Bobos contre « sans-dents » ou la lutte de
classe à la roumaine
Tout et son contraire ont été écrits sur
les récentes manifestations de Roumanie, sur l’enthousiasme des jeunes cadres
et des employés des multinationales présentes à Bucarest, ainsi que celui d’une
grande partie des jeunes universitaires, d’une partie des lycéens qui s’étaient
rassemblés sur la Place des Victoires. Tout aussi a été écrit sur les gens en
général plus âgés, les petits employés, les ouvriers, en bref, les gens de peu qui
manifestaient devant la résidence officielle de la Présidence de la République,
au Palais Cotroceni… Oui tout a été dit sur les réseaux sociaux en majorité opposés
à la décision du PSD de promulguer une ODG (ordonnance de gouvernement) tard
dans la nuit. On a vu ainsi se déployer un déchaînement de violence contre le
parti vainqueur des élections, une rancœur autocensurée a éclaté en des
discours de haine d’une violence inouïe. Et d’un seul coup le droit
constitutionnel est devenu la spécialité de la masse des manifestants, comme si
l’ODG avait été une innovation anticonstitutionnelle.
Disons-le d’emblée, je n’ai pas de
sympathie pour le PSD à l’exception de Gabi Cretu. C’est un parti de petits
« barons » locaux, de paysans parvenus, trop vite parvenus, en partie
mafieux en partie habiles en affaire, mais tout-petits. Qu’on me pardonne cette
faiblesse bourgeoise, mais j’ai toujours apprécié les bonnes manières, même
chez les révolutionnaires du tiers-monde que j’ai eu l’honneur de rencontrer
naguère, dans ma jeunesse militante. Toutefois mes goûts de dandy un peu
cynique ne peuvent en aucune façon servir de grille d’analyse pour de tels
événements qui ont mobilisé, à peu près 150.000 personnes les meilleurs jours. Redisons-le
aussi d’emblée pour que mon propos soit clair, l’impardonnable faute tactique
de Monsieur Dragnea de faire promulguer une ODG (c’est à dire un article de loi
sans vote ni débats) à peine installé au pouvoir le gouvernement Grindea qu’il
dirige de fait depuis sa place de président de la chambre, est une faute
politique grave pour laquelle le parti payera longtemps. Preuve que ce Monsieur
est bien ce que disaient ses adversaires, un petit joueur, un stratège
d’estaminet de province éloignée, un tribun de gargote.
A cet enthousiasme levant des foules à
l’encontre de la corruption du PSD illustrée par cette ODG, il faut ajouter
chez les mêmes manifestants des paroles d’une haine biologique lancée vers le
camp adverse, contre les vieux, les « analphabètes » ou presque, les
paysans, les retraités, les pauvres en général qui vivraient aux crochets des actifs,
des gens cultivés, diplômés, sérieux, courageux et honnêtes. Bref d’un côté le
bien, de l’autre le mal incarné par des hommes et ces femmes qu’il faudrait
éliminer, auxquels on devrait retirer le droit de vote, en bref auxquels il
conviendrait d’appliquer un programme d’eugénisme social. J’entends dans ces
phrases un écho pas si lointain du programme appliqué aux handicapés par un
certain peintre viennois raté qui fit néanmoins une des plus importantes et
criminelles carrière politique au cours du XXe siècle. Toutefois dans la bouche
de ces nombreux apprentis bobos ou apprentis bourgeois qui se prétendent
défenseurs de l’État de droit, il y a, de fait, une profonde méconnaissance du
droit : paradoxalement ils affirment défendre l’État de droit et de fait, souhaitent
une République où les juges et les services contrôlent le politique ! Car l’ODG est inscrite dans la constitution
comme le sont et l’état d’exception et l’état d’urgence. L’ODG numéro 13 n’est donc pas
inconstitutionnelle, mais elle a été vue et perçue comme inconstitutionnelle
car elle se présentait comme une opération ad
hoc afin sauver de l’inculpation quelques politiciens non seulement au
pouvoir, mais, on l’a oublié, simultanément dans l’opposition. De fait, il eût
fallu préciser qu’elle était certes légale mais dans le contexte de la décision
de la promulguer, elle apparaissait illégitime. Or si l’on s’en tient à une
tradition qui remonte aux Grecs et se poursuit jusque dans la modernité, une
loi illégitime est une loi inique, et le Prince qui la promulgue comme
ordonnance ou la fait voter par sa majorité, devrait, si tel avait été le cas
de ceux qui se sont mobilisés contre l’ODG numéro 13, être déchu, et ceci devrait
être étendu à tout le gouvernement et à tous ceux qui appartiennent à son parti
et en auraient accepté le contenu. Or, ce n’était pas là le mot d’ordre de ceux
qui, dans un premier temps manifestaient, ils voulaient l’abrogation de cette
ordonnance. Pays démocratique, la Roumanie permet aux citoyens de s’exprimer
par des manifestations de rue, même si celles-ci de son pas autorisées. La police
anti-manifestation, la gendarmerie y est, sauf rarissime exception, plutôt bon
enfant, rien de comparable avec les polices françaises, italiennes ou
étasuniennes. A cela il faut ajouter que la plupart des membres de la
génération qui manifeste aujourd’hui contre le gouvernement n’a pas connu, les
grandes manifestations de décembre 89, le très violent conflit avec les mineurs
ou les batailles rangées entre Roumains et Hongrois de Târgu Mures en mars 90.
Jeune adultes célibataires, jeunes couples avec ou sans enfants, avec animaux
de compagnie, nous avons affaire à des diplômés du niveau de la maîtrise ou
pour un petit nombre, avec doctorat, pour l’essentiel des diplômés en sciences
économiques, sociologie, journalisme, langues étrangères, management culturel
et droit. Si donc, l’illégitimité perçue de cette ODG avait été énoncée
clairement, les manifestations eussent dû dès le début exprimer la « volonté
générale » d’en découdre avec le gouvernement PSD-ALDE et demander non
seulement la démission de tout le gouvernement, mais la tenue d’élections
nouvelles sous prétexte de forfaiture du pouvoir législatif. Ceci était
d’autant plus qu’en filigrane, dans un geste totalement inconstitutionnel, le
Président, sûrement conseillé par les représentants du groupe Soros dans son
cabinet (entre autres personnes par Madame Pralong pour ne la pas nommer) s’est
mêlé aux manifestants pour déclarer son soutien et les appeler :
« mon peuple » (sic !...) Cependant, entre la légitime
indignation d’une partie de la population urbaine jeune et moderne, voire
hypermoderne (même si cette modernité n’est que parodique, qu’une sorte de
bovarysme local), et le style réel des appels à manifester sur les réseaux
sociaux prétendant simultanément à une spontanéité de la mobilisation et des
rassemblements, il y a un hiatus qui m’oblige à songer à quelque chose de bien
plus organisé au travers de ces mêmes réseaux sociaux.
Ayant milité dans les associations
étudiantes communistes, puis dans l’un des syndicats de l’enseignement
supérieur français (SNES-Sup), j’ai quelques notions quant à l’organisation de
manifestations d’une certaine ampleur. Certes on peut, sur un lieu de travail
quelconque, retrouver un groupe de salariés insatisfaits ou indignés par une
injustice patronale ayant déclenché une grève spontanée, mais dans une grande
ville, de surcroît une capitale où la socialisation est par essence atomisée en
quartier, appartements et lieux de travail dispersés sur une grande étendue,
rassembler 20.000, puis 50.000 personnes et enfin 150.000 cela ne se fait pas avec
le bouche à oreille entre voisins, il faut une force mobilisatrice organisée,
capable de réunir des gens éparpillés. Ce travail a été fait par un certain
nombre d’ONG qui sont unies pour la plupart par un plus petit dénominateur
commun, elles émargent toutes plus ou moins à des fondations liées à l’Open society dont Monsieur Soros serait
le mécène permanent depuis plus de quarante ans dans tous les pays non
seulement de l’ancien bloc soviétique, mais encore en Asie du sud-est ou en
Amérique latine. Je sais bien, selon l’adage français, que l’on ne prête qu’aux
riches, mais toute la fortune de Monsieur Soros qui est certes conséquente, ne
suffirait pas à financer non seulement de vastes opérations culturelles (la CEU
par exemple), mais plus encore des opérations politiques comme les révoltes
dites « Orange » ou Printemps arabe. Au risque de lui déplaire, mais
peut me chaut, Monsieur Soros n’est qu’un intermédiaire comme l’avaient prouvé
ses spéculations contre la livre et le franc au milieu des années 90 où les
autorités françaises d’alors (Président Chirac) avaient découvert qu’il était
l’intermédiaire de l’État américain et des pétromonarchies[1]. A l’époque le franc avait résisté grâce
à un soutien massif de l’Allemagne, mais la livre non, le bénéfice attendu
devait être gigantesque, mais la Bundesbank fit en partie capoter l’affaire.
Bref, ce genre de service d’intermédiaire se paie et se paie très cher. Mais
personne en Roumanie ne s’est interrogé sur la manière d’acquérir une telle
fortune en aussi peu de temps ? Car Monsieur Soros n’est ni Rockefeller ni
Pierpont, ni Rothschild, ni Ford, ni Goldman Sachs, ces immenses fortunes-là ont
mis plus d’un siècle pour devenir ce qu’elles sont. C’est ainsi que l’on fait
passer pour de la générosité philanthropique ce qui n’est au bout du compte que
des interventions étatiques déguisées en opérations caritatives privées, en
aide à l’apprentissage de cadres devant former l’armature administrative et
politique d’un pays prétendument démocratique. Selon le vieil adage toujours
d’actualité, « dis-moi qui finance et je te dirai qui dirige la
musique ». Il était donc suffisant de repérer les sites mobilisateurs sur
Facebook pour voir que diverses ONG, diverses figures autoproclamées comme représentantes
de la société civile (où comme par hasard on ne trouve jamais d’ouvriers, de
simples salariés, encore moins de paysans ou de retraités) étaient mobilisées
pour fournir les thèmes des soirées sur la Place des Victoires, depuis les
slogans jusqu’aux représentations, une fois c’est le drapeau national, une
autre fois les téléphones portables allumés, etc… ? Quant à moi, j’ai,
depuis fort longtemps, appris de la philosophie politique comme de la
sociologie politique qu’il n’y a de représentants légaux d’un peuple en sa
diversité sociale, ethnique et religieuse que les hommes et les femmes que ce
même peuple élit au suffrage universel.
Revenons à présent à notre propos
initial. L’ordonnance de gouvernement numéro 13 promulguée au journal officiel est
d’une parfaite légalité, puisqu’elle a été conçue, rédigée et signée par des
ministres issus d’une élection démocratique non contestée. Que la manière et le
but aient pu paraître abusif, qu’il y a là quelque chose dans l’ordre de la
morale qui outrepasse le mandat qui avait été donné à ces politiciens, je le
conçois très bien. Toutefois, en ayant désigné cet acte comme une énorme faute
tactique qui, à mon humble avis, devrait être sanctionnée au sein du parti en
remplaçant par exemple Monsieur Dragnea à la tête de la chambre des députés et
de son parti, je n’ai ainsi manifesté aucun parti-pris particulier. Aussi l’exigence
de son abrogation doit-elle se réduire à un acte visant la critique de
l’illégitimité éthique de cette ordonnance particulière, et non de l’article de
la constitution qui le permet. En effet, que je sache, depuis 1991 tous les
gouvernements ont usé et abusé des ODG sans que cela ne soulevât l’ire des prétendus
démocrates, lesquels, dans la vie quotidienne, n’hésitent jamais à donner ici
et là un bakchich pour obtenir ce dont ils ont besoin et mettre ainsi de
l’huile dans les rouages du fonctionnement administratif, technique ou médical.
Mais à écouter les dirigeants des sites des
ONG-s « démocratiques » qui nous présentent la massive mobilisation
comme le résultat d’une coagulation sociale spontanée, on se serait cru dans
une sorte de conte de fées politique irénique ! Quant à moi, je dirais à
ces gens-là, de véritables ONG-istes professionnels, « qu’il ne faut pas
prendre les enfants du Bon dieu pour des canards sauvages ! » En
d’autres mots, plus directs : il ne faut pas pendre les lecteurs des
réseaux sociaux un peu avertis de la chose politique et syndicale pour des
naïfs ou des imbéciles. J’ai, comme l’ai fait remarquer, assez participé dans
ma jeunesse à des manifestations étudiantes ou universitaires pour savoir que
la spontanéité cela s’organise. Même en 1968, les très grandes manifestations,
y compris les luttes nocturnes avec la police n’étaient pas spontanées,
trotskistes de diverses obédiences, anarchistes, une partie des étudiants
communistes, jeunes syndicalistes de la CGT avaient travaillé avec leurs
réseaux dans leurs milieux professionnels ou universitaires pour mobiliser les
gens. Qu’il y ait eu sur la Place des Victoire quelques milliers de naïfs (coàda
de topor) appelés par leur légitime colère à venir hurler leur haine et leur dégoût
face au gouvernement j’en conviens aisément, mais si l’on suivait avec
attention les discours des leaders des ONG-s habituellement mobilisatrices sur
Facebook, il sautait aux yeux que c’était ces gens-là qui appelaient aux
rassemblements en intensifiant les angoisses et en fournissant mots d’ordre,
slogans et thèmes de banderoles… Puis, les soirs suivants, après le drapeau
national, on vit apparaître des drapeaux de l’UE, comme si l’UE avait quelque
chose à voir avec ces décisions constitutionnelles. Dès lors l’origine des
organisateurs de ces manifestations s’éclaircissent partiellement. On devine ici
et là, les signes de députés européens qui, à Bruxelles, travaillent en
permanence à soumettre l’économie et la politique roumaines aux décisions des
pouvoirs financiers internationaux de manière à contrer toute volonté
gouvernementale, même la plus timide, d’augmenter les salaires minimaux et les retraites,
d’améliorer un tant soit peu la situation des médecins et des infirmières, des
professeurs et des instituteurs, etc., et, last
but not least, de prévoir pour les compagnies multinationales un contrôle
plus ferme de leurs impositions sur les bénéfices et de l’exportation des
bénéfices énormes qu’elles réalisent en Roumanie[2]… Nous le savons déjà de longue date, pour
contrôler le nouvel ordre mondial de l’exploitation économique, et donc aussi politique,
s’appuie sur des agents plus puissants que les politiciens élus. Pour contrôler
cela, il faudrait des lois de souveraineté drastiques. Sans ces lois, le pays
n’est jamais maître de son destin.
Cependant on ne peut comprendre ce
mouvement de masses des classes moyennes urbaines roumaines selon la seule
grille monocausale d’une manipulation bien montée car on ne peut manipuler les
gens que sur un fond de subjectivité déjà préparé à recevoir cette
manipulation. Il faut donc chercher du côté de la subjectivité des acteurs. Dans
les têtes de ces manifestants il y a d’un côté une énorme ignorance de la
réelle praxis politique qui les conduit à un idéalisme de rêve, et tout autant,
de l’autre, on les perçoit saisis d’une totale irrationalité sociale et
historique ; ils sont emplis de frustrations, hantés d’espoirs déçus, habités
d’une grande incertitude quant à leur avenir et à celui de leurs enfants qu’ils
pensent en général exporter ; ils sont rongés par la dénégation de leurs
origines rurale ou prolétaires qui engendre chez eux un sentiment de culpabilité
et une honte profonde de leurs parents demeurés largement archaïques. De fait
dans leur expérience existentielle ils sont soumis à nombre d’aspects quotidiens
qui incarnent les stigmates de la soumission aux vieilles règles familiales.[3] J’incline à penser que ces jeunes gens
et ces jeunes femmes, ces jeunes couples avec ou sans enfant, mais souvent avec
des animaux de compagnie, amateurs de bicyclette, d’écologie urbaine, de
nourritures végétariennes, sinon véganes, manifestant une peur panique des
conflits : le mot d’ordre le plus entendu lors des manifestations, « sans
violence », nous dit tout. Mais simultanément ils sont, dans leur
entreprises, soumis aux très dures exigences de rentabilité du travail exigées par
le capital privé, ou pour les enseignants (sauf les professeurs titulaires) aux
salaires médiocres, ce qui les conduit à vivre dans un état de fébrilité constante,
sans cesse à la recherche d’une bourse ici ou là quel que soit le sujet, courant
d’un colloque à l’autre et répétant le matériel que les institutions
occidentales leur réclament sur les thèmes, les théories et les méthodologies
qu’elles imposent sans égard aux situations et aux talents locaux. Bref, pour
toutes ces nouvelles classes moyennes urbaines profondément marquées par
l’idéologie hyper-individualiste du nouveau néo-libéralisme déversée à satiété
depuis décembre 1989, la vie en Roumanie leur paraît sombre, sans véritable avenir,
sans ascension sociale prévisible. Aveugles ou aveuglées sur les origines de ce
blocage sociétal, oubliant leur propre exploitation, elles en attribuent la
cause à l’énorme masse des laissés-pour-compte de la transition avec ses
thérapies de choc, aux chômeurs, aux familles détruites, aux femmes seules en
charge d’enfants, aux misérables des campagnes, aux vieux des quartiers pauvres
des villes, aux retraités aux revenus à la limite de la survie. En effet, et là
elles ont raison, il y a de quoi désespérer de l’avenir d’un pays dont le futur
est largement obstrué, voire barré par des politiques économiques sans
lendemain qui favorisent le gain immédiat sans vision du lendemain (comme par
exemple les ventes à pertes d’entreprises fort rentables, les défrichages
massifs des plus belles forêts de Transylvanie, ou l’acceptation de
multinationales qui vendent leurs services plus chers que dans les pays
occidentaux). Ces classes moyennes urbaines voient aussi que les meilleurs
parmi les ouvriers et les contremaîtres, les meilleurs parmi les étudiants en
sciences et techniques, mais aussi dans les humanités, ou pis parmi les
médecins, les stomatologues et les infirmières (29.000 en 2016 !) partent
exercer leurs talents dans les pays développés, offrant à ceux-ci des
spécialistes de qualité dont la formation n’a rien coûté aux États qui les
reçoivent. Elles savent aussi que nombre de ceux qui ont émigré travaillent
dans des activités sous-qualifiées (ainsi des ingénieurs constructeurs se
retrouvent simples ouvriers du bâtiment, une assistante médicale simple fille
de salle dans un hôpital privé, sans parler des dizaines de milliers de
semi-esclaves qui travaillent dans l’agriculture des pays occidentaux). Ainsi,
nourries de tant d’illusions moralistes et de tant de peurs si peu politiques ces
manifestations ne sont pas sans rappeler la société du spectacle si bien démontée
par Debord. Habitées d’une subjectivé réifiée (selon la terminologie de Lukács)
le spectacle qu’elles nous offrent n’est au bout du compte que du pseudo :
du pseudo politique car on n’y entend parler que de la corruption d’un parti
sachant que toute la classe politique ou presque y a goûté depuis décembre 1989 ;
du pseudo contestataire mis en scène par des ONG-s qui n’ont ONG que le nom et
qui se gardent bien de toucher aux multinationales par exemple (le scandale
Microsoft par exemple), du pseudo moralisme en ce qu’elles se présentent comme
le bien absolu, comme si elles n’appartenaient pas elles-aussi à cette société
avec leurs petites corruptions journalières. Elles veulent donc la démission de
Monsieur Dragnea, et pourquoi pas celle du Président qui vient d’être reconnu
coupable d’appropriation abusive d’appartement à Sibiu sa ville natale ?
Pour un autre gouvernement ? Mais dans le cadre légal ce sera toujours un
gouvernement PSD puisque ce parti avec le petit ALDE de Monsieur Tariceanu ont
ensemble gagné la majorité absolue ? Elles ont essayé d’exiger de
nouvelles élections ? Mais des sondages sérieux prédisent une plus grande
victoire du PSD ! Elles prétendent lutter pour l’État de droit, mais
bafoue l’État de droit en soutenant l’ingérence des juges et des services dans
le législatif, ce qui contredit les fondements même de l’État de droit moderne :
la séparation des pouvoirs ! En bref, les manifestants d’une part trop peu
nombreux et surtout trop pusillanimes pour engager une véritable épreuve de
force avec le pouvoir défendu par une gendarmerie fidèle à la légalité, en sont
réduits aux vociférations, aux cris et imprécations qui rappellent les subversions
symboliques des anciens carnavals médiévaux de l’Occident catholique. Cependant,
tous ces bruits parasites n’arrivent pas à dissimuler la véritable lutte classe
qui traverse sourdement la société roumaine post-communiste, c’est à dire celle
qui se joue entre un conglomérat de parvenus du business, de leurs serviteurs
diplômés bien-mis et obéissants au capital local ou étranger, et ceux qui,
comme l’a écrit récemment un médiocre philosophe, et simultanément businessman
corrompu de l’édition, n’ont pas les moyens de se faire soigner les dents chez
un dentiste, les « sans-dents » si chers à un autre médiocre, cette
fois français, le président François Hollande.
Claude Karnoouh
Bucarest le 27 février 2017
PSD : parti social-démocrate… dont
Monsieur Dragnea est simultanément le président et l’éminence grise
gouvernementale. De fait un parti centriste qui par le passé a privatisé sans
retenue. Il est très bien implanté dans les provinces et les municipalités. Il
a des velléités (selon le modèle Hongrois) de défendre le capital local contre
le capital étranger en s’assurant d’un réel soutient populaire des gens de peu,
des petits fonctionnaires et des ouvriers, pour lesquels il en promulgue de
légères augmentations des salaires minimaux et des retraites des plus modestes.
Haïs des libéraux Bruxellois, voire même des socio-démocrates, il ne touche pas
vraiment aux avantages financiers énormes dont jouissent dans le pays les
multinationales des services ainsi que les étrangers ayant acheté ou loué de
très grandes surfaces agricoles dont les revenus viennent massivement des
subventions de Bruxelles.
ALDE : Petit parti de type libéral
au sens du XIXe siècle, allié du PSD et dirigé par le seul politicien roumain
qui semble avoir la carrure d’un homme d’État : Monsieur Tàriceanu.
PNL : droite libérale atlantiste et
européiste radicale, parti du Président de la république, congloméra du PD et
et PNL historique. Soutenu par les ambassades occidentales, les lobbies
bruxellois où leur élus agissent en permanence pour dénoncer la « mainmise
russe » sur la Roumanie ! Essentiellement défenseur des
multinationales et de la privatisation totale de l’économie, y compris les
prisons.
[1]
Au moins de juin 1997, élu chevalier de l’Armagnac, le préfet du département du
Gers, centre de cette région viticole, avait refusé de participer à la
cérémonie d’intronisation pour protester contre ce que le gouvernement avait
appelé alors, un acte de guerre économique contre la France.
[2]
Je rappellerai simplement que Véolia par
exemple vend plus l’eau plus chère à Bucarest que dans les villes de France où
elle la gère !...
[3]
Par exemple il est fréquent de les entendre se proclamer athées, mais ils font baptiser
leurs enfants, ou ils se marient à l’église… autant de situations
spirituellement inconfortables.
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