samedi 25 septembre 2010

Les nouveaux marxistes


Les nouveaux bardes du marxisme dans la « société du spectacle intégrée »

Le "politiquement correct" a été inventé pour permettre aux imbéciles qui n’ont rien à dire de parler et d’écrire sans cesse et obliger les gens de bon sens à se taire. (Anonyme)


Nul ne saurait nier que dans le monde universitaire d’extrême gauche le colloque qui s’est tenu à l'université de Birkbeck de Londres au printemps 2009  «Sur l'idée du communisme» a été représenté dans de nombreux médias, y compris de droite, comme un événement important pour le développement de la pensée marxiste contemporaine. En effet, sur l’estrade il y avait du beau monde, Alain Badiou, Slavoj Žižek, Jacques Rancière, Toni Negri, quant à Jean-Luc Nancy annoncé il s’était fait excuser au dernier moment pour raison de santé. Dans la salle aussi, beaucoup de monde. Il y avait là des chercheurs et des militants du monde entier qui avaient payé 100£ pour écouter les nouveaux archontes de la pensée radicale. Certes étant de gauches et humanistes, généreux avec les étudiants, ces derniers bénéficiaient d‘une réduction de 50 %, tandis que les membres de l’Université Birbeck étaient taxés seulement de 45£. Il y avait encore parmi les auditeurs un jeune philosophe d’origine polonaise, Jan Sowa, envoyé spécial de la revue Philosophie magazine, qui en rapporta un commentaire singulièrement roboratif au titre tout à fait suggestif : « Communista social club »[1]. En effet, comme pour la salsa, le cha-cha-cha ou la rumba avec les Compay Secundo et Ibrahim Ferrer vieillissant et leurs amis, mais en beaucoup moins joyeux que ces vieux musiciens, l’aréopage sinistre des coryphées de la pensée révolutionnaire contemporaine rassemblait peu ou prou de vieux routiers des débats marxistes universitaires, des controverses entre diverses écoles et les excommunications entre divers groupuscules pour certains. Cependant, pour des penseurs qui se prétendent marxistes, dussent-ils en avoir le vocabulaire et la virtuosité des enchaînements logico-inductifs et logico-déductifs, dussent-ils en pratiquer la rhétorique argumentaire depuis des décennies, dussent-ils enfin, en raison de ces talents éprouvés, avoir trouvé de prestigieuses maisons d’édition pour exposer leurs vues, l’assemblée parue bien conventionnelle au journaliste de Philosophie magazine, une sorte de congrès dans le style de ceux rassemblant dans l’ex-Europe communiste les intellectuels du Parti, avec son scénario bien rôdé : louanges et applaudissements préréglés et convenus sans qu’aucun débat ne s’élève entre eux afin de mettre à plat leurs différences, fussent-elles fort minces. À l’évidence, ce colloque a plus obscurci l’hypothèse communiste, créant par instant comme on va le voir une mystification. Toutefois, il faut convenir que dans cette noble assemblée, seul Negri pouvait réellement exciper d’un passé de militant actif, lui qui avait payé d’années de prison pour un authentique activisme révolutionnaire, même si je trouve que sa théorie de l’ouvrier social (operaismo) tombe dans le piège tendu par la forme Capital à l’égard de tout concept qui ne remet pas en cause la nature profondément aliénante de la condition ouvrière, fût-elle keynésienne, améliorée, garantie et bien rémunérée, en bref protégée par un corpus de lois. Parce que résistant à toute virtuosité logique, juridique et institutionnelle, la répétitivité du travail productif demeure toujours, quoi qu’il en soit de la philanthropie capitaliste ou sociale-démocrate, une sombre fatalité et non un destin, fût-il un lendemain enchanté comme celui attribué au travail de la classe ouvrière et de son alliée, le paysan pauvre, dans le discours léniniste, ou aujourd’hui emphatiquement multiculturalisé dans le nomadisme comme masse sociale selon la version Negri avant et après l’Empire. Mais pourquoi, lorsque le marché est ouvert et l’économie en ascension (ce qui n’est pas le cas depuis une dizaine d’années), les jeunes évitent-ils autant qu’ils le peuvent d’entrer dans le monde ouvrier et préfèrent les services, banques, vente et culture bas de gamme, s’ils n’avaient pas une conscience diffuse de la sombre vie qui les attend ? Quoi qu’il en soit de ces peudo-concepts gaucho-postmodernes de l’Empire, de cette philosophie politique pour bobos humanistes, au moins Negri a-t-il connu l’expérience réelle de la répression carcérale du Prince… Les autres pérorent dans les universités, avec juste ce qu’il faut de provocations pour faire accroire leur radicalisme auprès de gens aussi frileux qu’eux-mêmes, sans jamais s’engager dans l’agir révolutionnaire lequel, nous le savons de longue date, ne peut jamais éviter la violence, ce que le pourvoir actuel de l’Empire nomme le « terrorisme ». Comme si les combattants de la révolution étasunienne n’avaient été en leur temps des « terroristes » pour la Couronne britannique !
Dans le style de la fausse conscience et du dédoublement, il semble que Badiou en soit devenu le maître et le virtuose. D’un côté il est capable d’offrir une analyse très fine de la Commune de Paris (à coup sûr la meilleure que j’ai lue sur l’autonomie du pouvoir ouvrier sans parti), ou une analyse fort convaincante de la Révolution culturelle chinoise comme tentative de dépasser les contradictions internes d’un PCC s’embourgeoisant déjà ou, selon Mao lui-même, devenu en 1948 le seul refuge possible de la bourgeoisie progressiste chinoise, et, de l’autre, lorsqu’il s’agit de notre présent immédiat, il présente l’« hypothèse communiste » comme une sorte d’alternative « nouvelle » pouvant advenir sans violence, comme choix parmi d’autres choix possibles dans une sorte de structure du hasard et de la nécessité qui n’est pas sans rappeler l’évolution des cultures humaines selon Lévi-Strauss[2] : « Dans la conception de la politique où je me tiens, écrit-il, ce ne sont pas les rapports de force qui comptent, mais les processus pratiques de la pensée ».[3] En vrai marxiste, il devrait être aussi fidèle à la XIe thèse sur Feuerbach. Mais la pensée de qui, pourquoi, pour qui, et surtout dans quel but pratique ? Par ailleurs du côté des masses, on ne voit pas que cette affirmation soit un appel à une sorte de phénoménologie pour une enquête sur subjectivité des acteurs sociaux, la seule qui compte comme prémisses impérativement nécessaires à toute mise en œuvre pratique. Dès lors si Badiou s’en tient aux seuls processus de la pensée des universitaires et autres spécialistes intellectuels, il devrait modestement affirmer qu’il n’est qu’un commentateur critique de Marx, un de plus, mais ni plus ni moins et ainsi tomber sous le coup qu’il assène lui-même à cet exercice universitaire par excellence : « Le commentaire est le murmure de l'impuissance, le propre de la démocratie inactive, c'est-à-dire du journalisme ».[4] Mais qu’a-t-il donc fait Badiou toute sa vie sinon du commentaire, certes plus savant que ceux des journalistes, mais néanmoins du commentaire. Aussi se donne-t-il des verges pour se faire battre, et, pour le lecteur, la possibilité de constater qu’il refourgue une marchandise frelatée. Et ce d’autant plus qu’il plaide pour une pensée de la critique politique radicale comme mise en forme de l’« inadmissible ». Or, pour tenter de créer les conditions théoriques et pratiques de l’inadmissible au sein d’un pouvoir établi, ou pour les détecter dans le socius en marche, qui pourrait éviter le recours à la violence ?… S’il reste, à tout le moins, une leçon cardinale de Marx c’est bien celle qui enjoint à la philosophie de diriger la pensée qui se nourrit de la praxis vers une praxis renouvelée en vue de transformer le monde. Or, il n’est pas de transformation radicale du monde politique qui, d’une manière ou d’une autre, n’engendre pas la violence, c’est à coup sûr l’une des leçons fondamentales de Machiavel, mais aussi de Marx et de… Mao… Comment un penseur marxiste peut-il sérieusement écarter la violence des rapports de force du politique dès lors que l’histoire de la classe capitaliste, de la bourgeoisie sous toutes ses formes, n’est que violence permanente à l’encontre du salariat ? Rien de nouveau donc sous le soleil du réformisme et du révisionnisme, la Critique du programme de Gotha comme énoncé métaphorique d’un sous-jacent affadi de la lutte de classe, demeure d’une criante actualité. Il n’est point besoin de disserter longuement, il suffit d’observer le spectacle de la violence économique que nous offre notre présent postcommuniste, il en est la meilleure preuve… le refuser, le dissimuler, l’occulter c’est en effet simuler, jouer à cache-cache avec les idées que l’on prétend promouvoir dans la jeunesse, chez les salariés, chez les émigrés, en bref, c’est pour ce qui concerne la praxis, oublier l’essentiel : à savoir que tout changement fondamental de l’Étant politique met en œuvre, avant toute positivité, la négativité agissante (leçon de Hegel), dussions-nous y repérer, au-delà, les promesses très fragiles d’un possible monde meilleur. Mais il est vrai, et ce n’est pas faire un mauvais procès à Badiou que de constater que ce n’est pas au cours de séminaires tenus à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris, que l’on prépare sérieusement la praxis de l’« hypothèse communiste » comme révolution, c’est là un terrain bien trop balisé par le Capital comme forme sociale et par le fétichisme de la marchandise (ou de la valeur marchande) comme fausse conscience. Et si c’était le cas, si l’ENS était un lieux où se fomente la révolution, il y a belle lurette que la police serait intervenue pour mettre fin à ce qu’elle interpréterait comme un réel danger « terroriste » pour la sacro-sainte démocratie bourgeoise. Ni de près ni de loin Badiou ne ressemble à Ho-Chi-Min ou Fidel Castro, et encore moins à son modèle Mao !
Dès lors, c’est de ce trompe-l’œil-là qu’il faut partir pour saisir d’où proviennent les apories avancées par ces penseurs où s’étalent la vanité de ces colloques et la fascination qu’ils exercent sur des chercheurs capables de payer 100£ l’entrée pour écouter ce qui, au bout du compte, n’est qu’un nouveau compromis réformiste avec la forme-capital de la socialisation, ou une version de la social-démocratie à la sauce postmoderne, voire sexy chez Negri/Hardt. En effet, on les attend au tournant ces intellectuels en renom de l’extrême gauche dont les dicours arrivent à être loués par les quotidiens les plus voués à la gloire du Capital comme le New York Time, Le Monde, Il Corriere della Sera, par exemple… lesquels sont bien plus circonspects à l’égard d’un Noam Chomsky, d’un Finkelstein, d’un Petras ou d’un Hollman lorsqu’ils dénoncent les gigantesques méfaits criminels des pratiques politiques et économiques étasuniennes. C’est une chose de dénoncer les pitreries sarkoziennes avec des analogies anachroniques, et de se comporter comme le firent les porteurs de valises, les Jeanson, Hélène Cuenat, Péju, Curiel, intellectuel, philosophe, littéraire, vieux militant du communisme, tous héros de l’aide au FLN pendant la sale guerre d’Algérie. Il est vrai que Chomsky n’est ni normalien ou assimilé, ni philosophe ni marxiste estampillé, et surtout, il a le courage de dire qu’un chat est un chat, et que la violence politique des exploités, des colonisés, des massacrés par la politique et de l’économie politique effectives de l’Empire se prétend légitime et continue comme si rien n'était !
Revenons au problème du sujet historique universel, moteur de la transformation sociétale (sans qu’on puisse lui assigner une valeur morale a priori). Problème essentiel et cependant édulcoré, mystifié et mithridatisé par ces penseurs. Pour eux, où le trouve-t-il donc ce sujet qui fait l’histoire ? Après les Gardes rouges de la Révolution culturelle, Badiou l’a trouvé, oh miracle ! en France, chez les sans-papiers avec cette formule emprunte d’une admirable rhétorique : « les sans-papiers sont tournés vers l’avenir », c’est donc « la classe ouvrière internationale » ! Si c’est ainsi, pourquoi le révolutionnaire Badiou, mettant en pratique sa théorie, n’est-il pas sur le front des sans-papiers dans la « jungle de Calais », avec les Afghans, les Pakistanais, les Shrilankais, les Irakiens, en attente d’un improbable passage clandestin en Grande-Bretagne, caché dans les bois ou hébergés dans des entrepôts de fortune, sans cesse ratissés et réprimés par la police ? Puisque là, chez nous, en France, se trouve la « classe ouvrière internationale », alors il faut en profiter, à la fois pour l’observer sur son terrain d’action, et, last but not least, l’aider dans son « effervescence quasi révolutionnaire »  ! Mais ce bavardage de colloques et de séminaires est faux. Nous sommes avec les sans-papiers chez les émigrés des pays du Sud ravagés par le développement imposé par la forme-capital en ses ultimes versions mondialisées de contrôle et d’exploitation sauvage des populations : dette et monocultures imposées, matières premières aux mains d’élites compradores quand ce n’est pas directement entre les mains des multinationales, monarchies pétrolières simples concierges de leurs richesses, employant des armées de miséreux de l’Inde, du Pakistan, d’Indonésie et des Philippines pour un luxe touristique obscène, chefs de guerre des conflits ethniques ou pseudo-ethniques qui revendent à l’Occident métaux rares et diamants arrachés à la terre par un véritable travail esclave (cf. l’excellent film Blood Diamonds). Je pense que Badiou n’a pas rencontré beaucoup de ces miséreux qui ont tout tenté, y compris de mettre leur vie en jeux pour venir travailler en Occident (i.e, pour se faire exploiter une fois encore). Ces gens n’aspirent qu’à une seule chose, devenir les petits-bourgeois nantis de nos démocraties (à présent en état de crise économique systémique) tout en conservant certaines des traditions religieuses et culturelles de leurs pays ou de leur ethnie d’origine. Ni sujet objectif, ni subjectivité incarnée dans une quelconque conscience en révolte contre la forme-capital, contre l’exploitation dans le champ du travail abstrait et concret, eux-aussi sont appelés par le fétichisme de la marchandise, et y consentent avec enthousiasme, y compris pour les jeunes de la seconde génération qui créent les gangs revendeurs de drogues, moyen rapide (et donc très violent) d’obtenir ce que les bourgeois possèdent déjà par héritage. Ils sont les véritables soutiers d’un monde fondé en sa totalité sur la consommation généralisée, dût-elle n’en être que l’Idea vue du fond d’une caverne où règne seulement la misère, et où, à l’extérieur, nimbées d’auréoles mystérieuses, brillent les icône des gadgets. Les sans-papiers veulent des papiers pour se faire exploiter sans merci, mais cette fois légalement… ils deviendront un tout petit moins haves que les traîne-misère des bidonvilles tropicaux ou désertiques d’où ils viennent. Ils croient ainsi, et sauf exception confirmant la règle, pouvoir échapper à la loi d’airain de la socialisation que la forme-capital applique aux pauvres qu’elle engendre. Mais ils n’échapperont pas à la tiersmondisation des périphéries que la vulgate stupide des journalistes nomme les banlieues chaudes, bien loin des quartiers où bourgeois, bobos, toutes sortes d’élites de « gauche » pérorent sur les vertus pacifiques et éthiques du multiculturalisme, sur un marxisme sans luttes de classe, et sur les vertus intégratrices de ce que je définis comme les poubelles culturelles de la « société du spectacle »…
Maintenant tournons-nous vers Negri et Hardt. Une fois encore le sujet historique semble se dissoudre dans un double exotisme. Ils ont toujours sous la main les immigrés, source inépuisable de la compassion alimentant la philanthropie révolutionnaire exotique. En effet, qui n’a pas remarqué combien le « bon nègre », celui-ci jouant le jeu renouvelé du « bamboula » d’antan, demeure une source intarissable pour le sentimentalisme à trois sous des bonnes âmes de « gauche » occidentales ! Mais il y a surtout dans ce que Negri/Hardt nomme la « multitude » (concept qui voudrait remplacer celui devenu obsolète de masse prolétarienne, certes largement mésusé par le communisme réel et le marxisme sociologisant), les nouveaux travailleurs bien intégrés de l’immatériel, de l’internet, du soft, les transmigrants du business (cf., le film Lost in Translation), les ingénieurs et techniciens du off-shore, en bref, tous ceux qui ayant conscience de fabriquer du Capital seraient à même de peser sur l’orientation socio-économique de la dynamique de la forme-capital, alors qu’ils n’en sont que les jouets, les acteurs intégrés et systémiques (et non causaux) et qu’ainsi, du jour au lendemain, ils peuvent, à leur tour, être mis au rebus… En bref, Negri et Hardt vendent du réformisme enveloppé dans le papier de soie d’un discours fantasmatique sur le nouveau prolétaire conscient non seulement de sa force, mais de la nature de la lutte qu’il faut mener pour arrêter la catastrophe, à la fois économique et écologique, évidente et éminente qui menace notre pauvre planète.
Ni Badiou, chantre estampillé de la révolution culturelle chinoise, ni Hardt/Negri inventeurs de la « multitude révolutionnaire » (sic !) ne se sont interrogés précisément sur cet étiage de la présence d’un sujet historique ayant conscience d’une situation présente sans espoir, ouvrant la possibilité d’une action de rupture avec la forme-capital car, hormis une position éthique que je défends par ailleurs sans illusion, ce ne sont ni les luttes anti-impérialistes du Moyen-Orient, ni celles identiques d’Amérique latine qui portent en elles les instruments théorico-pratiques d’une opposition frontale et sans concession à la forme-capital et au fétichisme de la marchandise dans la lutte barbare de la concurrence économique et l’hybris de l’hyperconsommation.
Les cris d’orfraie de l’anticommunisme post factum (identique en sa forme et son fond à l’antifascisme du Quartier Latin, une spécialité française) lancés par une majorité d’intellectuels européens (Est et Ouest confondus !), leurs vociférations néolibérales et néoconservatrices, fonctionnent comme antidépresseur à leur mélancolie ou comme source d’un petit commerce rentable ou les deux à la fois, devraient toutefois manifester plus à l’égard de ces marxistes du spectacle auxquels il convient d’ajouter Foucault et Agamben. Le premier parce qu’il a oublié deux choses, la première c’est que parmi les gens emprisonnés au XIXe siècle il y avait les prolétaires dans les usines et les mines (cf. les descriptions du Goulag anglais de l’industrialisation par Dickens), avec leur passeport de travail, traités souvent comme des fous furieux[5] – (voire comment la bourgeoisie versaillaise régla et commenta le problème de la Commune de Paris dont Badiou a rédigé un très beau commentaire dans L’Hypothèse communiste, mais cela n’est plus guère dangereux aujourd’hui) ; et, la seconde, plus intrigante, concerne le biopouvoir qui n’est pas du tout affaire moderne comme le prétendent et Foucault et Agamben, mais une méditation et une pratique très ancienne, comme le rappelle Derrida avec une fermeté de ton inhabituelle dans la publication de ses derniers séminaires de l’EHESS[6] et que l’on peut voir illustré aussi chez Sloterdjick dans Les Règles pour le parc humain[7], essai-commentaire de la République de Platon.
Une fois encore c’est vers Heidegger qu’il faut diriger nos lectures. Le vieux maître nous a maintes fois indiqué la voie à suivre. Il nous a appris que pour interroger au cœur de l’essence il faut en quelque sorte refuser le terrain que le prêt-à-penser et, à dans notre cas, le prêt-à-exploiter nous offre. Il faut faire cette rétroaction doublée d’un pas de côté pour construire le questionnement avec le réel tel qu’il s’offre à nos sens, hic et nunc, et non tel que nous rêvions qu’il eût dû être. En bref, les intellectuels de droite d’Europe de l’Est (l’écrasante majorité) devraient accueillir ces penseurs de la gauche réformiste ou aveugle comme des alter ego grâce auxquels ils gagneraient, à coup sûr, dans une complémentarité compétitive de la disputatio sans danger aucun, l’aura internationale qui leur manque ; ils pourraient enfin participer au grand jeu du ping-pong international, sur la même table et avec la même balle, au lieu que de s’aboucher avec les anticommunistes occidentaux de service pour l’Est, tous extrêmement médiocres et souvent semi-analphabètes.
À ces beaux esprits d’une révolution simulacre, d’un radicalisme pseudo, adulés de foules universitaires, de fans étudiants aussi aveugles qu’eux, de groupies au statut socio-économique garanti, il faudrait pouvoir dire dans le blanc des yeux en paraphrasant Debord : « Encore un effort camarades pour être révolutionnaires ! ». C’est pourquoi en cette aube du XXIe siècle, à ceux qui souhaiteraient repenser pour une praxis de notre temps le devenir potentiellement révolutionnaire des hommes soumis à l’intensification planétaire de la forme-capital et au fétichisme radicalisé au centuple de la marchandise, il n’est pas outrageux d’avouer, avant toute avancée, que le sujet historique semble s’être évanoui ou, à tout le moins, très bien dissimulé. Voilà qui demeure le défi essentiel de nos temps d’indigence (in duerftiger Zeit) pour rappeler une fois encore la grande parole prophétique du poète.

Claude Karnoouh


[1] Philosophie Magazine, n° 31, juillet 2009, Paris.
[2] Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, UNESCO, Paris, 1952. Pour en lire la déconstruction des sous-entendus idéologiques néo-kantiens, et donc qui laissent impensé le rôle décisif de l’Occident techno-scientifique et capitaliste dans le déploiement de la modernité, cf., Remo Guidieri, L’Abondance de pauvres, « Babel II », édit. du Seuil, Paris, 1984.
[3] Alain Badiou, Peut-on penser la politique ?, Paris, 1985, p. 104.
[4] (ibidem, p. 68).
[5] Cf., L. Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris dans la première moitié du XIXe siècle, Hachette, Paris, 1984.
[6] Jacques Derrida, La Bête et le souverain, Tome 1, 2001-2002, Galilée, Paris, 2008. En effet, que faisait Sparte, par exemple, si ce n’est la mise en œuvre du biopouvoir ?
[7] Sloterdjick, Les Règles pour le parc humain, Paris, 1999.

mardi 21 septembre 2010

La France et les Tsiganes





Et passent les Tsiganes….





« ...Et avant que l’image de la France ne soit complètement dévoyée par la bêtise d’une poignée d’incultes arrogants, je voudrais rappeler ce qui a pu
faire aussi sa grandeur, par ces lignes" :

« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours
avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal
voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et
de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Et
il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat,
comme une poupée à qui on retire son bâton. »

Extrait d’une lettre de Gustave Flaubert à George Sand – 12 juin 1867





On savait que le président Sarkozy avait été élu par une forte majorité de citoyens français sur un programme de droite hyperlibérale (dans le domaine économique), et en partie d’extrême droite avec la réactualisation des thèmes de la sécurité, de la religion et de la famille (pour un homme deux fois divorcé et remarié à une mannequin qui se faisait photographier nue, la contradiction n’a pas été évidente pour le « bon peuple » qui l’a élu). Mais les dernières mesures d’expulsion prises à l’égard des Tsiganes[1] par le gouvernement français sont, en dépit des circonvolutions de vocabulaire des ministres de l’intérieur, de l’immigration et de la justice, non seulement scandaleuses, mais abjectes. Si l’on ajoute à cela la volonté de déchoir de la nationalité française des couple vivant en état de polygamie, les auteurs d’excision ou les délinquants ayant agressé les forces de l’ordre, on est obligé de convenir que cela rappelle les mesures de triste mémoire prises par le gouvernement collaborateur de Vichy à l’égard des Juifs, des militants communistes ou socialistes, des francs-maçons, des Tsiganes et de tout délinquant d’origine étrangère… [2]
Mais je souhaiterais mettre immédiatement les choses au point. Je n’appartiens pas à ces Occidentaux bêlant devant la misère du monde, pleurnichant devant les pauvres et en général ne faisant rien de concret pour soulager les malheurs des gens. En général ces gens, champions des droits de l’homme, déblatèrent leur commisération dans les salons mondains, se gardant bien d’aller au charbon, ou pratiquent la philanthropie spectaculaire cherchant certes à tempérer quelque peu la misère des gens (et c’est en ce sens honorable) sans pourtant jamais se poser la question radicale quant à l’origine de cette misère. Je reviendrai plus avant sur ce thème propre à la gauche française, dans un premier temps contentons-nous de décrire la situation.
Il est vrai que les Tsiganes des Balkans en France, essentiellement venus de Roumanie et de Bulgarie, vivent pour la plupart dans des campements de grande misère, dans les interstices du maillage routier et autoroutier de la banlieue parisienne et des grandes villes dans des conditions épouvantables d’insalubrité. Il aussi vrai que parmi ces gens il y a des délinquants, comme dans toute communauté humaine. Il est donc vrai encore (et je refuse l’angélisme) que certains groupements sont constitués de voleurs (de Vélib’, de réseaux de signalisation ferroviaire y compris ceux du TGV), de briseurs de distributeurs de billets, de recéleurs de toutes sortes.  Il est aussi vrai que certains groupes sont organisés en réseau de prostitution ou de mendicité où des jeunes femmes avec leurs bébés, de très jeunes adolescents et des vieux, travaillent pour des patrons sans tirer grand bénéfice des aumônes qui leur sont faites par les passants. Tout cela est condamnable et doit l’être en terme individuel. Ce n’est pas une communauté en sa totalité qui commet des délits, mais des individus, parfois rassemblés en groupe, et ceux-là, comme le dit toujours Florin Cioba, doivent être condamnés comme délinquants, voire comme criminels si tel est le cas.[3] Mais dans un État de droit moderne, la condamnation collective n’appartient pas au droit des personnes. En agissant ainsi, le gouvernement français en dépit des virtuosités de langage de ses ministres, réhabilite, sans l’énoncer clairement, des lois raciales d’une époque que l’on croyait révolue. Personne, quelle que soit son opinion politique, ne peut ni ne doit accepter un tel procédé digne, et je ne dissimule pas mes mots, d’un État fascisant. Rappelons-nous l’adage latin, « de te fabula narratur », à savoir que la fascisation de la politique française (et italienne) présage la mise en place de régimes autoritaires pour tous dans toute l’Europe…
Toutefois, et il ne faut voir là aucune excuse, si le gouvernement français agit ainsi, après avoir convoqué une réunion avec les ministres roumains de l’intérieur et des affaires étrangères, c’est que quelque chose ne marche pas dans l’usage des sommes importantes données au gouvernement roumain pour l’intégration des Tsiganes. « La Roumanie, selon le très sérieux journal économique français Les Echos[4], reçoit 4 milliards d’euros par an pour l’intégration des Tsiganes, dont seulement 80 millions sont dépensés, soit 0,4 %. » Des questions se posent. D’une part, pourquoi ne pas utiliser l’ensemble de l’argent mis à disposition du pays, et d’autre part, où sont les projets d’intégration entrepris avec ces 0,4 % ? A regarder le pays de près, il semble que rien ou quasiment rien ne soit fait dans le sens d’une véritable politique d’intégration, serait-elle parfois quelque peu autoritaire. On trouve des groupes de Tsiganes extrêmement riches, il suffit de voir les cadeaux de mariage qu’ils offrent aux jeunes couples par exemple, les voitures de luxe qu’ils possèdent ou les palais surréalistes[5] qu’ils se font construire aux marges des villes roumaines. Mais à côté, sans que ces riches en aient le souci, on trouve des groupes d’une extrême pauvreté qui, en terme de sous-alimentation, d’hygiène et d’éducation, ne sont pas loin de vivre comme dans les pires pays du tiers-monde ! En bref, que la question de l’intégration des Tsiganes soit très complexe, je n’en doute point. Car, entre les riches qui se servent de lois antiracistes promulguées par l’UE afin de pas respecter les lois du pays dans lequel ils vivent, criant au racisme dès lors qu’on leur interdit quelque chose qui est interdit à tous les citoyens, et les pauvres qui aspirent certainement à un mieux-être, mais qui, comme tous les pauvres survivent par la mendicité, le larcin et la fourberie, et qu’il faut impérativement éduquer, le gouffre est énorme et exige sûrement des efforts importants dans la durée. Une telle démarche semble impossible en Roumanie car la classe politique est pour l’essentiel corrompue et la plupart des intellectuels publics aussi (cf. le dernier article d’Alina Mungiu in România liberà.ro : Vând opinie publicà. Negociabil, 2 sept. 2010). En effet, il faudrait que des voix de poids viennent de l’intelligentsia en vue de rappeler à l’ordre tant le pouvoir exécutif, que les pouvoirs législatifs et judiciaires. Pour eux, quand il s’agit d’anticommunisme d’opérette, c’est à qui hurlera le plus fort. Mais quand il s’agit d’un cas socio-culturel grave et important leur silence est assourdissant ? Malheureusement, il n’y a pas de Gaspar Miklos Tamas en Roumanie, il y a en revanche une bonne quantité de publicistes « délicats », voire élégants dans la forme  qui disent avec élégance de tristes banalités ; en revanche, il y a très peu de polémistes lucides, érudits et capables de sortir des jeux locaux.[6] En bref, demain n’est sûrement pas la veille de la mise en œuvre des solutions pour tenter de trouver des solutions aux problèmes de l’intégration des Tsiganes en Roumanie (et en Bulgarie). Ces deux pays préfèrent les laisser partir mendier, pour vivre indignement dans des camps de fortune, au lieu de faire l’effort nécessaire afin de promouvoir un véritable programme socio-éducatif d’intégration. Ce n’est guère nouveau en Roumanie, le président ayant trouvé parfaitement normal l’émigration des médecins et des meilleurs diplômés vers les pays riches de l’UE, pourquoi ne pas aussi éliminer les plus pauvres ? Régner sur un peuple paupérisé, misérable, mal nourri, et passif, encourager les meilleurs à quitter en masse le pays semble être l’action socio-politique de la classe politique roumaine pour laquelle diriger se résume à s’enrichir personnellement.
Ces considérations n’exonèrent en rien les affreuses méthodes françaises dont on sait par ailleurs qu’elles sont totalement inefficaces, les expulsés pouvant fort bien revenir dans quelques mois puisqu’il n’est pas écrit sur leur passeport qu’ils ont été renvoyés dans leur pays d’origine avec un petit pécule de 300 euros. Mais ce qui est peut-être plus troublant pour moi, citoyen français, c’est l’attitude de la gauche, voire de l’extrême gauche française. Laissons le Parti socialiste à ses basses manœuvres électoralistes, sa démagogie est l’image même de sa dérive idéologique vers le nouveau libéralisme économique. Certains maires PS, sachant que nombre de leurs concitoyens ne supportent plus la présence des Tsiganes mendiants dans les rues et sur le parvis des églises et des places, ou la multiplication des musiciens plus ou moins talentueux présents dans les wagons du métropolitain, du RER et des trains franciliens, n’hésitent pas à soutenir les méthodes sarkozyiennes d’expulsion, espérant gagner les voix des électeurs sarkozistes ou lepénistes. Rien d’étonnant chez les socio-traîtres. Mais bien plus inquiétante, et signe d’une mentalité critique à la dérive, est la position de l’extrême gauche qui, hormis une attitude philanthropique et antiraciste velléitaire, ne recherche aucune explication des causes de la pauvreté qui mène tant de gens à quitter un pays pour aller vivre ailleurs, là où ils ne sont plus chez eux en raison de la langue, du style de la vie relationnelle, en bref de la culture. Car remarquons en passant que les Manouches français ou les Gitans andalous ne veulent rien savoir de ces Tsiganes venus de l’Est. L’extrême gauche ne se pose même pas la question quant à l’origine de cette pauvreté insigne, présente depuis la fin du régime communiste en Europe de l’Est. Elle agit au travers d’ONG dont les actions caritatives, pour nécessaire qu’elles soient dans l’urgence, masquent l’essentiel des questions de fond.
La première : pourquoi les gouvernements de l’ex-Europe communiste ne font-ils rien pour intégrer les Tsiganes alors que l’UE n’est pas avare de soutiens financiers ? Pourquoi les richissimes Tsiganes n’organisent-ils pas des sociétés d’entraide sur place pour les plus démunis des leurs, car, à leur manière, ils reproduisent la généralité des rapports de classe de notre capitalisme tardif ? La seconde : pourquoi les groupes d’extrêmes gauches français n’expliquent-ils pas à leurs militants et sympathisants ces impasses et la manière dont vingt ans de postcommunisme ont engendré un bien plus grande misère chez une majorité de Tsiganes que durant la période communiste qui a connu un temps un début de promotion sociale ? Car ce qui ressort de cette indignation réduite à de la simple charité et à des vociférations antiracistes de manifestations sans effets[7], c’est l’oubli de l’essentiel, à savoir que la paupérisation absolue de groupes sociaux entiers (et il est symptomatique que ces ONG de gauche et d’extrême gauche ne parlent jamais des Roumains ou des Bulgares non tsiganes très pauvres, et il y en a à Paris !) est inversement proportionnelle à l’enrichissement massif d’une infime minorité. Mais parler de cette dynamique impliquerait, par exemple, le maintien dans les programmes des partis d’extrême gauche de la lutte de classe comme thème central, et du rôle décisif du pillage de la propriété publique des ex-pays de l’Est, de la Grande Braderie qui s’y est produite et s’y produit toujours dans la formation de ces groupes de pouilleux misérables. Or l’expression « lutte de classe » et ce qu’elle implique comme agir ont disparu des programmes de ces partis, au point que je me demande toujours ce qu’il y a de véritablement anticapitaliste chez le Nouveau Parti anticapitaliste de Besancenot, qui a purement et simplement gommé cette expression de ses buts. Le Parti communiste français, quant à lui, a éliminé depuis belle lurette toutes références à la lutte de classe et n’est plus présentement que le parti des petits fonctionnaires en voie de paupérisation. Quant aux Verts ils représentent la fraction des nouvelles upper middle class (les bobos des grandes villes) qui rêvent d’une consommation plus écologique, de nourritures plus « bio » (et très chères), sans jamais perdre de vue les avantages essentiels qu’apporte la société de consommation de masse… On le constate, en France comme en Italie, plongées dans une crise économique dont personne ne peut prédire la fin, les Tsiganes sont bien plus un prétexte démagogique de combat dans le champ de la politique intérieure qu’un sujet d’étude et d’action avec ses antinomies, lequel exige des élucidations complexes et des pratiques pouvant se révéler contradictoires. Enfin et non des moindres, il faut souligner le peu de place qui est faite à la parole des intéressés. Certes, ils ne parlent pas ou très mal le français, mais à Paris rien de plus facile que de trouver un interprète de qualité (j’en connais au moins trois sinon plus !).
Plus encore, l’expulsion des Tsiganes de France révèle, malgré les convocations à Bruxelles, le peu de pouvoir de l’UE dès lors qu’il ne s’agit pas de bénéfices économiques et des instruments législatifs et/ou idéologiques pour les imposer au profit des pays riches de l’UE. La France se moque d’une condamnation de l’UE dans le cas des Tsiganes, comme elle se moque pareillement des remontrances qui lui sont faites pour l’inhumanité de son système carcéral… Il semble bien que le « pays des droits de l’homme » soit devenu, ce que l’on savait de longue date, le pays des non-droits de l’homme, et que la générosité ou le simple droit ne vaut que lorsqu’il apporte des avantages économiques (importation de travailleurs compétents à bon marché ou intégration au marché des gens de couleurs) ou politiques (faire pression sur tel ou tel pays en accueillant ses émigrés)…
Tout cela ne présage que les « Hauteurs béantes » pour parler comme Zinoviev…

Claude Karnoouh
Paris, 6 septembre 2010



[1] J’écris et je dis Tsigane parce que je me refuse aux diktats du vocabulaire politiquement correct, un sourd est un sourd et non un malentendant, un aveugle est un aveugle et non un malvoyant, un voyouterie est une voyouterie et non un « acte d’incivilité », etc., etc. De plus ne soyons pas plus papiste que le Pape, dès lors que le « roi » des Tsiganes roumains, Florin Cuiabá, a fait savoir que le terme Rom lui déplaisait profondément et qu’il était Tsigane, un point c’est tout, depuis des centaines d’années (cf. Adevàrul, dimanche 22 août 2010). En effet, tous seraient alors des Roms, mais alors quid du Gitan d’Andalousie et du flamenco, du Gypsy anglo-saxon, du Zigeuner germanique, du ЦЫГАН russe, du Zingaro italien, du Manouche, devenu jazzman après Django Reinhardt, et aussi de ceux qualifiés par de vieux mots français, encore usités dans ma jeunesse rurale, comme Romanichels ou Bohémiens.
[2] Cela me rappelle les lois allemandes du IIIe Reich sur la notion de culpabilité collective, le Sippenhaftgesetz, cette loi nationale-socialiste qui rendait la parenté coresponsable des actes de leurs fils et qui punissait de déportation leurs familles.
[3] Adevàrul, dimanche 22 août 2010 : « Hoţii trebuie pedepsiţi indiferent că sunt romi, români, fracezi sau italieni ». Position parfaitement moderne définissant l’État de droit.
[4] Les Echos, Paris, 1er septembre 2010.
[5] La seule réalisation architecturale intéressante du postcommunisme, entre Dallas et Disneyland, entre les Palais indiens et les pseudos cher aux riches américains des années 1930. Voir le palais dans lequel Orson Welles fait finir la vie de Charles Foster Kane, Xanadu, dans Citizen Kane, 1940.
[6] Pour ce qui de la lucidité voir Ciprian Mihali, « Care drepturi ale omului, ei tigani », in Critic Attac, 26 août 2010, et surtout, celui de Vasile Sebastian Dâncu, « România care nu stie sà spunà NU », in Cultura, 25 août 2010.
[7] La manifestation de samedi 4 septembre 2010 à Paris a rassemblé 80.000 personnes ce qui n’est vraiment pas grand chose, par rapport au CPE par exemple. La France profonde, celle des collabos de tout acabit, cette France infâme, sordide, approuve la politique du chef de l’État.