps social en fusion qui dépasserait les clivages politiques traditionnels avec lesquels joue une démocratie représentative vidée depuis longtemps de son contenu véritable politique, une coquille vide où la gestion des vraies affaires de l’État est <i>de facto</i>(et non <i>de jure</i>afin d’en garder les apparences) confisquée par une technocratie et une kleptocratie bancaire non-élue issue de la grande école d’administration l’ENA, pour laquelle le social se réduit à la gestion économique d’une « start-up » comme l’a proclamé un jour le président Macron.</span><a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftn3" name="_ftnref3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Or de longue date nous savons qu’une société même dans le système capitaliste avancé ne se peut réduire au marché et aux jeux spéculatifs des sphères économiques, à la fantasmatique main invisible. Ou, à l’inverse, le marché ne crée pas une société, le marché crée des marchés. En effet, une société ne peut être réduite à un marché, aux recouvrement des impôts et des taxes diverses, en bref, une société n’est pas une entreprise commerciale ni une machinerie productive. Il est vrai qu’en apparence le mouvement des gilets jaunes a explosé après l’annonce faite par le gouvernement d’une nouvelle taxe sur le diesel, dite « taxe carbone » qui touchait les gens les plus modestes, ceux possédant souvent des voitures diesel plus anciennes et plus solides. Mais ce ne fut là que la toute petite goutte d’eau qui fit déborder le vase. On sentait frémir la révolte depuis longtemps, depuis le quinquennat de François Hollande lorsqu’il décida (avec Macron au ministère des finances) une profonde modification du code du travail (dite loi El-Khomri) qui entraîna d’imposantes manifestations syndicales, très dures, fortement réprimées, mais sans lendemain, à l’époque l’Assemblée nationale majoritairement au main du PS et des LR associés, vota ces modifications régressives, applaudies bruyamment par le patronat. Or cette loi touchait tous les salariés, aussi bien les ouvriers, que les cols blancs, les petits cadres que les ingénieurs. A cela il faut ajouter les augmentations de diverses taxes qui appauvrissent les artisans et le tout petit patronat, des entreprises de cinq ou dix ouvriers et employés. En bref, une collection de citoyens qui dans leur diversité socio-professionnelle représentent assez fidèlement le peuple en ses multiples opinions, puisque l’on trouve parmi les gilets jaunes aussi bien des hommes et des femmes qui ont voté LREM que la France insoumise, le RN de Marine Le Pen, le PS, les communistes PCF, aussi bien des membres des syndicats FO, SUD et CGT, que ceux du syndicat anarchiste la CNT, voire des cadres. En ce sens et n’en déplaise à Jean-Luc Nancy</span><a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftn4" name="_ftnref4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">les gilets jaunes donnent le sens très concret de peuple souverain à la notion de populisme employée par ailleurs avec un mépris de classe avilissant et infâmant par les élites politiques, médiatiques, et une majorité d’intellectuels. Dans ce cas on mesure combien ces élites cherchent, par la stigmatisation du populisme, à maintenir le <i>statu quo</i>politique et social historiquement classique de droite/gauche parce qu’il arrange tout le monde, tout en maintenant le spectacle de la pseudo-démocratie. Ainsi les privilégiés du système peuvent se présenter sans effort comme des parangons de justice et d’équité, par exemple en prônant l’arrivée massive d’émigrés dont précisément le peuple des gilets jaunes supporte les conséquences économiques et sociales les plus dures, ou en prônant des mesures écologiques qui pèsent en premier lieu sur les personnes les plus économiquement faibles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Révolte populiste certes, au sens le plus respectable en ce que le peuple demande en premier lieu à être respecté et non traité comme un moins que rien. Mais peut-être plus encore, il est là une révolte profondément politique en ce qu’il ne s’agit plus de contester une gestion plus ou moins maladroite du pouvoir. Le programme des gilets jaunes est inscrit dans une charte dont les buts sont formulés dans le cadre d’une critique radicale de la conception politique globale du pouvoir en place depuis trente ans. En d’autres mots, les gilets jaunes en contestent les choix essentiels. Que ce soit l’annulation de la dette dont d’aucuns savent qu’elle a été remboursée déjà plusieurs fois ; que ce soit l’instauration d’États généraux sur la fiscalité, la mise en place d’une assemblée constituante (retour à 1789) pour une VIe république, le Frexit, le retrait de l’OTAN ou l’arrêt de la politique néocoloniale française en Afrique et ses effets néfastes sur la ruine des peuples du continent noir et, en conséquence, sur l’émigration massive qu’elle engendre. La charte des gilets jaune va très au-delà d’une simple révolte contre l’augmentation du carburant diesel, elle vise rien moins que la politique mondiale. Dans ce programme aucune référence à la politique de la droite, voire de l’extrême droite. C’est un programme que n’eût pas renié le PCF des années 1960. Aussi est-ce pour la première fois en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’une très large fraction d’un peuple agit de manière éminemment politique, sans leader, hors des cadres des partis et des syndicats de gauche.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Il demeure cependant une question essentielle : quelles seraient les conditions pour qu’une partie de ce changement advienne puisque la Constitution française protège le Président et la chambre des députés jusqu’à la fin de la législature ? En d’autres mots, nous en sommes arrivés à un point de la crise où certes le Président est légal, mais après deux mois de manifestions de plus en plus violentes et une répression de plus en plus impitoyable (avec morts et blessés très graves), le pouvoir n’offre au peuple des gilets jaunes et des syndicats que des broutilles, des miettes, sans jamais proposer de véritables négociations au moins sur une partie des bases proposées par les manifestants ! Dans son discours des vœux 2019 le président Macron affirme qu’il a entendu la colère populaire, mais simultanément il prévient qu’il ne changera pas de cap. Traduit en langage simple cela veut dire : cause toujours mon bonhomme cela n’a aucune importance ! Aussi que reste-t-il au peuple pour imposer autant que faire se peut ses intérêts si ce n’est en usant de la violence</span><a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftn5" name="_ftnref5" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">, seule pratique à même de contraindre le pouvoir à céder pour commencer une véritable négociation, car ne l’oublions point, le refus systématique du pouvoir est aussi la manifestation d’une très grande violence ! Autant de preuves, s’il en fallait une fois encore, pour montrer que la politique en son essence s’articule sur des rapports de forces, et que le droit sanctionne un équilibre momentané et partiel entre des forces s’affrontant en permanence. Tant et si bien que lorsqu’il s’agit d’intérêts fondamentaux, le fameux <i>motto</i>de la démocratie représentative dans sa version anglo-saxonne, <i>check and balances</i></span><a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftn6" name="_ftnref6" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">ne fonctionne point, c’est l’idéologie des possédants que nourrit la rhétorique des séminaires universitaires et des discours lénifiants et trompeurs des politiciens ; à coup sûr ce motto ne traduit en rien la réalité des enjeux et des combats que se livrent possédants et exploités. Aussi est-ce toujours l’imposition des lois par le plus puissant qui légifère.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">J’ai rappelé que les référents de ce mouvement à la fois social et politique n’était autre que la Première révolution française, celle d’abord de la monarchie constitutionnelle, puis de la Première république. Plusieurs indices le suggèrent tels la notion d’États-généraux, celle de cahiers de doléances, celle d’une assemblée constituante, mais encore des énoncés plus métaphoriques comme ceux qui conçoivent Macron comme une synthèse entre Louis XVI et Marie-Antoinette et assimilent Mélenchon à Mirabeau, celui qui imposa la rupture du Jeu de Paume (une révolution constitutionnelle, le vote par tête et non plus par ordre) et la Déclaration des droits de l’homme (qui serait aujourd’hui la VIe république que Mélenchon appelle de ses vœux). En l’état actuel des rapports de forces personne ne peut prédire la figure que prendra la révolte des gilets jaunes, s’éteindra-t-elle par lassitude et surtout par la peur justifiée à la vue des manifestants gravement blessés par des forces de l’ordre auxquelles le pouvoir politique a donné toute licence de tirer avec des armes quasi létales comme les nouvelles balles en caoutchouc dites « <i>flash balls</i> » ou les grenades de désencerclement au TNT.</span><a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftn7" name="_ftnref7" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Ou bien cette criminalité étatique rendra les gens plus vindicatifs, plus agressifs encore, déchaînant des cycles de violences bien plus forts ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Cependant une chose me paraît bien établie, ce sont les erreurs d’appréciation de nombre de penseurs critiques. Nous avions cru le pays endormi, pis lobotomisé par un enseignement déliquescent servi par des enseignants majoritairement serviles et des médias aux ordres ! Fi donc de cette analyse ; nous nous trompâmes par un manque évident de perspicacité. Quelque chose bouillonnait sous les échecs répétés des actions syndicales et l’apathie qui s’en suivait. Au moment où j’écris l’histoire, dans un sens ou dans un autre, a repris sa marche infinie. Si l’avenir n’appartient à personne, il n’empêche il nous faut déchiffrer à nouveaux frais les arcanes de ce mouvement inédit sans nourrir des espoirs illusoires ni de fausses craintes d’autant plus pusillanimes qu’elles traduisent toujours des réflexes de classe. Voilà, une fois encore le mouvement social obligeant les penseurs critiques à une vigilance accrue…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">De ce manque de perspicacité général on peut tirer trois conclusions. Il nous faut d’abord rejeter une majorité de soi-disant marxistes qui, depuis leur confort douillet d’universitaires ou leur arrogance de bonimenteurs de bistrots intellectuels, passent leur temps à répéter des commentaires marxistes déjà connus et digérés de longue date. Ils ressassent ces sempiternelles antiennes, à savoir que les grands mouvements politiques n’adviennent qu’une fois réunies les conditions objectives de l’exploitation. Or les conditions objectives de l’exploitation des hommes ainsi que la violence d’État sont toujours présentes, toujours réunies, en revanche ce sont très souvent les conditions subjectives qui sont absentes, et elles seules sont à même de mettre les hommes en mouvement pour le meilleur ou pour le pire. On pourrait dire contre Marx qu’en dernière instance ce sont les superstructures en tant que conscience de l’insupportabilité de l’infrastructure qui déterminent l’<i>energeia</i>de la révolte des masses. En d’autres mots, ce serait bien l’idéologie qui mettrait les hommes en mouvement. Le nouvel exemple fournit par les gilets j’aunes l’illustre parfaitement. En vérité ces superstructures furent radicalement conscientisées au mois de novembre 2018 en France… comme en Belgique… et elles le sont toujours semble-t-il ! Puis, il faudrait en finir avec les accusations d’impureté du mouvement lancées par tant d’intellectuels et de journalistes stipendiés ou apeurés qui se réfugient derrière la théorie ou la calomnie pour promouvoir l’immobilité. Ce n’est pas le bon moment répètent-ils à qui veut l’entendre. Qu’ils relisent une célèbre lettre de Lénine de 1916 où il écrivait :<o:p></o:p></span></div>
<div style="font-family: "Times New Roman", serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<b><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;">« </span></b><strong><span style="border: 1pt none windowtext; font-weight: normal; padding: 0cm;">Quiconque attend une révolution sociale ’pure’ ne vivra jamais assez longtemps pour la voir</span><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">.</span></strong><span class="apple-converted-space"><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;"> </span></span><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;">Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une révolution</span><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">[…]</span><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;">La révolution (...) ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce</span><span style="background-color: white; font-family: "Times New Roman", serif;">. Des éléments de la petite bourgeoise et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement : sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible. Et tout aussi </span><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;">inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs.</span><span style="background-color: white; font-family: "Times New Roman", serif;"> Mais </span><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;">objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité d’une</span><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; padding: 0cm;"></span><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;">lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter</span><span style="background-color: white; font-family: "Times New Roman", serif;">, </span><span style="border: 1pt none windowtext; font-family: "Times New Roman", serif; padding: 0cm;">conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes) et réaliser d’autres mesures […].<o:p></o:p></span></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Je ne vois rien à ajouter à de diagnostique d’un fort réalisme.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Enfin, et comme l’une de ces cruelles ironies que l’histoire parfois nous offre, soyons sûr qu’au bout du compte les gilets jaunes, qui sont loin d’être des universitaires hyper-diplômés, ont administré un nouveau démenti aux pompeuses vérités « intangibles » assénées il y a bientôt trente ans par Monsieur Fukuyama sur la fin de l’histoire en réactualisant certains souvenirs de la première révolution populaire et bourgeoise mondiale, celle de 1789.<br />Claude Karnoouh<br />Paris le 7 janvier 2019, jour de Noël dans le calendrier Julien.<o:p></o:p></span></div>
<div>
<br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftnref1" name="_ftn1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a>Il d’agit de la figure de la modernité dégagée par Ernst Jünger dans son ouvrage, <i>Der Arbeiter</i>, traduit de manière restrictive en français Le Travailleur, mais pour l’auteur, le terme à un sens beaucoup plus large. Ce travailleur peut être aussi bien l’ouvrier que l’ingénieur ou le simple soldat que le général. C’est la figure prométhéenne de la modernité.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn2">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftnref2" name="_ftn2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><i>Geschichte</i>, chez Heidegger l’histoire de l’être opposé à <i>Historichte</i>, l’histoire racontée comme suite d’événements, on trouve chez Aristote une opposition parallèle entre <i>Poiésis</i>, les rapports de logicité intelligible entre événements et <i>Istoria</i>, la chronique événementielle de la vie des hommes.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn3">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftnref3" name="_ftn3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a>Emmanuel Macron ne vient-il pas de la gestion financière d’une banque !<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4">
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftnref4" name="_ftn4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Jean-Luc Nancy, <a href="https://www.liberation.fr/debats/2018/11/04/populisme-et-democratie-par-jean-luc-nancy_1689861" style="color: #954f72;">https://www.liberation.fr/debats/2018/11/04/populisme-et-democratie-par-jean-luc-nancy_1689861</a><br />Où il écrit que ni l’identité du peuple ni la démocratie n’ont existé : « <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Mais l’erreur est de croire qu’il est celui d’une démocratie qui aurait existé. » Il fut des moments où la démocratie exista, certes brefs, mais réels. Quant à l’identité si comme le dit Nancy elle est de raison et non un donné immédiat, il se trompe au moins sur un point, celui de la langue inscrite dans un espace, y compris dans les pays où plusieurs langues sont parlées. Toute identité d’un peuple passe en premier lieu par la langue et ses variations dialectales ainsi que par l’énonciation de la foi à laquelle la langue donne sens. C’est ce qu’avaient compris et Luther et Calvin, et bien plus tard Vatican II.</span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
</div>
<div id="ftn5">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftnref5" name="_ftn5" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a>Rappelons pour mémoire que le droit à l’insurrection était inscrit dans la constitution de la Première république (1792-1804).<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn6">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftnref6" name="_ftn6" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><span lang="EN-US">Selon l’encyclopédie Britannica, https://www.britannica.com/topic/checks-and-balances:<b><span style="color: #6a6a6a;">Checks and balances</span></b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #545454;">, principle of government under which separate branches are empowered to prevent actions by other branches and are induced to share power.</span><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
</div>
<div id="ftn7">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://988F9CC8-C24C-4E25-8D5E-99570053E41D#_ftnref7" name="_ftn7" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[7]</span></span></span></span></a>Nous sommes ici devant une problématique classique de la philosophie politique, à savoir l’opposition entre légalité et légitimité. Si comme l’a réaffirmé le syndicat de police « Police-solidarité » les policiers ne peuvent être tenus individuellement pour responsables de leurs actes car ils obéissent aux ordres du ministre de l’intérieur, des préfets et des commissaires de police, alors il eût fallu absoudre Eichmann de sa responsabilité puisqu’il réaffirma sans cesse qu’il n’avait fait qu’appliquer les lois du Reich sous le commandement d’Himmler et d’Hitler. Il en va de même pour les officiers et soldats français qui torturèrent les Algériens entre 1954 et 1962 ou des soldats et officiers étasuniens les Vietnamiens entre 1958 et 1972 ! A travers la tragédie d’Antigone nous avions appris des Grecs qu’il y a des lois morales supérieures à celles de l’État. Il semble donc que les doctes et les semi-doctes se moquent de nous lorsque sans cesse ils mettent en avant la culture et les leçons de morales qu’elle porterait. Aux résultats que nous constatons au fil du temps, il semble qu’il n’est là que spectacle, décors d’opérette, autant de friandises intellectuelles pour conférences universitaires. Car, dès lors qu’il s’agit des événements propres à la politique réelle et non à des fantasmes purement imaginaires, et la violence générique de toute société où l’exploitation économique est la règle, les belles leçons de morales sont oubliées pour des odes où dégouline une moraline sentimentaliste insipide.<o:p></o:p></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com73tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-82777097483211729722019-02-27T00:07:00.001+02:002021-03-21T00:12:50.289+02:00l’homme comme être-pour-la-guerre (Sein-zum-Krieg)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<b>Une pensée philosophique de la guerre ou l’homme comme être-pour-la-guerre (<i>Sein-zum</i></b><b style="font-size: 10pt; text-indent: 19pt;"><i>-Krieg</i>)</b></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<i>Crudelis ubique/Luctus, ubique pavor et<o:p></o:p></i></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<i>Plurima mortis imago.</i><o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
Virgile,<i>Enéide</i>, 2, 368 sq.<o:p></o:p></div>
<div align="right" class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
En cette année du centenaire de la fin de la Première mondiale nous avons eu un déferlement de livres d’histoire et de documents colligés venus allonger les kilomètres de rayons de bibliothèques qui en étaient déjà bien pourvues. Cette surabondance de documentation a-t-elle apporté une meilleure intelligence de cette effroyable boucherie qui a entraîné les hommes sous la conduite de chefs politiques et militaires à se sacrifier et à sacrifier des vies sans compter ? Je ne le pense guère ! Toutefois afin de remémorer la banale réalité aux lecteurs contemporains enthousiastes d’exploits militaires voici les chiffres que donne <i>Wikipedia</i>pour les trois plus importantes batailles, celles de la Somme et de Verdun à l’Ouest, celle de Galicie à l’Est. Ces chiffres donnent froid dans le dos avant les nouvelles hécatombes de la Seconde-Guerre-mondiale :<br /><br /><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">« La première bataille de la Somme est l'une des batailles les plus meurtrières de l'histoire (hors victimes civiles) avec, pour les belligérants (anglais, canadiens, français, allemands) environ 1 060 000 victimes, dont environ 442 000 morts ou disparus. Pour la Première Guerre mondiale, dans ce sinistre classement, elle se place derrière l’offensive Broussilov, qui s'est déroulée sur le </span><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">front de l’est en Galicie (Russes, Austro-hongrois, Allemands), mais devant Verdun (718.000 morts et blessés pour les deux camps)<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">. Le premier juillet 1916, lors de la première journée de la bataille de la Somme, fut, pour l'armée britannique, une véritable catastrophe, avec 58 000 soldats mis hors de combat, dont 19 240 morts ».<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;">Pour mémoire, à l’intention de ceux qui l’auraient perdue, rappelons que « l’offensive du général Broussilov en Galicie (4 juin-20 septembre 1916) s’est soldée par des pertes mesurées entre 1,5 million et 2,3 millions de victimes pour l’ensemble des troupes russes et germano-austro-hongroises ! »<a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="color: #222222; font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a></span><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Il ne sert à rien de développer plus avant et de ratiociner, ces chiffres parlent d’eux-mêmes surtout si on leur adjoint les innovations techniques des armes mises au travail pour cette superproduction de la mort : la mitrailleuse, l’artillerie légère et lourde à tir rapide par la maîtrise du recul, les gaz de combats, les sous-marins et l’aviation, moins pour les batailles aériennes, certes spectaculaires mais non décisives, que pour les reconnaissances précises des positions des adversaires et les premiers bombardements aériens des positions militaires et civiles. Après plus d’un siècle pendant lequel les grands pays d’Europe déployèrent la rationalité kantienne contre les préjugés archaïques et l’obscurantisme des « vérités révélées » tant dans l’ordre de la pensée politique (le concert « harmonieux » des nations) que dans celui de la pensée scientifique et technique, le continent de la Raison pratique et transcendante mit en scène le plus effroyable des conflits connu depuis la fin de la guerre de Trente ans et le traité de Westphalie. Certes, entre temps, l’Europe avait connu des batailles d’une violence extrême qui surprirent les contemporains : Eylau et ses quarante mille français morts et blessés, Borodino avec des pertes de soixante-dix-sept mille hommes et Leipzig avec ses quatre-vingt-douze mille morts en trois jours pour les deux camps avaient sidérés les contemporains, il n’empêche, en chiffres et en temps comparées aux batailles de la Somme, de Verdun, de la Galicie, aux campagnes de Roumanie, les chiffres paraissent modestes. L’Idéal kantien d’un « projet pour une paix perpétuelle » possible entre des hommes raisonnables s’était donc éteint l’été 1914 dans la blondeur des de blés mûrs de l’Est de la France, à l’horizon infini des grandes plaines d’Europe de l’Est, au milieu des prairies fleuries, en pleine fenaison sur les contreforts des Carpates. Malgré les plaidoyers des pacifistes, de l’Église catholique ou simplement de quelques hommes de lettres de bon vouloir, rien n’arrêta la mortelle marche triomphale de la volonté de puissance du capitalisme impérial mêlée à un nationalisme territorial déchaîné, le tout conduit par l’entéléchie propre au développement et à l’extension de la modernité techno-scientifique. Au-delà des usines et des politiques commerciales d’exportation, la modernité avait étendu son <i>hybris</i>aux combats devenus ces <i>Orages d’acier</i>qui déchiquetèrent tant de corps dans leur pleine jeunesse.</span><a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;"> Aussi dès le milieu du conflit, au-delà des hymnes à la gloires des vainqueurs et des anathèmes lancés à l’encontre des perdants, est-il aisé de constater l’émergence de quelque chose de neuf. Quelque chose d’inédit était advenu à la conscience des combattants au fond des tranchées du front occidental, sur les pics élevés des Alpes italo-autrichiennes, dans les mouvements de troupes au milieu de la plaine galicienne. Un nouveau type de combattant était né, un nouveau dispositif de production du matériel s’était mis en place, une nouveau type de chaîne de commandement s’était déployé. Un <i>continuum</i>structurel et institutionnel traversait le champ de bataille et l’arrière réunissant l’armée en campagne à la société industrielle des producteurs. Jadis, Napoléon, avait perdu la terrible bataille des Nations à Leipzig 1813 par manque d’hommes (les Français, Napolitains et Polonais étaient 195.000, épuisés après la désastreuse retraite de Russie, les Alliés, 330.000), or, en dépit de la propagande allemande <i>post-factum</i>du coup de poignard dans le dos donné à l’armée par les grévistes et les révoltes de 1918, c’est bien le blocus des ports allemands qui a fini par vaincre l’empire germanique : le manque de matières premières pour fabriquer du matériel de guerre en quantité toujours plus grande et les vivres pour nourrir soldats et civils. Ernst Jünger dans son célèbre récit <i>Orages d’acier</i>et dans ses carnets de guerre le remarque dès 1917 sur la Somme tant à propos de l’artillerie lourde britannique que de l’aviation alliée ; sur le front de la Somme dit-il en substance, les alliés sont capables non seulement de remplacer le matériel perdu, mais d’en augmenter la quantité jetée sur le champ de bataille. Ainsi ce n’est plus comme naguère la quantité, la discipline, le courage et la motivation des hommes qui décident seulement de la victoire, et même si ce courage existe toujours, parfois à un très haut niveau d’engagement, ce qui décide en dernière instance de la victoire c’est la synergie entre la technologie et la gestion programmatique des moyens de production : la prévision, les capacités d’approvisionnement et les finances. Dès lors, le combattant n’est plus seulement sur le front, mais simultanément à l’arrière, dans les usines, les ateliers de recherche mécanique, les laboratoires de chimie, en bref, dans les lieux où s’élaborent les théories scientifiques et leur applications. Le combattant n’est plus le valeureux guerrier, mais le soldat pris dans un vaste organigramme de spécialistes qui, chacun à son niveau de compétence, actionnent des machines fabriquées à l’arrière, tant et si bien que l’ouvrier et l’ouvrière sont aussi dans leur spécialité des soldats. La société civile s’est militarisée et l’ordre militaire s’est industrialisé sous la tutelle de l’État. La guerre devenue industrielle s’est totalisée en mobilisant l’ensemble de la société plongée dans la tornade de la <i>Totalmobilmarhun</i>g. Dorénavant soldats comme ouvriers ne sont plus que les rouages d’une gigantesque industrie de mort. En définitive, soldat et ouvrier ad-jointés ne composent plus qu’une seule est même forme (<i>Geschtal</i>), celle du Travailleur (<i>Die Arbeiter</i>) selon la remarquable phénoménologie qu’en donna Jünger en 1931.</span><a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Ainsi, pendant les quatre ans et trois mois que dura ce conflit aux pertes humaines, matérielles et financières immenses, un monde nouveau naquit que les philosophes n’avaient pas prévu. D’un côté la guerre scella la fin de la suprématie économique et politique mondiale de l’Europe, remplacée par les États-Unis, de l’autre, par la conscription générale, elle mit en œuvre la monté en puissance des mouvements de masses, lesquels furent le terreau sur lequel s’enracinèrent des mouvements d’opinions et de forces politiques de type totalitaire des années1920-1945.</span><a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">En effet, pour satisfaire leur ambitions nationalistes et impérialistes les gouvernements issus des démocraties libérales classiques du XIXe siècle avaient fait appel aux masses populaires, les avaient armées y compris les plus déshéritées, simultanément et massivement avaient mobilisé les femmes dans les usines, si bien qu’à la fin des hostilités on ne se pouvait plus faire comme si rien ne s’était passé, on ne pouvait plus recommencer la gestion des hommes comme avant. Les survivants voulaient du neuf, du travail, du bien-être, de la protection sociale, sanitaire, scolaire, bref, une répartition plus juste et équitable des fruits du travail. C’est à cette angoisse que dans les pays ruinés par la guerre répondirent les masses sous diverses formes tant dans l’Italie fasciste que dans la Russie communiste ou dans l’Allemagne hitlérienne</span><a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">en instaurant un contrôle étendu des masses voulu par les masses y compris par ceux qui luttaient contre un totalitarisme au nom d’un autre principe totalitaire. Ce qui s’était montré efficace pendant la guerre entre 1914 et 1918 devenait peu à peu la réalité quotidienne générale : pour faire de la puissance dans la modernité il faut une organisation militaire des masses ouvrières.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">A la lumière des événements actuels en Europe, mais aussi de ceux qui apparaissent dans notre monde en permanente expansion capitaliste, on doit rappeler, comme l’annonçait déjà Gérard Granel dans son célèbre essai, que « Les années trente sont devant nous »</span><a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222; font-size: 9pt; line-height: 18px;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">. Aussi ces années trente nous apparaissent-elles aujourd’hui comme la protohistoire de notre contemporanéité. C’est parce que ces années trente furent précédées d’une guerre industrielle totale qui exigea une gestion totale des hommes militaires et civils, une gestion sans pitié et sans pardon pour leurs faiblesses « humaines trop humaines » où se dévoila l’essence authentiquement humaine de l’homme, l’Être-pour-la-guerre, <i>Das</i><i>Sein-für-Krieg</i>. Cette guerre apparut alors comme la prémisse du totalitarisme à venir. Ce ne sont pas les injustices et les inconséquences aveugles de Versailles comme l’affirmèrent par exemple des réformistes comme Keynes qui ont engendré les pouvoirs totalitaires de l’Entre-deux-guerres, mais bien l’essence totalitaire du déploiement de la guerre comme guerre générale en elle-même. Il faut nous rendre à l’évidence et l’admettre même si cela choque les idéalistes de tous bords, rien moins que la guerre totale pour engendrer le totalitarisme sociétal. Et si avec un peu de courage intellectuel nous eussions poursuivi la réflexion de Gérard Granel, nous eussions constaté sans efforts surhumains combien ce qui a suivi dans le monde, dans tout le monde, représente autant de moments de totalitarisme dur ou soft selon les circonstances qui dominent ici et là la scène politique. C’est pourquoi les considérations et les odes aux valeurs humanistes ne sont que des fables enfantines pour <i>il pensiero debole</i>, car bien plus que l’exploitation de l’homme par l’homme comme moteur de l’histoire, je pense dorénavant que c’est bien l’extermination de l’homme par l’homme qui, en dernière instance, en est le fondement ontologique et l’expression ontique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Claude Karnoouh<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; line-height: 20px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 21.3pt;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">Bucarest février 2019<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormalIndent" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 35.4pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div>
<br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Entre l’entrée en guerre de la Roumanie août 1916 et la fin de 1918, pour une population d’environ dix millions d’habitants, la Roumanie perdit : <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #222222;">1 300 000 soldats blessés et 700 000 tués, soit 20% de sa population. Le plus fort pourcentage de tous les belligérants !</span><o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn2">
<div align="left" class="MsoNormal" style="font-family: "New York", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-indent: 0cm;">
<a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt;"></span><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Allusion au journal de guerre d’Ernst Jünger, <i>i<span style="color: #222222;">n Stahlgewittern</span></i><span style="color: #222222;">, et aux récits de guerre de Maurice Genevoix, <i>Ceux de 14</i>, Paris, 1946.<o:p></o:p></span></span></div>
</div>
<div id="ftn3">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></span></a><i>Der Arbeiter</i>, Berlin, 1931. Quelque année auparavant le film de Fritz Lang, <i>Metropolis</i>illustra parfaitement les travailleurs comme armée du travail, Berlin, 1927.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></span></a>Il faudrait ajouter, et ce serait l’objet d’un autre essai, que cette guerre, où les Alliés jetèrent dans le champ de bataille des masses d’hommes venus de leurs colonies, fut le terreau des grands mouvements de libération nationale qui triompheront après la Seconde-Guerre-mondiale.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn5">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></span></a>Je rappelle simplement pour mémoire des sous-produits de ces vaste mouvements historiques, la Pologne du Colonel Beck, la Hongrie horthyste, la Roumanie de la dictature carliste puis légionnaire, la Turquie d’Ataturk.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn6">
<div class="Times" style="font-family: Times; font-size: 10pt; line-height: 16pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
<a href="applewebdata://AE573ACF-1457-4485-ACB7-80985AFD4906#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif;">Gérard Granel, <i>Études</i>, Éditions Galilée, 1995, p. 71-74.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com49tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-73647747558247993172019-02-27T00:03:00.000+02:002019-02-27T00:03:00.796+02:00Comment éviter les défis de l’Histoire universelle ou les gauches roumaines et la politique internationale<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #1b1b1b; font-size: 8pt;">Comment éviter les défis de l’Histoire universelle ou les gauches roumaines et la politique internationale <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial; color: #1b1b1b; font-size: 8pt;">Et l'on peut me réduire à vivre sans bonheur,</span><span style="color: #1b1b1b; font-size: 8pt;"><br /><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur.<o:p></o:p></span></span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 10pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: right; text-indent: 0cm;">
<span style="font-size: 8pt;">Corneille, <i>Le Cid</i><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Je ne suis pas spécialement imbu des faits politiques de mon pays, surtout quand il lui arrive aujourd’hui (jadis et naguère) de se comporter d’une manière éthiquement indigne. Cependant il m’est quelque fois arrivé d’être fier d’être français quand le pays dans sa généralité et sa diversité donnait (rarement il est vrai) des exemples de courage dans l’adversité et l’infortune. Aujourd’hui le mouvement des gilets jaunes commencé à la fin du mois de novembre 2018 me rend quelque espoir quant à la capacité du peuple français, à tous le moins de ses membres les moins privilégiés ou de ceux vivant à la périphérie des grands centres urbains comme l’écrit le géographe Guilly, d’engendrer un mouvement politique et social de très grande envergure, un mouvement dont les pratiques non hiérarchiques sont tout-à-fait nouvelles et originales dans le paysage européen, et qui, peu à peu, suscite des émules dans divers pays comme la Belgique, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, voire l’Australie, etc. Cependant, un lieu européen demeure à l’écart de grandes manifestations de solidarité, un lieu où le mouvement ne suscite que peu d’intérêt, l’Europe de l’Est. Là les choses vont tout autrement. Je n’ai pas ouï-dire ou lu que de vastes mouvements d’opinions apparentés se fussent manifestés en Pologne<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a>, Hongrie (et ce malgré les grandes manifestations contre la nouvelle loi du travail du Premier ministre Victor Orbán), en Tchéquie, Slovaquie, Bulgarie, pour soutenir verbalement le mouvement. En Roumanie, le silence est presque général tant dans les médias que parmi les intellectuels publics ou moins publics réputés de gauche, hormis Alexandru Mamina et Florin Platon. Tous les deux sont bien les seuls qui, à ma connaissance, ont écrit un papier consistant sur ce thème dans la revue <i>on line</i>Argumente si Fapte.<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></span></span></a><o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Quelles conclusions en tirer ? Les gilets jaunes n’intéresseraient pas l’intelligentsia de « gauche » roumaine, laquelle penserait que c’est un épiphénomène passager, caractéristique de la mauvaise humeur auquel les Français nous ont habitué dès longtemps, soit qu’il est là un thème bien trop dangereux pour avancer une opinion, parce que, une fois encore, comme à l’époque des énormes manifestations françaises contre le nouveau code du travail (loi El Khomri), l’intelligentsia de « gauche » roumaine (ou ceux qui se prétendent tel) a parfaitement perçu qu’en de telles circonstances, le silence est d’or. Attention, il ne faut pas contrarier de potentiels bailleurs de bourses, de voyages d’études, de séjours d’artistes en résidence, d’invitations à des colloques. Quant à l’État roumain il se garde bien d’une quelconque opinion, gardant un silence attentif pour voir venir ce que dira la commission de Bruxelles qui pour le moment se tait, or d’aucuns savent, qui ne dit mot approuve. Ce silence est bien dans le style de la diplomatie du pays, suivre le plus puissant, en l’espèce le président Macron qui malgré les gilets jaunes reste l’un des deux hommes fort de l’UE (l’autre est une femme Madame Merkel), aidé en cela par le <i>Brexit</i>l’homme et la presque rupture des relations diplomatiques avec l’Italie.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Ce n’est pas la première fois que l’intelligentsia de « gauche » roumaine garde un silence pesant, voire tonitruant sur des phénomènes de politique extérieure où s’expriment les plus fortes tensions et injustices internationales, lesquelles devraient cependant susciter des paroles de soladité, précisément parce qu’elle s’auto-intitule de gauche et donc qu’elle s’avance essentiellement sur le terrain de la morale ! En général lorsqu’elle y fait allusion comme voilà quelques années à propos de la civile en Syrie, la « gauche » roumaine se conforme au<i>main stream</i>étasunien et européen. A coup sûr, hormis une trentaines d’individus aisément repérables, cette « gauche » de posture quasi mondaine, de salon de thé, de café à la mode, de séminaires universitaires confidentiels ne brille pas par l’audace de ses engagements. Elle cultive le lisse, gomme les aspérités de tous ses discours critiques et parfois pour certains pratique le double langage : de « gauche » dans le pays, plus conforme au conventionnel dehors. Cela prend parfois une allure franchement caricatural, on critique ce qui est autorisé par la commission européenne ou une quelconque institution occidentale, par exemple le Premier ministre hongrois pour sa catastrophique loi sur le travail supplémentaire, en revanche on ne dit rien à propos des gilets jaunes français, des opérations de la CIA au Venezuela, de la guerre contre le Yémen par proxis, des opérations du néocolonialisme français en Afrique, de la catastrophe humaine de la Syrie, des crimes israéliens dans la Bande de Gazsa ou de <i>l’ethnic cleansing</i>des territoires occupés<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></a> ! Regardé <i>sine uri et studio</i>il n’est là que le trait d’une inconsistance politique, une version bien ancrée dans la <i>Weltanschauung</i>politique de l’intelligentsia roumaine à laquelle naguère Eliade avait donné une description qui avait été reprise dans les années ‘70 par Noica : se cacher de l’histoire. Mais pour Eliade il s’agissait de quitter l’ontique des événements politiques, ce qu’il appelait « la tyrannie de l’histoire », pour atteindre à la spiritualité. Précisons tout de suite que pour cette gauche de posture il n’est pas question de spiritualité, de transcendance puisqu’elle la repousse en permanence au profit du culte de l’immanence en ses diverses hypostases postmodernes, l’éphémère de l’art contemporain, la posthistoire qui efface le politique au profit des effets du sociétal et de toutes sortes de gadgets idéologiques du prêt-à-penser postmoderne. Or comment peut-on se cacher de l’histoire et donc de la politique ? L’histoire est toujours là même pour les hommes y compris pour les hommes qui quêtent le spirituel, puisque personne ne se peut situer hors de son temps. Nous l’avions compris depuis Heidegger depuis la remise en cause radicale du sujet transcendantal husserlien. Parce que, au bout du compte, « La question de l’être » est essentiellement la question du sens de l’être (longtemps oubliée) par rapport à l’homme parlant et non aux choses qui elles ne parlent pas. La question de l’être c’est donc la question du <i>Dasein</i>, l’être-là de l’homme, lequel s’interroge sur le fait qu’être n’est pas simplement la simplicité adamique du <i>cogito</i>cartésien, mais plus radicalement cet étant qui s’interroge sur le fait qu’être c’est « être en train d’être », et donc questionnant la temporalité l’être-là. Aussi, qu’on le veuille ou non l’histoire comme seul destin de l’humain nous retient-elle dans les mailles de son filet, ou mieux nous soumet à sa destinalité. Nous ne pensons point, c’est le temps ou plutôt l’esprit du temps (<i>Zeitsgeist</i>) qui nous pense !<o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Cette idée de se préserver de l’histoire est ou naïve ou retorse en ce qu’elle permet individuellement et collectivement de s’exonérer de toutes responsabilités politiques. Un général allemand prisonnier des Roumains disait au lendemain du 24 août 1944 : voilà quatre jours tout le monde était encore pro-allemand, aujourd’hui plus personne ne l’est ! Le 25 décembre 1989 plus personne n’était communiste ! Au mois de Décembre 1944, l’écrivain et journaliste soviétique Ilya Erhenburg écrivait qu’une foule d’intellectuels roumains faisait la queue à la porte de la suite qu’il occupait à l’hôtel Athénée Palace.<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></a>Tous lui faisaient savoir qu’ils n’avaient jamais été des soutiens de la garde de fer et de la dictature du Maréchal Antonescu, qu’ils avaient été simplement forcés d’applaudir pour survivre. En janvier 1990, tous les intellectuels ou presque assumaient qu’ils avaient adhéré au PCR contraints et forcés pour survivre. Toutefois on n’était pas obligé d’écrire la lettre de soumission totale qu’avait envoyée Plesu à Nicolae Ceausescu après le scandale de la méditation transcendantale, ou comme d’autres accepter de chanter les louanges du chef de l’État et du parti pour les avantages offerts de la part d’un régime qu’ils prétendaient honnir après 1989 !<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></a>Si donc se cacher de l’histoire et donc de la politique signifie courber l’échine selon la direction du vent, chanter en chœur les louanges du pouvoir du moment, que ce soit sincère ou simplement joué, pour les intellectuels cela n’a aucune importance. Encore qu’à l’époque de la dictature royale, de celle des gardes de fer et enfin celle du Maréchal Antonescu il y avait une très petite mais réelle opposition intellectuelle, souvent emprisonnée, parfois tuée… Mais qui donc était-ce ? mais précisément les communistes et les sympathisants communistes. Or à propos d’événements majeurs de la politique internationale présente, l’unanimisme est tel qu’hormis cette trentaine de personnes qui affichent d’une manière ou d’une autre des positions critiques hors des cris d’orfraie labellisés par le <i>main stream</i>, le silence est pesant. Il est vrai qu’on lit sur Facebook les protestations du petit parti PSR sur le Venezuela, mais quant à l’autre parti qui s’affirme comme le nouveau parti de la gauche critique, Demos (qui rassemble à peu près autant de membres que d’enseignants de quelques départements de sciences humaines) il se remarque par un silence assourdissant sur tous les plus graves problèmes internationaux du moment. C’est comme s’il n’avait aucun programme de politique internationale en dehors d’un culte rendu à l’UE.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Cette déshérence massive de la politique internationale par la majorité des gauches roumaines ne peut avoir d’autre explication qu’une sorte peur de déplaire, de contrarier. Il en va de même dans les humanités. Je n’ai jamais lu de critiques, d’oppositions à diverses théories sociologiques, anthropologiques, historiques (hormis les affirmations des historiens hongrois !) voire philosophiques. Soit elles sont massivement ignorées par les professionnels comme peut l’être Foucault par les historiens, Lacan par les divers analystes ou Lévi-Strauss ou Needham par les anthropologues, soit elles sont prises comme telles, sans distance critique, comme beaucoup à gauche le font de Bourdieu ou de l’école des Annales. Il en va de même pour les mouvements sociaux où j’avais déjà remarqué le mutisme épais face aux manifestions françaises contre la loi détruisant le code du travail (El Komhri). Intitulé « le silence est d’or » cet article m’a valu de solides inimitiés chez les intellectuels de la gauche de posture.<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></a>On retrouve une situation similaire avec les gilets jaunes. Ainsi, tandis que les groupes féministes roumains s’étaient enthousiasmés pour le mouvement Me too lorsqu’il s’agissait de soutenir les stars hollywoodiennes abusées par des producteurs qui récompensaient leurs prestations sexuelles par de brillantes carrières, ces mêmes mouvements demeurent d’un silence de plomb quand il est question des gilets jaunes où les femmes non seulement jouent un rôle combattif très important, mais où elles paient un lourd tribut de blessures, parfois très graves (œil crevé, fracture du crâne, contusions thoraciques) pour leur engagement. Pourquoi un tel mutisme, pourquoi une telle aphasie ? Serait-ce parce qu’il s’agit pour l’essentiel de femmes prolétaires ou de petites employées, que c’est donc beaucoup moins glamour qu’Hollywood et qu’en conséquence cela rapporte symboliquement et pratiquement bien moins qu’un féminisme de salon de thé, de déclarations creuses qui n’engagent pratiquement à rien ni de dur ni de dangereux et contentent les bailleurs de fond des ONG ? J’ajouterai que le silence est tout aussi massif en ce qui concerne les hommes puisqu’il y a parmi eux de très graves blessés et au moins un mort tandis qu’un autre vit dans le coma depuis trois semaines. Si le Président Poutine avait fait le dixième de la répression menée par le Président Macron et sa police on eût entendu hurlements et imprécations tonitruantes couvrant toute la planète… Devrait-on penser que ce silence face à l’un des mouvements sociaux-politiques le plus radicalement critique en Europe de l’Ouest depuis mai 1968 en France et en Italie est une autre manière roumaine, fût-elle de gauche, à de se protéger de l’histoire dans ce qu’elle a de tragique et donc de dangereux. Je laisse à chacun de mes lecteurs la conclusion souhaitera en tire.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Bucuresti 8 février 2019<o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; line-height: 18px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Claude Karnoouh<o:p></o:p></div>
<div>
<br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[1]</span></span></span></a>Une cinquantaine de membres du petit syndicat de gauche polonais, le syndicat des travailleurs a manifesté 2février devant l’ambassade de France à Varsovie. En Roumanie, le PSR (parti socialiste roumain) a publié un communiqué de soutien, et ici et là sur Facebook des <i>likes</i>.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn2">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><b><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><b><span style="font-size: 9pt;">[2]</span></b></span></b></span></a>Alexandru Mamina, « Revoluție în centrul sistemului » (La Révolution au centre du système) in <i>Argumente si Fapte</i>, 18 decembre 2018, Bucarest.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
Florin Platon, Noam Chomsky, « Vestele Galbene și 100 de ani de Luptă de Clasà », (Noam Chomsky, les gilets jaunes et cent ans de lutte de classe) în <i>Argumente si Fapte</i>, 26 janvier 2019, Bucarest.<u><o:p></o:p></u></div>
</div>
<div id="ftn3">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[3]</span></span></span></a>A propos de la Syrie, il faut louer la revue <i>Idea</i>et son animateur, Alexandru Polgár pour avoir publié un cahier spécial sur la guerre de Syrie avec la contribution notoire du grand économiste et historien libanais, Georges Corm.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[4]</span></span></span></a>Ilya Erenbourgh, <i>Du Don à la Seine</i>, Paris, 1948….<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn5">
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[5]</span></span></span></a>Que les lecteurs se reportent aux auteurs du gigantesque ouvrage <i>Omagiu</i>édité pour l’anniversaire du chef du parti-État. Le résultat est édifiant quant au nombre de « dissidents » parmi les intellectuels et artistes qui le louaient, Editura politicà, Bucuresti, 1978. L’édition spéciale de l’<i>Omagiu</i>pour la Transylvanie ne manque pas non plus de surprises savoureuses.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn6">
<h1 style="font-family: Helvetica; font-size: 12pt; margin: 12.75pt 0cm 9.75pt; text-align: justify; text-decoration: underline; text-indent: 19pt;">
<a href="applewebdata://A41D3F0D-D22B-4C82-9BEF-92CD08793DEC#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt; font-weight: normal; text-decoration: none;"><span class="MsoFootnoteReference" style="letter-spacing: -1.5pt; position: relative; top: -2pt;"><span style="font-size: 9pt;">[6]</span></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman", serif; text-decoration: none;"></span><span style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; font-weight: normal; text-decoration: none;">Claude Karnoouh,</span><span style="font-size: 9pt; font-weight: normal; text-decoration: none;">« </span><span style="color: #444444; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; font-weight: normal; letter-spacing: -0.35pt; text-decoration: none;">Tăcerea e de aur », in <i>Argumente si Fapte</i>, 13 iunie 2016. « Le silence est d’or », version française dans <i>La penseelibre.org</i>, n° 111, 9 juin 2016.<o:p></o:p></span></h1>
<div class="MsoFootnoteText" style="font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 9pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt;">
<br /></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com34tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-82087627084957437492017-06-20T13:40:00.001+03:002017-06-20T13:40:50.871+03:00Adieu à l’anthropologie. Quelques réflexions sur la disparition de l’altérité radicale<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<h1 style="text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;"><span style="font-size: small;">Adieu à l’anthropologie.<o:p></o:p></span></span></h1>
<h1 style="text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;"><span style="font-size: small;">Quelques réflexions sur la
disparition de l’altérité radicale<o:p></o:p></span></span></h1>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<h1 style="text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span></h1>
<h1 style="text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;"><span style="font-size: small;">1- Rappel pour mémoire<o:p></o:p></span></span></h1>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Pour aborder ce sujet, il convient, en premier lieu, de
rappeler quels furent les premiers défis que l’altérité souleva pour
l’Occident, et comment celui-ci s’y confronta. C’est seulement après ce
préalable que l’on pourra déterminer la généalogie des phases où s’élabora peu
à peu la construction d’un domaine de la connaissance nommé présentement :
anthropologie. Faut-il encore le préciser, il ne s’agit pas de l’anthropologie
au sens grec du mot <i style="mso-bidi-font-style: normal;">anthropos</i>
— ce qui a trait à l’homme en général et à lui seul dans son opposition
aux dieux et aux Idées. L’anthropologie dont il est ici question (appelons-la par
convenance l’anthropologie moderne ou la « science anthropologique »)
surgit originellement d’un étonnement sans équivalent devant des êtres ce qui
furent perçus comme des hommes totalement et radicalement différents de ceux
qui peuplaient tant l’Occident chrétien que l’Orient musulman, voir même les
parties de l’Afrique connues dès la plus haute l’Antiquité du vieux monde. En
d’autres mots, il s’agit de ce qui apparut aux yeux des Européens de la fin du
XVe et du XVIe siècles comment l’altérité humaine radicale. L’avènement d’un
événement inouï, la mutation dans la nature de la connaissance de l’autre de la
part de l’Occident chrétien, d’un autre vraiment humain et cependant totalement
différent du Chrétien européen. Ce n’était ni l’Infidèle connu depuis la
conquête arabe, les Croisades et les guerres contre l’Empire ottoman, mais du
païen tel que le définit le poète français de la Pléiade, le protestant Clément
Marot : il s’agit de tous les peuples qui ne rapportent pas leurs
croyances et leur foi aux religions du livre. En découvrant l’Amérique l’Indien
est devenu l’Autre-par-excellence dans une situation paradoxale. En effet, bien
qu’on l’exterminât les colonisateurs catholiques cherchaient néanmoins à le comprendre
en observant minutieusement ses mœurs et ses coutumes, ses langues, puis, en
avançant selon une approche plus théorique, en tentant, au fur et à mesure des
découvertes, de le comparer dans la synchronie et la diachronie, pour élaborer
une sorte de hiérarchie du développement des peuples, c’est-à-dire, dans
l’esprit des Lumières pris au sens le plus large, une échelle s’étendant des
peuplades les plus éloignées de l’état de la bourgeoisie de l’Europe
occidentale jusqu’à celles qui s’en approchaient quelque peu.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[1]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> Ainsi, en trois
siècles, au fur et à mesure que s’imposait de manière générale la philosophie
du sujet (d’abord, au sens de l’« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego
cogitans</i> » cartésien qui détermine le monde objectif/rationnel à la
mesure de son doute, puis ensuite à l’aune de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i> transcendantal kantien, qui détermine la rationalité à tout ce
qui est accessible à l’entendement humain), laquelle détermine la vérité de
l’objet, se sont construites les bases<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>d’une science humaine ou sociale à part entière, différente dans
démarche pratique de la philosophie, mais s’en originant, que l’on nomma
ethnographie (le terme apparaît en1823) puis, anthropologie, au cours du
dernier tiers du XIXe siècle.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Pour être historiquement plus précis rappelons que cette
fascination simultanément humaniste puis scientifique pour l’homme Autre et
néanmoins homme (qui n’est ni le barbare vraiment humain des Grecs, qui ne peut
parler aux dieux puisqu’il ne parle pas grec ; ni les monstres,
hommes-chiens, animaux à face humaine, têtes à jambes et toutes sortes de
démons propres aux représentations des croyances médiévales dans les lieux où
régnaient Gog et Magog, le prêtre Jean ou tout autre être merveilleux<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[2]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> comme Bosch les illustra
à l’aube de la Renaissance), cette fascination est consubstantielle à la
conquête de l’Amérique. C’est la raison pour laquelle ces perceptions et leurs nouvelles
représentations s’inscrivent dans l’imaginaire du naturalisme retrouvé de la
Renaissance…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Il est par ailleurs avéré que depuis les Egyptiens, et avant
eux les Sumériens, toute l’histoire des relations antiques du Moyen et
Proche-Orient avec l’Afrique renvoie à une certaine familiarité de connaissance
comme l’avaient aussi les Grecs et les Romains. Lors des premières expéditions
médiévales en direction du Sahara et de l’Afrique noire sub-saharienne, puis, après
les voyages portugais le long des côtes de l’Afrique, tout cela mis à nouveau en
présence les Européens et Africains, instaurant des relations et des échanges,
y compris déjà un commerce d’esclaves antérieur au commerce transatlantique
(commerce triangulaire) que les Vénitiens et les Génois avec les Arabes exploitaient
fort bien et que les Francs rencontrèrent lors de la Première croisade. Les dernières
expéditions portugaises le long des côtes sud-africaines précédèrent de très peu
la « découverte » de l’Amérique, mais tant le Berbère que l’Arabe ou
le noir qui pouvait être un guerrier ou un esclave étaient des hommes connus de
l’Occident depuis l’Antiquité (certaines dynasties égyptiennes étaient noires,
venues du haut-Nil soudanais ; parmi les troupes d’Hannibal il y avait des
Noirs), et les relations s’étaient poursuivies tout au long du Moyen-Âge. De
plus, bien que vu comme des « sauvages » ces peuples noirs étaient
bien moins redoutables pour les Européens que les Mongols, les Tartares, les
Tatares venus d’Asie centrale et des haut-plateaux de Mongolie. Ces noirs étaient
en général des sédentaires (les Boschimans, Hottentots et Pygmées, chasseurs-cueilleurs,
étaient inconnus) et venaient de sociétés plus ou moins royales, de puissants
patrilignages hiérarchisés, sociétés d’éleveurs ou d’agriculteurs-éleveurs
pastoraux, eux-mêmes en contact de longue date avec les hautes civilisations
urbaines de la Méditerranée orientale. Il en allait de même en cette fin du XVe
siècle pour l’Asiatique ou l’habitant des Indes, de tout ce monde l’Europe en
« savait quelque chose ». Ces peuples pouvaient certes surprendre par
certains aspects physiques, leurs vêtements ou leur absence de vêtements, par
leurs mœurs quotidiennes, toutefois cette surprise avait été, de longue date,
intégrée au stock des connaissances européennes. Or, ce qui arriva le 12 octobre
1492 apparut très vite, comme un coup de tonnerre dans cette civilisation
européenne qui chercha plus encore que l’Empire romain ou l’Empire des steppes
ne le firent, à s’étendre, à outrepasser sans cesse son domaine politique,
économique et culturel. Ce jour-là, le jour de la découverte de l’Amérique par
Colomb, le monde, c’est-à-dire notre planète a commencé à devenir moderne, se
transformant en un seul et même espace unifié de déploiement des communications
maritimes, ce qui, cinq siècles plus tard se nommera « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">the global village</i> ». Désormais, et
plus rapidement encore, dès lors que Magellan doublerait le cap Horn et
s’aventurerait dans le Pacifique par l’Est, tous les continents seraient
bientôt reliés : Europe, Atlantique, Pacifique, Océan Indien, dès la fin
du XVIe siècle la communication et l’économie des grands pouvoirs devint
planétaire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Cette extension – de fait la pénultième extension de
l’Occident, la dernière la conquête de l’espace – mettait pour la première
fois dans l’histoire humaine en contact direct l’Européen avec un nouveau
personnage, sans aucun équivalent préalable dans la mémoire des voyageurs<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[3]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>, des explorateurs,
des marchands et des prêtres : l’Indien, plus tard l’Aborigène australien,
le Polynésien et le Mélanésien ! Là on avait affaire au « sauvage »
par excellence ! Sédentaire ou nomade, constructeur d’empires, agriculteur
ou chasseur-cueilleur, il est très souvent nu, même dans les régions froides.
Mayas, Toltèques ou Aztèques, membres de sociétés impériales hiérarchisées et
centralisées se caractérisent aux dires des conquistadors par des mœurs à la fois
raffinées et d’une violence inouïe, avec des sacrifices humains massifs,
infiniment plus massifs que ceux déjà décrits avec effarement les premiers
prêtres et les premiers marchands européens qui rencontrèrent les Mongols de la
Horde d’Or ou qui furent retenus prisonniers dans les campements des khans
régnant depuis les hautes terres de Mongolie sur la Russie, la Sibérie
occidentale, l’Asie centrale, la Chine. Etranges êtres humains pour ces pauvres
hidalgos qui valorisent l’or et l’argent. On leur offre des objets de valeur
dérisoires aux yeux des Européens, des plumes ou des femmes esclaves issues des
tribus vaincues. Etranges Indiens ! Ils sont très souvent cannibales<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn4" name="_ftnref4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[4]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>, comme le
découvriront deux siècles plus tard Cook et ses marins chez les Polynésiens
d’Hawaï, comme en feront l’expérience tragique des missionnaires après des
Mélanésiens. Ces Indiens étaient sauf exceptions notables prompt à la guerre
pour récupérer des femmes et des enfants (le bien le plus précieux) ou humilier
la tribu voisine. Plus tard très étrange enfin cet Aborigène australien, le
plus archaïque et le plus incompris peut-être, homme venu directement du paléolithique
supérieur, sans aucune agriculture et rencontré au milieu du XVIIIe siècle à
Botany bay : austère, simple, endurant, ascétique, dont le principal
souci, hormis la survie alimentaire grâce à la chasse et la cueillette des
graines sauvages, était le jeu complexe des alliances et des filiations en
fonction de systèmes de parenté très complexes d’une part<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn5" name="_ftnref5" style="mso-footnote-id: ftn5;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[5]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>,
et, de l’autre, de ressaisir dans ses rêves une interprétation de l’origine du
monde, de la dessiner et de la peindre. Tous ces empires, toutes ces tribus, tous
ces clans étaient dépourvus du sens de la propriété privée de la terre et pour
certains les plus archaïques d’agriculture… Tous ces traits, autant pour l’homme
européen que pour l’Asiatique semblaient incompréhensibles, au point que parmi
les éléments théologico-économiques fondamentaux qui vont servir d’arguments
pour légitimer la conquête de l’Amérique du Nord, figurerait, en bonne place
dans de nombreux actes officiels, le fait que les Indiens ne sont pas
divinement dignes de posséder la terre étasunienne sur laquelle ils vivaient au
prétexte bien connu de la théologie calviniste et néo-protestante qu’ils ne
sont pas prédestinés à la travailler !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">2-La découverte des Amériques ou la fin de l’archaïsme<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Ce qui fait de ce 14 octobre 1492, de ce premier pas sur le
sol du « Nouveau-Monde » l’événement-avènement (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Eiregnis</i>) moderne par excellence, c’est que, dès les premières
correspondances adressées par Christophe Colomb à ses maîtres royaux après la
« découverte » de cette île des Caraïbes (qu’il nomma Hispaniola, la
future Haïti-Saint Domingue), il y précise l’absence de ces monstres humains<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn6" name="_ftnref6" style="mso-footnote-id: ftn6;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[6]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> que j’ai
précédemment rappelés, si familiers à l’iconographie médiévale de l’exotisme,
tels qu’ils étaient encore représentés dans la traduction espagnole de 1524 du<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Livre des Merveilles du monde</i> de Jean
de Mandeville publié pour la première fois en 1356.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn7" name="_ftnref7" style="mso-footnote-id: ftn7;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[7]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Ces Indiens étaient donc des hommes et non des monstres, mais
des hommes si différents qu’ils se présentèrent à l’imaginaire occidental comme
les premiers représentants, plus que le Noir, de l’Autre homme radicalement
différent. Et c’est en tant qu’hommes différents totalement différents des
hommes connus précédemment qu’ils furent à la fois l’objet d’une curiosité déjà
quasi scientifique de la part des moines et, simultanément, le sujet-homme
« rejeté par Dieu » soumis et contraint au travail le plus rentable,
celui de l’esclave : « […] et autant d’esclaves qu’elles [leurs
Altesses royales] en voudront faire charger, car ce sont des idolâtres. »<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn8" name="_ftnref8" style="mso-footnote-id: ftn8;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[8]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> A ce moment-là de
l’histoire occidentale, c’est, dans l’espèce homme, la qualité de Chrétien qui
est le seul trait discriminent permettant, sans commettre aucun pécher, d’engendrer
la réduction immédiate ou la non-réduction de la personne à l’état d’esclave …
En d’autres mots, ce n’étaient ni des singes ni des demi-singes, mais de vrais
hommes, avec les qualités d’intelligence pratique et théorique que possède tout
être humain, mais, n’étant que des païens anthropophages, on pouvait les
soumettre au travail esclave, travail dont on sait qu’il exige une accoutumance
et une adaptation que seul l’homme est capable d’endurer. Très vite on constata
que l’Indien appartient véritablement au genre humain. Ainsi, les chefs des
comptoirs établis par des Protestants calvinistes interdirent à leurs ouailles
mâles, sous peine de bannissement, toute « paillardise » avec les
femmes indigènes non-baptisées. Ce qui suggère que ces
« paillardises » avaient lieu et de manière fréquente<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn9" name="_ftnref9" style="mso-footnote-id: ftn9;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[9]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> et qu’elles
n’étaient pas considérées comme de la bougrerie, en terme moderne, de la
zoophilie ! Et même lorsque Las Casas démontra qu’ils avaient une âme,
rien n’y fit : hommes, véritablement hommes, inférieurs et vaincus, ils ne
pouvaient être que des esclaves dans une vision chrétienne qui, bien que
catholique, n’en était pas moins comprise comme l’accomplissement de la
prédestination : « Ainsi Notre Rédempteur a donné ce succès à notre
Roi et à notre Reine très illustres et à leurs royaumes devenus célèbres pour
cette chose importante […] pour la grande gloire qu’ils en tireront dès que
tous ces peuples se convertiront à notre sainte foi et ensuite pour les biens
temporels non seulement l’Espagne, mais tous les Chrétiens auront bénéfices et
profits. »<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn10" name="_ftnref10" style="mso-footnote-id: ftn10;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[10]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><sup> </sup>Pour
ses esprits hautement chrétiens, il est vrai que la suite des événements de la
conquête pouvait, donner à croire en cette prédestination : tant la chute
de l’Empire aztèque que celle de l’Empire inca furent le fait de petites
troupes de conquistadors chrétiens déterminés, énergiques, résolus et cruels dans
leur extrêmement violence, très habiles politiquement, armés de mousquets et
d’un ou de deux petits canons (armes à feu plus terrorisantes par leur bruit
que par leur efficacité), montés sur cet animal inconnu et puissant, le cheval.
Ces intrus ont été confrontés aux troupes certes fort nombreuses de ces
empires, mais dénuées d’armes en métal, et, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">last
but not least</i>, pratiquant un art de la guerre aux buts totalement inconnus
à ces populations Que ce soit les Aztèques, les Mayas ou les Incas, ou d’autres
ethnies plus primitives, le but de la guerre n’était pas tant de tuer les plus
d’ennemis, mais prendre le plus de prisonniers possible afin d’alimenter les
sacrifices humains (les hommes), pour augmenter le stock d’esclaves (hommes,
femmes et enfants) et pour la possession de potentielles épouses afin d’assurer
au maximum la reproduction de la société.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn11" name="_ftnref11" style="mso-footnote-id: ftn11;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[11]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Tous, dans leur simple présence comme « étant humain
là-dans-le-monde » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Seinde</i>)
ainsi et non autrement, manifestaient cette altérité radicale qui, dans sa
pratique quotidienne et festive, ses rites, ses croyances, ses représentations
matérielles, ses parures, y compris celles inscrites sur le corps (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Darstellungen</i>) ou spirituelles (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vorstellungen</i>), ne pouvaient s’accorder
avec celles que portait le monde occidental, avec son christianisme conquérant,
sa soif d’or et d’échanges d’épices aux profits juteux, que sous deux formes.
La première historiquement, celle qui vit la conversion même parfois pacifiquement,
mais en général réduisant en esclavage et exterminant, y compris culturellement ;
la<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>seconde économique, quand, quelque
quatre siècles plus tard, après que le génocide d’une masse d’entre eux et
l’éradication de leur culture, parfois même de leur langue, après que cette fin
de tous fut à peu près consommée, lorsque ces peuples devinrent d’un côté une
sorte de lumpen (comme les Aborigènes australiens ou certains groupes d’Indiens
aux États-Unis, au Brésil, en Colombie, Guyane française) parqués dans des
réserves, soumis à l’exploitation néocoloniale qui, au nom d’un humanisme de
pacotille, a transformé leur vie, leur « art » ou leur artisanat en
éléments de la marchandisation généralisée sous le nom de folklore. Ou alors on
vit des hommes égarés, hagards, hébétés, produit d’une acculturation ratée, guerroyant
pour des maîtres divers et des trafiquants de toutes acabits (cf. l’Afrique
noire d’aujourd’hui). Certes, cet homme indigène, avec ses manières
syncrétiques singulières, est devenu homme de la modernité, voire même de la
modernité tardive, mais d’une modernité ratée car modelée par l’inconsistance
conceptuelle de sa nouvelle manière de nominaliser dans le monde, avec ses
pidgins, son bichlamar, ses sabirs et autres volapüks. C’est l’homme qui use présentement
des gadgets occidentaux sans jamais en saisir ni l’origine théorique (avec la
complexité des instruments électroniques, une majorité des Occidentaux lui
ressemblent) ni même, et la différence est essentiellement là, les conditions
de leur réalisation.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Dès lors, après la mort culturelle et économique (un président
français, Nicolas Sarkozy, a même parlé de non-advenu à l’histoire !), l’ancien
« sauvage », le « païen », le « primitif » peut
devenir pleinement l’homme « premier » de l’« art
premier » , celui qui est comptabilisé, classé, muséifié comme un
insecte par l’ethnographie-ethnologie-anthropologie « scientifique »
et qui, comme pour accélérer sa fin, est transformé en marionnette folklorisée,
nouvelle proie des « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tour operators</i>,
ersatz d’« authenticité » archaïque, nouvelle marchandise offerte à
l’avidité d’un exotisme de pacotille pour l’écrasante masse des touristes
ignares et obscènes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">3-L’échec des politiques syncrétiques<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Revenons à présent à l’aurore de ce moment où se planta le
décors d’un Nouveau Monde à peine découvert et à ce qui, plus tard, apparaîtrait
comme le premier pas de la mondialisation. Constatons, une fois encore, que
l’Indien voué à l’extermination, en raison de la manière dont les Espagnols le
forcèrent à travailler sous le joug d’une violence inouïe et d’un esclavage
féroce, est cependant un être bien humain en ce que la lettre précitée de
Colomb à ses maîtres espagnols fait ressortir déjà un symptôme de
prédestination établissant des différences de valeurs qualitatives entre les
civilisations. C’est donc ce symptôme – ici, chez les catholiques, comme on le
verra plus avant, plutôt d’ordre politico-sociologique, tandis que les
protestants, l’élèveront au statut d’un principe théologique – qui prépare
la mise sous tutelle, et quelle tutelle, de tous ces « sauvages », de
ceux-là et d’autres que les Occidentaux trouveraient au fur et à mesure que
leur conquête du monde s’étendrait. Lors de la célèbre controverse de
Valladolid (1550), les contre-arguments de Sépuvéda à l’endroit de Las Casas
paraissaient en justifier totalement les prémisses : « Ainsi la
pauvreté de leur équipement militaire montre non seulement l'archaïsme de leur
technique, mais que Dieu les priva de toute vraie défense. »<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn12" name="_ftnref12" style="mso-footnote-id: ftn12;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">[12]</b></span><!--[endif]--></span></span></b></span></a> Certes, et
en dépit des mesures anti-esclavagistes de Charles-Quint jamais appliquées pour
cause de guerre contre les Réformés, et surtout, pour achever la mise en place
des éléments de cette tragédie dont les effets pèsent encore sur le destin des
Amériques, le Légat du Pape qui arbitrait le débat, prit une décision grosse de
crimes à venir en légitimant la Traite de Noirs : « Le verdict du
Légat du Pape est très finement énoncé. En déclarant qu’il est décidé (tel est
le terme utilisé, distinct de "reconnu" ou "admis") que les
Amérindiens ont une âme, le visage de Sepúlvéda s’obscurcit, signe de la victoire
d’une Église humaniste. Mais la décision est immédiatement suivie d’une
solution au problème économique posé dès lors par la nature humaine des
autochtones : un homme ayant une âme ne peut être exploité sans
rémunération ou tué sans raison. « L’envoyé du Pape ouvre alors une
perspective qui fera ses preuves : la main d’œuvre gratuite doit être
recherchée parmi les noirs d’Afrique qui eux n'auraient pas d'âme de par leur
absence de civilisation. Sepùlvéda et Las Casas sont tous deux vaincus. »<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn13" name="_ftnref13" style="mso-footnote-id: ftn13;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[13]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> On comprend
parfaitement la manière extrêmement habile de trouver une solution à ce double
problème d’une part théologique, de l’autre économique : comme il était
déjà trop tard pour arrêter les effets de la grande violence répressive, des
épidémies meurtrières et du travail esclave sur l’effondrement catastrophique
de la démographie des Indiens, il n’était donc guère onéreux de les exempter
d’esclavage en raison de leur nature humaine, et de faire appel désormais aux Africains
noirs (par ailleurs connus de longue date des Européens), des hommes sans âmes,
quoique, si l’on en eût crû certains voyageurs médiévaux, ils en eussent eu une
(ainsi que les divers Asiatiques), qu’ils fussent infidèles ou idolâtres,
c’est-à-dire « dans l’erreur ».<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn14" name="_ftnref14" style="mso-footnote-id: ftn14;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[14]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Pour rendre justice à l’Eglise romaine, il convient de
préciser, au moins dans un court paragraphe, que tout au début de la découverte
du Nouveau Monde la papauté décréta le devoir moral et l’obligation juridique
de la conversion des Indiens.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn15" name="_ftnref15" style="mso-footnote-id: ftn15;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">[15]</b></span><!--[endif]--></span></span></b></span></a>
Plus encore, les évangélisateurs, des moines des ordres mendiants
(Franciscains) et prêcheurs (Dominicains et Augustins), découvrant l’effrayante
situation des Indiens des îles, envoyèrent des délégations plaider la cause des
indigènes devant le nouveau roi d’Espagne, l’Empereur du Saint Empire romain
germanique, Charles Quint. Cortés, après avoir vaincu dans un bain de sang
l’empereur aztèque à Mexico, fit appel aux Franciscains pour évangéliser la
Nouvelle Espagne, premier nom du Mexique. Hommes de foi, sages et savants, ils
y travaillèrent avec ardeur. D’abord ils furent extrêmement attentifs, au
travers d’interprètes, au paroles des Indiens, en observant leurs coutumes, en
enquêtant sur leurs croyances et leurs rites « idolâtres » puis, très
rapidement, en apprenant leurs langues (le nahuatl pour les Aztèques) afin de
débattre avec leurs prêtres de l’idolâtrie, de traduire la catéchèse catholique
en nahuatl, et d’ouvrir des établissements d’enseignements pour les enfants des
familles nobles aztèques souhaitant ainsi créer une véritable élite hispano-aztèque
qui eût dû jouer un rôle important dans l’administration de la Nouvelle Espagne.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn16" name="_ftnref16" style="mso-footnote-id: ftn16;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[16]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> Mais, dès le
dernier tiers du XVIe siècle, la couronne espagnole arrêta ce mouvement de
syncrétisme culturalo-religieux pour une politique centralisée et répressive
bien plus accentuée.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn17" name="_ftnref17" style="mso-footnote-id: ftn17;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[17]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>
Il n’empêche, tant la résistance indienne et une certaine mémoire de la
tradition impériale de la civilisation aztèque, que le nombre d’Indiens vivants
au Mexique et au Guatemala (comme au Pérou dans l’empire Inca), laissèrent dans
ces contrées, à la différence des îles Caraïbes, de l’Amazonie, de l’Argentine,
du Chili, de l’Uruguay, de la plupart des régions des États-Unis et du Canada,
une importante population indigène toujours présente aujourd’hui. Ainsi,
poursuivant dans ce siècle la lutte séculaire menée pour une reconnaissance
culturelle, sociale et économique, la résistance indigène du Mexique s’est
actuellement réactualisée dans le mouvement zapatiste ou au États-Unis dans le
mouvement de Sand Creek des Sioux contre les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pipelines</i> de pétrole brut traversant certaines de leurs terres
ancestrales et sacrée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Il n’empêche, la plus simple des justices ou la banale vérité
factuelle nous oblige à reconnaître, contre les esprits animés d’un
anticléricalisme borné que ces Franciscains, ces Dominicains comme Las Casas,
plus tard des Augustins et des Jésuites ont été les fondateurs de
l’ethnographie, de l’ethno-linguistique et de l’anthropologie moderne, bien
avant le « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Linguistic turn </i>».
En effet, en cherchant à traduire et à expliciter, c’est-à-dire à interpréter
pour les prêtres aztèques et d’autres population de l’Ouest du Mexique et du
Guatemala (les Mayas), les notions chrétiennes de Salut, de <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rédemption, de Sauveur, de la double nature du
Christ, divine et humaine, de Dieu unique en ses hypostases Trinitaires, de
Saint Esprit en sa double procession du Père et du Fils, ils durent au
préalable pénétrer la compréhension aztèque du surnaturel et de la divinité, la
place qu’ils occupaient dans l’organisation socio-spirituelle de l’Empire
aztèque, les enjeux symboliques et politiques des rites et le sens ou les sens
ultimes que les Indiens donnaient à leurs croyances. En bref, inventer et
appliquer une méthode d’approche de l’altérité : ce que trois siècles et
demi plus tard, un anthropologue comme Boas ou Kroeber redécouvriraient pour
comprendre les restes déstructurés des sociétés indiennes d’Amérique du Nord.
J’y reviendrai. Mais dès le milieu de ce XVIe siècle, la naissance d’une
société hispano-indienne ne se réalisa point car le pouvoir civil imposa les
règles du fonctionnement social, religieux, celles commandant le travail sous
la forme de l’esclavage aidé par un clergé séculier avide d’or et de bien-être.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Il faudra donc attendre encore quatre siècles pour que, en
dépit de l’abolition de l’esclavage et de sa condamnation générale, les
théories de l’évolution historico-culturelles jaugent les
« sauvages » sous un autre angle que celui d’une prédestination à la
soumission de l’homme occidental. Il a fallu quatre siècles pour regarder le
« sauvage » en une autre guise que celle de l’efficacité technique et
de ses effets pratiques. Il aura fallu quatre siècles pour qu’une
« science » de l’altérité humaine, l’anthropologie sociale ou
culturelle, réexamine la primitivité sans attribuer <i style="mso-bidi-font-style: normal;">a priori</i> à ses diverses cultures une faiblesse ontologique hormis
celle de la technique comme ultime métaphysique de la modernité tardive. En
effet, si l’on se reporte aux théories évolutionnistes on y lit le constat que
l’homme occidental – le bourgeois urbain, le capitaliste et l’industriel,
l’ingénieur, voire l’ouvrier pour les penseurs socialistes<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn18" name="_ftnref18" style="mso-footnote-id: ftn18;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[18]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> –
représentait dans le monde l’accomplissement de ce que devait être la
civilisation par excellence : en d’autres mots, le beau, le bon, le bien
et le vrai. Nous en connaissons aujourd’hui le coût humain ! Cette
interprétation socio-historique fonctionnait parallèlement à celle que Darwin
avait proposé pour l’évolution des espèces : comme pour les animaux, les
sociétés eussent été soumise à une sélection drastique en fonction de leur
capacité d’adaptation aux divers changements du milieu naturel et à leurs
aptitudes intellectuelles à développer les moyens de dominer toujours plus la
nature. Aussi historiens, philosophes, anthropologues physiques et culturels,
psychologues, sociologues, etc… faisaient-ils du progrès techno-scientifique et
de ceux qui l’avait mis en œuvre, une classe composée d’une bourgeoise
financière, d’entrepreneurs industriels, d’ingénieurs, l’ultime critère de
jugement quant aux valeurs socio-culturelles positives caractérisant les
diverses sociétés humaines. L’histoire du monde se résumait donc à la grille de
lecture d’un évolutionnisme monodirectionnel et mono-causal (le sens de
l’histoire, fût-il dialectique !). Toutes les activités humaines allaient
dans le sens de la complexification. Ainsi, selon les philosophes des Lumières,
les langues seraient passées de l’onomatopée aux langages articulés<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn19" name="_ftnref19" style="mso-footnote-id: ftn19;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[19]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>, les religions,
les mœurs, les objets rituels (ou art « primitif »<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn20" name="_ftnref20" style="mso-footnote-id: ftn20;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[20]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>), etc. Quel que
soit la causalité unique, le rationalisme des Lumières et le triomphe de la
marche en avant des progrès de l’homme ou le romantisme herdérien avec sa
théorie des âges des sociétés où le philosophe et évêque luthérien affirmait
que c’est à l’aurore des cultures que se déploie, dans sa plénitude,
l’« esprit » d’une civilisation ou du peuple (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Volksgeist</i>), l’unité du concept et du sentiment, ces deux
interprétations contrastées selon une dichotomique temporelle, soit vers le
futur, tendue en direction de l’accomplissement humain en sa totalité soit, à
l’opposé, regardant en arrière, vers un âge d’or qui depuis est marqué par sa
décadence, ne s’éploient au bout du compte, que sur un même socle ontologique.
Ces deux visions ou sens du monde participaient, de fait, d’une même acception
ontologique de la temporalité : le temps comme eschatologie linéaire évolutionniste,
Gloire initiale, Chute ou Paradis perdu, mais il s’agissait toujours de salut
en devenir… Nous connaissons cette double antienne de longue date, y compris
dans l’une de ses plus belles versions poético-philosophiques, dans le renvoi
nietzschéen à l’éternel retour du même, grâce auquel on retrouverait les
valeurs héroïques des Grecs présocratiques. Nous avons là, si brillamment
exposés qu’ils le fussent, les derniers avatars de la métaphysique de
l’histoire, les ultimes tentatives pour obvier (oublier peut-être !) les
défis ravageurs de la modernité technique et son effet majeur, l’acheminement à
sa vérité du nihilisme accompli. Tous ces discours de la décadence ou de
l’accomplissement présentent autant de variations sur des thèmes déjà martelés
par les Saintes écritures anciennes et nouvelles : Paradis perdu, chute,
attente ou arrivée du Messie rédempteur, préparation à l’Apocalypse. En digne
héritier des Lumières plus que de la dialectique hégélienne, Engels, ne fit
qu’appliquer l’eschatologie temporelle de l’évolutionnisme en surpondérant le
matérialisme économique comme condition de l’évolution historique.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn21" name="_ftnref21" style="mso-footnote-id: ftn21;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[21]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> Mais il ne
travaillait que dans l’esprit du temps et se trouvait très proche d’un
anthropologue étasunien non-marxiste, Lewis H. Morgan dont les œuvres
inspirèrent de manière décisive sa lecture de l’évolution de l’institution
familiale.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn22" name="_ftnref22" style="mso-footnote-id: ftn22;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[22]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> Certes, sans
rompre avec le modèle évolutionniste, cette univocité fut corrigée dans un
cadre interprétatif pluridirectionnel<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn23" name="_ftnref23" style="mso-footnote-id: ftn23;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[23]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>,
mais il n’en demeura pas moins toujours tendu vers sa conception de
l’accomplissement dans le modèle idéal du bourgeois urbain européen…Il suffit
d’observer les élites africaines, polynésiennes, mélanésiennes pour s’en
convaincre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<h1 style="text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;"><span style="font-size: small;">4- Le changement
interprétatif<o:p></o:p></span></span></h1>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Pour que l’anthropologie commence à modifier son approche
interprétative des sociétés primitives, il avait fallu d’une part, comme en
linguistique, l’émergence du comparatisme synchronique (parfois contre, mais
souvent en complément de l’historicisme philologique), d’abord fonctionnel puis
structural<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn24" name="_ftnref24" style="mso-footnote-id: ftn24;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[24]</span><!--[endif]--></span></span></span></a> et, de l’autre, le
déploiement d’un esprit du temps abandonnant peu à peu l’arrogance coloniale,
pour que les ethnologues délaissent aux préhistoriens et à leurs fossiles la
quête des aspects de nos origines les plus anciennes, et observent que ces
sociétés tant bien que mal survivantes étaient, de fait, composées d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">homo sapiens sapiens</i>, et non pas de
quelconques singes hyperdéveloppés ou d’homme de Néanderthal survivants. Il
fallut qu’à l’instar de Boas, Kroeber, Malinowski, Firth, Griaule ou Shallins
ou Guidieri les ethnologues s’étonnassent, au sens fort de l’étonnement
philosophique, de ces mondes « sauvages » et mesurassent l’énormité
de notre ignorance, à commencer celle par leurs langues et donc de leurs
concepts, car il n’est pas d’énonciation dans une langue naturelle qui ne porte
en elle des concepts et donc une pensée abstraite, laquelle n’est pas,
quoiqu’en dit Lévi-Strauss, du bricolage<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn25" name="_ftnref25" style="mso-footnote-id: ftn25;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[25]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>.
En effet, comme le fit remarquer Derrida dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">De la grammatologie</i>, c’est du bricolage quand on ne comprend pas
les foncteurs logiques d’une langue, et donc d’une pensée. Malgré tous les
plaidoyers d’humanisme de Lévi-Strauss et d’autres, l’homme occidental anthropologue
est demeuré prisonnier d’un ethnocentrisme qui lui faisait, une fois encore,
comprendre l’homme sauvage simultanément inférieur intellectuellement et modèle
de vie du Paradis perdu : un mélange de Rousseau quant à l’illusion du Bon
sauvage et de Kant quant à l’universalisme des contenus des catégories de
l’entendement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Toutefois d’énormes questions demeurent et restent sans
réponses convaincantes malgré plus d’un siècle et demi de méditation sur les
différences culturelles.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn26" name="_ftnref26" style="mso-footnote-id: ftn26;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[26]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>
Ainsi pourquoi certains peuples, très tôt, ont-ils inventé diverses techniques
forts complexes d’architecture, de calcul, l’écriture, la métaphysique, le
monothéisme, des formes d’État centralisé et organisé par une puissante
administration. Pourquoi chez certains la techno-science quasi moderne est déjà
en pré-gestation tandis que chez d’autres <i style="mso-bidi-font-style: normal;">homo
sapiens sapiens</i> l’accent fut mis sur la complexité des systèmes de parenté,
la construction de mythologiques, le raffinement de rituels fort complexes ?
Le mystère demeure toujours ! Mais pourquoi, comme le fit remarquer
Malinowski<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn27" name="_ftnref27" style="mso-footnote-id: ftn27;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[27]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>, nous est-il si
difficile de pénétrer le ou les sens que ces hommes attribuent à leur présence
dans le monde, aux raisons de leur agir, à leurs croyances et à leur foi en ces
croyances, à leurs représentations, à la manière de définir et de traiter
l’ami, l’ennemi, le voisin ? Pourquoi prennent-ils femme de tant de
manières différentes ? Pourquoi ont-ils choisi telle ou telle modalité de
la filiation, telle ou telle d’exclusion exogamique, etc. ? Lire les
anthropologues, au-delà de prétentions théoriques souvent creuses, c’est dans
le meilleur des cas, lire des séries de descriptions dont, malheureusement, les
critères de choix classificatoires sont très rarement explicités (cf. R.
Nedham, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Belief, Language and Expérience</i>),
mais qui ressortissent à ceux qui nous sont familiers, à notre logique, en ce
que les lecteurs auxquels nous destinons nos publications, ceux qui jugent, collationnent
les diplômes et garantissent la valeur d’une « qualité » professionnelle,
le public des lecteurs donc est massivement composés d’Occidentaux (ou de gens
totalement acculturés à la manière de penser occidentale), habitués à certaines
règles de la rhétorique argumentaire qui, par exemple, n’admettraient point que
l’on explicite un mythe en contant un autre mythe non pas dans une visée
comparative, mais d’un point du vue d’une herméneutique immanente… <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">La question demeure toujours en suspens y compris du point de
vue fonctionnaliste. Les indigènes engagent-ils telle ou telle action,
pratiquent-ils tel ou tel rite, mettent-ils en jeu telle ou telle croyance pour
résoudre au mieux les défis immédiats que leur posent les forces de la nature, ceux
que leur lancent d’autres hommes ? C’est parfois apparemment vrai, mais
très superficiel. Ce n’est que tardivement et en très petit nombre que les ethnologues
retrouvèrent la voie des pères franciscains et commencèrent à prendre au
sérieux (pour vraies) les interprétations indigènes dans leur langue, et non
point agir comme le fit Frazer dans le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Rameau
d’Or</i> qui s’acharnait à démontrer combien toutes ces croyances ne sont que
naïvetés de primitifs somme toute « stupides ». Et Wittgenstein avec
son bon sens logique et son humour ravageur, n’aura de cesse que de ridiculiser
les approches plus primitives de celui qui était l’une des stars de
l’anthropologie académique au début du XXe siècle.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn28" name="_ftnref28" style="mso-footnote-id: ftn28;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[28]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Certes le fonctionnalisme, sans qu’il l’assume véritablement,
demeure marqué lui aussi d’évolutionnisme, y compris dans le comparatisme
synchronique qu’il propose, mais, au fur et à mesure que les sociétés
primitives disparaissent en tant que civilisation, les anthropologues qui
suivirent Malinowski et Radcliffe-Brown<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn29" name="_ftnref29" style="mso-footnote-id: ftn29;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[29]</span><!--[endif]--></span></span></span></a>
comprirent que ces pertes étaient irrémédiables, que les « sauvages »
n’étaient plus sauf à reconstruire littérairement des sociétés imaginaires, qu’ils
devenaient autre chose que ce qu’elles avaient été durant des siècles, que la
mondialisation d’une forme politico-économique générale, le capitalisme
impérial (y compris sous forme de guerres mondiales ou locales) avait
définitivement achevé et unifiés ces divers mondes qui ne s’étaient jamais
rencontrés auparavant. Que tout était consommé et s’exposait dans un
syncrétisme généralisé. Ainsi, aujourd’hui, les sauvages ne sont plus que
« de grandes statues de pierre qui s’enfoncent lentement dans la
boue », écrivait naguère Remo Guidieri dans la conclusion de son ouvrage
majeure <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Route des morts</i><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn30" name="_ftnref30" style="mso-footnote-id: ftn30;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="line-height: 150%; mso-ansi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[30]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>en une sorte d’oraison funèbre d’une profonde
tendresse emprunte d’une grande tristesse.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Claude Karnoouh<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%;">Bucarest juin 2017<o:p></o:p></span></div>
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<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[1]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> On rencontre souvent dans les écrits des penseurs
libéraux du XIXe siècle des sentences qui comparent tant les ouvriers que les
paysans aux « sauvages ».<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[2]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Jean-Paul Roux, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
Explorateurs au Moyen-Âge</i>, coll. « Le temps qui court », édit. du
Seuil, Paris, 1967, cf. « Les merveilles du monde », pp. 149-183.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Jurgis Baltrušaitis, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Moyen-Âge fantastique. Antiquités et
exotismes dans l’art gothique</i>, coll. Idées et recherches, Flammarion,
Paris, 1981.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[3]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> L’arrivée des Vikings sur la côte Nord-Est de
l’Amérique du Nord n’avait laissé aucun comptoir ni traces mnémoniques.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref4" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[4]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Jean de Lery, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
d’un voyage fait en la terre de Brésil en l’an 1557</i>, Plasma, Paris, 1980,
chap. XV, « Comment les Américains traitent leurs prisonniers pris à la
guerre et les cérémonies qu’ils observent tant pour les tuer que pour les
manger », pp. 173-182.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Chez les Aztèques,
parmi les offrandes aux dieux, il y avait des sacrifices humains consistant
généralement en l’arrachement du cœur, et aussi à de l’anthropophagie.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn5" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref5" name="_ftn5" style="mso-footnote-id: ftn5;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[5]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Cf. Claude Lévy-Strauss, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Structures élémentaires de la parenté</i>, Paris, 1949 ; et
Rodney Needham,<span style="background: white; color: #222222;"> </span><i><span style="color: #222222;">Rethinking kinship and marriage</span></i><span style="color: #222222; mso-bidi-font-style: italic;">, Oxford Universty Press, 1971.</span><o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn6" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref6" name="_ftn6" style="mso-footnote-id: ftn6;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[6]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Christophe Colomb, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Œuvres complètes</i>, La Différence, Paris, 1992. Cf., pp. 208-226, la
lettre adressée à Luis de Santangel le 14 février 1493 : « Dans ces
îles je n’ai pas trouvé, à ce jour, d’hommes monstrueux, comme beaucoup le
pensaient ; ce sont au contraire des gens de très bel aspect ; ils ne
sont pas tout noirs comme en Guinée [Afrique] et ont les cheveux raides, et ne
vivent pas là où ils sont trop exposés au fournaise des rayons du soleil […]
Ainsi donc, je n’ai pas trouvé de trace de monstres, si ce n’est qu’une île qui
s’appelle Carib, la seconde en arrivant aux Indes, qui est peuplée de gens qui,
dans toutes ces îles, sont tenus pour féroces, car ils mangent la chair
humaine. » pp. 215-215.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Un demi-siècle plus
tard, en 1557, un jeune calviniste français, fuyant les guerres de religions,
s’installa au fort Coligny placé sur l’une des îles de la baie de Guanabara
(Rio de Janeiro) qu’il quitta par la suite, pour une expédition d’un an sur le
continent. Décrivant ses rencontres avec les « sauvages » (de fait,
les Tupinambas), il écrit : « […] ne sont pas plus gros ou plus petits
de stature que nous sommes en Europe ; ils n’ont donc le corps monstrueux,
ni prodigieux par rapport à nous. » in, Jean de Lery, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">op cit.</i>, p. 105.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn7" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref7" name="_ftn7" style="mso-footnote-id: ftn7;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[7]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Jean de Mandeville, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Livre des merveilles du monde</i>, coll. Sources d’Histoire
médiévale, édition critique de Christiane Deluz, édit. du CNRS, Paris, 2001.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn8" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref8" name="_ftn8" style="mso-footnote-id: ftn8;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[8]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US;"> Christophe Colomb, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">op.cit.</i>, p. 216.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Pour une histoire de la poursuite de la conquête décrite par
les acteurs de l’époque, voir Bernal Diaz del Castillo, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Historia Verdadera de la Conquista de Nueva España</i> (Histoire
véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne), rédigé en 1558, le manuscrit
fut retrouvé à Madrid en 1632 et publié. Il existe une traduction roumaine de
cet ouvrage, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Adevarata istorie a
cuceririi Noii Spanii</i>, (avant-propos, choix de textes et traduction de
Maria Berza), éd. Meridiane, Bucarest, 1986 ; et surtout Frère Bernardino
de Sahagún,<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Historia general de las cosas
de Nueva España</i> (Histroire générale des affaires de la Nouvelle Espagne)
texte rédigé en 1569 et publié en 1800 au Mexique. Il en existe une traduction
roumaine, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Istoria generala a lucrurilor
din Noua Spanie</i>, (Préface, traduction et commentaires de Narcis Zarnescu),
éd. Meridiane, Bucarest, 1989. On trouvera ce que l’on peut appeler sans
réserve la première description ethnographique des Indiens situés entre la
Floride et l’Ouest du Golfe du Mexique chez <span style="background: #F9F9F9; color: #222222;">Álvar Núñez Cabeza de Vaca, in </span><i><span style="color: #222222; mso-bidi-font-weight: bold;">Relación que dio Alvar Núñez
Cabeza de Vaca de lo acaescido en las Indias en la armada donde iba por
Gobernador Pánfilo de Narvaez</span></i><span style="color: #222222; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-font-weight: bold;">, réédité sous le nom de <i>Naufragios</i>… en
français, </span><i><span style="color: #222222;">Relation et naufrages d'Alvar
Nuñez Cabeça de Vaca</span></i><span style="background: white; color: #222222;">,
première édition, Paris, 1837.</span><o:p></o:p></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Pour saisir les
conditions effrayantes de la répression contre les indigène récalcitrants et
leur mise en esclavage par les Espagnols, lesquelles entraînèrent, en un
demi-siècle, le dépeuplement quasi total de toutes les îles Caraïbes, y compris
la plus vaste Cuba, cf. le premier et le plus célèbre défenseur des Indiens, le
dominicain Bartolomé de Las Casas, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Brevíssima
relación de la destruyción de las Indias. Colegida por el Obispo don Bartolomé
de las Casas o Casaus de la orden de Santo Domingo</i>, première parution en
1552 (Il existe trois éditions modernes en français de cette œuvre qui
reprennent toutes la traduction de 1579 du protestant François de Miggrode
publiée à Anvers en 1579). Enfin, on lira avec très grand profit l’ouvrage de
synthèse de Marcel Bataillon et d’André Saint-Lu, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Las Casas et la défense des Indiens</i>, coll. Archives, Julliard,
1971.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Il faut
impérativement rappeler, car c’est décisif pour l’avenir des colonies et le
développement rapide du capitalisme mercantile ainsi que, au bout du compte,
pour la mise en œuvre accélérée de la globalisation, que cette extermination
totale entraîna immédiatement autre forme de criminalité coloniale, la traite transatlantique
des Noirs réglée d’abord par Le Code noir espagnol, puis, plus tard, par le
célébrissime Code noir promulgué sous Louis XIV. Lire à ce sujet l’admirable
commentaire qu’en a donné Louis Sala-Molins, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Code noir ou le calvaire de Canaan</i>, P.U.F., Paris, 1987.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn9" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref9" name="_ftn9" style="mso-footnote-id: ftn9;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[9]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Jean de Lery, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">op.
cit.</i>, chap. VI.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Les Catholiques en
revanche pouvaient avoir comme maîtresse officielle ou compagne, avec la
bénédiction de l’Église, des femmes indiennes à la condition qu’elles fussent
baptisées dans la « vraie foi ». La plus célèbre de ces premières
maîtresses avait été doña Marina, la compagne-traductrice de Cortés, le
conquérant de l’Empire Aztèque. Cette pratique était fort répandue dans la
mesure où les chefs indiens, en signe de paix lors des premiers contacts
pacifiques avec les Conquistadors, donnaient, parmi d’autres offrandes, des
jeunes filles et des femmes prisonnières des guerres victorieuses contre des
peuples voisins…<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn10" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref10" name="_ftn10" style="mso-footnote-id: ftn10;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[10]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Christophe Colomb, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibidem</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Dans cette lettre
d’aucuns peuvent le constater, à la veille de l’émergence de la Réforme (les
thèses de Wittenberg de Luther datent du 15 octobre 1517), les Catholiques
regardent les Indiens dans une vision commandée, elle-aussi, par la
prédestination. En d’autres mots plus modernes : les Indiens ont perdu le
grand jeu de l’Histoire parce qu’ils n’avaient pas la foi chrétienne et donc
n’étaient pas, dès l’origine, les élus de Dieu ! On voit donc que la
théorie structuraliste de l’histoire de Lévi-Strauss basée sur un hasard
positif de facteurs favorables comme dans une sorte de jeu de cartes où le
hasard ferait parfois bien les choses (cf. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Race
et histoire</i>) est une pure construction idéologique qui obvie, masque sous
prétexte d’égalitarisme cette défaite initiale fondé justement sur une supériorité
à la fois métaphysique et technique origine de tous les empires coloniaux. <o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn11" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref11" name="_ftn11" style="mso-footnote-id: ftn11;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[11]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Alfred Métraux, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
Incas</i>, coll. Le temps qui coure », édit. du Seuil, Paris, 1961. Cf.,
« Le 16 novembre 1532, à la tombée du jour, l’Inca Atahuallpa était
arraché de sa litière au milieu de ses gardes et capturé par Francisco Pizzaro.
Son armée taillée en pièces par une poignée de cavaliers, se perdait dans la
nuit. », in « Le mirage inca », p. 3.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div id="ftn12" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref12" name="_ftn12" style="mso-footnote-id: ftn12;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[12]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Site Internet <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Encyclopédie Wikipédia</i>
: fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_de_Valladolid.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn13" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref13" name="_ftn13" style="mso-footnote-id: ftn13;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[13]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Ibidem.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn14" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref14" name="_ftn14" style="mso-footnote-id: ftn14;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[14]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Jean-Paul Roux, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">op.cit.</i>,
« L’âme aventureuse », p. 107. <o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn15" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref15" name="_ftn15" style="mso-footnote-id: ftn15;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[15]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Bulle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Inter
Caetera</i> d’Alexandre VI du 4 mai 1493.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn16" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref16" name="_ftn16" style="mso-footnote-id: ftn16;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[16]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;">La situation du Mexique n’est pas unique, mais elle
représente celle qui dominait l’ensemble du continent américain. L’inclusion de
possibles élites indiennes dans l’administration royale y fut plus généralement
admis, mais, dans la réalité, la création de ces élites fut systématiquement
repoussée par les pouvoirs laïcs et religieux séculaires.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn17" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref17" name="_ftn17" style="mso-footnote-id: ftn17;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[17]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><sup><span style="font-weight: normal;"> </span></sup><span style="font-weight: normal;">Pour
une étude du choc culturel de la conquête et de l’évangélisation pendant le
XVIe siècle, lire le travail exemplaire de Christian Duverger, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Conversion des Indiens de Nouvelles
Espagne</i>, édit. du Seuil, Paris, 1987. Dans cet ouvrage, on trouvera la
première traduction en français du débat théologique entre les Aztèques et les
Franciscains : « Bernardino de Sahagún, colloques et doctrines
chrétiennes qui permirent aux douze frères de Saint-François envoyés par le
Pape Adrien VI et l’Empereur Charles Quint de convertir les Indiens de
Nouvelle-Espagne en langue mexicaine et espagnole », pp. 69-111. Dans ce
texte d’aucuns peuvent lire sous la plume de Sahagún cette description qui en
surprendra plus d’un : « Cette terre [la Nouvelle-Espagne] était
pleine de gens fort policés, très sages dans l’art de gouverner leur
république, bien exercés à l’art militaire qui était le leur et dans lequel ils
se montraient habiles, forts dévots envers leurs idoles auxquelles ils vouaient
un profond respect. » p. 72. La suite du texte montre en particulier que
les prédicateurs travaillaient pour la foi chrétienne, l’Église catholique, et
le vicaire de Dieu sur terre, son chef temporel et spirituel, le Pape. Lorsque
le « Roi des Espagnes » est cité, c’est uniquement en tant que
protecteur de la « Sainte Mère, l’Église catholique, apostolique et
romaine » et de ses entreprises d’évangélisation.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;">Il faut ajouter qu’en
raison de sa prétention à l’universalité (la parole et le corps du Christ étant
offerts à tous les hommes sans distinction aucune), l’évangélisation des
Indiens, parallèlement au déploiement d’un commerce triangulaire entraînant un
capitalisme mercantile extensible aux limites de la Planète, explicite, à sa
matière théologique les premiers pas vers la mondialisation.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn18" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref18" name="_ftn18" style="mso-footnote-id: ftn18;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[18]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Cf., les articles de Marx et Engels sur la question
coloniale des « Indes orientales », sur les guerres entre la couronne
britannique, la Perse et l’Afghanistan, etc…, in Karl Marx et Friedrich Engels,
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Textes sur le colonialisme</i>, Édit. du
Progrès, Moscou, 1977.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il convient de
citer les dates de publication des textes originaux. Ces articles sont donnés
dans les livraisons du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">New York Daily
Tribune</i> qui se succèdent entre le 10 juin 1853 et le 24 juin 1857. La
double position des auteurs, d’une part une analyse de la manière dont le colonialisme
anglais a détruit avec une violence extrême les sociétés indiennes
traditionnelles pour imposer leur pouvoir politique et économique, et, de
l’autre, comment cette destruction est la condition ontologique de l’émergence
du capitalisme et de la société bourgeoise avec ses élites administratives,
industrielles, financières et, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">last but
not least</i> l’émergence concomitante d’un prolétariat moderne. Dans le champ
de cette dynamique il y a les seuls gages, selon les auteurs, d’une entrée de
ce sous-continent dans la « seule et véritable » dimension historique
de l’homme conscient de cette histoire – l’histoire de la modernité
techno-scientifique. Ces articles expriment l’une des analyses
socio-économiques (et parallèlement géopolitiques) les plus pénétrantes sur la
transformation de la colonisation mercantile en une véritable entreprise
industrielle moderne. Tous ceux, à droite comme à gauche, qui aujourd’hui
débattent des bienfaits ou des méfaits de la colonisation éructent des lieux
communs stupides ; si ces gens avaient voulu réexaminer avec sérieux les
interprétations de Marx et Engels, il n’eût été guère difficile de relire ces
textes avec l’attention requise par les enjeux cardinaux du néocolonialisme de
notre présent …<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn19" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref19" name="_ftn19" style="mso-footnote-id: ftn19;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[19]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> M. de Maupertuis, Réflexions philosophiques sur
l'origine des langues et la signification des mots, Paris, 1748.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Turgot, « Remarques critiques sur les
Réflexions philosophiques de Maupertuis sur l'origine des langues et la
signification des mots », in <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Œuvres
et documents le concernant</i>, tome I, pp. 157-179, Paris, 1913.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn20" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref20" name="_ftn20" style="mso-footnote-id: ftn20;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[20]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Aujourd’hui, l’expression « art premier »
ne le cède en rien pour le ridicule à l’ethnographie à la mode de James Frazer.
Pourquoi cette notion serait-elle plus adéquate que celle d’« art
primitif ». Croyant rendre hommage aux « sauvages », les bonnes
âmes anthropologiques et muséographiques rééditent, avec un autre énonciation,
l’esprit le plus trivialement évolutionniste. Aux « sauvages » les
« arts premiers », à nous les arts deuxièmes, troisièmes, quatrième, etc. !
Mais l’art (et vraiment était-ce de l’art ?) ou plutôt les diverses
représentations matérielles rituelles et totémiques, masques, parures,
sculptures, maquillages, tatouages, scarifications, etc., étaient-ils des
« arts premiers » pour ceux qui en étaient les acteurs ? On le
constate une fois encore, la morale de l’esbroufe universitaire, le moralisme à
deux sous des intellectuels, n’engendrent que des stupidités seulement capables
d’épater les gogos et les ignorants. <o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn21" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref21" name="_ftn21" style="mso-footnote-id: ftn21;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[21]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Friedrich Engels, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Origines de la famille, de la propriété privée et de l’État</i>,
Éditions Sociales, Paris, 1954 (Publication originale à Zurich en 1884
dans la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Volksbuchhandlung </i>; il
faut signaler que dès 1885 le livre est publié en italien à Benevento et entre
septembre 1885 et mai 1886 en roumain, à Iasi, dans les livraisons successives
de la revue Contemporanul).<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn22" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref22" name="_ftn22" style="mso-footnote-id: ftn22;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[22]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US;"> Lewis H. Morgan, Ancient
Society, or Researches in the Lines of Human Progress from Savagery, through
Barbarism, to Civilisation, London, Macmillan and Co, 1877.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn23" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref23" name="_ftn23" style="mso-footnote-id: ftn23;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[23]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Cf., Emile Durkheim, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Règles de la méthode sociologique</i>, Paris, 1894. Toutefois,
l’évolutionnisme fondamental de Durkheim se saisit pleinement dans le titre de
son ouvrage consacré à la religion : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
Formes élémentaires de la vie religieuse</i>, Paris, 1912. Comme si les
religions des « sauvages » étaient plus simples, moins
intellectuellement complexes que nos religions monothéistes ! Moins
philosophiques, certes voilà qui est sûr. Mais est-ce un gage d’élémentarité
religieuse que la philosophie dans la religion ou, au contraire, un pas vers la
sécularisation ? Léo Srauss avait bien perçu cette dynamique dans son
célèbre essai sur « Athènes ou Jérusalem ». Et il semble les temps
modernes aient validé pleinement la sécularisation, à tous le moins dans le
monde qui inventa et mis en œuvre de manière radicale la technoscience,
l’Occident chrétien, celui qui est précisément à l’origine même de la
mondialisation.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn24" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref24" name="_ftn24" style="mso-footnote-id: ftn24;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[24]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Faut-il une fois encore le rappeler, la
linguistique joua jusque très récemment un rôle décisif dans le changement
interprétatif de l’anthropologie contemporaine renouant avec les moines
fondateurs : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Linguistic
turn</i> ». Certes, les moines chargés de convertir les Aztèques (comme
plus tard ceux qui feront une œuvre similaire aux Indes orientale, en Chine et
au Japon (essentiellement les Jésuites) seront plongés dans les problèmes de
traduction pour essayer de transposer les notions chrétiennes de l’Eglise
latine marquée de la philosophie grecque et de sa transformation en
scholastique thomiste. Et, ce faisant, ils se confrontèrent aux catégories
indigènes du surnaturel, du divin, de l’idole, du totémisme, des tabous, de
divers panthéons, mais aussi de systèmes de fondation du monde extrêmement
complexes, comme l’indouisme, le bouddhisme en ses diverses variations,
confucianisme, taoïsme, etc… lesquels furent autant de défis à la pensée
occidentale. L’époque évolutionnisme semble une régression de l’approche de la
complexité de ces univers mentaux… D’aucuns connaissent le rôle fondamental de
la phonologie structurale russe (Troubetzkoy, Bogatyrev, Jakobson) dans la
naissance de l’ethnographie structurale (Bogatyrev, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Analyse structurale du costume populaire morave</i>) et de l’anthropologie
structurale (Lévi-Strauss, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Anthropologie
structurale un</i> ; <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
Mythologiques</i>, t. I, II, III, IV).<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn25" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref25" name="_ftn25" style="mso-footnote-id: ftn25;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[25]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> In op.cit., <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Anthropologie
structurale un</i>.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn26" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref26" name="_ftn26" style="mso-footnote-id: ftn26;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[26]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Il va de soi que nous abandonnons aux égouts
de la pseudo-pensée les élucubrations de personnages aussi suspects que les
sieurs Bernard Lewis et Samuel Huttington et leurs versions <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Reader Digest</i> du choc des civilisations…
Nous sommes présentement les témoins de la criminalité des manœuvres qu’ils
imaginèrent. <o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn27" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref27" name="_ftn27" style="mso-footnote-id: ftn27;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[27]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US;"> Bronislav Malinowski, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">A Diary in the Strict Sens of the Term</i>,
Routledge & Kegan Paul, London, 1967.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn28" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref28" name="_ftn28" style="mso-footnote-id: ftn28;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[28]</span><!--[endif]--></span></span></a> Cf., Wittgenstein, <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="background: white; color: #222222;">Remarques
sur le Rameau d'Or de </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/James_George_Frazer" title="James George Frazer"><span style="color: #0b0080; text-decoration: none; text-underline: none;">Frazer</span></a></i>, Âge d’Homme (<span style="color: #222222; mso-bidi-font-style: italic;">Remarks on Frazer's Golden
Bough</span><span style="background: white; color: #222222;"> (1967 et 1971</span>).
Il y lit : « <span style="background: white; color: #222222;">Frazer
est bien plus </span><span style="color: #222222; mso-bidi-font-style: italic;">sauvage</span><span style="background: white; color: #222222;"> que la plupart de ces sauvages,
car ceux-ci ne seront pas aussi considérablement éloignés de la compréhension
d’une affaire spirituelle qu’un Anglais du vingtième siècle. Ses explications
des usages primitifs sont beaucoup plus grossières que le sens de ces usages
eux-mêmes. »</span><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn29" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref29" name="_ftn29" style="mso-footnote-id: ftn29;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[29]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span lang="EN-US" style="font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US;"> A. R. Radcliff-Brown, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Structure and fonction in Primitive Society</i>,
Londres, 1935.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn30" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref30" name="_ftn30" style="mso-footnote-id: ftn30;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-weight: normal;"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference">[30]</span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-weight: normal;"> Remo Guidieri, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
Route des morts</i>, Seuil, Seuil, Paris, 1980.<o:p></o:p></span></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-49858507443480999702017-04-18T15:19:00.000+03:002017-04-18T15:19:50.438+03:00Une rencontre entre hommes de bonne volonté<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: large;">Une rencontre entre
hommes de bonne volonté ou comment un anthropologue très à gauche devient l’ami
proche d’un pope venu d’une famille de légionnaires <o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Parmi les images et les mots jetés en vrac comme une partie des
souvenirs de ma vie d’anthropologue en Roumanie, je ne saurais omettre celles
qui me rappellent les traits du père Antal sur lequel j’avais déjà longuement disserté
dans un paragraphe de<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>mon <i style="mso-bidi-font-style: normal;">opus magnum</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Inventarea popurului-natiune</i> (Idea, Cluj, 2011). Mais à présent, je
ne vise plus comme naguère à élaborer le plan quelque peu académique d’un ouvrage
que j’avais voulu anti-académique. Aussi, ai-je donc toute liberté d’esquisser quelques
traits plus quotidiens de nos rapports amicaux dans le cadre d’une affinité qui,
au fil du temps, s’est avérée profondément élective et qui, malheureusement aujourd’hui
ne se nourrit plus que de mes souvenirs : relativement jeune, le père
Antal est mort voici plus d’une quinzaine d’années. Outres son sacerdoce qu’il
accomplissait avec une grande ponctualité et une réelle dévotion sans aucune
trace de bigoterie (il haïssait tous les prêtres qui donnaient dans une sorte
de sorcellerie para-chrétienne), son activité sociale était l’incarnation même du
prêtre de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aufklärung</i> si
caractéristique de la Transylvanie que le ministre du culte soit pope orthodoxe
ou grec-catholique chez les Roumains, curé catholique romain ou pasteur
luthérien ou ministre réformé calviniste ou unitarien chez les Saxons, les
Souabes, les Hongrois.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Le père Antal était aussi un botaniste en renom, reconnu par
les autorités académiques de Cluj. Il avait été l’élève d’abord, l’héritier ensuite
du professeur Borza, lequel lui avait fait don de son célèbre et immense
herbier que le père conservait dans un studio conçu à cet effet et placé dans
l’enclos de la grande maison paroissiale, à droite en entrant. Mais il n’était
pas en reste et possédait bien d’autres talents. Parmi ses activités profanes
il y avait tout d’abord celle de l’apiculteur très réputé parmi ses confrères
de Sighet et qui avait enseigné cette passion et le savoir technique qui l’accompagne
à de nombreux paysans de Breb auxquels il avait, de ce fait, permis de notables
revenus supplémentaires. Il avait de surcroît les talents d’un chef de chantier
de constructions, ainsi, il était capable de dresser les plans en projection
d’une maison, d’une église (il le fit en partie pour les deux églises, celle
d’Ocna-Șugatag en bois, et la seconde de Breb, en béton qu’il réalisa), le
dessin et la projection d’un pont, le relevé topographique d’une route. Sa
curiosité insatiable l’avait entraîné au fil du temps de son ministère à
relever systématiquement bien des habitudes et des expressions, des mots et des
locutions du dialecte populaire lié à la botanique, si bien que jamais je ne me
privais de l’offre qu’il me rééditait fréquemment de lire et de recopier ses
notes d’ethnobotanique et d’ethnomédecine populaires qu’il avait mis
généreusement à ma disposition. Un jour que je lui apportai une prêle (<i>Equisetum
arvense</i><span style="mso-bidi-font-style: italic;">) </span>cueillie sur les
bords marécageux d’un petit étang sis assez haut dans la montagne, il me
rappela qu’il s’agissait là d’une plante survivante de l’ère primaire, ce que
je savais, mais moi j’en voulais connaître le nom populaire, ce que les paysans
rencontrés sur mon chemin ainsi que mes hôtes avaient refusé poliment de
décliner en esquissant un sourire entendu. « Normal dit-il en riant, ici ils
l’appellent ‘<i style="mso-bidi-font-style: normal;">pula popii</i>’<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> » !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Il m’arrivait souvent les longs soirs d’hiver de demeurer à
dîner dans la grande maison paroissiale toujours très animée, surtout en fin
d’après-midi et en début de soirée quand l’épouse du père Antal (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">doamna preoteasă</i> Lidia) recevait les
paysannes ou les paysans qui venaient demander un conseil pratique, médical,
vétérinaire, matrimonial, ou lui offrir du lait, des œufs, du beurre, un bout
de lard gras, un morceau de saucisse fumée ou de porc frais l’hiver, du fromage
de brebis du début du printemps au début de l’automne, un morceau veau ou de
bufflon quand par malheur une pauvre bête « venait à se casser une patte »…
car à cette époque du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ceaușisme</i>
triomphant entre 1973 et 1982, il y avait beaucoup de veaux et de petits
buffles qui se cassaient une patte dans les étables ! C’était là le seul moyen
de ne pas déclarer aux autorités tout le bétail possédé et d’éviter de ce fait les
tracasseries administratives qui n’auraient pas manquées de survenir si l’on
avait su au chef-lieu du département qu’une bête avait été égorgée sans
autorisation. Dans la commune les règles du jeu étaient quelque peu
différentes, les a<span style="line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">utorités
locales, celles d’Ocna-Șugatag, le savaient et en profitaient, c’est pourquoi
l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">omerta</i> fonctionnait au bénéfice de
tous.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="font-size: large;">En
général nous mangions tous les deux seuls. Madame Antal ou l’une des filles aînées
nous servait le souper dans le grand bureau du Père simplement éclairé par une
énorme lampe à pétrole, sur la grande table recouverte d’un beau tapis coloré où
il rédigeait rapports, mémoires et suppliques adressés à diverses autorités,
ecclésiastiques et administratives, mais aussi scolaires, universitaires, culturelles,
politiques. Pour l’occasion, chacune de nos places était recouverte de deux
napperons de lin blancs dont un coin était brodé du monogramme de ses parents, des
couverts en argent avec aussi un monogramme, signe évident d’une vie bourgeoise
antérieure. En général, le souper, tradition oblige, commençait par une prière,
le Notre Père commun à toutes les religions chrétiennes, puis il versait un ou
deux petits verres de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">horincă</i><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
suivit immédiatement d’un consommé de poulet ou de veau grossi de nouilles ou
d’une sorte de beignets de semoule (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">galușcă)</i> confectionnés
à la maison ; ensuite arrivait soit une viande bouillie agrémentée d’une sauce,
une sorte de ragout (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">tocaniță</i>) soit une
escalope milanaise (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">snițel</i>)
accompagnée l’hiver de cornichons confits dans la saumure, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">castraveți</i><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
et, l’été, d’une salade verte baignant dans une sauce vinaigrée et sucrée comme
c’est la coutume sur les tables urbaines transylvaines. Souvent nous avions
droit aussi à un dessert, un gâteau au chocolat surmonté d’une montagne de
crème Chantilly, ou un gros beignet, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pancove</i><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn4" name="_ftnref4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
ou une sorte de pâtes levée, fourrée de pommes hachées avec des noix ou du
fromage blanc sucré et parsemé de raisins de Corinthe et parfumée à la cannelle
ayant la forme d’un placenta (p<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ălăcintă</i>)
ou enfin, <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>plus classique, d’un vrai <i style="mso-bidi-font-style: normal;">apfel</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">strudel</i>. Enfin, pour achever le repas, un ou deux verres d’un vin
blanc doux, fort en alcool, un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mulfatlar</i>
presque liquoreux nous était servis dans de grands verres en cristal de Bohême entaillés
de facettes rouges ou bleues. C’était une bonne table, comme je les aime, avec
ce petit rien de solennité qui fait du souper une sorte de cérémonial convivial
clôturant une journée occupée souvent à bien des tâches banales ou triviales.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Ensuite, selon l’humeur du père ou la mienne, soit nous entamions
l’une de nos longues discussions sans fin sur l’histoire, le rôle de la
Roumanie et de ses voisins, amis, ennemis, et celui des grandes nations ;
soit il m’enseignait des rudiments de théologie orthodoxe, car, comment peut-on
demeurer ignorant de cela dans un pays où les paysans appartiennent à l’église orthodoxes
roumaine (BOR) ou à l’église grecque-catholique, dès lors qu’on aborde les
rapports entre religion savante et religion populaire, pour ensuite les
comparer à ce même thème dans l’Occident latin ou germain, catholique ou
réformé. Ici ce n’était ni le lieu ni le moment de débattre de mon agnosticisme
ou de l’agnosticisme en général… je laissais cela à la schizophrénie du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ketman</i> des petits apparatchiks locaux ou
au moralisme à trois sous des anthropologues, sociologues ou politologues
occidentaux toujours prêts à donner des leçons d’athéisme quand on ne le leur
demande pas : moi je n’étais pas venu en Roumanie en tant que missionnaire
laïque, au contraire, j’étais curieux de ces hommes en leurs voies et manières avec
lesquelles ces paysans construisaient, avec une intense foi chrétienne
populaire et syncrétique, une intellection du monde qui leur était propre. Le
père Antal connaissait mon incrédulité tolérante, les origines juives de mes
parents, la conversion de ma mère à la Réforme calviniste et mon éducation
réformée, mais jamais il ne tenta de me convertir, et jamais cet agnosticisme
personnel, respectueux de la foi des autres, n’altéra notre confiance réciproque.
C’est pourquoi, parfois, il ne s’interdisait pas de me dire qu’il avait prié
pour moi et ma famille : « Cela ne fait jamais de mal, disait-il en
souriant ». Il dit même une messe spéciale pour le repos de l’âme de ma grand-mère
maternelle (fille de rabbin), lorsqu’à la veille du jour de l’An 1979 j’appris
par un télégramme qu’elle était morte subitement. Je l’en remerciai
chaleureusement. Il avait fait de même lorsque je lui avais appris de France, en
septembre 1975, la mort tragique de ma jeune sœur Evelyne dans un accident de
voiture aux États-Unis.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Dans ses relations avec les autorités communistes qui
passaient par le village ou les divers touristes roumains qui venaient rendre
une visite sa vieille église aux icônes très anciennes, il manifestait parfois
un humour redoutable. Un jour, vers la fin du mois de juin 1979, sous la
chaleur moite d’un puissant soleil estival, un artiste peintre de Baia Mare fort
en vogue à l’époque, Mihai Olos (lequel appartenait à l’école
néo-traditionnaliste de Baia-Mare) vint à Breb afin de montrer la belle petite église
de bois et ses icônes anciennes à deux jeunes étudiantes en architecture
suédoises, beautés blondes aux formes régulières, harmonieuses et généreuses, à
la peau légèrement halée, habillées chacune d’un débardeur au décolleté fort avantageux
qui laissait entrevoir sans effort des seins fermes et bien droits, et d’un
short s’arrêtant à la pliure d’une fesse rebondie et fort captivante. Je me
trouvai là, dans la cour de la maison paroissiale, devisant avec le père, quand
l’artiste, le visage orné d’une lourde barbe noire arriva avec ses deux égéries
hyperboréennes. Saluant le père respectueusement, il lui demanda sur un ton un
peu trop vif l’autorisation de faire visiter l’église à ses jeunes compagnes.
Le père, tranquillement, lui répondit : « Vous ne pouvez entrer en ce
lieu consacré avec des jeunes personnes ainsi dévêtues » ;
« Qu’à cela ne tienne répondit le peintre, demander à vos filles de leur
prêter une jupe et un corsage » ; « Mais croyez-vous que je sois
payé pour habiller les visiteuses trop décolletées ? répondit Mircea avec
un beau sourire » Le pauvre Olos resta bouche bée, et ne sachant quoi
répondre repartit dépité de n’avoir pas pu jouer le rôle de maître des
cérémonies touristiques !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Mieux encore, en 2009, j’ai pu encore constater, trente-six
ans plus tard et douze ans après sa mort, son humour redoutable comme le signe même
de sa liberté de pensée en lisant mon dossier de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Securitate</i> conservé à Bucarest au CNSAS. Durant mes séjours et
pendant mes absences il était fréquemment harcelé par le colonel Bob, le chef
de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Securitate</i> de Sighet. Ce
dernier exigeait qu’il lui rapportât le fond de mes pensées les plus secrètes à
l’égard de la Roumanie, du Maramureș, du village, du régime, voire des gens. Ces
exigences ennuyaient le père au plus haut point. Il était tout, sauf un prêtre
délateur comme il s’en rencontrait beaucoup dans l’Eglise orthodoxe selon ses
dires<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn5" name="_ftnref5" style="mso-footnote-id: ftn5;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[5]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>. Ainsi donc, dans une
lettre trouvée dans mon dossier établi par la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Securitate</i>, et rédigée de sa splendide écriture régulière et parfaitement
formée, le père Antal signalait courtoisement à ce flic stupide et borné qu’en
dépit de son ministère auprès des paysans qu’il confessait, il était bien
incapable de connaître mes opinions et mes pensées les plus secrètes, car,
écrivait-il (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">sic !</i>), « […] étant
de religion réformé dans la confession calviniste genevoise, Monsieur le
professeur Karnoouh ne se confesse qu’à Dieu, directement et sans
intermédiaire. » J’avoue avoir franchement ri en lisant avec grand retard certes,
cette phrase qui, rédigée par un ancien étudiant en biologie, emprisonné pendant
un an pour avoir manifesté contre le régime communiste en 1948 à Cluj, ne
manquait certes pas d’humour, et qui, plus encore, manifestait le panache d’un
courage certain. C’est encore grâce à lui que je pouvais accéder, à la
sollicitation des paysans, au rôle de parrain de baptême ou de mariage. C’est
lui qui donnait son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">imprimatur</i>, en leur
rappelant que les calvinistes étant baptisés au nom « Père, du Fils et du
Saint Esprit », sous-entendu qu’ils ne sont ni monothélites, ni
monophysites, il n’y avait donc aucune contre-indication théologique de la part
de l’Eglise orthodoxe à ce que je sois parrain. Cela me permettait donc d’être
simultanément acteur et observateur de rituel, ce qui, si j’en crois les dénonciations
auprès de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Securitate</i> de certains de
mes « bons » collègues de l’Institut d’ethnographie et de folklore de
Bucarest (lesquels après décembre 1989, ont fait de brillantes carrières
académiques)<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn6" name="_ftnref6" style="mso-footnote-id: ftn6;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[6]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
était la preuve tangible, évidente, voire spectaculaire de ma totale incompétence
professionnelle. Venant de misérables jean-foutres aux connaissances
folkloriques étriquées, la lecture de ces dénonciations « spontanées »
m’a beaucoup amusé, réjouit oserais-je dire, tant le mépris des veules et des
lâches est souvent la preuve de sa dignité, d’une certaine grandeur d’âme et
d’un sens aigu de la liberté.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Parmi les distractions qui parfois agrémentaient nos longues
soirées hivernales en tête à tête, il y avait le poker que le Père aimait bien.
Nous jouions un peu d’argent, cinq centimes (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">bani</i>) la mise. J’ai été tout de suite frappé par la chance du père,
à la fin des fins je n’ai jamais passé une soirée sans qu’il gagnât la majorité
des parties. C’était identique aux parties de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">scoppa</i> que je faisais l’été à Moresco (en Italie dans les Marches)
avec le père de mon ami Remo, un ancien combattant de la résistance communiste
italienne contre les nazis et le régime de Salo… avec lui aussi je perdais
toujours…Preuve qu’il y a des hommes aimés des dieux et d’autres non !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Demeure un trait important dans le portrait du père Antal que
je tente rétrospectivement de brosser, c’était la manière dont il était vu et
compris par ses ouailles. En dépit du respect dû au prêtre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">es magister</i>, il était à la fois admiré et moqué. Admiré pour le
sérieux avec lequel il accomplissait son ministère, déroulait les rites, et la
fermeté avec laquelle il refusait tout débordement incongru dans son église, en
particulier lors des mariages. Les paysans l’appréciaient aussi pour la
tolérance qu’il manifestait à l’égard de quelques expressions issues de la tradition
ecclésiale grec-catholique qu’il énonçait, par exemple il disait lors de la
messe <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Spiritus Sanctus</i> au lieu de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sfântului Duh</i>. C’était là une petite consolation
pour ces hommes et ces femmes que l’Eglise orthodoxe roumaine (BOR), dans un
concubinage malsain avec le Parti communiste, avait forcé à abjurer leur foi.
Un tel geste lui avait acquis la sympathie de nombreux villageois, et avait empêché
soit la fuite des croyants vers l’église catholique hongroise, quoique quelques
irréductibles la préférassent envers et contre tout, soit vers les sectes
néo-protestantes. Breb était précisément réputé pour le très petit nombre de
néo-protestants parmi ses habitants, alors que d’autres villages,
spirituellement administrés par des sortes de missionnaires conquistadors orthodoxes
en général venus de Moldavie ou de Monténie, les églises orthodoxes s’étaient
vidées au profit des maisons de Baptistes, Adventistes, Pentecôtistes et autres
Témoins de Jéhova. Cependant, et malgré toutes ses qualités, cela n’empêchait
pas les paysans de rire sous cape du Père. Ils s’amusaient de sa manière de
toujours donner son avis sur tout, et parfois même sur des problèmes agricoles
qu’il connaissait peu en dépit d’un véritable savoir encyclopédique de base
puisé dans les encyclopédies de vulgarisation rurales. Bon parleur, la pensée et
la rhétorique très articulées, il les ennuyait avec ses souvenirs d’une enfance
choyée et luxueuse dans les appartements de la Patriarchie où son père avait
été le secrétaire particulier de son grand-oncle, le patriarche Miron Cristea,
puis à la mort de ce dernier, le détenteur d’une des meilleures paroisses de
Bucarest. Les paysans admiraient son épouse (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">doamna preoteasă</i>) pour son courage sans limite. Mère de huit
enfants, administratrice de la vie domestique, professeur de sciences
naturelles à l’école du village, conseillant les paysannes qui ne manquaient
jamais de venir la voir pour la maladie d’un enfant ou d’un vieux, les états
d’âme d’une jeune-fille, les déboires d’un adolescent. Tous avaient bien
évidemment remarqué que le Père ne faisait pas grand-chose pour aider aux tâches
domestiques. De fait « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pupii</i> »,
comme il appelait son épouse, faisait tourner la maisonnée. Moi je l’ai
toujours vu comme une grande dame, habitée d’un grand courage et d’une très
grande sagesse. Sans elle à ses côtés, le Père n’eût pu gérer sa paroisse avec autant
de succès et de respect.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Jamais auparavant dans le cours de ma formation affective et
intellectuelle, de ma <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Paideia</i>, j’eusse
pu imaginer pouvoir devenir l’ami, voire l’ami intime, d’un prêtre orthodoxe
perdu aux tréfonds d’une vallée des Carpates roumaines. C’est là que l’on peut
mesurer combien les hasards de la vie vous enrichissent l’âme et l’esprit à
condition d’être disposé non seulement à les voir avec tolérance, mais, plus
encore, à les accueillir, ou mieux, comme le disait avec plus de force les
mystiques allemands de Maître Eckart à Angelus Silesius, en laissant <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gelassenheit zu den Digen</i>.<o:p></o:p></span></div>
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<!--EndFragment--><br />
<div style="mso-element: footnote-list;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<!--[if !supportFootnotes]-->
<hr size="1" style="text-align: left;" width="33%" />
<!--[endif]-->
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> En
français, la « bite du pope ».<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Nom
local et générique des alcools de fruits, en général fait par la fermentation
de prunes d’Ente.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Gros
cornichons conservés dans de la saumure et parfumés de diverses épices dont des
feuilles de fenouil.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref4" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Sorte
de gros beignet rustique.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn5" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref5" name="_ftn5" style="mso-footnote-id: ftn5;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[5]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Cela
s’est vérifié à une grande échelle après décembre 1989.<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn6" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref6" name="_ftn6" style="mso-footnote-id: ftn6;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[6]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Par
charité chrétienne je ne citerai aucun nom plus ou moins connus… mais au moins
cela m’a permis de me renforcer dans l’opinion que les maîtres du coup d’État
du mois de décembre 1989 avaient récompensés ceux des intellectuels qu’ils
avaient employés auparavant pour leur basse besogne de délation.</span><o:p></o:p></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-4647612745988584172017-04-17T14:33:00.001+03:002017-04-17T14:33:44.461+03:00Vivre sur le terrain de longs mois ou comment regarde-t-on son pays, son université, ses collègues.Un capitol din amintirile mele<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: large;">Vivre sur le terrain
de longs mois ou comment regarde-t-on son pays, son université, ses collègues<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Celui qui vit intensément pendant de long mois son aventure
d’anthropologue sur le terrain ne peut continuer sa vie sans être marqué de
quelques cicatrices culturelles. Comme dans tout rapport humain, s’il est total
et authentiquement vécu, quelque chose de cette société vous marque, en positif
comme en négatif. La prétendue neutralité axiologie n’est qu’une billevesée d’universitaires
positivistes et scientistes, une sotte platitude pour des esprits et des âmes
insensibles qui pourraient être tout autant des gardiens de prison, un jargon
transformant les choses de l’esprit en connaissance objective, et souvent
abjective. Cela n’implique aucunement qu’il faille sombrer comme je l’ai vu,
surtout chez les femmes anthropologues, dans un sentimentalisme de midinette,
cela veut simplement dire que l’investissement n’est pas simplement
intellectuel, méthodologique et conceptuel (il l’est à coup sûr), car il est
aussi un investissement empathique où des sentiments tels que sympathie et
antipathie, affection et mépris, se créent au fil des jours et des soirées qui
passent au rythme des saisons. Travaillant en général tous les jours, l’Automne
et l’Hiver plutôt le soir durant les longues veillées sans télévision, au
Printemps et en Eté plutôt dans les prairies, les alpages, les bois, les enclos
de transhumance (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">stâna</i>), il se crée
ainsi des relations durables surtout lorsqu’elles se doublent simultanément
d’un apprentissage de la langue dans sa sémantique dialectale. Comprendre le
linéament de la vie des gens, des aspects de leurs pensées, l’enchevêtrement de
leurs sentiments, le dédale de leurs explications, les fondements de leurs
amitiés, de leurs amours, de leur mépris et de leurs haines, tout cela crée des
tensions et des liens qui parfois mènent vers une véritable amitié faite à la
fois de respect pour les hommes et les femmes plus âgés, et de fraternité avec
ceux de la même classe d’âge. Le terrain solitaire, à la différence du travail
à la chaîne des équipes, c’est encore une longue observation patiente, et, avec
ses meilleurs informateurs et informatrices, un véritable dialogue où
l’anthropologue, semblable à un enfant apprenant la langue, sa sémantique, les
mœurs s’engage dans les ténèbres et la lumière d’un véritable chemin
initiatique-interprétatif. Démarche ambitieuse certes, dont il convient de
connaître les limites. Pour cela il faut en finir avec l’arrogance du sujet
omnipotent qui seul détermine la vérité de l’objet ; il faut, autant que
faire se peut, abandonner le soubassement de la philosophie du sujet qui est le
fondement ontologique de l’anthropologie culturelle, c’est-à-dire les récits de
la métaphysique moderne depuis Descartes, si l’on souhaite entrer dans la
pensée du sujet pour tenter, avant toute approche conceptuelle généralisante, de
le comprendre comme il se comprend lui même, c’est-à-dire dans le cas des
sociétés primitives ou archaïques, s’auto-questionner en termes
non-philosophiques. Il n’y a pas à rechercher une vérité plus vraie derrière
les énoncés, les actes rituels et les commentaires indigènes comme nous
l’enseigne la philosophie depuis Socrate-Platon (cela se nomme la
métaphysique), mais à assumer que l’essence d’une culture et d’une pensée se
donne pleinement dans l’immédiateté de son énonciation et de sa praxis.
L’essence est là dans la présence de ce qui se donne à la perception et à
l’intellection des hommes, entre eux, dans leur communauté, où forme et
substance sont congruents. Seulement s’il n’est pas caché, le sens n’est pas
immédiat, car il convient de lire énonciations et pratiques dans l’esprit d’un
déchiffrement herméneutique : la pensée sauvage ou archaïque même dans ses
aspects conceptuels, n’est pas analytique, mais cryptique. Les ombres que
j’entr’aperçois du fond de ma caverne culturelle me révèlent quelque chose qui
est en rapport direct avec le dévoilement de la vérité de et étant humain
singulier (Dasein) que nous avons pris l’habitude de nommer l’homme sauvage ou
archaïque dans sa détermination culturelle. Cela suppose que l’opposition entre
Nature et Culture comme Lévi-Strauss l’a construite en tant que paradigme fondateur
de toute entreprise anthropologique, son objet donc, ne répond pas à la pensée
des sujets agissants et pensants. La Nature en soi, nous ne savons pas ce
qu’elle est et ce qu’elle serait ! La Nature chez les sauvages et les
paysans archaïques est une série de vivants symboles que le grand poète
moderne avait perçu<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
qui agencent des interprétations du monde d’où prend forme dans la matérialisation
d’objets, de gestes, de vêtements, de maquillages, de masques, de statues, et <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>qui dessine et structure l’irréductibilité,
l’idiosyncrasie, l’ipséité d’un groupe humain cohérent dans sa langue et son
espace propre, qu’on l’appelle clan, tribu, peuple.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Quand on pense et vit ainsi le rapport à l’altérité
culturelle une symbiose s’accomplit, symbiose qui n’a, au bout du compte, qu’un
nom, l’existence dans ses multiples jeux intellectuels et affectifs. Je
souviens ainsi d’un célèbre collègue, Jean Rouch pour ne pas le nommer, qui
m’avait accueilli dans son centre de cinéma ethnologique au Musée de l’Homme du
Trocadéro, lorsque j’avais déposé à la fin des années 1960 un projet de film
sur les rapports entre micro politique et relations parentales dans un village
français. Très célèbre pour ses admirables films ethnographiques, pour la force
et la puissance évocatrice de sa narrativité tant cinématographique que
verbales, pour l’exceptionnelle la grandeur des situations qu’il avait su
représenter, simultanément respecté pour son endurance sur le terrain, la
longueur de ses séjours, un jour donc que nous discutions du terrain et des
rapports à la véritable altérité indigène, il me dit :<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraph" style="margin-left: 44.2pt; text-align: justify; text-indent: -30pt;">
<!--[if !supportLists]--><span style="font-size: large;"><span style="mso-list: Ignore;">—<span style="font-family: 'Times New Roman'; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-weight: normal; line-height: normal;">
</span></span><!--[endif]-->Tu sais, moi j’ai compris comment vivre en Afrique
occidentale le jour déjà fort lointain où, quand j’étais encore ingénieur des
Ponts et Chaussées et devant demeurer quelque temps dans un village du Niger
pour des travaux de voierie, le chef a désigné un jeune homme pour être « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mon copain de chier </i>» (sic !).
J’ai compris que nous allions partager quelque chose d’intime qui faisait de
nous des quasis « frères classificatoires ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Or cette intimité allait bien au-delà du cadre des règles de
la politesse locales envers l’étranger (à cette époque le colonial) en visite auquel
on indiquait un coin de savane hors du village en lui disant de faire attention
aux bêtes sauvages!!! Vous imaginez la situation! Accroupi, le pantalon sur les
chevilles pendant une défécation bienfaisante, les yeux mi-clos du plaisir de se
soulager d’un matériel physiologique devenu au fil de la journée encombrant,
quand, soudain, vous apercevez non loin deux yeux brillants qui vous fixent
dans le noir. Que faire en effet ? A cette époque, juste avant la Seconde
Guerre mondiale, le blanc prenait son fusil ou son révolver et tirait. Or s’il
y avait mort du lion ou du léopard il était exigé au préalable un rituel de
pardon qui, s’il n’était pas accompli, mettait le village en danger. Tandis
qu’avec le « copain de chier », on est protégé et on le protège, un
lion ou un léopard ne peut pas attaquer deux personnes à la fois, quand la
menace d’une lance et de cris est en général suffisante pour dissuader
l’animal.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Dans un registre moins sauvage, je me souviens des deux mois
qu’il me fallut pour, accompagnée de Mihai, me rendre aux toilettes au fin fond
du long jardin et apprivoiser Sultan, le premier berger carpatique que j’ai vu
de ma vie. Une bête splendide, d’un blanc immaculé sauf une petite tâche marron
au milieux du dos, énorme, taillée pour se battre avec les ours et les loups, et
qui l’hiver gardait les deux fermes mitoyennes de Mihai et du voisin Dumitru. Très
amène le jour avec tout un chacun, la nuit il était intraitable avec les
inconnus. Ainsi, il fallut deux bons mois pour que le puissant Sultan acceptât
ma présence nocturne sans manifester d’agressivité qui commençait par de sourds
grognements lourds de menaces, et puis, si cela n’était pas assez dissuasif,
par toutes sortes de grondements sonores, les babines retroussées montrant ses crocs,
grands et affutés d’un blanc nacré. Dans une version moins sauvage, Mihai, sans
le savoir, avait joué « mon copain de chier ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Quand on vit ainsi, si intimement auprès des gens, car dans
la maisonnée chacun savait exactement quand la nécessité physiologique me
dominait au point que rien n’était plus important que cette ruée nuitamment
vers le fond du jardin même lorsque la température avoisinait les moins trente
degrés, on ressent une distance quasi infinie avec ce que l’on a laissé
derrière soi, et ce en dépit de l’intense correspondance que j’entretenais avec
mon ex-épouse Martine ou avec mon ami Remo travaillant de son côté au Vanuatu (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">British Solomon Islands</i>). Paris, la
France, l’Université, le CNRS, les cafés du quartier latin, tout cela me paraissait
à des années lumières de ma vie quotidienne. Mes soucis non seulement
intellectuels, mais de la vie au jour le jour, voire parfois de ma santé (je
suis rendu deux fois à l’hôpital municipal de Sighet), m’occupaient ainsi que
mes prolixes discussions avec les paysans ou le pope. Un jour d’Automne, vers
le soir, un enfant vint me trouver, il m’était envoyé par le directeur de
l’école qui me priait de m’y rendre le plus vite possible, car quelqu’un du
central téléphonique de Sighet lui avait fait savoir que je devais recevoir incessamment
un coup de fil de France. Cette annonce m’avait angoissé. Le coup téléphone
n’avait pas été planifié, avec aucun des membres de ma famille ne devait
m’appeler. Qu’était-il donc arrivé de si grave pour qu’on mît en branle toute
la petite région depuis Sighet ? Descendant d’un pas vif le chemin semé de
grosses pierres jusqu’à mi-côte, j’arrivai à l’école essoufflé et anxieux. Je
me plantai devant le vétuste appareil dont il fallait tourner une manivelle
pour avoir le contact avec la centrale, un téléphone militaire de fabrication
hongroise datant de la Première Guerre mondiale. Enfin il sonna, hurlant plus
que parlant : allo ? Claude Karnoouh au téléphone… qui parle ? C’est
moi Colette… Etonnement total ! Une de mes collègues du département
d’anthropologie de l’Université de Nanterre voulait dans l’urgence m’entretenir
des prochaines élections syndicales ! Sur le coup je crus à une blague,
pensant qu’elle voulait avoir de mes nouvelles au nom de l’ensemble de mes
collègues. Mais non… le but véritable était bien les élections syndicales. Elle
me demandait mon aval afin que je votasse <i style="mso-bidi-font-style: normal;">in
absentia</i>. Je balbutiai tant je fus pris au dépourvu, énervé et dégoûté de ce
que je considérais comme une absence de respect pour mon travail, pour ma vie, comme
si une élection syndicale était plus importante que l’expérience existentielle
que je menais aux tréfonds des Carpates du Nord de la Roumanie.<o:p></o:p></span></div>
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<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman'; line-height: 150%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
Charles Baudelaire, Correspondances (quatrième édition) :<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: normal; text-align: left; text-indent: 0cm;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;"><span style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><span style="font-size: large;">La Nature est un temple où de vivants piliers</span></span></i></div>
<div style="color: #222222; font-family: Helvetica; text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;"><span style="font-size: large;">Laissent parfois sortir de confuses paroles;</span></i></div>
<span style="font-size: large;"><i style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><div style="text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;">L'homme y passe à travers des forêts de symboles</i></div>
</i>
<i style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><div style="text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;">Qui l'observent avec des regards familiers.</i></div>
</i>
</span><div style="text-align: justify;">
<span style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span></div>
<span style="font-size: large;"><i style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><div style="text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;">Comme de longs échos qui de loin se confondent</i></div>
</i>
<i style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><div style="text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;">Dans une ténébreuse et profonde unité,</i></div>
</i>
<i style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><div style="text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;">Vaste comme la nuit et comme la clarté,</i></div>
</i>
<i style="color: #222222; font-family: Helvetica;"><div style="text-align: justify;">
<i style="text-indent: 0cm;">Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.</i></div>
</i></span><br />
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-73118806044600066572017-03-21T00:48:00.000+02:002017-03-21T00:48:06.444+02:00CLAUDE KARNOOUH – O VIZIUNE CRITICĂ ASUPRA ROMÂNITĂŢII Ion Hirghiduş<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO; text-transform: uppercase;">Claude Karnoouh – o viziune critică
asupra românităţii<o:p></o:p></span></b></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Ion Hirghiduş<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Numele lui Claude
Karnoouh este binecunoscut azi pentru mulţi români. Admirat şi, deopotrivă,
contestat, de unii intelectuali care nu vor să accepte adevărul că acest mare
cărturar francez este oglinda obiectivă în care ar trebui să ne privim mereu
pentru a afla adevărul despre noi. Relaţia acestuia cu România este una
specială, vrednică de o lungă scriere epică, de o dăruire de sine cum rar s-a
mai văzut. Această relaţie pare o poveste şi aşa ar fi dacă ea nu s-ar fi
derulat în secvenţe istorice recente binecunoscute. Venit ca tânăr cercetător
în România anilor 1970, pentru a studia elemente de etnografie specifice
spaţiului carpato-danubiano-pontic, s-a legat treptat de un popor cu multe
metehne, dar şi cu multă suferinţă istorică în spate. În cei 44 de ani s-a
construit între acest om deosebit şi poporul român o legătură trainică pe care
nu o poate distruge nicio ticăloşie. Ar merita domnul<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Claude Karnoouh cu prisosinţă calitatea de român
cu drepturi depline pentru că ne-a învăţat limba în primul rând şi ne-a înţeles
cultura în punctele ei esenţiale şi nevralgice. Dacă ar fi să rezumăm oarecum
această perioadă, care presupune o trecere prin ultimile faze ale socialismului
românesc şi perioada de construire firavă şi nesigură a capitalismului
postdecembrist, am putea spune că cercetătorul francez, cu vădite intenţii
ştiinţifice, a căzut în capcana observaţiei participative asupra „bunilor
sălbatici” <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>până a devenit unul de al
lor. Aceasta ar fi însă o relativă şi falsă înţelegere a lucrurilor pentru că
omul de ştiinţă a rămas consecvent cu el însuşi. A fost şi este mereu în
căutarea autenticităţii şi pentru că, de cele mai multe ori, nu a găsit-o a
devenit un critic lucid al realităţii româneşti. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Inscursiunea critică în cultura românească<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Claude Karnoouh
înţelege cel mai bine esenţa istorică a trecerii românilor la modernitate, fapt
care priveşte în primul rând transformările culturale înaintea celor politice.
Dar pentru noi, românii, istoria nu este un element de mediere, nici un
adjuvant al medicaţiei sociale, ci fundamentul şi răscrucea ideilor care se vor
împlini în planul europenităţii. „Criza” şi suferinţa românilor pentru o lungă
perioadă de timp sunt determinate de aşezarea geo-politică între Orient şi
Occident, cu toate elementele hetroclite specifice. După o lungă perioadă de
tăcere medievală, demersul nostru modern a început cu umanismul lui Nicolaus
Olahus (descendent pe linie maternă din familia lui Iancu de Hunedoara), cu Dimitrie
Cantemir (acedemician berlinez, voievod moldav şi apoi prinţ moscovit), cu
iluminismul ardelean în special. Intrarea noastră în modernitate are ca primă
reprezentare trecerea de la folosirea limbii slave la folosirea limbii române
în scrieri şi în biserică, ceea ce reîntregeşte vechiul vis al latinităţii (ca
rezultantă a daco-romanităţii).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Dintre toate cărţile
lui Claude Karnoouh despre români, prima dintre acestea, intitulată <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Românii. Tipologie şi mentalităţi</i>,
apărută la Editura Humanitas, Bucureşti, 1994 (ediţia franceză: <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ľinvention du peuple. Chroniques de
Roumanie. Essai</i>, Arcantère, Paris, 1990) rămâne ca direcţie statornică a
interpretării pe care autorul o dă românităţii timp de mai multe decenii
(ideile din această carte vor fi reluate şi extinse în lucrarea <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Inventarea poporului-naţiune. Cronici din
România şi Europa orientală 1973-2007</i>, Idea Design &</span><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;">
</span><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Print Editură, Cluj, 2011). Observăm o constantă meţinere
pe linia unei critici constructive care se remarcă în primul rând prin
luciditate. Dincolo de calităţile literare pe care le are într-un mod
incontestabil (cartea ar putea fi considerată un bun roman care a rezultat
dintr-o experienţă personală a autorului), această lucrare îmbină aspectele
ştiinţifice rezultate din munca de antropolog, etnolog, sociolog cu trăiri,
sentimente, secvenţe de viaţă care se aşează în acelaşi peisaj inenarabil
(pentru că se află sub semnul extraordinarului, a ceea ce rezultă dintr-o
uimire în faţa a ceea ce nu poate fi povestit în întregime). Pentru aceasta,
construirea unei imagini asupra culturii române este determinată de un amestec
al obiectivităţii ştiinţifice cu ceea ce a putut să furnizeze sentimentul faţă
de autenticitatea (încă!) ţărănească. Din cartea la care fac referinţă, putem
remarca în mod deosebit Capitolul al treilea: „Prolegomene filosofice şi
istorice la ştiinţa folclorului”; Capitolul al patrulea: ”Despre adevărata
semnificaţie a folclorului”; Capitolul al cincilea: „Cum să devii modern”.
Capitolul al treilea şi Capitolul al patrulea constituie esenţa teoriei
etnologice a lui Claude Karnoouh care se bazează pe o bună tradiţie cartesiană
şi herderiană. De la Renatus Cartesius este moştenit firul raţional din care
este ţesută metoda generalizată a cunoaşterii, atât de necesară pentru culturi
şi civilzaţii dacă este folosită corect, în timp ce de la <span style="background: white; color: #252525; mso-bidi-font-weight: bold;">Johann
Gottfried von Herder, ca principal teoretician al mişcării <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sturm und Drang</i>, este moştenită ideea unui holism iluminist ce dă
sens progresului ştiinţei şi tehnicii. Pe baza unei cunoaşteri profunde a fenomenului
cultural european, </span>Claude Karnoouh lucrează pe fundalul unor registre
intercalate: istoric, psihologic, cultural. Limba, raţiunea, sentimentul sunt
elementele pe care se fundează „realul popular al unui anume preromantism”.
Recuperarea folclorului, a cântecelor şi poeziei populare, va fi<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>o idee directoare pentru afirmarea culturilor
din spaţiul european, inclusiv pentru cel est şi sud-est european – ceea ce
poate fi considerată o extindere a influenţei lui Herder dincolo de spaţiul
german consacrat. Pentru aceasta, Claude Karnoouh spune: „Dincolo de Dunăre,
urmaşii lui Herder sunt cei care, sub influenţa răsturnărilor revoluţionare ce
se răspâdeau treptat, în estul Europei, vor deplasa autonomia şi autarhia
culturală spre politic, în cadrul unei teorii a dreptului, inspirată de Lumini”
(Claude Karnoouh, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Românii. Tipologie şi
mentalităţi</i>, p. 88). „La începutul secolului al XIX-lea, limbile ţărăneşti
şi cuvintele lor rituale, enunţare arhaică prin excelenţă, se găseau sub
influenţa unei instrumentalizări politice şi sociale care permitea legarea
ideii de autenticitate expresivă primară – acea comuniune a Fiinţei şi Raţiunii
– de avântul progresului şi al modernităţii politice generale în favoarea unei
noi entităţi, poporul-etnie-naţiune, definită prin ipotezele
istorico-lingvistice ale poetului-savant” (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibidem</i>,
p. 90). „În felul acesta, omul din Europa orientală îşi pregătise în mod
spiritual o patrie etnico-lingvistică” (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibidem</i>).
Între popoarele Europei centrale şi orientale, românii sunt şi ei, prin influenţa
Luminilor, urmaşi ai lui Herder, după cum afirmă Claude Karnoouh. Şi acest fapt
nu este puţin dacă ne gândim că a dus la creearea şi punerea în practică a
ideii naţionale care a fost mult timp într-o situaţie emergentă. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Fundamentarea unei
gândiri folclorice în Europa orientală este răspunsul la întrebarea despre
legătura dintre oamenii politici ai secolului al XIX-lea şi ţărănime, cu cele
două „ideologii politice şi alegeri culturale antinomice” (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibidem</i>, p. 106). Cele două direcţii ideologice prezintă stări de
fapte culturale care se poziţionează diferit. Pe de o parte, cercetările din
cadrul folclorului francez şi englez, bazate pe studierea sociologică şi
antropologică a elementelor de viaţă şi culturale ţărăneşti, evidenţiază
dispariţia lumii arhaice ţărăneşti şi transformarea acesteia într-un obiect de
muzeu. Pe de altă parte, în Europa orientală cercetarea folclorului serveşte
întăririi legitimităţii ideii despre unitatea populaţiilor rurale. Cu toate
sincopele istoriei şi a dezrădăcinării ţărănimii (revoltele şi permanenta
degradare a bazei economice) o parte a intelectualităţii româneşti a visat
mereu un stat ţărănesc, apreciat ca singura posibilitate de păstrare a
autenticităţii şi coabitării dintre arhaic şi modern (a se vedea contribuţia istoricului
Nicolae Iorga ale cărui idei sunt promovate cu precădere în reviata
„Semănătorul”, idei la care au aderat intelectuali şi literaţi ca: </span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/Alexandru_Vlahu%C8%9B%C4%83" title="Alexandru Vlahuță"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Alexandru
Vlahuță</span></a></span><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">,<span class="apple-converted-space"> </span></span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/George_Co%C8%99buc" title="George Coșbuc"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">George Coșbuc</span></a></span><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">,<span class="apple-converted-space"> </span></span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/Duiliu_Zamfirescu" title="Duiliu Zamfirescu"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Duiliu Zamfirescu</span></a></span><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">,<span class="apple-converted-space"> </span></span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/%C8%98tefan_Octavian_Iosif" title="Ștefan Octavian Iosif"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Ștefan
Octavian Iosif</span></a></span><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">,<span class="apple-converted-space"> </span></span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/Emil_G%C3%A2rleanu" title="Emil Gârleanu"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Emil Gârleanu</span></a></span><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">,<span class="apple-converted-space"> </span></span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/Ion_Ag%C3%A2rbiceanu" title="Ion Agârbiceanu"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Ion Agârbiceanu</span></a></span><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">, </span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/Mihail_Sadoveanu" title="Mihail Sadoveanu"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Mihail Sadoveanu</span></a></span><span class="apple-converted-space"><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">,</span></span><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;"> </span><span lang="EN-US" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%;"><a href="https://ro.wikipedia.org/wiki/Liviu_Rebreanu" title="Liviu Rebreanu"><span lang="RO" style="background: white; color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Liviu Rebreanu</span></a></span><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">). După opinia lui Claude Karnoouh, studierea
folclorului, prin mijloace sociologice, antropologice, lingvistice etc.,
serveşte legitimităţii statului naţional şi unei identităţi care vrea să se
afirme. Dar se observă criza care este determinată de laicizarea tradiţiei şi
pierderea esenţei arhaice a culturii populare. Acestea determină ca Europa
orientală să urmeze acelaşi scenariu al degradării tradiţiilor din Europa
occidentală, chiar dacă există în mod evident o defazare istorică. Ceea ce
produce şi accelerează acest fenomen în Europa şi în întreaga lume este
modernizarea (înţeleasă ca urbanizare şi industrializare), fenomen lent în
România interbelică, dar accelerat în România socialistă (fenomenul de alterare
a tradiţiilor ţărăneşti este observabil încă din secolul al XIX-lea prin faptul
creării unei lumi cosmopolite). <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Capitolul al cincilea
(„Cum să devii modern?”) reprezintă cea mai constructivă critică pe care Claude
Karnoouh o face la adresa culturii româneşti naţionale. Observăm că aprecierile
asupra rolului elementelor culturale în întărirea imaginii pozitive a statului
naţional este realizată pe baza unor elemente istorice şi ideologii politice
concrete. Constatarea referitoare la lipsa alimentelor tradiţionale din România
lui Ceauşescu (o stare degradantă a sărăciei atît pentru locuitorii satelor, cât
şi pentru ţăranii dezrădăcinaţi care locuiesc în oraşe) face diferenţa dintre
România şi alte ţări aflate în lagărul socialist. Observaţia este justă pentru
că în ultimii ani ai regimului socialist se produce o izolare a României chiar
în interiorul lagărului socialist, fapt care este considerat o criză majoră
pentru o ţară care a avut în anii 1970 cea mai mare deschidere spre Occidentul
Europei şi spre S.U.A. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Ca să-şi fundamenteze
opiniile despre spaţiul cultural românesc, Claude Karnoouh analizează ideile
care au legătură cu poporul-naţiune ale lui Lucian Blaga şi Costantin Noica.
Ideea cercetătorului francez este că filosoful şi poetul Lucian Blaga este un
anacronic pentru că supralicitează „veşnicia” satului românesc.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Blaga a creat o „ontologie etnică şi
ofensivă”, în care se produce armonia dintre Tradiţie şi Modernitate (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibidem</i>, p. 164). Şi contemporani cu
ideile lui Lucian Blaga sunt o serie de intelectuli români de vază ca:
Rădulescu-Motru – cu o vesiune politică şi xenofobă (trimiteri speciale la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Românismul: catehismul unei noi
spiritualităţi</i>); Nichifor Crainic – cu statul etnocratic; tânărul Cioran –
„dorea o dictatură populară şi naţională” (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibidem</i>,
p. 165). Ideile acestea sunt fără echivoc, dar ce se întâmplă cu naţionalismele
duse la exacerbare în Europa occidentală? Degradarea aceasta din spaţiul
românesc este cumva singulară şi diferită de ceea ce ne-a oferit lecţia
Occidentului? Răspunsul la aceste întrebări nici nu mai trebuie dat pentru că elementele
istorice sunt evidente în defavoarea în defavoarea Occidentului cu o cultură a
reprimării mult mai rafinată. Probabil că trăsătura universalizată a perioadei
interbelice pentru întreaga Europă este reprezentată de o coexistenţă a
paradoxurilor politice, economice, culturale etc. Dintre aceste paradoxuri se
desprinde unul foarte clar de observat: coexistenţa tendinţei de universalizare
cu tendinţa de enclavizare. Dar şi aceasta este determinată de un spirit
naţional specific.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Pentru Claude
Karnoouh, Constantin Noica este „un metafizician al etniei-naţiune”.
Cercetătorul francez îi recunoaşte lui Noica meritele pe care le are în cadrul
filosofiei şi culturii româneşti, rolul pe care l-a avut în cadrul unei
pedagogii apropiată de maieutica socratică (Şcoala de la Păltiniş va da
intelectuali de primă mână). Totuşi, Noica se manifestă în planul culturii
într-un mod paradoxal: este un exeget şi propovăduitor al filosofiei greceşti,
al filosofiei hegeliene şi al fenomenologiei, dar, în acelaşi timp, este un <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">provincial
</i></b>pentru că se încăpăţânează în scrierea unei opere filosofice pentru o
fundamentare a poporului-etnie, a etniei-naţiuni, într-un moment în care
naţiunea în sens occidental este pe cale de dispariţie. Este clară aici o
defazare istorică. Claude Karnoouh, în analiza pe care o face asupra gândirii
lui Constantin Noica, ia în discuţie în principal lucrarea <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sentimentul românesc al fiinţei</i>, în care sunt expuse idei mereu
reluate cu scopul de a ancora acest sentiment românesc al fiinţei de o
metafizică europeană cu tradiţia îndepărtată a vechilor greci şi cu
exemplificările mai mult sau mai puţin tardive ale Occidentului cultural. Cât
l-a urmat sau nu pe Heidegger în abordarea fenomenologică a Fiinţei, în relevarea
rolului limbii ca experienţă metafizică este de discutat în cazul lui Noica. Întemeierea
critică a cercetătorului francez pare să fie una rezultată dintr-o cercetare
atentă a operei noiciene, dar care este redusă la un naţionalism revolut. Claude
Karnoouh spune: „Din punctul de vedere al limbii pe care o mânuieşte cu o
inspiraţie şi o imaginaţie cu adevărat poetice, Noica se află într-adevăr în
căutarea unui adăpost pentru românitate, un adăpost în care s-ar retrage fiinţa
din a sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">archê</i> pentru a se deschide
în prezentul neobişnuit. Dar adăpostul pe care-l propune nu este, în realitate,
decât o streaşină jalnică, incapabilă să reziste cataclismelor istoriei:
versiune nouă a acestei pretinse abilităţi cu care românii au ştiut să reziste
odinioară „terorii istorice”” (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibidem</i>,
p. 196). Acesta cred că este „vârful” criticii lui Claude Karnoouh la adresa
culturii române care prin cei mai importanţi reprezentaţi ai ei a încercat să
se afirme în planul unei Europe indiferentă la zbuciumul popoarelor considerate
marginale. Ne convine sau nu, critica trebuie considerată binevenită dacă nu
avem argumente suficient de temeinice pentru a ne apăra. De fapt, nici nu
trebuie să ne apărăm, nici nu trebuie să ne lamentăm în faţa unei Europe care a
fost mult timp indiferentă la suferinţa noastră istorică şi care a trăit opulent
din speculaţii coloniale. S-a remarcat o virulentă critică la adresa culturii
române, atât din interior, cât şi din exterior, cu dorinţa parcă de a ne reduce
la tăcere şi la situaţia de va fi mereu înjugaţi. Aceasta ar putea fi
amăriciunea noastră, dar critica lui Claude Karnoouh trebuie să o privim ca pe
un duşi rece în încercarea de a ne trezi (şi pentru noi deşteptarea „din somnul
cel de moarte” este ridicată la nivel de imn naţional). <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Românismul şi “Compexul Dracula Parc”<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Într-un moment în care
valorile s-au convertit, <b>românismul </b>a pierdut mult din temeinicia lui
romantică, tinzând să devină un concept vid. Intelectualii de azi nu mai produc
“românism”, sau cei care cred<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>că o fac
ajung la extremisme. Patimile politice, în aparenţă, sunt tot mai aprinse, în
realitate sunt atinse de cea mai mizeră lascivitate. Partidele şi oamenii
politici se complac într-o anumită concupiscenţă, rezultat al ignorării
valorilor. <b>Românitatea </b>tinde să fie redusă la “Compexul Dracula Parc”,
din moment ce românii din interiorul statului sunt roşi mereu de ambiţia de a
fi pe ultimul loc în Europa în ceea ce este pozitiv şi pe primul în
negativitate. Cât despre românii din diaspora, se spune despre ei ca sunt şi
vor fi dezbinaţi. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Este un moment de
acută criză a realităţilor ce se ascund sub conceptele de “românism” şi
“românitate”. Atât noi cât şi străinătatea înţelegem tot mai puţin acest lucru.
În timp ce aşa-zisele mari naţiuni istorice îşi pot permite orice, chiar şi
extremismele cele mai dăunătoare, fără ca să fie ştirbită aura democraţiei,
naţiunile mai puţin privilegiate ale istoriei trebuie să fie prudente în mersul
lor spre viitor. S-a instaurat, din nefericire, un fel de snobism politic şi
istoric, după care popoarele mici şi mijlocii, aflate dincolo de axa occidentală,
sunt purtătoare a unor viruşi periculoşi, care pun în cumpănă <b>statul-quo</b>-ul
lumii contemporane.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Românismul pe care-l
am în vedere aici are sensul de spirit românesc, aşa cum se regăseşte acesta ca
trăire, ca sentiment major de recunoaştere a mătcii prin care a curs
românitatea, cu tot ceea ce are ea pozitiv în istorie. Unora, cei care cred că
viitorul va avea doar faţa cosmopolitismului, li se pare că românismul e un
fenomen bolnav, purtător de naţionalism extremist şi piedica cea mai serioasă
în afirmarea mondială a românilor. Spiritul românesc nu s-a opus şi nu se opune
însă – istoric – spiritului universal, ci este doar dorinţa de a avea o
identitate creatoare care să depăşească uzatele iluzii de universalism. Numai o
înţelegere a împlinirii sinelui prin ceilalţi poate să dea măsura adevaratului
românism, în timp ce o relativizare absolută a identităţii duce la disoluţie.
În fond, adevăratul românism este regăsirea de sine a românilor în planul
istoriei, aşa cum regăsirea de sine a subiectului (insului) se împlineşte în
planul psihologic al colectivitaţilor.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Românismul este o
nevoie de identitate, care se împlineşte în ordinea spiritului şi culturii,
fără să dăuneze altor identităţi, chiar dacă există competiţie între acestea.
Procedăm prin a distinge în evoluţia românismului două sensuri majore, nu
neapărat successive întrucât ele pot fi concomitente: a) <b>un sens istoric</b>,
de la naşterea poporului român şi până la independenţa istorică a României
moderne; b) <b>un sens cultural</b>, din momentul în care identitatea istorică
nu mai este suficientă, iar afirmarea unui popor, unei naţii trebuie să
asimileze un plan mai vast, până la <b>universalitate</b>. Specificul
românismului este că forma sa clasică se încheie într-o <b>imagine romantică</b>
dată de revoluţia burgheză, de naşterea României moderne şi de independenţa
acesteia, aşa cum pentru Germania fenomenul clasic al germanismului se încheie
în 1871, odată cu unificarea sub sceptrul Prusiei a statelor germane. Imaginea
romantică – oriunde s-ar fi ivit ea – este producătoare de exaltare, de multe
ori într-un regim nocturn. Ea se bazează pe o hiperbolizare a virtuţilor şi,
uneori, pe dezvăluirea unei boli lăuntrice luată ca frumuseţe spirituală.
Exaltarea romantică are sensul cel mai adânc al identităţii şi al rivalităţii istorice.
Ea se produce însa într-un mod diferit de la naţie la naţie, iar românii ştiu
cel mai bine acest lucru, aşezaţi fiind la răscrucea unde vocaţia istorică
simte bătaia tuturor vânturilor. Aici intervin diferenţe majore între românism,
germanism, franţuzism sau americanism. <b>Românismul, </b>ca diferenţă faţă de <b>rest,
</b>a fost mereu infuzat de o doză de mesianism, cu sentimentul unui popor de
graniţă. Acest mesianism, începând cu modernitatea, a venit în genere din afară
sub forma unei dinastii străine sau a capitalului străin (ca o combinaţie
ciudată a conservatorismului cu politica “porţilor deschise”). Acest sens
“salvator” a neglijat sâmburele real, sufletul arhetipal al românilor. Tocmai
aici imaginea romantică a avut de suferit. Dacismul şi tracismul sunt laturile
ascunse ale românismului romantic, provenite tot din această nevoie de
identitate. Sunt necesare umbrele marilor voievozi, spiritele lui Decebal şi
Traian, adică umbrele istoriei pentru ca poporul român să nu dispară. Dar aceste
umbre, invocate cu patos de Eminescu şi de alţi poeţi romantici, nu mai sunt
suficiente, atunci când societatea româneasca vrea să depăşească limitele
etnicului şi să se înscrie în modernitatea radiată de Occident. Sensul
modernităţii este cel apusean, cel producător de abundenţă materială în serie.
Pentru noi, modernul înseamnă sfârşitul romantismului, dar nu unul definitiv,
atâta timp cât puseuri romantice vom regasi şi în<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>perioada interbelică. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Romantismul, sub
formele lui finale, este purtător a ceea ce poate fi numit “sfârşitul
istoriei”, sfârşit care va fi înlocuit cu “teroarea istoriei”, atât de evidentă
după al doilea razboi mondial. Romantismul, deşi apogeu al formei istorice –
cea care se împlineşte în ordinea timpului – este purtător al seminţelor din
care se va naşte un nou românism, cel <i>cultural, </i>reprezentat cel mai bine
de “tânăra” generaţie interbelică. Deşi discuţiile asupra românismului sunt
aproape interminabile, axa lui istorică reală – ca fenomen modern – este cea
sesizată de Mircea Eliade: <b>Eminescu – Iorga – Pârvan.</b> Aceasta este o axă
sigură, evidentă pentru că permite construirea României prezente şi viitoare,
dar ar fi prea săracă dacă i-am elimina rădăcinile umanist-iluministe, atât de
doritoare de a afirma latinitatea nord-dunăreană. Totodată, ea ar fi săracă
dacă ar fi eliminat oricare dintre românii creatori de istorie (cazul
generaţiei de la 1848) şi creatori ai marii culturi românesti (de la
testamentul politic al lui Neagoe Basarab pâna la Eliade, Noica, Cioran,
Brancuşi ş.a.). Axa românismului este tocmai axa pozitivă a poporului român,
ceea ce trece dincolo de excese, de extremismele de dreapta sau de stânga. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">Lecţia tristeţii lui Claude Karnoouh<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<br /></div>
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<!--StartFragment-->
<!--EndFragment--><br />
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span lang="RO" style="background: white; color: #333333; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO; mso-font-kerning: 1.0pt;">Se cuvine să aducem un omagiu deosebit francezului
care a devenit un român deosebit. El singur spune: „Celui care din motive
personale a ales să trăiască aici, pe malurile Istrului… şi care cunoaşte ţara
de vreo patruzeci de ani de-acum, i se întîmplă cîteodată să fie năpădit de o
tristeţe nesfîrşită, dar şi de o furie neputincioasă, văzîndu-i pe parveniţi
umflîndu-se în pene ca nişte nătărăi suficienţi, cinici şi aroganţi cu
inferiorii, supuşi ca nişte slugi şmechere cu cei puternici” (</span><span class="author"><span lang="EN-US" style="background: white; border: none windowtext 1.0pt; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-style: italic; mso-bidi-font-weight: bold; mso-border-alt: none windowtext 0cm; mso-font-kerning: 1.0pt; padding: 0cm;"><a href="http://www.criticatac.ro/author/claudekarnoouh/" title="View all posts by Claude Karnoouh"><span lang="RO" style="color: windowtext; mso-ansi-language: RO; text-decoration: none; text-underline: none;">Claude Karnoouh</span></a></span></span><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO; mso-font-kerning: 1.0pt;">, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Felii de viaţă în România, astăzi</i>, în CriticAtac, <em><span style="background: white; border: none windowtext 1.0pt; mso-border-alt: none windowtext 0cm; padding: 0cm;"> </span></em><em><span style="background: white; border: none windowtext 1.0pt; font-style: normal; mso-bidi-font-style: italic; mso-border-alt: none windowtext 0cm; padding: 0cm;">Bucureşti, 11 iulie, 2011). El nu ne
îndeamnă să ne plângem de milă, ci doar să fim lucizi în iluziile pe care ni le
facem faţă de o Europă (devenită Uniunea Europeană) care nu ne vrea neapărat
decât ca pe un experiment neocolonial. Pentru că: </span></em></span><span lang="RO" style="background: white; font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;">„De la extinderea ei asupra Estului
postcomunist, UE este o maşinărie neocolonială, o pură maşină de făcut bani
pentru marele capital occidental ...”. Este acest lucru un îndemn pentru noi la
trezire („din somnul cel de moarte”, cum spune imnul naţional). Cu toate
neajunsurile ei, cu toate constructele revendicative, ce mai rămâne din această
ideee de românism în confruntarea cu prezentul consumist? Dincolo de imaginea
culturală, de performarea naţională care a avut sens la un moment dat trebuie
să acceptăm alteritatea (o ruptură în identitatea noastră) ca pe o posibilitate
de a ne păstra pe noi înşine în altceva (odată intraţi în maşinăria
posmodernităţii). </span><span lang="RO" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: RO;"><o:p></o:p></span></div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-15792697679065948142017-03-02T19:59:00.000+02:002017-03-02T19:59:03.987+02:00Bobos contre « sans-dents » ou la lutte de classe à la roumaine<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";">Bobos contre « sans-dents » ou la lutte de
classe à la roumaine<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Tout et son contraire ont été écrits sur
les récentes manifestations de Roumanie, sur l’enthousiasme des jeunes cadres
et des employés des multinationales présentes à Bucarest, ainsi que celui d’une
grande partie des jeunes universitaires, d’une partie des lycéens qui s’étaient
rassemblés sur la Place des Victoires. Tout aussi a été écrit sur les gens en
général plus âgés, les petits employés, les ouvriers, en bref, les gens de peu qui
manifestaient devant la résidence officielle de la Présidence de la République,
au Palais Cotroceni… Oui tout a été dit sur les réseaux sociaux en majorité opposés
à la décision du PSD de promulguer une ODG (ordonnance de gouvernement) tard
dans la nuit. On a vu ainsi se déployer un déchaînement de violence contre le
parti vainqueur des élections, une rancœur autocensurée a éclaté en des
discours de haine d’une violence inouïe. Et d’un seul coup le droit
constitutionnel est devenu la spécialité de la masse des manifestants, comme si
l’ODG avait été une innovation anticonstitutionnelle.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Disons-le d’emblée, je n’ai pas de
sympathie pour le PSD à l’exception de Gabi Cretu. C’est un parti de petits
« barons » locaux, de paysans parvenus, trop vite parvenus, en partie
mafieux en partie habiles en affaire, mais tout-petits. Qu’on me pardonne cette
faiblesse bourgeoise, mais j’ai toujours apprécié les bonnes manières, même
chez les révolutionnaires du tiers-monde que j’ai eu l’honneur de rencontrer
naguère, dans ma jeunesse militante. Toutefois mes goûts de dandy un peu
cynique ne peuvent en aucune façon servir de grille d’analyse pour de tels
événements qui ont mobilisé, à peu près 150.000 personnes les meilleurs jours. Redisons-le
aussi d’emblée pour que mon propos soit clair, l’impardonnable faute tactique
de Monsieur Dragnea de faire promulguer une ODG (c’est à dire un article de loi
sans vote ni débats) à peine installé au pouvoir le gouvernement Grindea qu’il
dirige de fait depuis sa place de président de la chambre, est une faute
politique grave pour laquelle le parti payera longtemps. Preuve que ce Monsieur
est bien ce que disaient ses adversaires, un petit joueur, un stratège
d’estaminet de province éloignée, un tribun de gargote.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">A cet enthousiasme levant des foules à
l’encontre de la corruption du PSD illustrée par cette ODG, il faut ajouter
chez les mêmes manifestants des paroles d’une haine biologique lancée vers le
camp adverse, contre les vieux, les « analphabètes » ou presque, les
paysans, les retraités, les pauvres en général qui vivraient aux crochets des actifs,
des gens cultivés, diplômés, sérieux, courageux et honnêtes. Bref d’un côté le
bien, de l’autre le mal incarné par des hommes et ces femmes qu’il faudrait
éliminer, auxquels on devrait retirer le droit de vote, en bref auxquels il
conviendrait d’appliquer un programme d’eugénisme social. J’entends dans ces
phrases un écho pas si lointain du programme appliqué aux handicapés par un
certain peintre viennois raté qui fit néanmoins une des plus importantes et
criminelles carrière politique au cours du XXe siècle. Toutefois dans la bouche
de ces nombreux apprentis bobos ou apprentis bourgeois qui se prétendent
défenseurs de l’État de droit, il y a, de fait, une profonde méconnaissance du
droit : paradoxalement ils affirment défendre l’État de droit et de fait, souhaitent
une République où les juges et les services contrôlent le politique ! <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Car l’ODG est inscrite dans la constitution
comme le sont et l’état d’exception et l’état d’urgence.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ODG numéro 13 n’est donc pas
inconstitutionnelle, mais elle a été vue et perçue comme inconstitutionnelle
car elle se présentait comme une opération <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ad
hoc</i> afin sauver de l’inculpation quelques politiciens non seulement au
pouvoir, mais, on l’a oublié, simultanément dans l’opposition. De fait, il eût
fallu préciser qu’elle était certes légale mais dans le contexte de la décision
de la promulguer, elle apparaissait illégitime. Or si l’on s’en tient à une
tradition qui remonte aux Grecs et se poursuit jusque dans la modernité, une
loi illégitime est une loi inique, et le Prince qui la promulgue comme
ordonnance ou la fait voter par sa majorité, devrait, si tel avait été le cas
de ceux qui se sont mobilisés contre l’ODG numéro 13, être déchu, et ceci devrait
être étendu à tout le gouvernement et à tous ceux qui appartiennent à son parti
et en auraient accepté le contenu. Or, ce n’était pas là le mot d’ordre de ceux
qui, dans un premier temps manifestaient, ils voulaient l’abrogation de cette
ordonnance. Pays démocratique, la Roumanie permet aux citoyens de s’exprimer
par des manifestations de rue, même si celles-ci de son pas autorisées. La police
anti-manifestation, la gendarmerie y est, sauf rarissime exception, plutôt bon
enfant, rien de comparable avec les polices françaises, italiennes ou
étasuniennes. A cela il faut ajouter que la plupart des membres de la
génération qui manifeste aujourd’hui contre le gouvernement n’a pas connu, les
grandes manifestations de décembre 89, le très violent conflit avec les mineurs
ou les batailles rangées entre Roumains et Hongrois de Târgu Mures en mars 90.
Jeune adultes célibataires, jeunes couples avec ou sans enfants, avec animaux
de compagnie, nous avons affaire à des diplômés du niveau de la maîtrise ou
pour un petit nombre, avec doctorat, pour l’essentiel des diplômés en sciences
économiques, sociologie, journalisme, langues étrangères, management culturel
et droit. Si donc, l’illégitimité perçue de cette ODG avait été énoncée
clairement, les manifestations eussent dû dès le début exprimer la « volonté
générale » d’en découdre avec le gouvernement PSD-ALDE et demander non
seulement la démission de tout le gouvernement, mais la tenue d’élections
nouvelles sous prétexte de forfaiture du pouvoir législatif. Ceci était
d’autant plus qu’en filigrane, dans un geste totalement inconstitutionnel, le
Président, sûrement conseillé par les représentants du groupe Soros dans son
cabinet (entre autres personnes par Madame Pralong pour ne la pas nommer) s’est
mêlé aux manifestants pour déclarer son soutien et les appeler :
« mon peuple » (sic !...) Cependant, entre la légitime
indignation d’une partie de la population urbaine jeune et moderne, voire
hypermoderne (même si cette modernité n’est que parodique, qu’une sorte de
bovarysme local), et le style réel des appels à manifester sur les réseaux
sociaux prétendant simultanément à une spontanéité de la mobilisation et des
rassemblements, il y a un hiatus qui m’oblige à songer à quelque chose de bien
plus organisé au travers de ces mêmes réseaux sociaux.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Ayant milité dans les associations
étudiantes communistes, puis dans l’un des syndicats de l’enseignement
supérieur français (SNES-Sup), j’ai quelques notions quant à l’organisation de
manifestations d’une certaine ampleur. Certes on peut, sur un lieu de travail
quelconque, retrouver un groupe de salariés insatisfaits ou indignés par une
injustice patronale ayant déclenché une grève spontanée, mais dans une grande
ville, de surcroît une capitale où la socialisation est par essence atomisée en
quartier, appartements et lieux de travail dispersés sur une grande étendue,
rassembler 20.000, puis 50.000 personnes et enfin 150.000 cela ne se fait pas avec
le bouche à oreille entre voisins, il faut une force mobilisatrice organisée,
capable de réunir des gens éparpillés. Ce travail a été fait par un certain
nombre d’ONG qui sont unies pour la plupart par un plus petit dénominateur
commun, elles émargent toutes plus ou moins à des fondations liées à l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Open society </i>dont Monsieur Soros serait
le mécène permanent depuis plus de quarante ans dans tous les pays non
seulement de l’ancien bloc soviétique, mais encore en Asie du sud-est ou en
Amérique latine. Je sais bien, selon l’adage français, que l’on ne prête qu’aux
riches, mais toute la fortune de Monsieur Soros qui est certes conséquente, ne
suffirait pas à financer non seulement de vastes opérations culturelles (la CEU
par exemple), mais plus encore des opérations politiques comme les révoltes
dites « Orange » ou Printemps arabe. Au risque de lui déplaire, mais
peut me chaut, Monsieur Soros n’est qu’un intermédiaire comme l’avaient prouvé
ses spéculations contre la livre et le franc au milieu des années 90 où les
autorités françaises d’alors (Président Chirac) avaient découvert qu’il était
l’intermédiaire de l’État américain et des pétromonarchies</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman';"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman';">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman";">. A l’époque le franc avait résisté grâce
à un soutien massif de l’Allemagne, mais la livre non, le bénéfice attendu
devait être gigantesque, mais la Bundesbank fit en partie capoter l’affaire.
Bref, ce genre de service d’intermédiaire se paie et se paie très cher. Mais
personne en Roumanie ne s’est interrogé sur la manière d’acquérir une telle
fortune en aussi peu de temps ? Car Monsieur Soros n’est ni Rockefeller ni
Pierpont, ni Rothschild, ni Ford, ni Goldman Sachs, ces immenses fortunes-là ont
mis plus d’un siècle pour devenir ce qu’elles sont. C’est ainsi que l’on fait
passer pour de la générosité philanthropique ce qui n’est au bout du compte que
des interventions étatiques déguisées en opérations caritatives privées, en
aide à l’apprentissage de cadres devant former l’armature administrative et
politique d’un pays prétendument démocratique. Selon le vieil adage toujours
d’actualité, « dis-moi qui finance et je te dirai qui dirige la
musique ». Il était donc suffisant de repérer les sites mobilisateurs sur
Facebook pour voir que diverses ONG, diverses figures autoproclamées comme représentantes
de la société civile (où comme par hasard on ne trouve jamais d’ouvriers, de
simples salariés, encore moins de paysans ou de retraités) étaient mobilisées
pour fournir les thèmes des soirées sur la Place des Victoires, depuis les
slogans jusqu’aux représentations, une fois c’est le drapeau national, une
autre fois les téléphones portables allumés, etc… ? Quant à moi, j’ai,
depuis fort longtemps, appris de la philosophie politique comme de la
sociologie politique qu’il n’y a de représentants légaux d’un peuple en sa
diversité sociale, ethnique et religieuse que les hommes et les femmes que ce
même peuple élit au suffrage universel.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Revenons à présent à notre propos
initial. L’ordonnance de gouvernement numéro 13 promulguée au journal officiel est
d’une parfaite légalité, puisqu’elle a été conçue, rédigée et signée par des
ministres issus d’une élection démocratique non contestée. Que la manière et le
but aient pu paraître abusif, qu’il y a là quelque chose dans l’ordre de la
morale qui outrepasse le mandat qui avait été donné à ces politiciens, je le
conçois très bien. Toutefois, en ayant désigné cet acte comme une énorme faute
tactique qui, à mon humble avis, devrait être sanctionnée au sein du parti en
remplaçant par exemple Monsieur Dragnea à la tête de la chambre des députés et
de son parti, je n’ai ainsi manifesté aucun parti-pris particulier. Aussi l’exigence
de son abrogation doit-elle se réduire à un acte visant la critique de
l’illégitimité éthique de cette ordonnance particulière, et non de l’article de
la constitution qui le permet. En effet, que je sache, depuis 1991 tous les
gouvernements ont usé et abusé des ODG sans que cela ne soulevât l’ire des prétendus
démocrates, lesquels, dans la vie quotidienne, n’hésitent jamais à donner ici
et là un bakchich pour obtenir ce dont ils ont besoin et mettre ainsi de
l’huile dans les rouages du fonctionnement administratif, technique ou médical.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Mais à écouter les dirigeants des sites des
ONG-s « démocratiques » qui nous présentent la massive mobilisation
comme le résultat d’une coagulation sociale spontanée, on se serait cru dans
une sorte de conte de fées politique irénique ! Quant à moi, je dirais à
ces gens-là, de véritables ONG-istes professionnels, « qu’il ne faut pas
prendre les enfants du Bon dieu pour des canards sauvages ! » En
d’autres mots, plus directs : il ne faut pas pendre les lecteurs des
réseaux sociaux un peu avertis de la chose politique et syndicale pour des
naïfs ou des imbéciles. J’ai, comme l’ai fait remarquer, assez participé dans
ma jeunesse à des manifestations étudiantes ou universitaires pour savoir que
la spontanéité cela s’organise. Même en 1968, les très grandes manifestations,
y compris les luttes nocturnes avec la police n’étaient pas spontanées,
trotskistes de diverses obédiences, anarchistes, une partie des étudiants
communistes, jeunes syndicalistes de la CGT avaient travaillé avec leurs
réseaux dans leurs milieux professionnels ou universitaires pour mobiliser les
gens. Qu’il y ait eu sur la Place des Victoire quelques milliers de naïfs (coàda
de topor) appelés par leur légitime colère à venir hurler leur haine et leur dégoût
face au gouvernement j’en conviens aisément, mais si l’on suivait avec
attention les discours des leaders des ONG-s habituellement mobilisatrices sur
Facebook, il sautait aux yeux que c’était ces gens-là qui appelaient aux
rassemblements en intensifiant les angoisses et en fournissant mots d’ordre,
slogans et thèmes de banderoles… Puis, les soirs suivants, après le drapeau
national, on vit apparaître des drapeaux de l’UE, comme si l’UE avait quelque
chose à voir avec ces décisions constitutionnelles. Dès lors l’origine des
organisateurs de ces manifestations s’éclaircissent partiellement. On devine ici
et là, les signes de députés européens qui, à Bruxelles, travaillent en
permanence à soumettre l’économie et la politique roumaines aux décisions des
pouvoirs financiers internationaux de manière à contrer toute volonté
gouvernementale, même la plus timide, d’augmenter les salaires minimaux et les retraites,
d’améliorer un tant soit peu la situation des médecins et des infirmières, des
professeurs et des instituteurs, etc., et, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">last
but not least</i>, de prévoir pour les compagnies multinationales un contrôle
plus ferme de leurs impositions sur les bénéfices et de l’exportation des
bénéfices énormes qu’elles réalisent en Roumanie</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman';"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman';">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman";">… Nous le savons déjà de longue date, pour
contrôler le nouvel ordre mondial de l’exploitation économique, et donc aussi politique,
s’appuie sur des agents plus puissants que les politiciens élus. Pour contrôler
cela, il faudrait des lois de souveraineté drastiques. Sans ces lois, le pays
n’est jamais maître de son destin.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Cependant on ne peut comprendre ce
mouvement de masses des classes moyennes urbaines roumaines selon la seule
grille monocausale d’une manipulation bien montée car on ne peut manipuler les
gens que sur un fond de subjectivité déjà préparé à recevoir cette
manipulation. Il faut donc chercher du côté de la subjectivité des acteurs. Dans
les têtes de ces manifestants il y a d’un côté une énorme ignorance de la
réelle praxis politique qui les conduit à un idéalisme de rêve, et tout autant,
de l’autre, on les perçoit saisis d’une totale irrationalité sociale et
historique ; ils sont emplis de frustrations, hantés d’espoirs déçus, habités
d’une grande incertitude quant à leur avenir et à celui de leurs enfants qu’ils
pensent en général exporter ; ils sont rongés par la dénégation de leurs
origines rurale ou prolétaires qui engendre chez eux un sentiment de culpabilité
et une honte profonde de leurs parents demeurés largement archaïques. De fait
dans leur expérience existentielle ils sont soumis à nombre d’aspects quotidiens
qui incarnent les stigmates de la soumission aux vieilles règles familiales.</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman';"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'Times New Roman';">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman";"> J’incline à penser que ces jeunes gens
et ces jeunes femmes, ces jeunes couples avec ou sans enfant, mais souvent avec
des animaux de compagnie, amateurs de bicyclette, d’écologie urbaine, de
nourritures végétariennes, sinon véganes, manifestant une peur panique des
conflits : le mot d’ordre le plus entendu lors des manifestations, « sans
violence », nous dit tout. Mais simultanément ils sont, dans leur
entreprises, soumis aux très dures exigences de rentabilité du travail exigées par
le capital privé, ou pour les enseignants (sauf les professeurs titulaires) aux
salaires médiocres, ce qui les conduit à vivre dans un état de fébrilité constante,
sans cesse à la recherche d’une bourse ici ou là quel que soit le sujet, courant
d’un colloque à l’autre et répétant le matériel que les institutions
occidentales leur réclament sur les thèmes, les théories et les méthodologies
qu’elles imposent sans égard aux situations et aux talents locaux. Bref, pour
toutes ces nouvelles classes moyennes urbaines profondément marquées par
l’idéologie hyper-individualiste du nouveau néo-libéralisme déversée à satiété
depuis décembre 1989, la vie en Roumanie leur paraît sombre, sans véritable avenir,
sans ascension sociale prévisible. Aveugles ou aveuglées sur les origines de ce
blocage sociétal, oubliant leur propre exploitation, elles en attribuent la
cause à l’énorme masse des laissés-pour-compte de la transition avec ses
thérapies de choc, aux chômeurs, aux familles détruites, aux femmes seules en
charge d’enfants, aux misérables des campagnes, aux vieux des quartiers pauvres
des villes, aux retraités aux revenus à la limite de la survie. En effet, et là
elles ont raison, il y a de quoi désespérer de l’avenir d’un pays dont le futur
est largement obstrué, voire barré par des politiques économiques sans
lendemain qui favorisent le gain immédiat sans vision du lendemain (comme par
exemple les ventes à pertes d’entreprises fort rentables, les défrichages
massifs des plus belles forêts de Transylvanie, ou l’acceptation de
multinationales qui vendent leurs services plus chers que dans les pays
occidentaux). Ces classes moyennes urbaines voient aussi que les meilleurs
parmi les ouvriers et les contremaîtres, les meilleurs parmi les étudiants en
sciences et techniques, mais aussi dans les humanités, ou pis parmi les
médecins, les stomatologues et les infirmières (29.000 en 2016 !) partent
exercer leurs talents dans les pays développés, offrant à ceux-ci des
spécialistes de qualité dont la formation n’a rien coûté aux États qui les
reçoivent. Elles savent aussi que nombre de ceux qui ont émigré travaillent
dans des activités sous-qualifiées (ainsi des ingénieurs constructeurs se
retrouvent simples ouvriers du bâtiment, une assistante médicale simple fille
de salle dans un hôpital privé, sans parler des dizaines de milliers de
semi-esclaves qui travaillent dans l’agriculture des pays occidentaux). Ainsi,
nourries de tant d’illusions moralistes et de tant de peurs si peu politiques ces
manifestations ne sont pas sans rappeler la société du spectacle si bien démontée
par Debord. Habitées d’une subjectivé réifiée (selon la terminologie de Lukács)
le spectacle qu’elles nous offrent n’est au bout du compte que du pseudo :
du pseudo politique car on n’y entend parler que de la corruption d’un parti
sachant que toute la classe politique ou presque y a goûté depuis décembre 1989 ;
du pseudo contestataire mis en scène par des ONG-s qui n’ont ONG que le nom et
qui se gardent bien de toucher aux multinationales par exemple (le scandale
Microsoft par exemple), du pseudo moralisme en ce qu’elles se présentent comme
le bien absolu, comme si elles n’appartenaient pas elles-aussi à cette société
avec leurs petites corruptions journalières. Elles veulent donc la démission de
Monsieur Dragnea, et pourquoi pas celle du Président qui vient d’être reconnu
coupable d’appropriation abusive d’appartement à Sibiu sa ville natale ?
Pour un autre gouvernement ? Mais dans le cadre légal ce sera toujours un
gouvernement PSD puisque ce parti avec le petit ALDE de Monsieur Tariceanu ont
ensemble gagné la majorité absolue ? Elles ont essayé d’exiger de
nouvelles élections ? Mais des sondages sérieux prédisent une plus grande
victoire du PSD ! Elles prétendent lutter pour l’État de droit, mais
bafoue l’État de droit en soutenant l’ingérence des juges et des services dans
le législatif, ce qui contredit les fondements même de l’État de droit moderne :
la séparation des pouvoirs ! En bref, les manifestants d’une part trop peu
nombreux et surtout trop pusillanimes pour engager une véritable épreuve de
force avec le pouvoir défendu par une gendarmerie fidèle à la légalité, en sont
réduits aux vociférations, aux cris et imprécations qui rappellent les subversions
symboliques des anciens carnavals médiévaux de l’Occident catholique. Cependant,
tous ces bruits parasites n’arrivent pas à dissimuler la véritable lutte classe
qui traverse sourdement la société roumaine post-communiste, c’est à dire celle
qui se joue entre un conglomérat de parvenus du business, de leurs serviteurs
diplômés bien-mis et obéissants au capital local ou étranger, et ceux qui,
comme l’a écrit récemment un médiocre philosophe, et simultanément businessman
corrompu de l’édition, n’ont pas les moyens de se faire soigner les dents chez
un dentiste, les « sans-dents » si chers à un autre médiocre, cette
fois français, le président François Hollande.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: 'Times New Roman';"><br /></span></div>
<span style="font-family: "Times New Roman";"><div style="text-align: justify;">
Claude Karnoouh</div>
<div style="text-align: justify;">
Bucarest le 27 février 2017</div>
<o:p></o:p></span><br />
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">PSD : parti social-démocrate… dont
Monsieur Dragnea est simultanément le président et l’éminence grise
gouvernementale. De fait un parti centriste qui par le passé a privatisé sans
retenue. Il est très bien implanté dans les provinces et les municipalités. Il
a des velléités (selon le modèle Hongrois) de défendre le capital local contre
le capital étranger en s’assurant d’un réel soutient populaire des gens de peu,
des petits fonctionnaires et des ouvriers, pour lesquels il en promulgue de
légères augmentations des salaires minimaux et des retraites des plus modestes.
Haïs des libéraux Bruxellois, voire même des socio-démocrates, il ne touche pas
vraiment aux avantages financiers énormes dont jouissent dans le pays les
multinationales des services ainsi que les étrangers ayant acheté ou loué de
très grandes surfaces agricoles dont les revenus viennent massivement des
subventions de Bruxelles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">ALDE : Petit parti de type libéral
au sens du XIXe siècle, allié du PSD et dirigé par le seul politicien roumain
qui semble avoir la carrure d’un homme d’État : Monsieur Tàriceanu.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">PNL : droite libérale atlantiste et
européiste radicale, parti du Président de la république, congloméra du PD et
et PNL historique. Soutenu par les ambassades occidentales, les lobbies
bruxellois où leur élus agissent en permanence pour dénoncer la « mainmise
russe » sur la Roumanie ! Essentiellement défenseur des
multinationales et de la privatisation totale de l’économie, y compris les
prisons.<o:p></o:p></span></div>
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<!--EndFragment--><br />
<div style="mso-element: footnote-list;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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<!--[endif]-->
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'New York', serif;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
Au moins de juin 1997, élu chevalier de l’Armagnac, le préfet du département du
Gers, centre de cette région viticole, avait refusé de participer à la
cérémonie d’intronisation pour protester contre ce que le gouvernement avait
appelé alors, un acte de guerre économique contre la France.<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'New York', serif;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
Je rappellerai simplement que<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Véolia par
exemple vend plus l’eau plus chère à Bucarest que dans les villes de France où
elle la gère !...<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: 'New York', serif;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
Par exemple il est fréquent de les entendre se proclamer athées, mais ils font baptiser
leurs enfants, ou ils se marient à l’église… autant de situations
spirituellement inconfortables.<o:p></o:p></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-32677679542309802442016-12-24T00:18:00.004+02:002016-12-24T00:18:34.540+02:00De la claire vision en géopolitique. Quelques remarques critiques adressées aux politiciens et aux journalistes roumains<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">De la claire vision en géopolitique.
Quelques remarques critiques adressées aux politiciens et aux journalistes roumains<o:p></o:p></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Je comprends fort
bien que cette fraction de la population roumaine qui rassemble indistinctement
les politiciens, leurs conseillers, les journalistes et les intellectuels
(parfois confondus en un seul et même personnage), en permanence branchée sur
Facebook, Twitter, Instagram, la télévision, etc., se soit enflammée pour d’abord
présenter, puis commenter les résultats des élections parlementaires du 11
décembre 2017. La victoire écrasante du PSD, et réciproquement la défaite
historique du PNL, et, après deux jours, la presque liquéfaction de l’USR née du
vide comme les plantes artificielles en plastique, parti de bobos urbains
privilégiés sans une véritablement assise dans la population, a suscité un
déluge de bavardages souvent plus creux les uns que les autres. Aujourd’hui, à
l’heure où j’écris ces lignes les spéculations sont sur le point de se terminer
avec la nomination du Premier ministre d’une république où le Président
appartient au parti vaincu. Ce qui dans un pays comme la France ou la
l’Allemagne fédérale se nomme la cohabitation est une lutte au couteau
dissimulée au yeux du public par l’hypocrisie des bonnes manières bourgeoises. Ici
on a l’impression jour après jour d’avoir affaire à des débats publics de
marchands de tapis, à des relations qui interdiront une collaboration minimale
entre le législatif et l’exécutif menant, une fois encore, à des tentatives
plus ou moins grotesques d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">impeachment</i>
du Président.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Cependant il faut
raison garder et pondérer ces événements de politique intérieure avec la
réalité du monde. La Roumanie est non seulement dans le monde comme n’importe
quelle nation, mais participe, même à son échelle, certes fort modeste, à la
politique mondiale, par exemple en envoyant ses soldats combattre tant en
Afghanistan qu’en Irak, en autorisant les États-Unis sous le drapeau de l’OTAN à
installer deux bases militaires dont l’une abrite des fusées pointées vers la
Russie. Ce qui est frappant dans tous les discours électoraux de tous les
partis en présence, c’est l’absence surprenante de position précise quant à la
politique étrangère roumaine. Ainsi le pays apparaît comme une province d’un
État fédéral plus vaste dont la politique étrangère lui échapperait totalement
à l’exception de sa dimension culturelle. En dépit d’une très ancienne
tradition d’allégeance au souverain le plus puissant du moment (souvent
désignée comme le caractère fanariotique de la politique roumaine), l’attitude
demeure surprenante, ou insouciante, en tous cas surprenante dans un pays où,
sauf les partis explicitement inféodés à des parrains étrangers, le
nationalisme y est pointilleux, voire parfois agressif, mais toujours très
vocaliste. A moins que les vocalises nationalistes ne soient qu’un simulacre
dissimulant l’incapacité des politiciens et d’une majorité d’intellectuels de proposer
un patriotisme ferme et non raciste capable de suggérer des mesures de
politiques étrangères aptes à défendre les intérêts minimaux du pays,
c’est-à-dire le peuple en sa majorité et sa diversité sociale, nationale et
religieuse, ce que la philosophie politique classique appelle le bien commun et
le bon gouvernement. Cette inattention à la politique étrangère est en partie
dommageable en cas, par exemple, de changement d’alliance, de retournement
d’alliance, de réorientation de politique étrangère ou pis de rupture de pacte
de la part des puissances dominantes de l’OTAN.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Ainsi, pendant
la semaine qui suivit les élections, un événement d’une importance majeure
s’est produit au Moyen-Orient qui a très vite pesé sur l’ensemble des relations
internationales. Il s’agit de la victoire sans appel à Alep de l’armée
nationale syrienne et de ses alliés (Russes, Iraniens, Kurdes, Palestiniens et
Hezbollah libanais) sur des diverses troupes de rebelles terroristes dirigées
par des officiers étrangers, citoyens de pays membres de l’OTAN (USA, UK,
France, RFG) et d’alliés (Israël, Arabie saoudite, Qatar, Jordanie). Evénement
énorme si l’on pense aux phénoménaux moyens financiers mis en œuvre, aux masses
d’armements déployées par de prétendus va-nu-pieds révolutionnaires et à la
gestion hyper-technique des renseignements satellites employés pour bombarder
l’armée syrienne et les hôpitaux russes. Non seulement une défaite militaire,
mais une défaite morale. Comment en effet l’Occident (laissons de côté les
royautés corrompues des ex-gardiens de chameaux, des coupeurs de têtes
wahhabites, transformés en concierges de leur pétrole) va-t-il justifier auprès
de ses citoyens, outre l’envoi massif d’officiers des services secrets dans un
pays auquel ils n’avaient jamais déclaré l’état de guerre, un échec
politico-militaire retentissant ? Comment va-t-il procéder pour faire taire les
veuves et les orphelins qui ne pourront pas être traitées comme veuves de
guerre et des pupilles de la Nation ? Je prévois dès maintenant des
arguties plus que tortueuses. Mais laissons-là ces effets locaux. Les citoyens
des pays de l’OTAN n’ont que ce qu’ils méritent, ce sont eux qui élisent les
politiciens qui mettent en œuvre ces politiques mortifères ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
L’événement est
énorme parce que pour la seconde fois en ce début de XXe siècle, les États-Unis
et l’OTAN ainsi que l’État d’Israël sont mis militairement et politiquement en
échecs dans leur projet de politique impériale mondiale univoque incarnée par la
mise au pas de la Russie et le remodelage au forceps du Moyen-Orient. Cela a
commencé en Ukraine, maintenant cela se poursuit en Syrie. A chaque fois,
l’échec. Il y a plusieurs manières d’interpréter ces revers. Faut-il simplement
y voir les hésitations du président Obama coincé entre divers lobbys aux
intérêts contradictoires et son opinion publique de moins en moins favorable à
des interventions extérieures qui coûtent tant aux États-Unis, tandis que, non
seulement une partie importante de la population se paupérise, mais, plus
encore, s’intensifie l’état lamentable des infrastructures ? Ou alors
faut-il envisager ces échecs comme le début d’un déclin global de l’empire
américain devenu incapable de payer seul ses guerres impériales et donc en
permanent marchandage avec ses affidés occidentaux, même si ces derniers les
aident dans des proportions certes minimes (la France par exemple n’a plus assez
de bombes pour armer ses avions ou pour s’offrir un second porte-avion !).
C’est pourquoi le président élu a déclaré qu’il demandera à chaque pays de
l’OTAN de payer les frais de sa défense. En effet, l’élection de Donald Trump,
au-delà du côté quelque peu insolite, fantasque voire grossier du candidat à la
Maison blanche, réactualise un certain isolationnisme étasunien qui vise à plus
s’occuper des affaires intérieures, des relations commerciales bilatérales avantageuses
qu’à faire le gendarme tout-azimuts. Une sorte de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Real Politik</i> de type <i style="mso-bidi-font-style: normal;">New Deal
</i>qui n’interdit pas simultanément la défense internationale des intérêts
minimaux du pays. Or cette réorientation de la politique étasunienne souhaitée
par une moitié des électeurs américains malgré les réactions violentes d’hostilité
qu’elle suscite de la part des démocrates néocons et des écologistes va de
toutes les façons changer la politique US. Certes, le président Obama signe à
tour de bras des décrets permettant d’envoyer en Europe le maximum de troupes,
d’équipements militaires nécessitant la réouverture d’anciennes bases de
l’époque de la Guerre froide, il n’empêche, cela peut être révoqué du jour au
lendemain par le nouveau président ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Dans une
situation où le proche avenir paraît si fluide, si fortement indéterminée, instable
dirais-je, il eût fallu que la classe politique roumaine en son ensemble, les
journalistes et ces dizaines d’intellectuels qui jacassent sur les cancans de
la politique locales énoncent quelques propositions sérieuses afin d’exposer au
peuple les données du problème d’une part, et les possibles positionnements politiques
de l’autre, fussent-ils contrastés selon les inclinations politiques de chacun
des partis. De fait rien de cela n’eut lieu, et la politique étrangère, ou
mieux l’absence de politique étrangère, est restée du domaine réservé et secret
de l’exécutif (pas même véritablement du législatif) qui répond docilement,
comme tout le monde le sait ici à Bucarest, aux ordres de l’OTAN et des
États-Unis qui souvent se confondent. Or les expériences historiques de la
seconde moitié du siècle précédent nous ont appris combien les grands pouvoirs
sont capables d’un total cynisme lorsque des alliés ne leur sont plus utiles ou
leur sont devenus encombrant pour le nouveau cours des choses, de fait, lorsqu’ils
renversent leurs alliances. Les Roumains semblent oublier que les États-Unis
abandonnèrent leur allié du Vietnam sud lorsqu’ils troquèrent la guerre, contraints
par leur opinion publique, contre la négociation avec les Nord-Vietnamiens ;
les Roumains dans leur anticommunisme primitif oublient encore que les Russes
abandonnèrent les communistes égyptiens, iraniens (Touded)<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et irakiens pour des impératifs de géopolitique,
préférant une alliance avec des États dirigés par le parti Baas ou les mollahs à
la solidarité internationale avec des partis frères. Les Roumains sont aveugles
sur la manière dont les autorités françaises (Sarkozy), après avoir reçu Kadhafi
en grande pompe à Paris et touchés de substantiels subsides électoraux, le
liquidèrent deux ans plus tard lorsqu’ils ne virent plus d’intérêts politico-économiques
à sa présence à la tête de la Lybie afin de piller son pétrole et ses dépôts
bancaires en Europe. Or, il est fort à parier que l’arrivée au pouvoir du
Président Trump va changer quelque peu la donne géopolitique et qu’il
conviendra à la Roumanie de s’y soumette bon gré mal gré si elle n’a pas de
politique de rechange, c’est-à-dire si les spécialistes et les politiciens
n’ont pas, par avance, élaboré (enfin !) une solution d’équilibre entre
les grandes puissances où elle aurait tout à gagner. Car si gouverner c’est
prévoir comme on l’apprend dans les manuels de Sciences-politiques, alors il
conviendrait à un gouvernement roumain sérieux d’envisager les divers scénarios
possibles d’un habile équilibre d’équidistance entre les États-Unis, l’Europe
de l’Ouest, la Russie et la Chine. En effet, la Roumanie sous le gouvernement
communiste des années Ceausescu avait par exemple une position intéressante au
Moyen-Orient et au Maghreb en tant que fournisseur de cadres et de techniciens pour
diverses activités industrielles, médicales ou d’enseignement (forage pétrolier,
mécanique automobile, poids lourds et tracteurs, agriculture, construction,
médecine) dans le cadre d’une véritable aide payante aux pays en voie de
développement. Ces positions, source de bénéfices géopolitiques ont été
totalement perdues depuis que le pays s’est transformé lui même en une sorte de
colonie du Tiers-monde obéissant aux ordres du maître occidental et dirigée par
des politiciens <i style="mso-bidi-font-style: normal;">compradores</i>. Or en
cas de mutations géopolitiques et géoéconomiques rapides, les États occidentaux
ne feront aucun cadeaux sur les marchés qui s’ouvriront à nouveau (Irak, Iran,
Russie et la Syrie à reconstruire de A à Z). Trouver le biais afin de recouvrer
ses anciennes positions géoéconomiques, voilà un défit qui ne manque pas d’envergure
dans ce monde en mutation, même pour un pays dont la majorité du potentiel industriel
a été vendu à l’encan. Les vainqueurs des élections de novembre 2016 sauront-ils
le faire ? Malheureusement j’en doute tant ils sont déjà avides de montrer
à leur maître qu’ils sont tout-à-fait dans la mode multiculturelle (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">in the mood</i>) et partisans d’autres fadaises
culturaloïdes. Ce faisant ils oublient que la politique n’est pas l’énonciation
de bons sentiments et le spectacle d’actions caritatives (elle le peut en
surplus), ni les jeux de gadgets à la mode, mais, en son essence même, le
déchiffrement du moment adéquate (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">kairos</i>)
mêlé au courage de la décision (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">fortuná</i>)
des hommes politiques, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">kairos</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fortuná</i> des responsables politiques sans
lesquels les peuples ne sont dès lors autre chose que les laquais des
puissants.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
En attendant,
Joyeux Noël et Bonne année 2017<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Claude Karnoouh<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
Bucarest le 22
décembre 2016<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
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<!--StartFragment-->
<!--EndFragment--><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 14.2pt;">
<br /></div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-17299315856391632522016-08-28T18:24:00.000+03:002016-08-28T18:24:07.734+03:00Britania rules the waves… never shall be slave<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<style>@font-face {
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<br />
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">Britania rules the waves…
never shall be slave</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">« Un
système n’est vivant que tant qu’il ne se donne pas pour infaillible, pour
définitif, mais qu’il fait au contraire grand cas de ce que les événements
successifs paraissent lui opposer de plus contradictoire, soit pour surmonter
cette contradiction soit pour se refondre et tenter de se reconstruire moins
précaire à partir d’elle si elle est insurmontable » in : André
Breton, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Position politique du surréalisme</i>,
Paris, 1962, p. 7.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">Naguère, un historien
français, éminent professeur à la Sorbonne, spécialiste internationalement
reconnu de l’histoire des relations internationales, Jean-Baptiste Duroselle,
intitula l’un de ses derniers ouvrages de synthèse : « Tout
empire périra ». Suggérant ainsi, qu’en dépit des discours triomphalistes
des États et des empires concernant leur devenir, il n’est pas d’entité
politique pérenne dans la longue durée. Les plus imposantes formations
politiques, l’Egypte pharaonique, l’Empire assyrien, l’empire des Perses, celui
d’Alexandre, Rome, Byzance, l’Espagne de Charles Quint, l’Autriche des
Habsbourg, l’empire bâti par Bonaparte, l’empire wilhelminien de Bismarck, la
Russie-URSS des tsars et de Lénine, le Troisième Reich du petit caporal autrichien,
l’Empire colonial français, etc., et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">last
but not least</i>, l’Empire britannique, tous ont disparu plus ou moins
rapidement pour être présentement des formes politiques historiques du passé.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></a> Grâce à Dieu et à l’URSS, le Reich de
Mille ans ne dura que douze ans et le « stade indépassable » du
communisme soviétique périt après soixante-douze ans, implosant pour engendrer un
capitalisme privé et d’État, violent, sauvage et totalement destructeur de la
société ! Néanmoins les politiciens et tous les idéologues qu’ils
emploient, journalistes, politologues, sociologues, économistes restent trop
souvent prompts à imaginer les formes politiques qu’ils servent comme autant
d’entités pérennes. Le souvenir du titre du livre du professeur Duroselle
devrait cependant les amener à faire preuve d’un peu plus de prudence. En
politique rien n’est éternel, ni l’ami ni l’ennemi, aussi faudrait-il enfin que
cet aspect entre dans les discours des analystes de la politique, ne conservant
que le seul critère qui compte par devers le temps si bien analysé par Machiavel,
le pouvoir, son maintien et/ou son extension pour la domination, le reste n’est
que du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">whisful thinking</i>, du rêve
généreux, de l’espérance en un monde irénique comme Kant l’imaginait lorsqu’il
publiait son « Projet pour une paix perpétuelle » ou Habermas ses
jeux constitutionnalistes comme garants de la pérennité démocratique, oubliant
qu’en son essence tout pouvoir politique repose sur la violence légalisée.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">Le vote d’une majorité
britannique pour la sortie de l’UE a retenti comme un coup de tonnerre dans le
ciel apparemment serein des eurocrates et des gouvernements qui, en dépit de
toutes les dysfonctionnements économiques les plus patentes, de la misère
grandissante d’une majorité de peuples, des déséquilibres structurels d’une Union
trop vite bâclée avec soit des pays pauvres (Grèce et Portugal) soit avec les anciens
pays communistes, affichent avec un entêtement schizophrénique le refus d’affronter
la plus banale des réalités. Il semble bien souvent que le réel soit purement
et simplement écarté ou omis pour une vision quasi irénique sur un thème que
nous avons déjà bien connu à l’époque du communisme soviétique triomphant, à
savoir celui des sacrifices d’aujourd’hui pour des « lendemains qui
chantent » ! Quoiqu’il arrive, les commissaires européens et les
gouvernements de gauche et de droite nous assurent que cette misère présente, les
crises à répétition et les sacrifices d’austérité budgétaire qu’ils exigent, ne
sont là que pour notre bien dans un futur proche. Or plus nous avançons dans le
temps de l’UE, plus ce futur semble s’éloigner vers des limbes hyperboréens. En
effet, il y a des ressemblances profondes dans la gestion de l’UE et celle de
l’Union soviétique. Par exemple, le fait que des décisions prises selon un mode
centralisé, jacobin pourrait-on dire, s’applique sans discernement à un
ensemble de pays si différents, aux niveaux économiques totalement disparates
en dépit de prêts structurels non-remboursables et à l’histoire rurale et
urbaine n’ayant que très peu de points communs. Ainsi, les décisions
bruxelloises sur le fonctionnement des petites fermes de type polycultures-élevage
qui assurent la survie de milliers de tenanciers dans l’ex-Europe communiste,
vue depuis la Bulgarie ou la Roumanie ressemblent à s’y méprendre aux décisions
prises par le CC du PCUS pour l’ensemble de l’empire sans tenir compte des
spécificités baltiques ou asiatiques. L’interdiction de telle ou telle
production agricole de haute qualité artisanale n’a été empêchée au dernier
moment que par l’intervention des plus hauts personnages de l’État, comme le
fit le président Chirac pour les fromages français, italiens et espagnols.
Aujourd’hui, Bruxelles décide d’interdire le bidet, trop grand consommateur
d’eau, mais en même temps définit pour l’UE la dimension des sièges des
toilettes (sic !) ou autorise des pesticides et des expérimentations de
culture d’OGM, alors que certains États tentent de les éliminer ; ou pis,
inspire une politique d’enseignement supérieur (Bologne) qui interdit la
promotion d’une réelle excellence au profit d’un nivellement par le bas qui
serait le garant de l’égalité des chances ! Voilà quelques exemples parmi
des centaines (sans aborder les faits de corruption innombrables) qui montrent
la réalité du rapport de l’UE aux populations européennes et sa tendance asymptotique
vers la plus grande des absurdités bureaucratiques. Or nous le savons, dans la
pratique réelle, les lois soviétiques n’étaient jamais appliquées comme telles
en Ukraine, en Lettonie, au Kazakhstan ou en Sibérie orientale. Nous l’avons
appris de très longue date, pour qu’une entité politique obtienne, au-delà de
sa légalité électorale, une légitimité populaire il lui faut un acquiescement
plus ou moins majoritaire des peuples (et non des seules élites politiques,
financières et parfois intellectuelles). Or, le problème de fond de l’UE est précisément
celui de sa légitimité populaire. Un marché unique de la finance, des biens de
production et du travail ne peut en aucune façon constituer une légitimité à la
fois politique et spirituelle sur laquelle fonder et articuler une identité
européenne. Certes, d’aucuns universitaires en parlent lors de séminaires et de
colloques savants, mais une fois encore ces discours ressemblent à la langue de
bois du PCUS quand il exposait devant des masses inattentives les vertus de la
solidarité internationaliste du communisme soviétique. En effet, hormis la
consommation de marchandises identiques, comment des peuples aux expériences
existentielles – i.e. historiques, anthropologiques et linguistiques – si
diverses et si longtemps conflictuelles pourraient-ils ressentir en si peu de
temps une identité profonde et le copartage d’une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Weltanschauung</i>. Pourquoi les responsables européens feignent-ils
d’oublier que parfois des siècles ont été nécessaires pour construire des
identités européennes ? Et pourquoi s’entêtent-ils à croire qu’en moins
d’un demi-siècle elles pourraient s’effacer ? Un tel acharnement ressortit
à une volonté orchestrée pour briser toute résistance face au marché unique bien
au-delà de l’UE, de fait, au marché totalement mondialisé. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Faut-il le rappeler aux universitaires, les
peuples européens, sauf exceptions (comme par exemple les Hongrois de
Transylvanie, de Voïvodine ou de Slovaquie, ou les Roumains de Bessarabie ou
les Slovènes et les Germanophones d’Italie) ne sont pas bilingues, et hormis
les anglophones, le Benelux et quelques pays nordiques, l’anglais n’est pas la
langue la plus parlée en Europe. L’Europe réelle ne se rencontre pas dans les
réceptions mondaines des diplomates, ni au cours de colloques et de symposia
tenus dans de luxueux hôtels internationaux ! L’Europe réelle se rencontre
dans les quartiers des villes, dans les campagnes, dans les stations balnéaires
et dans les lieux de travail. Avec l’événement-avènement du Brexit cette
fiction s’est écroulée en référence à quelque chose de bien connu : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Right or wrong my country first</i>. Dans
des pays à l’histoire politique très ancienne, on ne peut rejeter d’un revers
de main, mille ans ou plus d’identité forgée dans l’adversité et conservée sous
divers régimes politiques, depuis l’épopée médiévale jusqu’à la modernité
tardive.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">Largement paupérisée par
une caste dirigeante féroce prenant prétexte de prétendues lois économiques et
de la main invisible du marché pour imposer un libéralisme économique sans
frein, mais plus encore effrayés par les vagues d’émigrés venues d’Europe
ex-communiste et plus récemment par les quotas d’émigrés du Moyen-Orient et
d’Afrique imposés par l’Allemagne via la bureaucratie de Bruxelles,
l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE, déjà en débat depuis de nombreuses
années et ce malgré les nombreuses exemptions accordées au Royaume-Uni, est
devenue un problème majeur de la légitimité du pouvoir politique britannique aussi
bien pour les classes populaires, que pour certaines classes moyennes et une
fraction de l’élite dirigeante. C’était cela qu’avait compris le Premier
Ministre Cameron et qui l’avait poussé à promettre un référendum lors de la
campagne électorale de 2014. Cependant, cette raison, si importante soit-elle dans
une démocratie de masse représentative et fût-elle une vieille monarchie
constitutionnelle, est loin d’être la seule, d’autres facteurs sont intervenus
et non des moindres. Ainsi, la méfiance de plus en plus marquée de certains
acteurs majeurs de la City à l’encontre de la finance étasunienne fragilisée
par un déficit budgétaire abyssal (en partie dû à des guerres que les
États-Unis ne peuvent plus financer sauf en faisant fonctionner la planche à
billets), par les manipulations des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">subprimes</i>
source depuis 2008 d’une crise économique dont on ne voit pas la fin, et par
des spéculations monétaires orchestrées grâce à des interfaces dignes de la
piraterie du XVIIe siècle, ont entraîné le rejet du dollar comme monnaie d’échanges
internationaux par certains pays émergents qui recherchent par le biais de
l’instrument économique le gain d’une puissance politique mondiale ou, à tout
le moins régionale, capable de concurrencer les États-Unis. C’est ainsi qu’il
convient de voir l’action de la Chine, de la Russie et des BRICS. Etant déjà
hors de la zone euro, la Grande-Bretagne possède une vaste marge de manœuvre
pour défendre sa monnaie (et donc ses exportations de biens et de services) lui
permettant ainsi jouer avec d’autres monnaies devenues des devises fortes.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">Nous connaissons depuis
fort longtemps la politique internationale britannique, laquelle a été reprise comme
modèle par les États-Unis ainsi que l’affirmait le Président Théodore Roosevelt
qui, interrogé au début du XXe siècle sur le fond de la politique étasunienne,
répondit : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">The business of
America is precisely business</i> ». La Grande-Bretagne en fut et en reste
le modèle, sauf que deux guerres mondiales l’ont saignée à blanc au point que
dès les années 20 du XXe siècle elle perdit sa suprématie dans l’économie
monde, remplacée par les États-Unis.</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[2]</span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;"> Le triomphe étasunien
de 1945 sur l’Allemagne et le Japon, et malgré les sacrifices gigantesques de
l’URSS, en fit la première puissance mondiale, le gendarme du monde, le leader
incontesté de la guerre froide, puis, au bout du compte, avec l’implosion de
l’URSS en 1991, le vainqueur de la guerre froide. Cependant il n’en demeurait
pas moins vrai que des indices suggéraient dès le début des années 1970 une
certaine dégradation de la puissance étasunienne. Ainsi, l’incapacité
américaine de gagner la guerre du Vietnam avec des moyens non-nucléaires</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[3]</span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;"> donnait déjà à penser
que la première puissance militaire mondiale n’avait plus tous les moyens de
ses ambitions, non seulement les moyens techniques et économiques, mais, plus
encore, les moyens spirituels : le peuple américain avait fini par refuser
massivement cette sale guerre. Puis vint la fin de la parité or du
dollar ; ensuite la multiplication des guerres plus ou moins localisées et
leur échec que ce soit en Afghanistan, en Irak, présentement en Syrie</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn4" name="_ftnref4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[4]</span></span></span></a><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;"> : on assiste ainsi
à la faillite de la stratégie des guerres de basse intensité selon Brezinski qui
fait penser à une baisse réelle de la puissance. Tout récemment l’échec du coup
d’État en Turquie orchestré par les services étasuniens afin d’éloigner Erdogan
d’une alliance avec la Russie, a dû faire rêver quelques stratèges nostalgiques
de l’époque « merveilleuse » des coups d’État en Iran (Mossadegh) ou
au Chili (Allende). Simultanément, au cours des trente-cinq dernières années
nous avons été les témoins de la montée en puissance de l’économie et de la
force militaire de la Chine ainsi que de la renaissance de la puissance internationale
russe avec l’équipe Poutine, autant de mutations qui ont ébranlé le leadership
étasunien. Or l’élite financière de Grande-Bretagne ne veut pas être entraînée dans
le gouffre d’une faillite des États-Unis. Pensant à long terme comme il se doit,
elle croit pouvoir tirer son épingle du jeu en recentrant sur la City les parts
de marché perdues par Wall Street en Asie et en Amérique latine, et remplacer
les placements en dollars par des placements en yuans, roubles, roupies, etc…
C’est pourquoi, le référendum a fait apparaître une césure au sein de toutes
les classes sociales, voire parmi des groupes d’intérêts économiques en général
solidaires. Conservateurs, travaillistes, libéraux, élites financières, élites
universitaires, upper-middle-class, classes moyennes et travailleurs ont manifesté
des opinions opposées avec, chez les travailleurs les plus modestes une position
anti-UE très majoritaire. Certes ce sont les groupes sociaux les plus
fragilisés par le néo-libéralisme mis en œuvre depuis le gouvernement de Madame
Thatcher et jamais démenti par le nouveau Labour de Tony Blair qui ont
massivement voté pour le Brexit. Mais la preuve que l’enjeu touchait à quelque
chose de plus que la simple crainte économique des plus pauvres se lit dans le
très haut pourcentage de votant : ce référendum tenait de quelque chose
qui appartient à l’essence même de l’identité britannique. Finalement le Brexit
l’a emporté, engendrant des commentaires d’une bassesse sans précédent dans la
presse continentale <i style="mso-bidi-font-style: normal;">main-stream</i>. Toute
la société anglaise, depuis l’élite financière jusqu’à la classe ouvrière, et y
compris la Reine, était traînée dans la boue. Les journaux d’un pays pauvre et
partiellement sous-développé comme la Roumanie s’empressèrent à leur tour de dénoncer
l’égoïsme des Brits, craignant de voir des dizaines de milliers de citoyens roumains
y travaillant en être expulsés, mais oubliant que le gouvernement roumain se
démène tant et plus pour refuser, malgré le quota bruxellois, le maximum d’émigrés
moyen-orientaux et africains que la Roumanie s’est vue attribuer sans être
consultée.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">Devant ce que Jacques
Sapir nomme la catastrophe de l’euro (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’euro
contre la France, l’euro contre l’Europe</i>) qui entraîne celle de toute
l’Europe, la Grande-Bretagne à une courte majorité a voté pour le divorce de
l’UE, projetant ainsi le futur de cette Europe dans une très grande incertitude
en ce qu’elle ouvre la voie à d’autres pays qui ne peuvent survivre dans le rigide
carcan monétaire imposé les banquiers, ceux de la BCE et du FMI. Le geste
politique des Britanniques (refusé il est vrai par les Ecossais) porte en lui
de puissants effets, en particulier celui de permettre à d’autres d’abandonner
le bateau. Mais plus encore sur un plan transhistorique, le Brexit signale que
toute construction politique qui ne correspond pas à un minimum d’en-commun
vécu comme tel par une majorité du peuple, est vouée à tôt ou tard à
disparaître, pacifiquement ou par la guerre.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">Claude Karnoouh</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt;">L’Espi, Cévennes, France</span></div>
<div style="mso-element: footnote-list;">
<br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "New York","serif"; font-size: 9.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span></a>
Dans cette énumération la Chine fait exception jusqu’à présent, en ce qu’elle
semble se maintenir au travers d’une histoire souvent violente et chaotique au
prix de drastiques changements de régimes politiques.</div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "New York","serif"; font-size: 9.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[2]</span></span></a>
Geminello Alvi, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dell’Estremo Occidente</i>,
Nardi, Milan, 1993.</div>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "New York","serif"; font-size: 9.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[3]</span></span></a>
L’usage de l’arme nucléaire ayant été déclaré <i style="mso-bidi-font-style: normal;">casus belli</i> par l’URSS.</div>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref4" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span style="mso-special-character: footnote;"><span style="font-family: "New York","serif"; font-size: 9.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[4]</span></span></a>
La Grenade et Panama en dépit des pertes relativement importantes parmi les
populations locales ne représentent que ne micro aventures néocoloniales, les
États-Unis ayant souvent préféré payer et agir par l’intermédiaire des armées et
des polices locales, Argentine, Brésil, Chili, El Salvador, Nicaragua, la
fameuse année du Condor.</div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-10678490492144035862016-07-08T02:07:00.002+03:002016-07-08T02:09:24.371+03:00Le sel de la terre: à propos de la guerre au Moyen-Orient<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<style>@font-face {
font-family: "New York";
}@font-face {
font-family: "Cambria Math";
}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 9pt; font-family: "New York","serif"; }p.MsoHeader, li.MsoHeader, div.MsoHeader { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }p.MsoFooter, li.MsoFooter, div.MsoFooter { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }span.MsoFootnoteReference { position: relative; top: -2pt; letter-spacing: -1.5pt; }span.PieddepageCar { }span.En-tteCar { }span.NotedebasdepageCar { }.MsoChpDefault { font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }div.WordSection1 { }</style>Le sel de la terre<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 0cm;">
<span style="font-size: 8.0pt; line-height: 150%;">En hommage à mon vieil ami Georges
Corm qui m’a initié à la compréhension politique de ce Moyen-Orient si complexe
et à la générosité de ses habitants…</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
S’il est un lieu dans notre présent
monde où les guerres dites « de basse intensité » selon Brezinski
font rage c’est bien le Moyen-Orient.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9.0pt; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[1]</span></span></span></span></span></a>
Il va sans dire que la formule « Basse intensité » est le terme employé
par les pouvoirs impériaux occidentaux pour faire accroire leurs citoyens à
quelque chose de modéré. Sur place, pour les autochtones, c’est plutôt de la
très haute intensité qu’ils vivent si l’on en croit les statistiques
officielles : morts, blessés, orphelins, déplacés et émigrés qui fuient
vers les pays européens se comptent par dizaines de milliers. On le sait plus précisément
aujourd’hui, après la démolition de la Lybie légitimée au nom de la démocratie
et des droits de l’homme, et l’interminable pseudo guerre civile de Syrie,
l’impérialisme occidental mené par les États-Unis et leurs sous-traitants, la
Grande-Bretagne, la Turquie, la France officiellement, et Israël en sous-main, a
un enjeu qui se tient bien au-delà des conflits religieux locaux qui, et quoiqu’endémiques
depuis des siècles, se radicalisent dès lors qu’ils sont attisés et manipulés de
l’extérieur. A la clef du grand jeu de cette géopolitique de la mort, le pétrole
qui, depuis le nord de la Syrie, de la Lybie, sur le plateau continental courant
le long de la côte orientale de la Méditerranée, du Nord de l’Irak jusqu’au
désert du Sinaï égyptien, de la péninsule arabique et des immensités tout aussi
désertiques de l’Iran, suinte presque à la surface du sol à certains endroits
ou git dans des eaux peu profondes de la Méditerranée. Là, il y a non seulement
beaucoup d’argent en jeu, mais beaucoup de puissance pour les pays qui
possèdent les technologies capables d’utiliser à plein rendement l’énergie pour
la mise en œuvre des politiques de puissance tout azimut… Il faut s’entendre,
ce n’est évidemment pas l’instauration de la démocratie de type occidental, ni
les secours humanitaires, ni les droits de l’homme que l’Occident ou ses hommes
de main apporte à des populations prises au piège dans l’engrenage de ces
guerres, mais, comme l’a dit récemment Michael Hayden, ancien directeur de la
CIA, c’est une totale redéfinition des équilibres politiques dans ces zones
très riches en énergies fossiles. Le grand jeu du début du XXIe siècle vise à imposer
de nouvelles formes politiques, les anciennes étant jugées dorénavant trop
indépendantes, ayant échappé aux pouvoirs occidentaux qui prétendaient les
contrôler :</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
« Nous devons accepter la
réalité ; l’Irak et la Syrie n’existent plus et l’expérience libanaise est
aussi sur le point d’échouer (…) Des noms comme Daesh, al-Qaïda, les kurdes,
les sunnites, les chiites, ont remplacé les noms de l’Irak et de la Syrie ».</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
En passant sous silence, et pour
cause d’alliance stratégique plus cachée, Michael Hayden avait oublié en chemin
Israël l’un des acteurs principaux de cette réorganisation politique :
Daech, al-Qaïda, Kurdistan irakien, ISIS, etc… Cependant, et on l’avait déjà
compris dès longtemps, depuis la fondation de l’État d’Israël, et quoique ce
fût encore vague car il fallut attendre l’annexion des hauteurs du Golan et la
guerre du Liban dite « guerre civile » de 1975 à 1990, pour saisir
les enjeux que dessinaient lentement une nouvelle géopolitique sur le long
terme en ce que Israël n’a jamais déclaré qu’elles étaient ses frontières
ultimes. Dès lors il faut reconnaître la réalité, l’ensemble des frontières du
Moyen-Orient sont <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de facto</i> redessinées ;
et, en dépit des efforts de l’armée arabe syrienne alliée aux milices kurdes,
aux combattants du Hamas libanais aidés de conseillers militaires Iraniens, et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">last but not least</i> de l’aviation russe, il
faut reconnaître que la Syrie est présentement composée de plusieurs entités
ethnico-religieuses alliées ou ennemies entre elles, tandis qu’en Irak l’axe
Mossoul-Erbil est devenu un quasi-État Kurde, à Bassora, dans le sud et Chott
al-Arab se tient le centre du pouvoir Chiite, et qu’enfin l’ancien État sunnite
créé par les Anglais après la Première Guerre mondiale, n’existe plus qu’au
centre du pays, dans un rayon de moins de 200 kilomètres autour de Bagdad. On
est donc sinon <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de jure</i>, mais bien <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de facto</i>, devant la liquidation pratique
des accords secrets Sykes-Picot de 1916 qui partageaient le Moyen-Orient en
zones d’influences franco-anglaises en cas de défaite de l’Empire ottoman. Et c’est
ce qui arriva à l’issu du premier conflit mondial, même si ces accords préalables
ne furent pas appliqués au pied de la lettre. Le Moyen-Orient ottoman fut ainsi
partagé en pays factices entre la France, la Grande-Bretagne et partiellement
les États-Unis dans la péninsule arabique, sans omettre, et comment
pourrait-on, la déclaration Balfour qui autorisait officiellement le Congrès
juif mondial à installer des colons sous la forme d’un foyer national juif.
Dans ce monde, le Liban, en raison du compromis religieux qui présida à son
indépendance de la puissance tutélaire française, était officiellement articulé
autour d’un équilibre entre les grandes religions dominantes, Maronites (avec
les partis des Phalanges et plus tard des Kataeb), Sunnites (divisés entre une
gauche et une droite), Druzes devenus socialiste dans les années ‘50 sous
l’égide de leur leader Walid Joumblatt, Chiites qui se partageraient entre deux
partis d’abord le Amal, puis le Hezbollah, véritable État dans l’État qui
battit l’armée israélienne en 2007, Grec-orthodoxes qui dans le Sud, voisin et
alliés du Hezbollah luttent sous le drapeau communiste, Arméniens des deux
églises parfois proches du FPLP palestinien, etc… A ce puzzle il convient d’ajouter
les 120.000 réfugiés Palestiniens de 1948, devenus presque 300.000 aujourd’hui
et depuis plus de deux ans la masse des réfugiés de Syrie consécutive à la
pseudo-guerre civile qui y faire rage.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Ce qui appert à celui qui a un peu
de mémoire historique, c’est le fait que la Syrie des Assad comme l’Irak de
Saddam Hussein avec tous leurs défauts et leurs qualités, étaient devenus au
fil de longues années de dictatures centralisatrices des formes
socio-politiques propres au nationalisme moderne postcolonial (comme l’Egypte),
jalouses de leur souveraineté. Dès lors que deux branches du Bass y prirent le
pouvoir avec des <span style="color: black; mso-themecolor: text1;">militaires soit
</span><span style="color: #1f497d; mso-themecolor: text2;">venus</span><span style="color: black; mso-themecolor: text1;"> des </span>couches pauvres de la
société (Sunnites d’Irak du nord de Bagdad) soit d’une minorité méprisée
(Alaouites de Syrie), tous, selon un schéma classique dans tous les pays du
tiersmonde (songez à Gaddafi en Lybie, Chavez au Venezuela, Noriega au Panama,
Compraoré au Burkina Fasso, Nasser en Egypte), avaient choisi l’armée comme
moyen de promotion sociale dans <span style="color: #0d0d0d; mso-themecolor: text1; mso-themetint: 242;">le cadre d’un État-nation en devenir. Ces deux régimes de
type dictatorial, parfois très cruels avec les opposants (surtout avec les
frères musulmans et les communistes), développaient une sorte de politique
jacobino-prussienne de centralisation laïque et de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kulture Kampf</i> face aux forces centrifuges qui délitaient sans cesse
ces pays longtemps organisés sous l’empire ottoman en tribus guerrières traversées
elles-mêmes de césures religieuses… Or, une telle situation était certes viable
dans les empires multi-ethniques et multiconfessionnels, mais ne l’était plus quand
la conception de l’État se construisait autour de l’unité politique de
l’État-nation, avec une langue unitaire pour toutes les religions, l’arabe.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Le nationalisme arabe pensé et
conçu le plus vigoureusement par Michel Aflack, un chrétien orthodoxe de Syrie
(études d’histoire à Paris), se donna comme instrument d’action le Parti de la
solidarité arabe, lequel deviendra dans les années 1950-60, le Parti de la
solidarité arabe et socialiste (Bass). Au départ, ces embryons de partis modernes
luttaient contre les puissances mandataires, en Syrie la France, en Irak la
Grande-Bretagne. Sans revenir dans cette rapide présentation sur les linéaments
complexes et parfois même incohérents pour un observateur occidental, Irak et
Syrie dirigés très rapidement par des militaires bassistes et frères ennemis, mirent
en œuvre des politiques classiques de développements économiques, sanitaires, culturels
et d’enseignements civils et militaires modernes, copiés sur ceux qui avaient
réussi en Occident ou en Union soviétique, et qui pouvaient se réaliser grâce à
une partie de la rente pétrolière nationalisée et avec l’aide étasunienne (essentiellement
militaire) pour autant que ces pouvoirs bloquaient par la violence toute
émergence de mouvements communistes potentiellement alliés à l’URSS.<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9.0pt; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[2]</span></span></span></span></span></a>
Par ailleurs ces pouvoirs dictatoriaux, centralisateurs, unificateurs, et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">last but not least </i>fondamentalement<span style="mso-ansi-language: EN-GB;"> </span>laïques, menaient une lutte sans merci
contre les mouvements politico-islamistes dont la première version fut les
Frères musulmans dès le milieux des années 1920. Or, cette mouvance issue d’une
petite bourgeoisie urbaine, opposée aux formes de modernisations du Bass dès
lors qu’elles touchaient à la laïcité,<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>aux normes de comportements, d’habillements et au statut des femmes
avait l’oreille non seulement des puissances mandataires faiblissantes (France
et Grande-Bretagne : en 1943 la France donne son indépendant à la Syrie et
au Liban ; en 1932 l’Irak devient pseudo-indépendant dans la dépendance
directe de la Grande-Bretagne, mais c’est en 1958, après un coup d’État
militaire que l’Irak prend sa pleine indépendance si l’on peut dire). Très vite
les États-Unis se substituèrent aux Anglais et reprirent la vieille recette propre
à la politique coloniale classique des Britanniques, « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Divide et impera </i>». De plus, depuis
1948, tous ces développements s’inscrivent simultanément dans le cadre de politiques
d’opposition à l’État d’Israël qui se manifestent essentiellement par le
soutien (et faut-il le dire aussi par la manipulation) accordés à divers
mouvements palestiniens luttant pour mettre fin à la colonisation sioniste.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Aujourd’hui, on est en droit de
dire que c’est l’échec des politiques d’indépendance nationale, en partie dues
aux manipulations étatsuniennes et israéliennes (comme les soutiens accordés
aux rébellions des kurdes ou chiites d’Irak par exemple), en partie dues à
l’aveuglement et aux erreurs politiques des gouvernements locaux (comme
l’envahissement du Koweït par l’Irak, ou pendant longtemps la lutte sans merci
contre les communistes tant en Syrie qu’en Irak) qui lentement délégitimèrent
auprès des minorités ou des majorités ethnico-religieuses locales, les pouvoirs
laïques et centralisateurs. A ce sujet il n’est pas inutile de rappeler que
c’est immédiatement après la chute de Bagdad que le proconsul étatsunien mit
fin au régime laïques syrien pour y introniser un pouvoir uniquement chiite, tant
et si bien que la République laïque arabe d’Irak (je rappelle pour mémoire que
le vice-président et ministre de affaires étrangères, Tarek Azziz, était
chrétien assyrien) <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>fut abolie pour un État
provisoire où les Kurdes au Nord veulent de fait trois États différents, les
Chiites préférant un État fédéral et les Sunnites un État unique. La situation
Syrienne est encore très incertaine en ce que la résistance acharnée de l’armée
de la République Arabe de Syrie aux divers groupements dit
« résistants » et dont le plus important, DAESH, organisé par les États-Unis
avec la complicité de la Turquie, est rapidement devenu une sorte d’État
transfrontalier couvrant le Nord de l’Irak et le Nord de la Syrie (ses champs
de pétrole). Il semble que le laïcisme de la Syrie ait eu cependant des
résultats forts qui se sont inscrits dans la mentalité populaire aussi bien chez
les Sunnites (sauf les frères musulmans), que chez les Chiites (quant à eux très
marqués par le culte de la Vierge et du Christ dont les icône trônent dans de
nombreuses boutiques des souks chiites comme à Baalbek par exemple) et bien
évidemment des Alaouites, à commencer par la famille du président Assad (une
sorte de chiisme très lâche sur la pratique religieuse et totalement ouvert aux
diverses religions chrétiennes qui existent en Syrie depuis l’époque du Christ)<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size: 9.0pt; line-height: 150%; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[3]</span></span></span></span></span></a>.
Il ne faut pas oublier que les grandes campagnes de terrorisme et de révoltes dans
la Syrie moderne, celle de Hafez el Assad, puis de son fils Bachar, s’amorcent
toujours dans la ville de Hama, centre du sunnisme pur et dur des frères
musulmans, où celle de 1982, commencée avec une campagne d’attentats sanglants contre
les représentants de l’autorité de l’État, fut réprimée avec la plus extrême
violence, certains observateurs parlent de plus de 20.000 morts dans la ville.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Lorsque le Général de Gaulle
parlait de « l’Orient compliqué », il ne faisait pas appel à une figure
de style du bavardage politique de salon, il parlait d’une authentique réalité
multiple, de nœuds de problèmes dont on se demande parfois qui pourrait les
dénouer et ce d’autant plus que la plus grande puissance du Moyen-Orient,
Israël, a tout intérêt à jouer en sous-main pour le maintien, voire
l’intensification de la confusion, ce que le conseiller géopolitique des
présidents Carter et Obama, Brezinski, appelle le chaos mené avec des guerres
de basse intensité. S’il y a comme souvent des victimes innocentes dans ce
genre de conflit, ce sont les civils, les gens des campagnes, ceux des villes
multiconfessionnelles comme Alep ou des petites citées purement chrétiennes ou
sunnites ou Yazéris qui en paient le plus lourd tribut.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Nul ne peut dire sous peine de
passer soit pour un sinistre imbécile soit pour un cynique sans foi ni loi
qu’au Moyen-Orient la démolition systématique de toutes les tentatives
d’émancipation tentées par les Arabes adeptes de toutes les religions du livre par
les mercenaires Takfiri, Daesh ou al Qaida de l’impérialisme occidental aient
engendré un quelconque progrès social et éthique. Au contraire, si l’on regarde
l’état de la Lybie, celui de l’Irak et de la Syrie, il n’est guère difficile de
constater que l’Occident humaniste y a apporté la guerre, le chaos, la misère,
la régression sociale, sanitaire, éducative. Mais n’est-ce pas là le destin
même de l’Occident que de démolir tout ce qui semble entraver le devenir
techno-scientifique et financier de sa puissance, en bref de sa survie ?
Toutefois, sans vouloir jouer au prophète, n’oublions jamais la parole du vieux
poète grec :<br />
Zeus aveugle ceux qu’il veut perdre…</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Claude Karnoouh</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Bucarest 4 juillet 2016</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br clear="all" />
<hr size="1" style="margin-left: 0px; margin-right: 0px;" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[1]</span></span></span></span></a>
Aujourd’hui, au moment même où j’écris ces lignes, un attentat à Bagdad
revendiqué par ISIS, a fait environ 120 morts dont une vingtaine d’enfants.
Malheureux Irak qui ne sort pas du cercle infernal des attentats et des morts.</div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[2]</span></span></span></span></a>
Les militants communistes occidentaux ou d’Amérique latine ont souvent critiqué
l’URSS pour avoir soutenu l’Irak, la Syrie et l’Egypte, pendant que les
militants communistes locaux y étaient pourchassés, faisaant donc passer ses
intérêts géostratégiques avant la solidarité révolutionnaire. Vieux dilemme qui
conduisit par exemple Mao, après l’échec de la révolution ouvrière à Caton, à
quasiment rompre avec la direction moscovite du PCC, à quitter les grandes
villes, à entamer la Longue marche pour recommencer la lutte révolutionnaire
avec la paysannerie.</div>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[3]</span></span></span></span></a>
C’est en Syrie que l’on rencontre encore quelques villages chrétiens esséniens
où la langue du culte, l’araméen, n’est autre que la langue vernaculaire que
parlait Jésus.</div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-26239352240714303002016-06-25T12:49:00.002+03:002016-06-25T12:49:59.102+03:00Good save The Queen<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;"><b>Good save The Queen</b></span></span></div>
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">Le vote de la Grande-Bretagne pour la
sortie de l’UE obtenu par 52% des votants contre 48% de oui, avec 72,2% d’électeurs
(un record pour tous les votes au suffrage universel dans ce pays y compris lors
des législatives), résonne comme un énorme coup de tonnerre dans le ciel
Européen. Les commentaires ici et là révèlent aussi un phénomène essentiel mais
longtemps caché tant par les médias et les intellectuels pro-UE et pro-Remain,
la fin de la pertinence du clivage droite/gauche dans la politique européenne
puisque aussi bien des hommes de gauche et des hommes de droite soutiennent le
maintien dans l’Union ou le retrait de l’Union. L’implosion de cette vieille dichotomie
historique, fondatrice de l’Europe moderne depuis la Révolution française, avait
déjà été remarquée lors du référendum français sur la constitution européenne
dite de Maaestrisht, où le non l’avait emporté avec presque 55% des votants, mais
où la dictature sarkoziste qui suivit avait nié ce résultat, et, avec la
complicité à l’époque des communistes et d’une partie de la gauche du PS
(Mélenchon), avait laissé passer le Traité de Lisbonne sans mot dire, sans en
appeler à la grève généralisée pour contrer ce déni de démocratie.</span></span></div>
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">Aujourd’hui on a le même phénomène en
Grande-Bretagne, ainsi que dans toute l’Europe. Une partie du Labour bien mis
en avant par les médias <i>main stream</i> anglais
et du continent était pour le maintien, une autre non négligeable, mais plus
censurée, était pour la sortie ; une partie des conservateurs et une partie
du gouvernement de monsieur Cameron, était pour le maintien avec le soutien de
la City, des banques, des grands financiers, des grandes entreprises
multinationales et des USA… et une autre pour la sortie. Simultanément le
référendum a fait ressortir en Europe un nouveau phénomène, le retour ou
l’espérance du retour à une certaine souveraineté nationale. Ce que des
économistes de gauche français comme Sapir ou Lordon ou italiens de <i>Rifondazzione</i> appellent de leurs vœux depuis
déjà plusieurs années en montrant les énormes dysfonctions de cette énorme machine
bureaucratique et financière. Dans les faits la machine européenne voulu par
les États-Unis pour imposer plus encore en Europe leurs diktats économiques,
après l’euphorie économique des premières années de l’euro, a été incapable de
maîtriser la crise US des <i>subprimes</i>
de 2008 qui a pris au piège l’Europe par l’intermédiaire d’une finance
globalisée. Et, de surcroît, la politique de la BCE et celle de la Commission
de Bruxelles en ont renforcé les effets avec ses politiques d’austérité qui engendrent
une augmentation drastique de la pauvreté : les exemples grecs, espagnols
et portugais le prouvent abondamment. Pendant ce temps les bénéfices des
banques et les salaires des grands patrons augmentaient parfois de 50%.</span></span></div>
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">Pour le moment, en dehors des vautours de
la spéculation comme Soros, les divers fonds de placement US et Moyen-Orientaux
(Arabie Saoudite, Qatar, Barhein, etc.), les banques anglaises ou étrangères qui
semblent faire d’énormes bénéfices en jouant sur la chute drastique de la
bourse de Londres, on ne peut strictement rien dire des modalités de ce divorce,
de la manière dont la séparation va se faire et des effets tant en
Grande-Bretagne que sur la machine UE elle-même. En revanche, puisque j’écris
depuis Bucarest, il est très révélateur de noter les réactions d’une majorité d’intellectuels :
tant nombre d’intellectuels de droite que de gauche ont développé les arguments
de leurs patrons de droite et de gauche occidentaux leur ont fourni clef en
main et qui sont, de fait, à peu près les mêmes. Ce sont les imbéciles
analphabètes, les pauvres sans études supérieures qui sont tombés dans le piège
populistes que quelques politiciens démagogues leur ont tendu. Une fois encore
on nous livre ici la version du mauvais peuple soumis à des élites démagogues…
Ce qui veut dire qu’on nous livre la énième version, présentement éventée, du
slogan : le peuple est mauvais, il faut changer le peuple, voire lui
interdire de voter. Voilà qui me fait penser aux diverses versions staliniennes
de pouvoirs incapables de comprendre les demandes légitimes du peuple. En effet
la commission de l’UE se comporte de manière proche de celle du Comité centrale
du Parti communiste de l’Union soviétique comme l’a remarqué l’ancien dissident
soviétique Bukowsky. Et pourtant, le peuple a de justes raisons de ne plus
accepter cette Union qui le paupérise de manière absolue et qui confisque le
pouvoir de décision entre les mains d’une bureaucratie non élue qui n’a de
compte à rendre qu’à ses maîtres.</span></span></div>
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">Je ne suis point conservateur ni proche
du Labour dans version crapuleuse blairiste, mais je ne peux qu’admirer dans un
premier temps le discours du Premier Ministre Cameron qui en annonçant sa
démission a fait savoir à son successeur qu’il lui faudra dans les négociations
qu’il entamera avec la commission de Bruxelles, ne jamais oublier la volonté
que le peuple a fait connaître au travers de son vote. Si la démocratie est le
résultat de la volonté générale, il convient de remarquer que c’est un
conservateur anglais qui l’applique sans état d’âme, alors que les Français,
les Italiens, les Espagnols et les Allemands continuent d’imposer une politique
de plus en plus impopulaire, préparant non pas des votes, mais des révoltes.
Certes la lutte des classes demeure en Grande-Bretagne et ce vote est bien loin
de l’annihiler, il s’empêche, avec le discours de Monsieur Cameron, la lutte de
classes se présente avec une certaine classe.</span></span></div>
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">Claude Karnoouh</span></span></div>
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span><div class="MsoFooter" style="line-height: 18pt;">
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">Bucarest le 25 juin 2016</span></span></div>
<span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: small;">
</span></span></div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-25671742263578676542016-06-08T12:59:00.003+03:002016-06-08T23:36:29.292+03:00Grèves françaises et gauche roumaine<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<style>@font-face {
font-family: "New York";
}@font-face {
font-family: "Cambria Math";
}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }p.MsoFootnoteText, li.MsoFootnoteText, div.MsoFootnoteText { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 9pt; font-family: "New York","serif"; }p.MsoHeader, li.MsoHeader, div.MsoHeader { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }p.MsoFooter, li.MsoFooter, div.MsoFooter { margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 19pt; font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }span.MsoFootnoteReference { position: relative; top: -2pt; letter-spacing: -1.5pt; }a:link, span.MsoHyperlink { color: rgb(5, 99, 193); text-decoration: underline; }a:visited, span.MsoHyperlinkFollowed { color: rgb(149, 79, 114); text-decoration: underline; }span.PieddepageCar { }span.En-tteCar { }span.NotedebasdepageCar { }.MsoChpDefault { font-size: 10pt; font-family: "New York","serif"; }div.WordSection1 { }</style>
<br />
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Le silence est d’or</span></b></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">D’abord mon étonnement,
hormis deux ou trois très courts commentaires sur Facebook, la gauche roumaine
(ou ceux qui prétendent y appartenir) fait retentir un silence tonitruant sur
les grèves et les manifestations syndicales qui agitent la France et la
Belgique. Silence d’autant plus surprenant que durant les manifestations des
Indignés, d’Occupy, de Podemos, voire pendant les grandes manifestations de la
Grèce avant l’élection du traitre Tsipras, la gauche roumaine, celle qui
gravite autour de CriticAtac ou divers petits groupes d’intellectuels de Cluj avait
été très enthousiastes et le faisait savoir avec de belles vocalises. Aujourd’hui
c’est le grand silence. Certes on m’objectera que les gens étaient occupés par
la préparation des élections locales, mais pourquoi cette agitation
scripturaire puisque la gauche n’y présente aucun candidat (sauf le parti
socialiste avec lequel cette gauche de posture ne veut surtout pas avoir
affaire), et qu’elle considère de PNL, PSD, ALDE, PUNR, UDMR, USB comme le même
produit sous divers emballages, un peu plus à droite, un peu plus au centre,
mais de toutes les manières jamais à gauche. Il faut donc interroger ce silence
alors qu’au moment où j’écris ces lignes les grèves françaises continuent (et
ce malgré la tenue de l’Euro de football) avec des actions souvent très
violentes dues à l’inflexibilité de la position gouvernementale qui refuse
toute négociation, c’est-à-dire le retrait de la loi dite El-Khomri du nom du
ministre qui en a endossée la présentation au Parlement : loi qui implique
la plus grave atteinte au droit du travail depuis l’instauration de la Quatrième
république en 1946 et de la Cinquième en 1958.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">En Roumanie, depuis le
mois de décembre 1989, depuis l’instauration de la démocratie de masse de
consommation et de crédits, les gouvernements successifs ont procédé à
plusieurs réductions du droit des travailleurs selon les convenances de la
chambre de commerce et d’industrie américano-roumaine et les exigences des
grandes compagnies internationale (Dacia-Renault, Veolia, EDF-GDF, Enel,
Apanova, Berchtel, etc). Si la dernière transformation du droit du travail
suscita des critiques de la part de la gauche moraliste, celle-ci fut incapable
de mobiliser même une minorité de travailleurs, ouvriers, petits salariés et
petits employés pour s’y opposer. Certes, depuis, quelques manifestations
catégorielles se sont élevées, certes de petites crises politiques, janvier
2012 et printemps 2015, ont éclaté se soldant par le changement du personnel
politique d’un parti à l’autre, PSD, PNL, PD, UNL, etc., tous d’accord sur
l’essentiel de la politique économique d’austérité bruxelloise et étasunienne,
chacun répercutant à Bucarest les décisions du FMI, de Bruxelles et de
Washington, chacun consultant et écoutant le proconsul, l’ambassadeur des
Etats-Unis. A preuve, le même personnage est à la tête de la banque nationale
roumaine depuis 25 ans, sorte de représentant local de Bilderberg et de la
Trilatérale.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Les événements qui
agitent profondément la France ont un intérêt et un impact qui dépassent de
beaucoup les frontières nationales ; de fait ils concernent toute l’UE en
ce qu’ils manifestent la plus violente opposition à des ordres venus de
Bruxelles comme l’a rappelé l’ineffable alcoolique Junker : la loi
El-Khomri n’est qu’un premier pas dans la transformation du droit du travail
français pour l’assouplissement général du marché du travail. Traduction plus
rude : maintenant l’État ne vous protégera plus lors des négociations avec
les patrons d’une part, et de l’autre, un certain nombre d’heures
supplémentaires pourront être requises de la part des employeurs sans paiement
de supplément si le marché l’exige. On le voit donc, un gouvernement socialiste
élu sur un programme visant à abaisser le chômage, à défendre les travailleurs
face à la finance, et, au bout du compte, promettant de maintenir la protection
sociale, est devenu précisément l’instrument du syndicat patronal pour
supprimer les garanties à l’embauche et la manipulation du marché du travail
selon les seuls intérêts du capital. Même un sociologue réformiste comme Alain
Touraine disait sur France culture le 4 juin 2016 :</span></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="text-align: left; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="text-align: left; text-indent: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">« Quand j’ai vu la
première version du projet de loi, j’ai eu l’impression que tout ce qui a été
fait et gagné pendant 50 ans à été perdu. On parle d’inverser les normes, tout
ceci a l’air de détails techniques mais ce ne sont pas des détails techniques, ce
sont des siècles de grèves, de luttes. Donner aux gens le sentiment qu’on va
effacer tout ça pour être compétitif par rapport à tel ou tel pays c’est
insultant. » Insultant me paraît bien faible, vilipendant serait plus
juste !</span></div>
<div align="left" class="MsoNormal" style="text-align: left; text-indent: 0cm;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Confronté à l’offensive de
plus en plus violente du capitalisme néolibéral, les syndicats n’ont pu obtenir
un véritable débat contradictoire avec un gouvernement qui campe sur des
postions néolibérales parmi les plus dures, et qui ne transige point parce
qu’elles sont imposées par Bruxelles. On le constate, quelque chose qui
ressemble de plus en plus une lutte de classe se prépare sans que l’on puisse avancer
avec assurance si le mouvement ne finira pas, comme un feu de paille, sans lendemain,
gagné par la lassitude ou si, selon une vieille coutume réformiste, les
syndicats vont jouer les pompiers, trahir la colère et la lutte populaire en finissant
par négocier pour trois francs quatre sous de bénéfice salarial qui seront bien
vite récupérés par le jeu de l’inflation et des impôts.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Toutefois, l’un des enjeux
de cet exceptionnel conflit socio-économique français dépasse et de très loin les
frontières de ce pays. Etant donné que cette loi est, comme l’ont proclamée
sans retenue Junker et Moscovici, un ordre impératif et donc non-négociable de
la commission de Bruxelles, en bref, anti-démocratique, il s’ensuit que le
combat français est à la fois l’indicateur d’un déficit de démocratie ayant
atteint un niveau apparemment insupportable et un exemple de combat pour tous
les pays de l’UE où la protection des salariés se trouve être menacées. Les
manifestations françaises dépassent me semble-t-il, le simple cadre de la loi française
sur le code du travail. Et il ne s’agit pas dans mon esprit d’un quelconque
orgueil national. En effet, cette loi a été passée grâce à l’usage d’un article
de la Constitution, le 49.3, qui stipule qu’il ne doit être employé qu’en cas
de problèmes portant sur la sécurité nationale. Or, prétextant légalement
l’état d’urgence décrété après les attentats de novembre au Stade de France, au
Bataclan et devant les terrasses de café du XIe arrondissement, le gouvernement
français, sous l’impulsion du président de la République, a eu recours à cet
artifice juridique pour faire adopter en force cette loi au mépris de toutes
les procédures de négociations habituelles. On est donc devant un acte qui
n’est pas loin d’une forfaiture du Président par rapport au programme électoral
qui a assuré son élection.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Cependant, hormis les
manifestations régulières en Grèce, celles d’Espagne de plus en plus fréquentes
et violents et aux dernières nouvelles la solidarité italienne</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 9.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 9.0pt;">[1]</span></span></span></span></span></a><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">, il y a une véritable absence
de réactions critiques ailleurs, et plus particulièrement dans les pays
ex-communistes où l’instrument industriel ayant été largement bradé et mis à
l’encan, une émigration massive vers l’Ouest s’est élevée pendant les années
1990-2010, avant le tsunami venu à présent d’Afrique et du Moyen-Orient. En son
fond, cette lutte française représente un combat essentiel pour la justice
sociale bafouée en permanence par la politique économique d’austérité de
Bruxelles relayées par des politiciens locaux aux ordres. C’est un combat non
seulement pour le respect de la Constitution française comme l’a fait remarquer
justement Jacques Sapir dans un article sur son site en ligne</span><a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 9.0pt;"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 9.0pt;">[2]</span></span></span></span></span></a><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">, mais pour le
renversement de l’orientation générale de la politique économique européenne.
Car, si au bout du compte, sous les effets de la pression populaire, de la
jeunesse estudiantine et des syndicats, le gouvernement se trouve contraint à
renoncer à son projet, alors cette victoire exemplaire sera européenne. Alors
tous les autres peuples en luttes contre l’austérité et les mesures antisociales
qu’elle implique, y trouveront non seulement une justification, mais beaucoup
plus encore, une légitimation, puisque la légalité imposée aux travailleurs est
inique.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Aussi la question
initiale se repose-t-elle ? Pourquoi, sauf quelques rares et très brèves exceptions
sur Facebook, la gauche roumaine ou les petits groupes qui s’en réclament et
qui sont pour l’essentiel des groupes culturels, manifestent-ils un silence
aussi bruyant ? Ma réponse sera dure, voire très dure. Par peur. Par peur d’être
repéré par services culturels occidentaux et donc de se voir refuser qui une
bourse, qui une invitation à une foire aux livres, qui une conférence dans une
quelconque maison de la poésie, qui une résidence d’été de traducteur,
d’écrivain ou d’artiste (et oui, où sont-ils nos artistes révolutionnaires qui
gesticulent comme des pantins lors de la Gay Pride, ou qui étalent quelques
dessins humoristiques, quelques gravas et cacas de chiens comme œuvre d’art
contestatrice « radicale » de l’ordre établi ?). Cette attitude
me rappelle étrangement celle que j’avais rencontré naguère à Cluj pendant la
Guerre du Kosovo, après que des officiels étasuniens déclarèrent qu’il fallait
réduire la Serbie au Moyen-Âge et que l’aviation otanesque commença à bombarder
outre les usines, des cibles hautement symboliques, avec la bénédiction de
Madame Albright, comme les plus vieilles églises et monastères orthodoxes du
Kosovo et de Serbie. Avec trois collègues chercheurs et universitaires de Cluj
nous décidâmes de publier un livre collectif dénonçant ces crimes contre la
culture. Nous demandâmes donc à de jeunes et moins jeunes collègues qui se
prétendaient plus ou moins de gauche et opposés à la politique meurtrière de OTAN
en affirmant en privé refuser les diktats otanesques, de se joindre à nous et
d’écrire chacun un petit essai afin de montrer les dessous géostratégiques de cette
guerre néo-impériale qui se présentait comme une défense des droits de l’homme
bafoués par la Serbie. De plus, à ces essais, devaient être joints des
traductions d’articles de Noam Chomsky, Peter Hanke et Régis Debray. Aussi, quelle
ne fut-elle pas notre surprise lorsque tous refusèrent de se joindre à nous. Enfin,
nous fûmes incapables de publier nos propres textes, car le coup de grâce nous
fut donné par le directeur des éditions Dacia du moment, Radu Mares, qui arrêta
net le projet pour lequel nous avions déjà signé un contrat. Quels ordres
avait-il reçu ? Cela restera dans le silence de son tombeau. Mais ce qui
avait justifié le refus de nos collègues pouvait se résumer ainsi : tous avaient
une peur bleue de ne plus recevoir de bourse ou une invitation à des stages de
formation, à des universités d’été en Europe occidentale, certains même
craignaient de n’être plus invités aux soirées mondaines des centres culturels
français, allemands, belge, au British Council, à l’ambassade des États-Unis… En
revanche, lorsqu’il s’agissait de pleurer dans les bistrots sur le malheur de
ces pauvres Serbes ils étaient les premiers à jouer de la déploration… De fait un comportement de laquais crapuleux.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Dès lors, le cas
présent, tout aussi exemplaire que celui de la guerre du Kosovo, réédite une
situation similaire de démission par lâcheté des responsabilités politiques
historiques que tout mouvement de gauche devrait assumer par solidarité
internationale. Comment peut-on alors songer un seul instant à reconstruire un
mouvement de gauche en Roumanie quand le minimum de solidarité avec deux
événements aussi forts que la contestation d’un nouveau code du travail imposé
par Bruxelles et un semi-coup d’État constitutionnel ne sont ni entendus ni aidés
localement. C’est là qu’il faut rendre hommage aux travailleurs de Belgique
(Flamands et Wallon) qui depuis un mois sont en synergie avec leurs voisins
français. Que la gauche roumaine en ses diverses hypostases ne s’étonne point, si,
en dehors des mondanités dans le style gauche caviar à la française, elle est méprisée
par certains des principaux acteurs européens de la lutte contre les diktats
néolibéraux de Bruxelles, et que ni les refondateurs communistes et le Parti de
gauche de Mélenchon en France, ni Rifondazzione en Italie, ni les communistes
et les trotskistes grecs ou Podemos en Espagne ne la prennent au sérieux. Ce
que j’ai lu en Roumanie pendant ce dernier mois, ce sont de bonnes blagues et
d’excellent jeux de mots sur le grotesque des élections locales roumaines. Rien
qui puisse mobiliser le peuple et engager à un optimisme même très tempéré.</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Claude Karnoouh</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">Bucarest, 7 juin 2016</span></div>
<div class="MsoFooter" style="line-height: 18.0pt; tab-stops: 35.4pt;">
<br /></div>
<div style="mso-element: footnote-list;">
<br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[1]</span></span></span></span></a>
<a href="https://communismeouvrier.wordpress.com/2016/06/04/milan-manifestation-en-solidarite-avec-les-greves-contre-la-loi-el-khomri/">https://communismeouvrier.wordpress.com/2016/06/04/milan-manifestation-en-solidarite-avec-les-greves-contre-la-loi-el-khomri/</a></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<br /></div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=2485884298088015642#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "new york" , "serif"; font-size: 9.0pt;">[2]</span></span></span></span></a>
Jacques Sapir, <a href="https://russeurope.hypotheses.org/5005">https://russeurope.hypotheses.org/5005</a></div>
<div class="MsoFootnoteText">
<br /></div>
</div>
</div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2485884298088015642.post-16828840686773991712016-04-04T01:00:00.001+03:002016-04-04T11:05:22.492+03:00Gilbert Danco: Critica romanului meu: Autoportret unui adolescent îmbàtrinând<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">Gilbert Danco:</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%;">
<br /></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">România postdecembristã și
mirajul iubirii</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Orice titlu care pretinde sã sintetizeze substanța unui
roman este amendabil, mai ales atunci când acest titlu ia forma unei
conjuncții. Risc totuși sã încep a înțelege romanul lui Claude Karnoouh – ”Autoportretul
adolescentului îmbãtrânind” (publicat, în limba românã, la Editura Adenium,
Iași, 2015, iar în limba francezã – ”Autoportrait dʹun adolescent vieillisant”,
la Editions du Présent Littéraire, Arad, 2012) prin aceastã conjuncție:
”România postdecembristã și mirajul iubirii”. Sunt conștient de faptul cã în
orice conjuncție accentul se pune formal și inevitabil pe expresia lingvisticã
dinaintea ”și-ului”, în cazul meu pe ”România postdecembristã”, iar partea a
doua <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>a instrumentului gramatical ”și” primește
o semnificație complementarã - aici ”mirajul iubirii”. Aproape sigur aceastã
opțiune nu corespunde intențiilor literare ale autorului ”Autoportretului...”.
Probabil autorul ar fi preferat conjuncția inversã – ”Mirajul iubirii și
România postdecembristã”. Dar, fiind un cititor român al scriitorului francez
Claude Karnoouh, prefer sã încep lectura din punctul meu de vedere. În plus,
îmi sprijin îndrãzneala pe subtitlul textului – ”un mic roman sociografic”. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Romanul lui Claude Karnoouh este povestea a douã <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>iubiri: una, mai transparentã, este iubirea împãrtãșitã
de cãtre personajul romanului celei pe care, adolescentin, o numește
”frumoasa”; <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>alta, un pic mai ascunsã,
este dragostea pentru o țarã care nu-i aparține, dar pe care încearcã s-o
înțeleagã în urma unor cercetãri antropologice. Femeia nu are nume, este doar
”frumoasa”, țara are nume - România, dar nu este evaluatã estetic. Cititorului atent
îi rãmâne sarcina sã completeze aceastã omisiune. Și nu e greu.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">Așadar,
sã revenim în Oraș. Orașul, nici el, nu are un nume propriu (cunoscãtorilor le
propun sã intre în jocul autorului). În roman, suntem într-un mare centru
universitar din România postdecembristã, proaspãt... postdecembristã. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Personajul, pe care-l vom numi, conform
datelor existente, ”El”, e un dandy angoasat, <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>un intelectual ”rãsfãțat” francez care
încearcã sã regãseascã ”Paradisul pierdut”: <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>în plan sentimental, prin dragostea pe care o
aratã tinerei românce trãdându-și cãsnicia; în plan cultural, prin experiențele
trãite într-un sat românesc trãdând valorile capitalismului recent. Toate
acestea sunt însoțite de conștiința faptului cã lucreazã și gândește împotriva modernitãții
noastre târzii.<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </b>Probabil și de aici <i style="mso-bidi-font-style: normal;">autoportretului</i> i se adaugã aceastã
calitate de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">adolescent</i>.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">Cronologic
vorbind, prima iubire pe care o împǎrtǎșește personajul nostru este cea pentru
țara cvasi-adoptivǎ. Și s-ar putea ca prioritatea acestui sentiment sǎ nu fie
doar cronologicǎ. Este clar faptul cǎ ”frumoasa” beneficiazǎ de o atenție
afectivǎ ieșitǎ din comun, mai ales cǎ vorbim despre un ”El” aflat la o anumitǎ
vârstǎ, una a deplinei maturitǎți. Totuși, manifestǎrile acestei iubiri sunt în
mare parte adolescentine. Dovada certǎ o constituie pasajul în care personajul
nostru recurge la un gest<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>romantic-aventurier care cu greu își mai are locul în practicile de
seducție ale sfârșitului de secol XX: își convinge mama, aflatǎ la Paris, sǎ-i
cedeze un inel, un fel de blazon al familiei, care era destinat fiicei sale;
mama cedeazǎ insistențelor fiului ei, astfel cǎ inelului i se imprimǎ o nouǎ
destinație: ”frumoasa” tânǎrǎ româncǎ. Privit din punctul de vedere al
pasionaților de jocuri idilice acest gest pare spectaculos; privit însǎ
dintr-un punct de vedere mai realist, atitudinea amorezului francez dacǎ<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>nu e cinicǎ, aduce cu atitudinea lui Meursault
din ”Strǎinul” lui Camus, adicǎ o indiferențǎ fațǎ de valorile intime ale unei
familii. Coincidențele cu aceastǎ prozǎ camusianǎ sunt uimitoare. Și stilul
literar în care Claude Karnoouh își exprimǎ povestea mi se pare asemǎnǎtor: mimarea
unei distanțe auctoriale fațǎ de ceea ce se întâmplǎ; rǎmâne doar o mimare, un
artificiu care nu-l poate înșela pe cititorul atent.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dar, pentru a încheia povestea pentru
pasionații de jocuri idilice, inelul ajunge pe fundul Someșului, pierzându-și
destinațiile.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">E lesne
de urmǎrit idila dintre acești doi amorezați, mai ales cǎ ea se consumǎ, de
cele mai multe ori, departe de aglomerațiile cotidiene. Puține sunt personajele
care migreazǎ printre și lângǎ ei. Mai dificil de înțeles e dragostea pe care
”El” o împǎrtǎșește fațǎ de țara în care a ales sǎ-și desfǎșoare cercetǎrile etno-antropologice.
De data aceasta avem de-a face cu o dragoste în care adolescentismul
îndrǎgostitului este înlocuit cu luciditatea cercetǎtorului care cunoaște în
mare mǎsurǎ aspectele noilor societǎți occidentale. Este vorba despre iubirea
pentru România, o țarǎ abia ieșitǎ din blocul comunist și pe care Claude
Karnoouh o zugrǎvește, în stilul sǎu propriu, în gri. Dac-aș fi regizor, aș
compune un film alb-negru în care aș prezenta nu doar România postdecembristǎ
descrisǎ de autor în acest roman, ci, concomitent, relația dintre ”frumoasa” și
”El” pe care o vǎd în aceleași culori. M-aș inspira din filmul lui Alain
Resnais – ”Anul trecut la Marienbad”, dar cu mai puține personaje. N-am amintit
întâmplǎtor acest film; cartea de fațǎ creazǎ o astfel de atmosferǎ.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">Revin
la iubirea stranie pentru România. România e o țarǎ urâțitǎ și faptul cǎ
”frumoasa” e o bibliotecarǎ navetistǎ stǎ la baza unor mici aventuri care dezvǎluie
aspecte fizice ale organismului acestei țǎri: autobuze care scot zgomote infernale,
muncitori-cǎlǎtori care se calcǎ în picioare mirosindu-și unul altuia
transpirațiile acumulate dupǎ o zi de muncǎ, frigul etc. Dar astea sunt mici
crǎpǎturi pe fața României. Intelectualii care o populeazǎ o urâțesc excesiv și
nu mǎ pot abține, în acest sens, sǎ nu citesc un pasaj din roman: ”<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La universitate, colegii sǎi se lamentau cu
privire la sfârșitul valorilor culturale, fǎrǎ sǎ înțeleagǎ cǎ acest sfârșit se
citea nu departe, sub ochii lor, pe strǎzile Orașului. Doriserǎ ca regimul
comunist sǎ cadǎ, cel puțin asta le spuneau vizitatorilor veniți din țǎrile
occidentale, sperând și în abundența materialǎ, și într-o viațǎ care sǎ se
ordoneze în jurul vechilor valori, de mult timp pǎrǎsite în Vest, în jurul
avânturilor spre lecturǎ, teatru, operǎ, concerte de muzicǎ clasicǎ. Astǎzi ei
constatau descumpǎniți triumful pop-rockului. Nu înțeleseserǎ cǎ regimul
comunist, prin cultul sǎu naiv și criminal pentru triumful tehnic, cu respectul
pentru buna-cuviințǎ mic-burghezǎ, pentru valorile patriotarde, îi protajase de
nihilismul occidental. Subjugați de propaganda comunistǎ, nu vǎzuserǎ nimic, nu
înțeleseserǎ nimic din mutațiile petrecute în Occident de patruzeci de ani;
pentru ei, postmodernismul, triumful tehnologiei, nu era decât un moft
suplimentar de agǎțat în rastelul gândirii gata confecționate de import, cu
care își hrǎneau visele moraliste, fǎrǎ a sesiza cǎ banii și obiectele
deveniserǎ modul de viațǎ al tuturor și singurul destin oferit omului
contemporan. Cu atât mai rǎu. Ceaușescu fusese asasinat legal, dar nu
democrația politicǎ și socialǎ îl înlocuise. Cultul personalitǎții unui
personaj, ajuns cu trecerea anilor din ce în ce mai grotesc, i se substituisirǎ
gesticulațiile dezordonate ale politicienilor și intelectualilor sau mai precis
ale pretinșilor intelectuali neputincioși și ridicoli sau imaginile
personajelor din foiletoanele americane. Astǎzi idolii tineretului se numeau
Michael Jackson, Arnold Schwarzenegger, Stallone, Madona; împreunǎ, formau
personajele noului mit mondial, cel al violenței și al sexului, pus în
serviciul banilor și al corupției. Acești bravi profesori participau și ei la
dansul macabru al profitului, dar n-o știau. Nu vedeau încǎ faptul cǎ noile
generații de birocrați universitari nu mai aveau drept orizont exercițiile
formale de gândire și multiplele sale jocuri intelectuale, dar cǎ, agǎțați de
telefonul lor mobil, cu ochii țintǎ la e-mailuri, ei voiau sǎ trǎiascǎ precum
niște businessmeni și, pentru a se pregǎti, accelerau barbaria managementului</i>”.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">Acestea
sunt<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>marea majoritate a personajelor
intelectuale care bântuiau România postdecembristǎ și care s-au intersectat cu personajul
nostru. Dacǎ la acestea adǎugǎm atmosfera gri de care vorbeam adineaori și pe
care cititorii de o anumitǎ vârstǎ au trǎit-o ”în carne și oase” la începutul
anilor 90, rǎmâne sǎ ne întrebǎm: De ce iubește personajul ”El”, sau, ca sǎ nu
ne mai ascundem dupǎ personaje, de ce iubește Claude Karnoouh, România? </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">Karnoouh
a scris și a vorbit mult despre România: în interviuri, în cǎrți, în
conferințe, în eseuri, în reviste... Cred cǎ sunt unul dintre cei care i-au
citit aproape toate textele pe aceastǎ temǎ și nu am fost întotdeauna de acord
cu el.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dar mi-a plǎcut totdeauna modul sincer
cum vorbește despre România și, acum, în limbajul literar al ”Autoportretului
adolescentului îmbǎtrânind” mi se pare cea mai frumoasǎ abordare a sa,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>mai ales prin poveștile de iubire la care ne
face pǎrtași romanul. Mǎ numǎr printre cei care cred cǎ limbajul literar
construiește ficțiunea cea mai vie, cea mai apropiatǎ de cele întâmplate și
existente. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<span lang="RO" style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt; line-height: 150%;">Așadar,
de ce iubește declarativ Claude Karnoouh România?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-indent: 35.4pt;">
<br /></div>
</div>
Claude Karnoouhhttp://www.blogger.com/profile/02102056135241126100noreply@blogger.com0