vendredi 25 mars 2011

L'Eglise orthodoxe roumaine et l'Etat: une bonne affaire

BOR. SRL

Les débats qui surviennent entre les groupes laïques (la société civile) et la politique de l’État roumain à l’égard de l’Église majoritaire, la BOR (Église orthodoxe roumaine), ressemblent à une sorte de serpent de mer qui ressurgit régulièrement dans la société et la presse. D’un côté, chez les politiciens, on perçoit les grandes manœuvres électorales (pouvoir et opposition confondus), de l’autre, on devine aisément une avidité et une cupidité insatiables. Tout cela orchestre cet éternel retour de la même problématique. Quelles sont donc les relations entre la BOR et l’État, entre l’État et la BOR ? Une fois il est question du jugement des prêtres et des princes de l’Église en tant que collaborateurs de la Securitate ; une autre fois c’est à propos de ce gouffre financier nommé « Catedrala Mântuirii Neamului »[1] qui pose une fois encore la question du politico-ethnique au XXIe siècle, à savoir : n’y a-t-il d’authentiquement roumain que dans l’appartenance à la BOR ? Nul ne peut-on être un vrai roumain si derechef il appartient à l’Église gréco-catholique ou catholique romaine, sans parler des minoritaires orthodoxes serbes, ukrainiens, sans parler des Hongrois non-orthodoxes, sauf une petite minorité dans la région de Satu-Mare, gréco-catholique ? Un troisième thème de débat a surgi récemment à propos de la subvention de 80% accordée par un projet de loi voté au Parlement (et qui attend la promulgation présidentielle) pour les activités sociales de la BOR. On passera maintenant sur les rétrocessions de terres cultivables, de forêts, d’immeubles de rapports, d’hôtels dans des stations touristiques, etc… Sans oublier que les prêtres et les princes de l’Église sont simultanément des salariés de l’État avec tous les avantages afférents (y compris la retraite) au statut de fonctionnaire.
Pour le français que je suis[2], ce débat semble sortir des oubliettes de l’histoire moderne et contemporaine, une sorte de Jurassique Park des relations entre l’Église et l’État qui me fait songer à cette phrase de Saint John Perse, « l’œil recule d’un siècle aux provinces de l’âmes », sauf qu’il ne s’agit pas ici d’un siècle, mais de plusieurs siècles… d’un conflit qui en Occident remonte à Masiglio di Padova au début du XIVe siècle dans la lutte engagé par ce penseur des rapports entre le politique, la société civile et le religieux, et le pouvoir temporel de la papauté et des prêtres. Pour Masiglio di Padova l’Église et ses prêtres devaient se cantonner à l’évangélisation et à l’administration des sacrements et ne jamais se mêler de politique et de gestion économique. Si la politique vient très lointainement de Dieu disait Masiglio, elle ne peut être, dans son exercice terrestre, que la gestion de la puissance et ne se peut légitimer que par l’élection des représentants de la vox populi. Ce débat me fait bien sûr songer à notre XIXe siècle français qui s’acheva avec la loi de 1905, la loi de séparation totale de l’Église et de l’État.[3] Les bien immobiliers ecclésiastiques sont tous devenus la propriété de l’État, des régions, des départements et des communes (à eux de les entretenir, de les restaurer surtout : pensons aux coûts de la restauration d’une cathédrale comme Chartres, Reims, Bourges ou Albi). L’Église catholique n’en a que l’usufruit, elle en paie donc le fonctionnement, l’électricité, le téléphone, la taxe d’habitation. De même que c’est l’Église, sur ses propres deniers, qui verse un salaire à ses prêtres, ses évêques et ses archevêques, quant à ses moines et ses moniales ils vivent de leurs activités, de dons offerts par les croyants ou du soutien de l’Église même, voire du Vatican si l’ordre lui est directement rattaché comme l’est La compagnie de Jésus. Certes, depuis une cinquantaine d’années le Parlement français a voté une aide financière annuelle aux écoles religieuses avec lesquelles l’État passe contrat. Celles-ci doivent impérativement respecter les programmes officiels du Ministère de l’Education nationale, y compris ceux qui traitent de la défense de la laïcité. Parmi les obligations qui leur incombent, ces écoles privées religieuses doivent impérativement accueillir des enfants de toutes autres confessions qui seront dispensés de cours de religion. C’est pourquoi leur enseignement est contrôlé en permanence par des inspecteurs de l’enseignement public. Quant aux écoles religieuses (catholiques, juives ou musulmanes) qui refusent ces obligations imposées au fonctionnement des écoles religieuses privées sous contrat avec l’État, elles en appellent à des fonds recueillis tant auprès des parents d’élèves que de sponsors privés français ou étrangers… Les protestants français, depuis la Révolution française, depuis le 26 août 1789 par le vote de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui rend la liberté de culte aux protestants, ont quant à eux toujours défendu la laïcité de l’État et de l’enseignement public, d’où leur attitude positive lors de la séparation de l’Église et de l’État…
Pour un intellectuel français, catholique, protestant, agnostique, de droite ou communiste, la situation de la BOR sous le communisme relevait du surréalisme : des prêtres payés par l’État, des princes de l’Église ayant le statut de ministres avec voiture de fonction et chauffeur à leur disposition, plus et en j’en fut le témoin, des possibilités de construire des églises en partie subventionnées par l’État, de les réparer non pas pour en faire des musées, mais pour entretenir des lieux de culte. Voilà de quoi surprendre n’importe quel sympathisant de gauche venu d’Europe occidentale… Comment, ce régime « férocement athée » (sic ! les anticommunistes), entretenait une Église, des prêtres, leur versait un salaire, leur permettait l’impression de bibles ainsi que leur diffusion ? Etrange athéisme que celui-là ! Certes, si dans les villes il semblait difficile à certains (mais non à tous) qui avaient quelques fonctions officielles de se rendre à l’église pour les offices habituels, dans les bourgs et les campagnes, et surtout en Transylvanie et en Moldavie où la foi populaire est bien plus forte que dans le Regat, les dimanches et les jours des grandes fêtes, les églises étaient pleines, non seulement les églises orthodoxes, mais catholiques romaines, calvinistes, unitariennes ou luthériennes (quand il y avait encore des Saxons). Dans les villages de nombreux jours sanctifiés par le culte des Saints étaient chômés. Même dans l’industrie, par des artifices jésuitiques les directions accordaient des congés les jours des grandes fêtes religieuses…Ainsi, comme par hasard, pendant deux semaines, entre Noël et le Baptême du Christ, les grandes mines de la région de Cavnic étaient en réparation d’entretien, aucun ouvrier-paysan roumain n’y travaillait, et seuls les ingénieurs y assuraient les tâches de maintenance nécessaires à la sécurité des installations. Tout était officiellement en état de marche, mais rien ne marchait et tout le monde dans les villages et les bourgs s’adonnait aux libations, aux rituels chrétiens et non chrétiens de ce grand passage, de la naissance du Christ à son baptême, avec, au milieu, l’an nouveau. Même le 25 décembre dans les cours paroissiales les équipes de jeunes gens donnaient des Viflaim, avec Marie, le petit Jésus dans son berceau, les anges et les diables (ce qui était prohibé de montrer lors des festivals officiels des coutumes hivernales laïques (sic !) donnés dans la rue centrale de Sighet le 30 décembre dans l’après-midi, lors défilé qui ressemblait à un Carnaval).[4] Et pourquoi l’oublier, même le chef de l’État et du Parti, Nicolae Ceausescu organisa et participa aux funérailles religieuses de ses parents… Autre preuve des relations très ambiguës entre l’État communiste roumain et la BOR.
De fait, en Roumanie communiste, la situation n’avait rien de commun avec la Russie soviétique. Certes tout était loin d’être rose, mais dans les provinces et les campagnes on s’arrangeait et ce d’autant plus que la collaboration d’une partie de la prêtrise et des moines (et il y eut aussi des collaborateurs appartenant à d’autres confessions) avec la Securitate offrait à l’État communiste bien des avantages, en particulier des sources d’informations inégalées, par exemple celle des confessions, et donc un contrôle total sur le seul contrepouvoir possible hors du champ idéologique du communisme (par exemple un contrepouvoir gauchiste ou trotskiste)… Car, ne l’oublions jamais, c’est péché mortel pour un prêtre orthodoxe ou catholique que de dévoiler le secret de la confession (de cela les pasteurs protestants ont été protégés, les croyants se confessant directement à Dieu sans autre intermédiaire que la conscience de l’état ontologiquement pécheur de l’homme depuis la chute). Il va sans dire qu’une telle situation a pu pérenniser la position de la BOR, voire même la renforcer en ce que l’expérience a montré que parmi les très nombreux grec-catholiques appartenant aux classes populaires, paysans et ouvriers d’avant 1948, et proportionnellement à la croissance de la population, bien peu, après 1989, rejoignirent le giron de la religion Unie à Rome. Certes la BOR s’est comportée de manière innommable avec les prêtres grec-catholiques sortis des catacombes, il n’empêche, dans sa sagesse le peuple pensait qu’au bout du compte c’était le même Dieu et que cela ne valait pas la peine de mettre la zizanie dans les villages ; or la zizanie ce sont les popes de la BOR qui l’engendrèrent en refusant par exemple d’enterrer les défunts grec-catholiques dans le seul cimetière du village comme cela se passe, entre cent exemples, dans le village de Filea de jos, appartenant à la commune Ciurila dans le judet de Cluj (sous la juridiction de feu le Métropolite Anania). Ainsi, pour l’essentiel, le gréco-catholisme s’est donc retrouvé une religion urbaine plus ou moins d’élitiste. Dont acte, c’est de l’histoire, et au bout du compte il y a toujours des gagnants et des perdants !
Ce qui me semble fort gênant ce n’est pas le fait que la BOR n’accomplisse pas un aggiornamento ecclésial[5], c’est son droit le plus strict, c’est le fait qu’elle refuse dans les faits de reconnaître ses torts éthiques (son engagement massif dans le mouvement légionnaire puis dans la collaboration avec la Securitate)[6] et qu’en raison de cela, elle permet implicitement le retour d’un néolégionnarisme sûr de lui et, à mon avis, profondément antichrétien en ce qu’il élabore une identité entre ce qui serait un « vrai roumain ethnique » et un véritable orthodoxe roumain, comme si, au bout du compte la BOR, n’arrivant jamais à dépasser le cadre étroit d’une église nationale, perdait ainsi sa qualité de membre de l’église chrétienne universelle dans laquelle devrait pouvoir se retrouver n’importe quel homme, d’où qu’il vienne, dès lors qui en accepte les dogmes et s’y fait donner le baptême. Ce paradoxe ou cette contradiction  réactualise le conflit entre le père Staniloaie et Lucian Blaga à propos de la nature de l’orthodoxie roumaine… Lucian Blaga avait raison lorsqu’il affirmait que le christianisme dans sa version orthodoxe n’est pas événement au caractère spécifiquement roumain, car « vesnicia s-a nàscut la sat » et non sur les bords du Jourdain. L’orthodoxie est une religion née au Proche-Orient, et elle s’est répandue universellement en raison de l’argument paulinien à l’égard des Gentils et de son adoption par un empire, l’empire romain, qui se voulait et s’affirmait lui aussi universel… Avec la disparition de l’empire romain d’Orient, et hormis la Russie (« troisième Rome »), chaque élite orthodoxe a mis en œuvre dès la fin du XVIIIe siècle (en partie sous l’influence protestante et de sa version des églises nationales) la lente transformation de chaque Église locale une religion ethno-nationale. Or cette nationalisation du christianisme n’a pas grandi le message christique, au contraire, elle en a réduit la portée… Or, si l’on regarde la relation entre le légionarisme (et les théoriciens-poètes qui le précède) et la BOR que constate-t-on? La volonté de donner à cette réduction nationale du message christique une légitimité politico-métaphysique articulée sur une ontologie de l’« Être national ». D’un côté on accepte l’ontique, le transitoire, l’histoire politique et ses linéaments, le façonnement du pays comme entité politique voulue par les grandes puissances, l’État-nation roumain dans sa première version (1878), puis dans sa seconde version après la Première guerre mondiale (Trianon,1919), et, de l’autre, on construit le discours d’une éternité politique nationale vouée, grâce à l’Archange Michel, à un christianisme ethniquement et uniquement roumain, replié sur un exclusivisme absolu et légitimé avec les arguments d’un racisme féroce qui, mis en pratique lors d’un état d’exception comme la guerre, engendre des actes hautement criminogènes, des meurtres collectifs à grande échelle. Comment donc une église chrétienne a-t-elle pu accepter sans mot dire de tels crimes ? C’est là le fond du problème de la BOR et de sa relation au politique.
On l’aura sans doute remarqué, tout au long de l’histoire récente de l’État-nation roumain, la BOR a toujours su, avec beaucoup d’habileté, se soumettre au pouvoir politique dominant pourvu que d’une manière ou d’une autre son pouvoir spirituel (si l’on peut le nommer ainsi) et son pouvoir matériel soit maintenu, sinon renforcé. En dépit des prêtres et des moines emprisonnés pour des raison essentiellement politiques et non religieuses pendant la première phase du communisme[7], la BOR avec sa politique implicite de collaboration avec les communistes, d’abord contre les grec-catholiques et les catholiques, puis plus directement avec la Securitate a non seulement sauvé les meubles comme on le dit familièrement en français, mais s’est en effet renforcée. Certes, et surtout en Transylvanie, elle perdit des ouailles, car d’anciens grec-catholiques rejoignirent les néoprotestants, néanmoins, au moment de la chute du communisme, le pouvoir grec-catholique en sorti très affaibli et ne s’est toujours pas relevé de cette défaite. D’autre part, l’État, en dépit de la Constitution affirmant la laïcité, pratique un favoritisme financier qui a fait aujourd’hui de la BOR l’une des toutes premières puissances financières de la Roumanie, et ce d’autant plus que le Patriarche, s’il n’est peut-être pas un homme de grande foi (et ce n’est pas à moi d’en juger !), est à coup sûr un excellent gestionnaire de la communication et l’un des meilleurs businessmen du pays…
Pourtant, l’avenir de la BOR est très sombre, car sa pratique la menace à long terme. Elle devrait bien observer l’histoire contemporaine de l’Église catholique romaine… A force d’avoir joué trop longtemps et trop intensément dans le champ du temporel, et puis, plus récemment pour avoir tergiversé pendant la Seconde guerre mondiale avec le pouvoir nazi et ses affidés,[8] et malgré son récent Pape anti-communiste sexy (Jean-Paul II), elle se trouve bien désertée, à tout le moins en Europe, en dehors des grands spectacles qui, pendant les visites papales, rassemblent la jeunesse en masse de spectateurs identiques à ceux des concerts pop-rock. L’Espagne franquiste, haut fief d’une catholicité combattante hyperdroitière (cf. la guerre d’Espagne) est devenue depuis une vingtaine d’année un territoire d’athéisme postmoderne militant (le mariage gay par exemple vient d’y être reconnu par l’État) ; la France laïque n’est plus qu’une ruine catholique en dépit des génuflexions de Sarkozy au Vatican et à Lourdes ; l’Italie quant à elle, est de moins en moins influencée par le pouvoir de la papauté, (sauf une vieille tradition spectaculaire, et la bigoterie du Sud, San Gennaro, Padre Pio, etc.), à la suite de la tangentopoli contre la démocratie chrétienne et d’une fulgurante révolution des mœurs. Les seuls pays où l’Église catholique ait encore du pouvoir et une aura populaire demeurent ceux d’Amérique du Sud et partiellement de l’Afrique noire ex-française grâce à la théologie de la libération qui mêle l’analyse sociologique marxiste de la lutte de classe, avec le message évangélique de pauvreté, d’égalité et de rejet du business par le Christ (chasser les marchands du temple)… Bref, à terme, la BOR risque bien de se retrouver à son tour désertée, ne n’être plus réduite qu’à une entreprise de cadres… En effet, ce n’est pas, me semble-t-il, en se soumettant au pouvoir politique et en jouant le jeu économique du pire des capitalismes qu’elle sauvera sa version du message christique, car, pour la question du business, les protestants et les néoprotestants savent bien mieux faire parce qu’ils ont la légitimité de leur version de la théologie chrétienne. Son salut ne pourrait se tenir que dans un retour à la pauvreté missionnaire évangélique, comme partage de l’épreuve d’un pays qui s’enfonce de plus en plus dans une massive pauvreté structurale caractéristique des pays du tiers monde ![9] Mais n’est-il pas déjà trop tard… car la BOR dans son État-nation, comme toutes les sociétés européennes, comme le reste du monde aussi, est le jouet de ce que Nietzsche nomma naguère le nihilisme européen, aujourd’hui étendu à la planète en sa totalité. Nihilisme qui nous pense bien plus que nous ne pouvons le penser… Nihilisme qui nous aveugle, comme Zeus le faisait à ceux qu’il voulait perdre…
Mais n’étant pas homme de ressentiment ni de rancune, avec mon impiété bienveillante, j’ose dire aux princes de la BOR : vous mes frères humains arrêtez de dépenser, pensez... et priez…
Claude Karnoouh
Bucarest, ce 25 mars de l’an de grâce 2011, jour de l’Annonciation et de ma naissance.




[1] Oserais-je, sans me faire injurier, rappeler aux Princes de la BOR que « le temps des cathédrales » n’a jamais été le temps d’églises consacrées à un peuple-nation, mais à un peuple chrétien… Notre-Dame de Paris, pas plus que Notre-Dame de Chartres, Reims ou Bourges ou Amiens ou Poitiers ou Milan ou Saint-Jean de Latran à Rome ne sont les cathédrales d’un peuple-nation… Seuls les protestants ont instaurés des cathédrales nationales, comme l’est Canterburry en Angleterre…
[2] Pour un Allemand il en va à peu près de même, car depuis quelques années, il n’y a plus l’impôts religieux obligatoire, Kirchentsteuer, en République fédérale, ce qui laisse les athées et agnostiques libres des dons qu’ils peuvent offrir à des organisations caritatives reconnues par les divers Lander.
[3] Sauf en Alsace et en Lorraine germanophone récupérées après la Première guerre mondiale, où continue à fonctionner le Concordat germanique…
[4] La stupidité du comité pour l’éducation et la culture socialiste me paraissait abyssale. Il organisait et présentait « obiceiuri laice de iarnà » avec un Viflaim et seulement des diables… Quand je leur fis remarquer que mettre les diables n’est pas laïque, car les diables supposent les anges et le Christ, je n’obtins d’eux comme réponse qu’un silence gêné…
[5] Je ne me permettrais pas de parler d’un aggiornamento théologique… Cette approche n’est pas de mon ressort…
[6] L’élection du nouveau métropolite de Cluj démontre, qu’après Monseigneur Anania, vieux légionnaire, vieux sécuriste et homme remarquablement intelligent et cultivé, arrive un nouveau sécuriste…
[7] Il s’agit de l’époque de Gheorghiu Dej, avec ses leaders auréolés par des années de luttes clandestines, autant d’illégalistes courageux, souvent d’origine juive, voire d’origine juive hongroise, qui avaient de légitimes raisons d’en vouloir aux légionnaires.
[8] En effet, pourquoi Pie XII n’a pas excommunié deux grands princes de l’Église catholique ouvertement fascistes, alliées de l’Allemagne nazie, le chef de l’État fantoche Slovaque, Monseigneur Tiso, et le Primat de Croatie, Monseigneur Stepinac… Erreur cardinale dont elle subit aujourd’hui les conséquences… en dépit de la protection des juifs italiens dans tous les couvents et les églises ordonnée par le Vatican en 1944.
[9] Il y a des villes comme Galati où les pauvres ne peuvent être enterrés avec les sacrements chrétiens, les popes de la ville refusant la gratuité de l’office des morts aux plus démunis, aux personnes sans famille, abandonnées de tous, mortes dans la rue comme des chiens. Seul le fossoyeur, devant la fosse commune où est jeté le corps souvent sans linceul, récite la prière des morts…
Les dernières statistiques montrent que présentement 1% des enfants des campagnes ont la possibilité d’accéder à l’enseignement supérieur. Comparons, en dépit de tous ses défauts, avec la promotion sociale par le savoir organisée par le régime communiste dans les campagnes ! Depuis 1989 le temps des ténèbres étale de plus en plus son dais mortifère d’analphabétisme au-dessus des campagnes roumaines.

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